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Kingston

Kingston (Ontario), constituée en ville en 1846, population de 132 485 (recensement de 2021), 123 798 (recensement de 2016). Kingston est peuplée en 1783 avant d’être constituée en tant que village en 1838, puis en tant que ville en 1846. Elle se trouve à environ 175 km au sud-ouest d’Ottawa, à 290 km à l’ouest de Montréal et à 260 km à l’est de Toronto. Kingston est l’ancienne capitale de la Province du Canada (1841); son emplacement à la jonction des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, sa proximité avec la frontière des États-Unis ainsi que la prédominance du Bouclier canadien dans la région avoisinante ont été des éléments de première importance pour son peuplement et son histoire politique et économique.


Peuplement

Peuples autochtones

Bien qu’il y ait des preuves d’une présence autochtone dans la région pendant la période archaïque (de 7000 à 1000 avant notre ère), les preuves archéologiques suggèrent que la région est peuplée entre 1000 avant notre ère et l’an 500. À partir de l’an 500, les Hurons-Wendats et les Haudenosaunee (Iroquois) occupent l’extrémité est des Grands Lacs, avant que ces derniers ne prennent le contrôle de la région au milieu des années 1600. Les maladies européennes parviennent à l’époque en Amérique, et les Hurons-Wendats sont touchés de façon plus particulière par les épidémies de variole entre 1634 et 1640. Ces épidémies, additionnées des embuscades des Haudenosaunee, affaiblissent la population huronne-wendate. En 1649, la région est en grande partie contrôlée par les Haudenosaunee. Certains Hurons-Wendats se déplacent vers l’ouest, tandis que d’autres rejoignent la confédération haudenosaunee.

Dans les années 1690, les Haudenosaunee sont peu à peu remplacés par les Ojibwés (Mississauga), qui, à partir du 18e siècle, parcourent l’axe de Frontenac, dans le Bouclier canadien, en provenance du secteur supérieur des Grands Lacs. Aujourd’hui, les Ojibwés résident à l’extérieur comme à l’intérieur des réserves, dont deux se trouvent à Alderville, en Ontario, à environ 150 km à l’ouest de Kingston. (Voir Réserves en Ontario.) Cette Première Nation entretient aujourd’hui une relation étroite avec la ville de Kingston. En ce qui concerne Kingston elle-même, les Autochtones représentaient 3,5 % de la population de la ville en 2016.

Colonisation européenne

Samuel de Champlain explore la région en 1615. En 1673, Louis de Buade, comte de Frontenac, y établit un village fortifié (Cataraqui). C’est à cet endroit que René-Robert Cavalier La Salle fait ensuite construire le fort Frontenac, qui protège les Français contre les Haudenosaunee et les Britanniques et qui sert de base aux explorations vers l’ouest, le long des Grands Lacs, et vers le sud, jusqu’au golfe du Mexique en Louisiane. En 1758, les Britanniques s’emparent du fort et, en 1763, la région leur est cédée en vertu du Traité de Paris.

En 1783, au lendemain de la Révolution américaine (guerre d’Indépendance), la Couronne obtient des terres des Mississaugas à l’issue de l’achat de Crawford (1783-1784) pour accueillir à Cataraqui les réfugiés des anciennes colonies américaines qui sont demeurés fidèles à la Grande-Bretagne. Le peuplement principal, nommé « King’s Town » en l’honneur du roi George III, devient le centre administratif du nouveau district de Mecklenburg, constitué de cantons donnant sur les rives supérieures du fleuve Saint-Laurent et à l’est du lac Ontario.

Développement

Située à la jonction des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, Kingston devient au fil du temps un port majeur en raison de son rôle clé à titre de centre de transbordement pour l’exportation de bois et de blé, et de lieu de transit pour les marchandises et les passagers. Cependant, Kingston est considérée comme trop exposée aux attaques américaines; c’est pourquoi le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe choisit d’abord Newark (aujourd’hui Niagara-On-the-Lake), puis York (aujourd’hui Toronto) en tant que capitale de la Province du Haut-Canada.

