Syndicalisme industriel | l'Encyclopédie Canadienne

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Syndicalisme industriel

La première tentative importante d'organisation des travailleurs sur une base industrielle est entreprise dans les années 1880 par les CHEVALIERS DU TRAVAIL, qui préconisent la solidarité des classes ouvrières et s'opposent aux listes noires des employeurs et à la discrimination.
Gr\u00e8ve de General Motors
Des travailleurs rassemblés \u00e0 Oshawa, en Ontario, pendant la gr\u00e8ve de General Motors en 1937 (Archives of Labor and Urban Affairs, Wayne State University).

Syndicalisme industriel

 Le syndicat industriel est un type d'association ouvrière qui, pour des fins d'organisation, regroupe tous les travailleurs, qualifiés ou non, d'une même industrie (p. ex. la sidérurgie, l'automobile ou le textile). Le pouvoir de négociation de ce syndicat dépend du nombre de ses membres. En revanche, les SYNDICATS DE MÉTIERS (plombiers, électriciens) limitent l'adhésion aux travailleurs exerçant un métier ou une qualification spécialisée. Leur pouvoir est basé sur la rareté d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée. Les syndicats de métiers, établis en premier, dominent le mouvement ouvrier jusqu'aux années 30; aujourd'hui, on ne les trouve plus guère que dans l'industrie de la construction.

La première tentative importante d'organisation des travailleurs sur une base industrielle est entreprise dans les années 1880 par les CHEVALIERS DU TRAVAIL, qui préconisent la solidarité des classes ouvrières et s'opposent aux listes noires des employeurs et à la discrimination. Ils réussissent brièvement à organiser non seulement les hommes non qualifiés, mais aussi les femmes et les groupes minoritaires; toutefois, l'American Federation of Labor (AFL) s'y oppose. Le CONGRÈS DES MÉTIERS ET DU TRAVAIL du CANADA (CMTC), que les chevaliers ont aidé à fonder, accepte les syndicats de métiers et les syndicats industriels jusqu'à son congrès de Berlin (l'actuel Kitchener) en Ontario, en 1902, lorsqu'il expulse les chevaliers canadiens en raison de leur « double appartenance syndicale ». Il décide d'appuyer les décisions prises par l'AFL concernant la juridiction syndicale et de les appliquer au Canada. Tout en maintenant son autonomie canadienne à l'égard des politiques de l'AFL en matière de législation et de politique, le CTMC élit le syndicaliste de métier John FLETT au poste de président et accepte une aide financière de l'AFL à des fins d'organisation.

Après la disparition des chevaliers dans les années 1890, le concept du syndicalisme industriel persiste devant la prise de conscience du caractère anachronique des syndicats de métiers dans une société de plus en plus industrialisée où l'on trouve de grandes sociétés et un nombre croissant de processus de production de masse qui font appel à plus de travailleurs non qualifiés et semi-qualifiés. Les organisations comme le mouvement des syndicats catholiques au Québec dans les années 1920 (voirCONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX) et le Congrès pancanadien du travail (fondé en 1927) cherchent à combiner les principes du nationalisme et du syndicalisme industriel. Dans les années 1930, la Workers Unity League, organisation parrainée par des communistes, veut regrouper tous les travailleurs des industries naissantes de production de masse.

Le Congrès des organisations industrielles (COI), en collaboration avec son homologue canadien, le CONGRÈS CANADIEN DU TRAVAIL (CCT), échoue dans sa tâche bien difficile d'organiser la masse de la main-d'oeuvre industrielle avant la Deuxième Guerre mondiale. Ce nouveau mouvement syndical industriel voit le jour aux États-Unis en 1933, en réponse aux besoins des travailleurs pendant la CRISE DES ANNÉES 30 et pour s'opposer aux syndicats de métiers bien ancrés. Il attire cependant aussi des milliers de travailleurs canadiens, surtout après la grève d'Oshawa de 1937 contre GENERAL MOTORS, dans ce qui allait devenir des syndicats industriels bien établis, comme les TRAVAILLEURS UNIS DE L'AUTOMOBILE (voirGRÈVE D'OSHAWA), les Travailleurs unis de l'Électricité et les Métallurgistes unis. Il connaît du succès du fait que le climat politique et économique d'après-guerre, qui conjugue le désir de la sécurité future et la prospérité économique de l'époque, favorise une forme pragmatique de « syndicalisme d'affaire » combinant l'organisation des travailleurs sur une base industrielle avec une philosophie qui met l'accent sur la négociation collective, la sécurité syndicale et les grèves visant à améliorer les salaires et les conditions de travail.

Au Canada, les nouveaux syndicats industriels appuient la réforme sociale et l'action politique et ils forment une alliance durable avec le Nouveau Parti démocratique. Dans les années 60 et 70, de nouveaux syndicats de cols blancs comme le SYNDICAT CANADIEN DE LA FONCTION PUBLIQUE (SCFP) voient le jour. Ceux-ci suivent le modèle des syndicats industriels, bien que leur composition, leurs préoccupations et leurs méthodes de CONVENTIONS COLLECTIVES diffèrent dans une certaine mesure de celles de leurs prédécesseurs, les cols bleus.