Danse, enseignement de la | l'Encyclopédie Canadienne

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Danse, enseignement de la

L'enseignement de la danse, tel que défini ici, ne comprend pas les danses sociales populaires, telles que la danse de salon et les danses ethniques ou folkloriques, à moins que l'apprentissage de celles-ci ne mène à donner des spectacles professionnels.
Élève de l
Élève d'une classe de ballet (avec la permission de l'École nationale de ballet).

Danse, enseignement de la

Contexte
L'enseignement de la danse est la formation qui mène à la danse professionnelle, par opposition à la danse dans l'enseignement, dont les cours sont donnés dans les écoles primaires, secondaires et postsecondaires et où la danse est considérée comme un bon moyen de développer le corps et la personnalité ainsi que d'acquérir de meilleures aptitudes à l'apprentissage. Cependant, la nuance n'est pas toujours claire. Certaines universités déclarent, par exemple, que tous les étudiants, qu'ils deviennent ou non des danseurs professionnels, devraient recevoir un niveau suffisamment élevé de formation physique qui leur permette de faire carrière dans la danse. De leur côté, les conservatoires et autres institutions pré-professionnelles commencent à offrir des cours de notation, d'anatomie, de musique et d'autres sujets connexes à la danse, que l'on ne jugeait pas auparavant essentiels à la formation d'un danseur.

L'enseignement de la danse, tel que défini ici, ne comprend pas les danses sociales populaires, telles que la danse de salon et les danses ethniques ou folkloriques, à moins que l'apprentissage de celles-ci ne mène à donner des spectacles professionnels. Il faut souligner, cependant, que les formes populaires de danse continuent d'attirer un grand nombre de participants et d'exercer une forte influence esthétique sur la danse professionnelle en constante évolution. Il demeure néanmoins que la danse enseignée dans les écoles comme une expérience d'enrichissement menant parfois à acquérir ailleurs une formation professionnelle mérite d'être abordée dans cet article.

Histoire

Jusqu'après la Deuxième Guerre mondiale, on produit peu de spectacles de danse au Canada, bien que quelques studios forment des danseurs à la scène et que certains d'entre eux réussissent à faire carrière en Europe et aux États-Unis. À la fin des années 40, le nombre d'écoles de danse augmente en réponse à l'intérêt du public suscité par la tournée nord-américaine de la compagnie britannique Sadler's Wells Ballet et par le film The Red Shoes. Au cours des années 30 et 40, en fait, quelques excellents professeurs contribuent à former les assises de ce qui deviendra la tradition du ballet. Gérald Crevier et Elizabeth Leese, de Montréal, Mildred Wickson, Bettina Byers et Boris VOLKOFF, de Toronto, de même que June Roper et Mara McBirney, de Vancouver, forment des danseurs qui entrent aux GRANDS BALLETS CANADIENS (Montréal), au BALLET NATIONAL DU CANADA (Toronto) et au ROYAL WINNIPEG BALLET. À mesure que ces compagnies grandissent, il devient nécessaire de créer des écoles professionnelles qui assurent une relève de danseurs bien formés et aptes à exécuter le répertoire de chaque compagnie. Ces écoles se forgent par la suite une réputation nationale et internationale et ne sont plus limitées à répondre aux besoins des compagnies qui les ont fondées.

L'intérêt du public pour la danse et, par conséquent, pour l'enseignement de cet art évolue de façon spectaculaire au Canada durant l'essor que connaît la danse au cours des années 60 et 70. Les spectacles de danse attirent d'importants auditoires, et des milliers de jeunes s'inscrivent à des ateliers dans l'espoir de devenir danseurs professionnels. Plus nombreux sont ceux qui suivent des cours de danse par plaisir ou comme exercice physique.

C'est également au cours de cette même période que les institutions d'enseignement élargissent le champ de la danse. Jusqu'alors, dans les universités, la danse fait simplement partie des activités des départements d'éducation physique et n'est guère considérée comme discipline artistique. Plusieurs universités canadiennes créent des programmes en danse en tant qu'études artistiques à proprement parler et menant à l'obtention d'un diplôme en s'inspirant, dans une certaine mesure, des programmes universitaires américains établis depuis plus longtemps. Si la plupart des universités offrent alors des cours de ballets, on accorde toutefois la priorité à l'enseignement de la DANSE MODERNE et à la création de nouvelles oeuvres, afin de répondre au nouvel intérêt des Canadiens pour la danse contemporaine. Ces programmes universitaires en danse jouent un rôle prépondérant dans la formation de danseurs et de chorégraphes indépendants des compagnies établies ou des structures institutionnelles.