Kingston, en 1828
Vue de Fort Henry, qui défend la base navale de Kingston, en Ontario, ainsi que l'entrée du canal Rideau (avec la permission de la collection John Ross Robertson/Metropolitan Toronto Library).

La guerre de 1812 amène une présence militaire et navale considérable à Kingston, ce qui stimule l’économie locale et favorise la croissance démographique. En 1832, l’achèvement de la construction du canal Rideau relie le Haut-Canada et le Bas-Canada, par la rivière des Outaouais, les lacs Rideau et la rivière Cataraqui. Le canal contourne ainsi la route vulnérable que représente le fleuve Saint-Laurent et se rend jusqu’à la ville fortifiée de Kingston. Ce développement renforce l’importance commerciale de Kingston, en plus de souligner son rôle stratégique. À l’époque, Kingston est la ville la plus importante du Haut-Canada. Elle est d’ailleurs la capitale de la nouvelle Province du Canada de 1841 à décembre 1843, quand la reine Victoria accepte que le siège du gouvernement se déplace à Montréal.

La prospérité économique de Kingston, au milieu des années 1850, souffre du déclin de son rôle de transbordement en raison de plusieurs facteurs, dont : la fin de l’accord commercial préférentiel (lois sur les céréales) avec la Grande-Bretagne; les améliorations quant à la navigation sur le fleuve Saint-Laurent, qui permettent aux bateaux de contourner Kingston; l’arrivée du Grand Trunk Railway en 1856, qui fait concurrence au transport maritime; et les problèmes que posent les grands cargos pour le port de Kingston. Puis, le départ de la garnison impériale en 1871 fait subir un autre coup économique à la ville de Kingston.

Au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, en raison de l’absence de terres agricoles productives et d’une incapacité à attirer les industries, l’économie et la croissance démographique de Kingston accusent un recul par rapport aux autres centres urbains.

Malgré les primes et les allégements fiscaux offerts par la municipalité, Kingston ne parvient pas à attirer assez d’investissements en capital pour les activités industrielles. Bien que certaines usines de textile et fonderies sont construites dans les années 1880, le commerce et les industries telles que les usines de locomotives et les chantiers navals continuent de dominer l’économie de la ville.

Il faut attendre la Deuxième Guerre mondiale pour que de nouvelles industries (comme Alcan Aluminium et DuPont Nylon) s’ajoutent à l’économie de Kingston. Au même moment, les industries qui y sont déjà installées connaissent un essor considérable : les chantiers navals commencent à bâtir des navires militaires et les usines de locomotives se mettent à fabriquer des armes pour la guerre. Après le déclin d’après-guerre et la fermeture de ces industries, la population de Kingston cesse de croître. Toutefois, l’absence d’industries lourdes et d’une trop grande population, l’emplacement sur le bord de l’eau et un patrimoine historique important sont autant d’éléments qui contribuent aujourd’hui à la qualité de vie et à l’essence de Kingston.

Paysage urbain

La ville de Kingston conserve beaucoup du caractère institutionnel et commercial d’une ville du 19e siècle. Tout comme dans le plan de ville original de 1783, le centre-ville de Kingston s’étend encore sur quelques pâtés de maisons donnant sur le bord de l’eau, entre les rues Princess et Brock, et les rues et Barrie et Ontario. En raison d’un incendie (1840) qui détruit une grande partie du centre-ville, les lois interdisent par la suite les constructions en bois et privilégient la pierre et la brique, ce qui vaut à Kingston le surnom de « ville du calcaire ». Kingston accueille le canal Rideau, un site du Patrimoine mondial de l’UNESCO qui se trouve tout près de la réserve de la biosphère de l’arche de Frontenac de l’UNESCO.

