Henry Kelsey | l'Encyclopédie Canadienne

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Henry Kelsey

Henry Kelsey, explorateur, commerçant de fourrures, marin (né vers 1667 à East Greenwich, près de Londres, Angleterre; mort en 1724 à East Greenwich, Angleterre). Henry Kelsey a travaillé comme explorateur et négociant pour la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) pendant presque 40ans. Il a contribué à organiser les activités de traite des fourrures de la compagnie à FortYork (York Factory), sur la côte ouest de la baie d’Hudson, ainsi qu’à Fort Albany, dans la baie James. Henry Kelsey est surtout connu pour son exploration de la région intérieure occidentale à partir de la baie d’Hudson, un voyage de deux ans, de 1690 à 1692, qui a fait de lui le premier Européen à visiter les Prairies. Son objectif était d’encourager les peuples autochtones vivant à l’intérieur des terres à voyager vers FortYork pour y vendre leurs fourrures.

Henry Kelsey
(© La Société canadienne des postes, 1970, reproduit avec la permission de Bibliothèques et Archives Canada)

Jeunesse

On sait peu de choses sur la jeunesse d’Henry Kelsey en Angleterre. On sait qu’il arrive au Canada en 1684, âgé de 17 ans, en tant qu’apprenti pour la Compagnie de la Baie d’Hudson. Bien qu’il soit un jeune homme, les documents de la compagnie mentionnent « le garçon Henry Kelsey », parce qu’il a été apprenti auparavant, dès l’âge de 10 ans.

Premiers voyages : 1688-1689

En 1684, Henry Kelsey est posté à Fort York. Il effectue son premier voyage terrestre durant l’hiver 1688-1689, en compagnie d’un jeune garçon déné, pour livrer des lettres de la Compagnie de la Baie d’Hudson au poste de Fort Severn, à quelque 300 km de distance. À l’époque les hommes de la CBH ne s’aventurent guère loin de leurs postes, et on s’en remet de plus en plus à Henry Kelsey pour effectuer des voyages par voie terrestre. En juin 1689, avec le même garçon déné, il prend la route vers le nord à partir du poste de la CBH de Churchill River. Ils voyagent ensemble à pied le long de la côte de la Baie d’Hudson jusqu’à la toundra subarctique, au nord du Manitoba et au sud du Nunavut actuels. Ils espèrent développer le commerce avec les peuples dénés de la région. N’ayant rencontré aucun Déné, ils reviennent à Churchill River un mois plus tard.

Voyage dans les Prairies : 1690-1692

Le voyage d’Henry Kelsey en 1690-1692

Henry Kelsey effectue son voyage le plus connu de 1690 à 1692. Il est envoyé par George Geyer, gouverneur de Fort York, « pour appeler, encourager et inviter les Indiens éloignés à commercer avec nous ». En plus d’encourager le commerce, il est chargé d’établir de bonnes relations entre les Premières Nations de la région intérieure, afin qu’il leur soit plus facile de voyager jusqu’à la baie d’Hudson pour commercer. Il doit aussi rechercher des mines et des minéraux.

Henry Kelsey est accompagné de négociants autochtones de Fort York, probablement des Cris. Ils voyagent ensemble par canot et par voie terrestre. Ils atteignent bientôt un endroit qu’ils baptisent « deerings point », en hommage au vice-gouverneur de la CBH sir Edward Deering. Deering’s Point est probablement situé à proximité de l’actuelle ville de The Pas, au Manitoba. Henry Kelsey utilisera Deering’s Point comme point de départ pour d’autres expéditions terrestres, principalement à la recherche d’un groupe que la CBH appelle les Naywatame, vraisemblablement un peuple parlant le siouan et vivant dans les Prairies. À la fin de l’été, Henry Kelsey a bien rencontré les Naywatame, mais il n’a pas réussi à les convaincre de parcourir le long trajet jusqu’à Fort York pour commercer.

Henry Kelsey revient à Fort York durant l’été 1692, après avoir parcouru les forêts et les prairies possiblement jusqu’à Touchwood Hills, dans l’actuelle Saskatchewan. Les historiens considèrent son voyage de deux ans comme épique, en raison de sa durée et de la distance parcourue. Toutefois, l’expédition d’Henry Kelsey n’a pas d’effet immédiat sur le commerce. Ce n’est que beaucoup plus tard que les contacts qu’il a établis contribueront à étendre la traite des fourrures européenne jusqu’aux Prairies.

Henry Kelsey et les peuples autochtones

Henry Kelsey regarde les bisons dans les plaines de l’Ouest
(Illustration de Charles William Jefferys, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/c024390)

Pendant ses voyages, Henry Kelsey rencontre des membres des nations crie, assiniboine, siksika (Pieds noirs), a’aninin (Gros Ventre) et naywatame. Il parle couramment le cri et l’assiniboine et il aurait réalisé un premier dictionnaire de la langue crie. Son succès, en tant qu’explorateur, est en partie attribuable à sa volonté d’établir des relations sur un pied d’égalité avec les peuples autochtones et son habileté à y parvenir. Ce trait n’est pas commun parmi les Européens de l’époque, qui considèrent souvent les peuples autochtones comme des « sauvages ». La Compagnie de la Baie d’Hudson voit en Henry Kelsey un intermédiaire précieux, « un garçon très actif, qui apprécie beaucoup la compagnie des Indiens, et qui n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il voyage parmi eux ».

