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Nellie McClung

Nellie Letitia McClung, née Mooney, suffragette, réformatrice, législatrice et écrivaine (née le 20 octobre 1873 à Chatsworth, en Ontario; décédée le 1 septembre 1951 à Victoria, en Colombie-Britannique). Nellie McClung a été une activiste engagée pour le droit de vote des femmes, une législatrice et une auteure peut-être plus connue pour son combat dans le cadre de l’affaire « personne ».

McClung, Nellie
Nellie McClung fait avancer la cause du féminisme de son temps et reconnaît la nécessité de l'indépendance économique des femmes (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/PA-30212).
Les Cinq femmes célèbres
La sculpture, « Les Cinq femmes célèbres », rend hommage aux cinq femmes célèbres : Nellie McClung, Henrietta Muir Edwards, Irene Parlby, Louise McKinney et Emily Murphy. Elle fut présentée officiellement sur la Colline du Parlement, en 2000 (sculpture de Barbara Paterson; photo de Marc Mennie; avec la permission de la Fondation Famous 5).
McClung, Murphy et Jamieson
Nellie McClung (à gauche), Emily Murphy (à droite) et Alice Jamieson (en mars 1916) sont les dirigeantes du mouvement féministe de l'Ouest canadien (avec la permission des City of Edmonton Archives).

Jeunesse et début de carrière

À partir de 1880, Nellie McClung vit sur la propriété familiale rurale dans la vallée Souris, au Manitoba, et ne fréquente pas l’école avant l’âge de 10 ans. Elle obtient un certificat en enseignement à 16 ans et enseigne jusqu’à son mariage avec Robert Wesley McClung en 1896. À Manitou, au Manitoba, où son mari est pharmacien, elle joue un rôle important dans la Women’s Christian Temperance Union, dont sa belle-mère est la présidente provinciale. En 1908, elle publie son premier roman, Sowing Seeds in Danny, portrait très spirituel d’une petite ville de l’Ouest, qui devient un livre à succès national. Elle écrit ensuite de nombreuses nouvelles et des articles pour des magazines canadiens et américains.

Activisme et politique

En 1911, les McClung s’installent avec leurs quatre enfants à Winnipeg, où naît leur cinquième enfant. Oratrice efficace pour le Mouvement des droits des femmes et de la réforme de Winnipeg, elle gagne l’attention des foules par son humour. Elle joue un rôle important pour les libéraux pendant leur campagne de 1914 contre les conservateurs de sir Rodmond Roblin qui refuse le droit de vote aux femmes. Elle déménage cependant à Edmonton avant que les libéraux ne remportent la victoire au Manitoba en 1915.

En Alberta, Nellie McClung continue la lutte pour le droit de vote des femmes, la prohibition, le droit de douaire, les normes de sécurité dans les usines et de nombreuses autres réformes. Les discours qu’elle prononce en Grande-Bretagne, notamment à la Conférence œcuménique des méthodistes (1921), et ses tournées de conférences au Canada et aux États-Unis lui apportent une notoriété certaine. Elle est élue députée libérale provinciale d’Edmonton de 1921 à 1926.

Nellie McClung fait également partie des « Cinq femmes célèbres » de l’Alberta, un groupe qui compte dans ses rangs Emily MurphyHenrietta Muir EdwardsLouise Crummy McKinney et Irene Parlby. En 1927, les cinq activistes demandent à la Cour suprême de déclarer que les femmes sont des personnes pouvant être élues sénatrices. La Cour suprême rejette leur requête en 1928, mais le Conseil Privé britannique annule cette décision l’année suivante, déclare officiellement que les femmes sont des « personnes » et fait remarquer que l’exclusion des femmes des charges publiques est « une relique d’une ère plus barbare que la nôtre ».


Fin de carrière

En 1933, les McClung déménagent à l’île de Vancouver, où Nellie termine le premier volume de son autobiographie, Clearing in the West: My Own Story (1935, réimprimé en 1976). Elle écrit aussi des nouvelles et une chronique pour une agence de presse. Elle publie en tout 16 livres, dont In Times Like These (1915, réimprimé en 1975). Elle poursuit sa vie active au sein de la Canadian Authors Association et du premier conseil d’administration de Radio-Canada, et comme déléguée à la Société des Nations en 1938 et conférencière.

Eugénisme

Comme les autres membres des Cinq femmes célèbres, Nellie McClung est souvent accusée de racisme et d’élitisme. La réputation et les succès du groupe se voient ternir par ses liens avec l’eugénisme, soit la théorie que l’espèce humaine pourrait être améliorée au moyen d’une reproduction contrôlée. Au début des années 1900, les concepts eugéniques sont appuyés par bon nombre de Canadiens influents, dont J. S. Woodsworth et Dre Clarence Hincks, qui défendent la valeur de l’eugénisme « positif » (lequel vise à favoriser la procréation par des membres « aptes » de la société) et celle de l’eugénisme « négatif » (lequel cherche à décourager la procréation par ceux considérés comme « inaptes »). Les eugénistes maintiennent que les personnes ayant des « déficiences mentales » et les personnes « faibles d’esprit » sont prédisposées à l’alcoolisme, la promiscuité, les maladies mentales, la délinquance et la conduite criminelle. Ces personnes représenteraient donc, à leur avis, une menace au tissu moral de la communauté. Ces préoccupations entraînent un soutien accru pour une législation eugénique qui impliquerait, entre autres mesures, la stérilisation des personnes jugées « déficientes ».

Féministe maternelle, Nellie McClung est d’avis que les femmes devraient s’impliquer dans le monde politique en raison de leurs instincts et leurs intérêts , notamment la santé des mères et celle des enfants. Les féministes maternelles tiennent particulièrement à ce concept, car leur doctrine présente la femme comme étant à la fois mère et gardienne de son « espèce ». Par conséquent, ils soutiennent une législation qui vise à réprimer la prostitution, l’alcoolisme et la « déficience mentale ». En 1915, Nellie McClung formule clairement ces préoccupations dans son livre In Times Like These :

[...] mettre au monde des enfants qui souffrent de handicaps causés par l’ignorance, la pauvreté ou la criminalité des parents est un crime affreux commis contre les innocents et les désespérés, et pourtant un crime dont on ne fait quasiment aucune mention. Le mariage, l’entretien domestique et l’éducation des enfants sont livrés au hasard, alors ce n’est pas étonnant que l’humanité produise tant de spécimens qui, s’ils étaient des bas de soie ou des bottes, seraient marqués « défectueux »

Nellie McClung et d’autres croient que les procédures de stérilisation éviteront des problèmes ultérieurs. En effet, Nellie McClung et son amie proche Emily Murphy sont considérées comme deux des partisanes les plus éminentes et influentes de la Sexual Sterilization Act de l’Alberta, une loi organisant la stérilisation forcée de personnes considérées comme ayant des « déficiences mentales ». Cette loi est adoptée en 1928 et abrogée en 1972. Durant cette période, des milliers de personnes jugées « psychotiques » et « mentalement déficientes » subissent une stérilisation eugénique.

Héritage

Nellie McClung meurt à Saanich (Victoria), en Colombie-Britannique, le 1er septembre 1951. Tombée dans l’oubli pendant 10 ans, elle est redécouverte au cours des années 60 par les féministes. Si certains critiquent le maternalisme dans son appui à la structure familiale traditionnelle, la plupart reconnaissent son apport à l’avancement de la cause féministe de son époque et sa position en faveur de progrès ultérieurs à réaliser, notamment sous la forme de l’indépendance économique des femmes. Plus récemment, elle a fait l’objet de critiques pour avoir soutenu l’eugénisme.

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