Kingston, hotel de ville de

Les lieux d’intérêt comme l’hôtel de ville, le bureau de douane, le bureau de poste et la tour Murney reflètent aussi l’histoire de la ville. Le « Springer Market Square » renommé, qui remplace aujourd’hui d’anciennes aires de stationnement, accueille un marché public comme à l’époque, en plus de proposer du patin pendant l’hiver et du cinéma en plein air pendant l’été. Le paysage urbain unique composé de clochers, de tours et de dômes présente les églises St. George’s (anglicane), St. Andrew’s (presbytérienne), St. Mary’s (catholique) et Sydenham (unie), qui se sont toutes adaptées au déclin des paroisses en offrant des visites guidées, des concerts et des espaces à louer pour diverses activités communautaires. D’autres bâtiments ont été convertis afin de préserver leurs structures patrimoniales; c’est le cas de la caserne de pompiers de Kingston (aujourd’hui un restaurant), des gares ferroviaires de Kingston et de Pembroke (aujourd’hui un bureau d’information touristique) et de l’usine historique de laine (aujourd’hui un restaurant et un espace à bureaux).

Depuis 1945, la croissance urbaine modérée de Kingston se caractérise surtout par un noyau urbain stable et une banlieusardisation. Pendant les années 1960 et 1970, la ville s’étend surtout à l’ouest, dans les cantons de Kingston et d’Ernestown (dans les municipalités de La Salle Park, Bayridge, Collins Bay et Amherstview), avant de s’étendre vers l’est dans les années 1980 et 1990 dans le canton de Pittsburgh. Ce phénomène suscite un déclin du commerce au centre-ville et l’apparition de centres commerciaux en banlieue dans les années 1960 et 1970. C’est à cette période qu’on entame la revitalisation du centre-ville avec l’arrivée de condos, d’immeubles locatifs, d’hôtels, de restaurants et de boutiques sur le bord de l’eau, où se trouvaient auparavant les sites d’expédition et les chantiers industriels.

Population

L’échec économique de Kingston au 19e siècle empêche la croissance de sa population au même rythme que d’autres grandes villes de l’Ontario comme Toronto, Hamilton et Ottawa; la région connaît même des périodes de déclin démographique. Comptant environ 2 000 habitants au lendemain de la guerre de 1812, la ville de Kingston voit sa population augmenter à près de 12 000 habitants vers 1850, et à juste 14 000 en 1881. Avec aussi peu que 30 000 habitants en 1941, la population de Kingston connaît une certaine croissance dans les décennies suivantes en raison des nombreuses fusions municipales. En 1952, l’expansion des frontières de la ville au nord et à l’ouest engendre une hausse de la population, qui se dénombre à plus de 48 000 habitants en 1956. À la fin des années 1990, Kingston compte environ 60 000 habitants, jusqu’à l’intégration des cantons de Kingston et de Pittsburgh en 1998, qui fait passer la population de la ville à plus de 110 000. En 2021, la population de Kingston est de 132 485 personnes.

Les immigrants de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle évitent de s’installer à Kingston en raison du manque d’emplois. La région continue d’être dominée par la population d’origine anglo-celtique. Aujourd’hui, selon le recensement de 2016, 35,4 % de la population déclare une origine ethnique canadienne. Elle est la plus souvent citée, suivie de celle anglaise (32,2 %), irlandaise (27,8 %), écossaise (24,7 %), française (14,6 %) et allemande (10,5 %). Parmi les pays d’origine courants des immigrants à Kingston, on compte le Royaume-Uni, les États-Unis, le Portugal, la Chine et l’Inde.

Économie

Avant la Deuxième Guerre mondiale, l’économie de Kingston tournait surtout autour de la Canadian Locomotive Company, des chantiers navals, de la Kingston Cotton Mills, et de plusieurs autres petites raffineries et ateliers d’usinage. Pendant la guerre, les entreprises Alcan et Dupont s’ajoutent aux industries de la région de Kingston, suivies de Celanese Canada et Northern Telecom quelques années plus tard. Toutefois, ces quatre entreprises connaissent au début du 21e siècle une réduction considérable de leurs effectifs, et c’est le secteur des institutions qui en vient à dominer l’économie locale.