Bien qu’il se soit bien adapté aux difficiles conditions du voyage à pied, l’exemple d’Henry Kelsey remet en question la vision traditionnelle de l’explorateur traversant tout seul des territoires inhabités. Comme ceux qui le suivront, il s’en remet au soutien des groupes locaux et voyage souvent en leur compagnie à la faveur de leurs déplacements saisonniers. Son succès et sa survie dépendent de la bonne volonté des habitants locaux.

Dans la conclusion de son journal sur l’exploration des Prairies, Henry Kelsey a rédigé une courte description de groupes qu’il appelle les peuples « Stone » (Assiniboines) et « Nayhaythaway » (Cris). Il s’agit du premier texte du genre dans l’Ouest du Canada. Il a écrit sur la culture matérielle, la médecine, les chants cérémoniaux des Cris et des Assiniboines. Il décrit également les rituels associés à la guerre et à la chasse, et le rôle des femmes dans la société. Les descriptions d’Henry Kelsey sont sans doute moins eurocentriques que celles d’auteurs subséquents comme James Isham et Andrew Graham. Toutefois, ses écrits très courts ne donnent qu’un léger aperçu de la vie autochtone à la fin du 17e siècle.

Journaux d’Henri Kelsey

Le journal de voyage d’Henry Kelsey est célèbre notamment parce que le début est écrit sous la forme d’un poème en vers libres, qui demeure unique parmi les journaux d’exploration au Canada. Cette introduction en vers contient des passages comme celui-ci :

Puis remontant la rivière, le cœur lourd
J’ai pris la route et quitté tous mes compatriotes anglais
Pour vivre parmi les natifs de cet endroit
Si Dieu me le permet, pendant un ou deux ans

et :

À derrings point après le gel
J’ai érigé une certaine croix
Pour marquer ma présence ici
J’y ai gravé la date de l’année

Sa description des trajets et des lieux est souvent énigmatique, et pendant des décennies, les historiens ont débattu de la portée de ses voyages dans la région intérieure occidentale. Par exemple, les historiens ne s’accordent pas sur la localisation de « deerings point » et sur l’étendue de ses voyages terrestres, car son journal est souvent obscur.

Henry Kelsey a maintenu périodiquement un journal durant tout le reste de sa vie. Ce qu’on sait sur ses emplois subséquents pour la Compagnie de la Baie d’Hudson provient de ses propres écrits, incluant des lettres, ainsi que de la correspondance et des journaux de la compagnie. Le journal d’Henry Kelsey n’a été rendu public qu’en 1926, lorsqu’il a été présenté au Bureau des archives publiques de l’Irlande du Nord.

Carrière ultérieure à la Compagnie de la Baie d’Hudson

Après avoir passé une année en Angleterre, Henry Kelsey retourne à Fort York en 1694. La même année, il contribue à négocier les termes de la reddition du fort à un détachement français conduit par Pierre Le Moyne d’Iberville. Il retourne en Angleterre l’année suivante.

En 1696, Henry Kelsey revient dans la Baie d’Hudson. Il se joint à une flotte mixte de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la marine royale, et reprend Fort York aux Français. En septembre 1697, les Français obligent Fort York à capituler, et une fois de plus Henry Kelsey contribue à négocier les termes de la reddition avec d’Iberville. Henry Kelsey retourne en Angleterre. En 1697, le traité de Ryswick met fin aux hostilités entre la France et l’Angleterre. Fort York demeure sous contrôle français (et est renommé Fort Bourbon) jusqu’en 1713, lorsque le traité d’Utrecht rend aux Anglais tous les postes de la CBH dans la baie d’Hudson et la baie James.

Cependant, en 1698 la compagnie envoie Henry Kelsey à Fort Albany, sur la baie James, le seul poste conservé par la CBH durant les 16 années de contrôle français sur le commerce de la fourrure de la baie d’Hudson. En 1703, Henry Kelsey retourne en Angleterre, où il demeure en congé jusqu’en 1705. Il revient ensuite au service de la CBH et devient négociant en chef à Albany jusqu’en 1712. Après avoir passé deux ans en Angleterre, il est nommé sous-gouverneur de Fort York en 1714. Quand le gouverneur de Fort York, James Knight, quitte son poste pour établir un nouveau poste à Churchill en 1717, Henry Kelsey devient gouverneur de Fort York. En 1718, il devient gouverneur de tous les établissements de la CBH sur la baie d’Hudson et la baie James. En 1719, des plaintes contre Henry Kelsey sont déposées par James Knight, probablement sous l’accusation d’avoir négocié des fourrures en privé, mais elles sont abandonnées par la compagnie et Henry Kelsey conserve son poste jusqu’en 1722.

Retraite et vie subséquente  

En 1719 et à nouveau en 1721, Henry Kelsey dirige des voyages nordiques le long de la côte de la baie d’Hudson. Il espère établir un commerce avec les Inuits, déterminer la viabilité de la pêche à la baleine, et découvrir les mines de cuivre qui, selon de vieilles rumeurs, existeraient dans le nord. Le commerce avec les Inuit se révèle limité, comme la pêche à la baleine, et il ne trouve aucune trace de cuivre.

En 1722, la CBH rappelle Henry Kelsey en Angleterre. Deux ans plus tard, il demande à être capitaine d’un bateau de la compagnie destiné à la baie d’Hudson, mais le bateau ne vogue jamais.

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