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Marshall McLuhan

McLuhan se considère comme un grammairien qui étudie les biais linguistiques et perceptuels des médias. Cet homme très cultivé aux lectures étonnamment variées se situe sur le plan intellectuel à l'avant-garde de la culture moderne, dans laquelle, selon lui, l' « irritation » est à son comble.

Herbert Marshall McLuhan, théoricien des communications (né le 21 juillet 1911 à Edmonton; décédé le 31 décembre 1980 à Toronto). Professeur d'anglais à l'Université de Toronto, McLuhan acquiert une renommée internationale dans les années 60 pour ses études des effets des médias sur la pensée et le comportement. Formé en littérature (Ph.D., Cambridge, 1943), il pose les bases de son oeuvre à venir dans sa dissertation érudite intitulée « The Place of Thomas Nash in the Learning of his Time ».

La plus grande irritation

McLuhan se considère comme un grammairien qui étudie les biais linguistiques et perceptuels des médias. Cet homme très cultivé aux lectures étonnamment variées se situe sur le plan intellectuel à l'avant-garde de la culture moderne, dans laquelle, selon lui, l' « irritation » est à son comble. On a comparé sa contribution dans le domaine des communications à l'oeuvre de Darwin et de Freud en raison de sa portée universelle. Néanmoins, beaucoup l'ont mal compris parce qu'il exprime ses idées révolutionnaires dans un style plein d'aphorismes. Il met l'accent sur la connexité des choses et construit ce qu'il appelle des systèmes de sens en « mosaïque » au lieu d'offrir de simples arguments s'appuyant sur une logique spécialisée unidimensionnelle.

McLuhan étudie les changements de perception que produit la rivalité entre les médias électriques, d'une part, et le procédé mécanique d'impression, d'autre part, lequel repose sur l'ancienne stratégie qui consiste à fragmenter la réalité en catégories d'information. À cause de la force intégrante et interdisciplinaire du procédé électrique, l'information ne dirige plus son attention sur les détails, ce qui est la démarche des spécialistes, mais la concentre désormais sur le besoin que créent les médias d'interpréter les contextes. Selon McLuhan, il est possible d'ordonner l'environnement, qui est surchargé d'information détaillée, de façon à en dégager le sens, grâce à des compétences accrues dans la reconnaissance des schèmes, à la capacité de composer avec des systèmes ouverts qui se transforment continuellement à la vitesse de l'électricité. Il souligne comment les procédés électriques décentralisent l'information, suscitant une prise de conscience simultanée à chaque point du réseau. La perception de la réalité devient alors tributaire de la structure de l'information.

Média chaud et média froid

Sa fameuse distinction entre un média « chaud » et un média « froid » s'appuie sur les effets sensoriels différents qu'ont les médias à haute résolution ou à basse résolution. Les médias à haute résolution (dits « chauds »), tels que la presse ou la radio, sont riches en information et se prêtent moins à la participation sensorielle du lecteur ou de l'auditeur pour compléter l'information. Par contre, les médias à basse résolution (dits « froids »), tels que le téléphone ou la télévision, sont relativement pauvres en information et exigent de l'usager une plus grande participation sensorielle. La forme de chaque média fait appel à un agencement différent de l'ordre des sens et, par conséquent, crée de nouvelles formes de conscience. Ces transformations des perceptions donnent ainsi son sens au message. Autrement dit, « le médium constitue le message même ».

L'oeuvre de McLuhan est toujours controversée, car il préconise un nouveau paradigme qui nous oblige à reconnaître que la forme que prend notre information constitue le fondement de la perception et de l'interprétation de nos connaissances. The Mechanical Bride (1951) documente le pouvoir de la publicité dans la gestion de la conscience du public. La galaxie Gutenberg : La genèse de l'homme typographique (1962) offre une réflexion sur les transformations culturelles qui résultent de la technologie de l'impression. La publication de Understanding Media (1964) consacre la renommée mondiale de McLuhan. Parmi les ouvrages subséquents, les plus importants sont War and Peace in the Global Village (en collaboration avec Quentin Fiore, 1968), The Interior Landscape: The Literary Criticism of Marshall McLuhan (recueil, 1969), Counterblast (1969), From Cliché to Archetype (en collaboration avec Wilfred Watson, 1970) et Take Today: The Executive as Dropout (en collaboration avec Barrington Nevitt, 1972).

Pertinence de sa vision

Un regain d'intérêt pour son oeuvre présciente apparaît au début des années 90 et continue de croître, car les événements culturels nés du jeu des technologies électriques viennent de plus en plus confirmer la pertinence de sa vision. Par exemple, le modèle de conflit mondial contemporain nous rappelle la découverte de McLuhan selon laquelle le principal effet du procédé électrique est de redonner un caractère tribal à la structure de la conscience sociale et psychique, qui accentue les identités traditionnelles au point de recourir à la violence. McLuhan avait prévenu que le « Village global » ne serait pas un endroit paisible. Dès 1964, il avait aussi compris et décrit les effets qu'allaient produire Internet et la réalité virtuelle. Il avait prévu que les relations qui s'appuient uniquement sur des bases électroniques conduiraient à des expériences qu'il qualifie de « désincarnée ».

McLuhan reçoit de nombreux prix et honneurs, y compris la chaire Schweitzer (1967), qu'il occupe à la Fordham University de New York. Le Centre for Culture and Technology, qu'il a fondé, est toujours actif mais réorganisé sous le nom de McLuhan Programme, sous la direction de ses disciples à l'Université de Toronto. Le prix McLuhan - Téléglobe Canada, sous l'égide de l'UNESCO, a été créé en 1983 en hommage à son travail de pionnier en communications. En mars 1995, une collection spéciale McLuhan a été fondée à la Faculté des sciences de l'information de l'Université de Toronto.

Les oeuvres sélectionnées de
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