Edward Johnson | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Edward Johnson

Edward Patrick Johnson (également connu sous le nom d’Edoardo Di Giovanni), ténor, administrateur d’opéra, protecteur des arts (né le 22 août 1878 à Guelph, en Ontario; décédé le 20 avril 1959 à Guelph, en Ontario).

Edward Patrick Johnson (également connu sous le nom d’Edoardo Di Giovanni), ténor, administrateur d’opéra, protecteur des arts (né le 22 août 1878 à Guelph, en Ontario; décédé le 20 avril 1959 à Guelph, en Ontario). Edward Johnson, l’un des plus grands chanteurs d’opéra canadien, était célèbre pour sa voix puissante, son tempérament passionné et son instinct infaillible pour l’interprétation romantique. Après avoir étudié le chant en Italie où il s’est produit professionnellement pendant huit ans sous le nom de scène d’Edoardo Di Giovanni, il a rejoint la Chicago Opera Company et le Metropolitan Opera dont il est devenu l’un des chanteurs les plus applaudis. Il a ensuite exercé les fonctions de directeur général du Metropolitan de 1935 à 1950, élargissant le répertoire de l’institution et y introduisant un certain nombre des personnalités les plus spectaculaires du monde de l’opéra. Retraité au Canada à partir de 1950, il a créé l’Edward Johnson Foundation en vue de favoriser l’éducation musicale du public. En 2006, Postes Canada a émis une série de timbres en l’honneur des grands chanteurs canadiens d’opéra sur laquelle il figure.

Jeunes années

Fils de James Johnson et de Margaret Jane Brown, Edward Johnson chante, dès son enfance, dans la chorale d’une église locale. À vingt ans, alors soliste à l’église Chalmers de Guelph, il remplit déjà plusieurs engagements comme amateur, dont un concert à Stratford, en 1897, avec la contralto Edith Miller qui l’encourage à entreprendre une carrière professionnelle. Il se rend peu après à New York où il étudie avec une certaine madame von Feilitsch tout en acceptant des engagements limités, notamment dans des églises ou lors de soirées du YMCA.

Au tournant du siècle, il devient un jeune « artiste de soutien » assez demandé et, à ce titre, partage des programmes avec des célébrités telles que Lillian Nordica, Louise Homer, Vladimir de Pachmann et Ernestine Schumann-Heink. Ces engagements prennent place, pour la plupart, dans le nord-est des États-Unis et comportent d’occasionnelles visites au Canada, notamment comme soliste dans Hiawatha de Samuel Coleridge-Taylor, à Montréal, le 27 janvier 1904, et dans le Psaume 13 de Franz Liszt, le 16 février 1905, avec le Toronto Mendelssohn Choir. Il se produit pour la première fois à Carnegie Hall en 1904.

En 1907, Edward Johnson accepte, un peu malgré lui, de chanter le premier rôle de Ein Walzertraum d’Oscar Straus lors de la création nord-américaine de l’œuvre. Après des représentations à Philadelphie et à Baltimore, l’opérette prend l’affiche du Broadway Theatre de New York le 27 janvier 1908 pour y demeurer durant quatorze semaines. Du jour au lendemain, le jeune ténor devient une vedette. Mais, surtout, cet engagement lui fournit les moyens d’étudier à l’étranger. Il s’embarque donc pour Paris en 1908 et commence à travailler avec Richard Barthélemy. À Paris, il rencontre Béatrice d’Arneiro, la fille du vicomte portugais José d’Arneiro, qu’il épouse à Londres le 2 août 1909. Le couple s’établit à Florence où Edward Johnson poursuit ses études avec Vincenzo Lombardi. C’est également à Florence que naît, le 21 décembre 1910, l’enfant unique du couple, Fiorenza.

Chanteur d’opéra

Le 10 janvier 1912, Johnson fait ses débuts à l’opéra dans le rôle-titre d’Andrea Chénier au Teatro Verdi de Padoue. Il change son nom en Edoardo Di Giovanni (l’orthographe et les majuscules sont conformes à la volonté de Johnson, mais contraires à d’autres références), et c’est sous ce nom qu’il obtient ses premiers succès marquants, notamment, lors de la saison 1912-1913 à Rome au Teatro Costanzi, dans des opéras tels qu’Isabeau de Pietro Mascagni et La Fanciulla del West, ainsi qu’un important engagement à la Scala de Milan où il triomphe, le 9 janvier 1914, dans le rôle-titre de Parsifal lors de la première italienne de l’œuvre. Pendant les cinq années suivantes, Edward Johnson se fait entendre sur les plus prestigieuses scènes lyriques italiennes ainsi qu’au Teatro Colón de Buenos Aires, en 1916, et au Teatro Real de Madrid en 1917.

À l’exception de Don Carlo et d’Aïda, il évite le répertoire habituel du XIXe siècle, persuadé que sa voix puissante et son tempérament ardent conviennent mieux à l’école vériste, dont quelques-uns des principaux représentants, notamment Franco Alfano, Italo Montemezzi et Ildebrando Pizzetti, l’invitent à participer à plusieurs créations mondiales à cette époque. La période « Edoardo Di Giovanni » de la carrière de Johnson prend fin avec le décès de sa femme, le 24 mai 1919.