Parallèlement à l'instauration de l'enseignement de la danse moderne dans les universités, les compagnies de danse moderne WINNIPEG'S CONTEMPORARY DANCERS (1964) et TORONTO DANCE THEATRE (1968) fondent chacune un centre de formation conforme à leur vision artistique. Puis, en 1985, on crée les Ateliers de danse moderne de Montréal Inc. (LADMMI), organisme non affilié à une compagnie de danse, mais qui répond aux besoins d'un groupe important de danseurs contemporains. Ces trois écoles préparent des étudiants à faire carrière dans des compagnies de danse moderne ou à évoluer comme artistes autonomes.

Au cours des vingt dernières années, on s'est davantage employé à former des chorégraphes, afin de répondre à l'intérêt du public pour un art qui reflète le temps, le lieu et les conditions sociales de la vie contemporaine. Les universités continuent d'encourager la créativité, et le milieu professionnel commence à offrir aux danseurs des occasions de mettre à l'épreuve de nouvelles idées. Des compagnies professionnelles comme LE GROUPE DE LA PLACE ROYALE et BALLET JÖRGEN élargissent leur mandat de manière à former des chorégraphes. Une série de quatre ateliers nationaux de chorégraphie permettent, en effet, à des chorégraphes en herbe de parfaire leur art dans un environnement de création, de collaboration et de critique. Au Canada, l'essor de la danse en tant qu'art doit beaucoup au développement de la chorégraphie.

Centres éducatifs

Les étudiants en ballet classique commencent habituellement leur formation à un jeune âge avec un des nombreux professeurs que l'on retrouve dans toutes les régions du pays. Ceux qui se destinent à une carrière professionnelle commencent le plus souvent à étudier avec un professeur local, s'inscrivent ensuite dans des studios de technique plus avancée avant de passer à l'une des écoles pré-professionnelles associées aux trois grandes compagnies de ballet canadiennes. Les professeurs de danse ne sont pas légalement tenus de détenir un permis, mais bon nombre d'entre eux sont membres de la Canadian Dance Teachers' Association, fondée en 1947 en vue de veiller aux normes d'enseignement. Il existe d'autres organisations chargées de superviser et de dispenser les accréditations d'enseignement par rapport au programme de cours établi pour le Cecchetti, la Royal Academy of Dancing (RAD) et les méthodes d'enseignement russes du ballet classique.

L'ÉCOLE NATIONALE DE BALLET est la plus vieille et la mieux établie des écoles attachées depuis le début aux grandes compagnies de ballet. Elle dispense un programme complet de formation générale et de ballet et compte sept bâtiments, dont une résidence pour les élèves. La Winnipeg Ballet School et l'École supérieure de danse du Québec, à Montréal, sont des institutions réputées pour l'enseignement du ballet classique qu'elles dispensent. Ces trois écoles attirent des étudiants de tout le Canada et de l'étranger et les préparent à profiter des possibilités de carrière au Canada et à l'étranger. Il existe plusieurs autres petites écoles de ballet, dont la School of Dance, à Ottawa, l'Alberta Ballet School, à Edmonton, et la Goh Academy, à Vancouver.

De tous les programmes universitaires en danse menant à un diplôme, celui du département de danse de l'U. York, à Toronto, est le plus ancien et le plus complet. D'autres programmes sont offerts par les universités du Québec et Concordia, à Montréal, l'U. de Calgary, en Alberta, et l'U. Simon Fraser, à Vancouver. Les départements de danse des universités York, du Québec et Simon Fraser offrent des programmes de deuxième cycle. Plusieurs autres universités offrent aussi des cours de danse dans le cadre d'autres disciplines, telles que la musique, le théâtre ou l'éducation physique. Des cours de danse sont offerts au niveau collégial, notamment dans les cégeps au Québec, à la Ryerson Polytechnic University et au George Brown College, à Toronto, et au Grant MacEwan College, à Edmonton.