Le Collège militaire royal du Canada ainsi que la base des Forces canadiennes de Barriefield sont deux exemples du secteur institutionnel de Kingston. De même, la création d’un pénitencier en 1835 par le Haut-Canada est suivie de plusieurs autres centres correctionnels, provinciaux et fédéraux, à Kingston et dans les environs (le pénitencier de Kingston ferme ses portes en 2013).

Le secteur de l’éducation représente un employeur important dans la région. L’Université Queen’s, à Kingston, à l’origine un collège de l’Église presbytérienne du Canada fondé en 1841, est aujourd’hui reconnue à l’échelle nationale. Enfin, les hôpitaux et autres établissements médicaux et les divers bureaux d’agences gouvernementales sont aussi des aspects importants du secteur des institutions à Kingston.

Gouvernement et politique

Après le peuplement en 1783, Kingston est administrée en vertu du droit français du Québec jusqu’à la création du Haut-Canada par l’Acte constitutionnel de 1791. Les juges de paix et la cour des sessions trimestrielles géraient à l’origine les affaires municipales. Kingston est une « ville policière » jusqu’en 1838, et est alors constituée en municipalité avec un maire et des conseillers municipaux élus qui desservent quatre quartiers. John A. Macdonald constitue Kingston en tant que ville en 1846. En 1850, les limites de la ville s’étendent à l’ouest pour intégrer le village de Stuartville. En 1952, elles sont de nouveau repoussées jusqu’à Little Cataraqui Creek à l’ouest et jusqu’à l’actuelle autoroute 401 au nord. En 1998, l’importance de la ville dans la région est renforcée avec la fusion des cantons adjacents de Kingston et de Pittsburgh. Depuis les fusions de 1952 et de 1998, Kingston est aujourd’hui gouvernée par un maire et douze conseillers municipaux qui représentent chacun un des douze districts de la ville.

Vie culturelle

La présence militaire et l’Université Queen’s influencent beaucoup la culture générale, artistique et théâtrale à Kingston. Pendant les années de garnison, les artistes militaires immortalisent la ville et la région dans leurs œuvres; c’est le cas de James W. Peachey, d’Edward C. Frome, de James P. Cockburn et de Thomas Burrowes. D’autres artistes, originaires de Kingston ou simplement de passage, deviennent célèbres, dont Elizabeth Simcoe, Agnes Maule Machar, André-Charles Biéler, Carl F. Schaefer et Grant Macdonald. Robert Blenderman, J. David Brown, Grace George et Shierley Gibson-Langille figurent quant à eux au nombre des artistes de la scène artistique contemporaine de Kingston.

Parmi les écrivains canadiens éminents ayant un lien avec Kingston, mentionnons Matt Cohen, Robertson Davies, Janette Turner Hospital, Helen Humphreys, Diane Schoemperlen et Bronwen Wallace.

Quant aux activités culturelles formelles, Kingston a son propre orchestre symphonique et plusieurs troupes de théâtre. Le Grand Theatre est depuis longtemps la salle culturelle par excellence : il accueille d’abord la Martin’s Opera House (1879 à 1898), puis la Grand Opera House (1902 à 1936) et un cinéma (1938 à 1961), avant d’accueillir l’orchestre symphonique de Kingston.

En 2008, le Leon’s Centre (anciennement Rogers K-Rock Centre), un stade sportif et culturel, ouvre ses portes. Il s’agit du stade des Frontenacs de Kingston, une équipe de hockey sur glace de la LHO. On y organise aussi des championnats de curling et de patinage.

En 1976, Kingston accueille les compétitions de voile aux Jeux olympiques d’été de 1976. De plus, le Kingston Yacht Club organise tous les ans la régate canadienne de classe olympique de Kingston (CORK). Les environs de la ville attirent aussi beaucoup de gens en raison de la réserve de la biosphère de l’arche de Frontenac de l’UNESCO, du sentier de Cataraqui et du sentier Rideau.

Lecture supplémentaire

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