Edward Johnson interprète Loris dans Fedora d’Umberto Giordano, au Chicago Opera le 20 novembre 1919. Membre de cette institution pendant trois saisons, il y chante son répertoire habituel et s’illustre également dans le rôle-titre de Lohengrin et dans des œuvres rares, comme Aphrodite de Camille Erlanger aux côtés de Mary Garden. C’est dans le rôle d’Avito qu’il débute au Metropolitan Opera, le 16 novembre 1922, dans l’Amore dei tre re d’Italo Montemezzi. Pendant les treize saisons qui suivent, il est l’un des artistes les plus admirés parmi ceux auxquels le Metropolitan fait appel. Sans être doté d’une voix exceptionnelle, il exploite néanmoins ses capacités vocales avec une adresse qui, jointe à un instinct sûr, lui permet d’incarner de nombreux rôles romantiques. Il s’illustre particulièrement dans le rôle de Pelléas qu’il chante, pour la première fois, lors de la création au Metropolitan de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, le 21 mars 1925, et, pour la dernière fois, lorsqu’il fait ses adieux à cette scène, le 20 mars 1935; dans le rôle de Canio, dans I Pagliacci; dans le rôle de Roméo dans Roméo et Juliette et dans le rôle de Don José dans Carmen. Il chante également lors de la création de deux opéras de Deems Taylor : The King’s Henchman, le 17 février 1927, et Peter Ibbetson le 7 février 1931.

Administrateur d’opéra de 1935 à 1950

En mai 1935, Edward Johnson succède à Herbert Witherspoon comme directeur général du Metropolitan. Les quinze années de son mandat coïncident avec une série de problèmes inédits, comme les exigences grandissantes des syndicats, les impôts toujours croissants et le début de la Deuxième Guerre mondiale. Les succès et les échecs de son administration sont amplement relatés dans la monumentale histoire du Metropolitan d’Irving Kolodin. Cependant, aucune évaluation, si sommaire soit-elle, de son mandat ne saurait passer sous silence le fait que c’est lui qui enrichit la troupe d’artistes aussi appréciés que Pierrette Alarie, Licia Albanese, Jussi Björling, Raoul Jobin, Robert Merrill, Zinka Milanov, Jan Peerce, Bidú Sayão, Eleanor Steber, Giuseppe di Stefano, Risë Stevens, Richard Tucker, Leonard Warren et Ljuba Welitsch. C’est également durant les années qu’il passe à la tête du Metropolitan que les abonnés ont l’occasion d’entendre pour la première fois des chefs-d’œuvre tels qu’Alceste de Christoph Gluck, L’Enlèvement au sérail de Mozart, Peter Grimes de Benjamin Britten et Khovanschina de Modeste Moussorgsky.

Retour au Canada

Après sa retraite du Metropolitan en 1950, Edward Johnson revient au Canada. Même s’il acquiert la citoyenneté américaine en 1922, ses liens avec son pays natal demeurent étroits, comme en témoigne sa nomination, en 1947, au poste de président du conseil d’administration du Toronto Conservatory of Music, devenu le Conservatoire royal de musique, une fonction qu’il occupe jusqu’en 1959. C’est lui qui persuade des musiciens de réputation internationale comme Gina Cigna, Irene Jessner et Boyd Neel de venir y enseigner. Il contribue à mettre sur pied l’Edward Johnson Music Foundation qui parraine annuellement le Festival du printemps de Guelph. À sa mort, son nom est donné au nouvel édifice de la faculté de musique de l’Université de Toronto et à sa bibliothèque où ses documents personnels sont conservés.

Enregistrements

Les dix premiers enregistrements d’Edward Johnson (incluant des extraits d’Andrea Chénier et de Parsifal) sont des disques Columbia européens dont on pense qu’ils ont été réalisés en Italie vers 1915. Entre 1919 et 1928, il enregistre de nombreux disques chez Victor USA qui sont, pour la plupart, des ballades populaires à cette époque, mais également des airs de Carmen, Pagliacci, La Bohème et Fedora ainsi que l’air « So ihr mich von ganzem Herzen suchet » d’Elias de Mendelssohn, l’un de ses meilleurs enregistrements, gravé en 1920. (Se référer à The Tenor of His Time pour la discographie.) Des enregistrements captés à la radio de représentations intégrales de Pelléas et Mélisande, de Peter Ibbetson et de Merry Mount de Hanson circulent en tirage limité. Les enregistrements d’Edward Johnson sont repris dans des coffrets comme Met stars in the New World (MET 216CD, 1992), RCA/Met singers, 100 years (RCA Red Seal 09026-61580-2, 1984) et Les grandes voix du Canada vol. 2 (Analekta AN 2 7802, 1993).

Récompenses

À Guelph, en Ontario, une plaque commémorative rappelle la vie et la carrière d’Edward Johnson. En 1992, ses archives sont déposées à la bibliothèque de l’Université de Guelph. En 2006, Postes Canada émet un timbre en son honneur dans le cadre d’une série consacrée aux grands chanteurs canadiens d’opéra, notamment Raoul Jobin, Maureen Forrester, Jon Vickers et Léopold Simoneau.

Prix

Docteur honoris causa en droit de l’Université Western Ontario (1929)

Docteur honoris causa en musique de l’Université de Toronto (1934)

Docteur honoris causa en lettres du Union College de New York (1943)

Lecture supplémentaire

Liens externes

En ce Mardi je donne, faites un don à L’Encyclopédie canadienne!

Un don fait aujourd’hui à L’Encyclopédie canadienne aura un impact encore plus important grâce à l’offre faite par un généreux donateur anonyme de verser en cadeau une somme égale à tous les dons reçus. Du 3 décembre au 10 décembre 2024, les dons seront ainsi égalés jusqu’à concurrence de 10 000$! Tous les dons de plus de 3$ recevront un reçu pour fin d’impôt. Merci de soutenir L’Encyclopédie canadienne, un projet de Historica Canada.

Faites un don