Trois écoles offrent une formation pré-professionnelle en danse moderne : LADDMI, à Montréal, la Toronto Dance Theatre School et la School of Contemporary Dance, à Winnipeg. Le programme de formation de Main Dance, à Vancouver, comprend trois années d'études intensives.

Enjeux de l'enseignement de la danse

L'enseignement de la danse au pays a suivi la tendance nationale à la décentralisation en faveur des intérêts régionaux, et on retrouve aujourd'hui des centres de formation dans toutes les régions du Canada. Parallèlement, les danseurs professionnels commencent à passer d'une compagnie à l'autre et d'une région à l'autre plus librement qu'auparavant. Plusieurs écoles adaptent aussi leur enseignement aux besoins de l'ensemble de la profession, plutôt que de s'en tenir aux styles et aux techniques d'une compagnie donnée, car la concurrence croissante au sein de la profession exige que les danseurs soient très polyvalents. Avec l'avènement du ballet contemporain et des nouvelles tendances en danse moderne, les danseurs doivent maintenant maîtriser plusieurs techniques. On continue d'appliquer couramment les méthodes d'enseignement traditionnelles, comme celles de la Royal Academy of Dancing et du ballet Cecchetti, et les techniques de danse moderne de Graham, de Cunningham et de Limon, mais on accorde plus d'attention à d'autres études : mise en forme, prévention des accidents, improvisation, théâtre et enseignement général équilibré. L'École nationale de ballet, par exemple, a procédé à un certain nombre de changements visant à conscientiser les étudiants sur les capacités et les limites de leur corps afin d'éviter les blessures et de prolonger la carrière des danseurs diplômés.

Le Centre pour danseurs en transition est fondé à Toronto afin d'aider les danseurs en fin de carrière à se reconvertir. Cette initiative s'est avérée fructueuse pour plusieurs danseurs mal préparés à faire face au marché du travail en raison de la formation très pointue qu'ils ont reçue. On s'interroge aujourd'hui sur la responsabilité des écoles de danse par rapport à la préparation des étudiants à une seconde carrière dès le début de leur de formation.

En raison des rapides changements démographiques du Canada et de l'afflux de multiples expressions artistiques de différentes cultures, l'enseignement de la danse ne peut plus s'en tenir aux traditions européennes du ballet ou à la danse moderne américaine. La danse asiatique traditionnelle, le jazz, la danse africaine et aborigène, la danse autochtone, la danse folklorique canadienne et la danse folklorique d'autres pays sont autant d'expressions artistiques courantes qui méritent d'être reconnues.

La danse dans l'enseignement

L'éducation relevant de la juridiction provinciale, les études de danse au sein des systèmes scolaires varient grandement d'une province à l'autre. Quelques écoles secondaires, en Ontario, et certains cégeps, au Québec, ont élaboré des programmes très complets dans le domaine des arts de la scène. En Colombie-Britannique, en Alberta et en Saskatchewan, des écoles secondaires offrent aussi des cours de danse, mais il existe peu de coordination entre les provinces et les écoles. Au niveau secondaire, on tend à instituer des programmes combinant danse, musique, théâtre et arts visuels sous forme d'introduction générale à l'expérience de la création artistique. Si cette reconnaissance relativement rapide des études en danse offertes par les systèmes scolaires est perçue comme un pas très positif vers la formation de futures générations de Canadiens plus humains, il existe cependant trop peu de professeurs qualifiés pour enseigner la danse dans les écoles, en particulier au niveau élémentaire, où l'on s'attend à ce que ces professeurs connaissent bien tous les arts.

Les universités commencent à reconnaître leur rôle dans la préparation de l'enseignement de la danse des étudiants en pédagogie. Le programme d'éducation artistique de l'U. de Regina et les facultés d'éducation des universités de l'Alberta et de Calgary sont de bons exemples de programmes universitaires formant des professeurs de danse pour les systèmes scolaires. D'autres programmes de danse reliés à des facultés des beaux-arts et d'éducation physique coopèrent avec les facultés d'éducation en vue de satisfaire les besoins pressants de professeurs de danse qualifiés.

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