Colline du Parlement | l'Encyclopédie Canadienne

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Colline du Parlement

Les édifices du Parlement du Canada sont le siège du gouvernement fédéral à Ottawa. Conçus dans un style néo-gothique, les bâtiments ont été officiellement ouverts le 6 juin 1866, près d'un an avant la Confédération. Le 3 février 1916, un incendie a tout détruit sauf la Bibliothèque du Parlement. La reconstruction a commencé la même année.

Siège du gouvernement fédéral du Canada, les édifices du Parlement, à Ottawa, constituent un des complexes immobiliers canadiens les plus saisissants visuellement et les plus remarquables, situés sur un promontoire qui surplombe la rivière des Outaouais. On a proposé de les construire une fois que la Reine Victoria a choisi la petite ville comme la nouvelle capitale en 1857, pour fournir un plus grand espace à la Chambre des communes et au Sénat. Après la Confédération en 1867, les édifices du Parlement récemment ouverts deviennent le cœur du gouvernement canadien et un symbole national pour le jeune Dominion.

Le complexe de trois édifices, établi au sein d'un paysage harmonieux dans la tradition pittoresque, est connu également sous l'enceinte parlementaire. Connu déjà comme la Colline des Casernes et utilisé à titre de quartiers d'habitation pour les envoyés du génie royal travaillant sur le canal Rideau, le site dominant et ouvert était un emplacement idéal pour le nouveau Parlement. À l'intérieur de l'enceinte, l'édifice du Centre et la Bibliothèque du Parlement sont centralisés au point le plus élevé de la colline près d'un escarpement abrupt. Les édifices Est et Ouest sont situés de chaque côté de l'édifice du Centre et créent une place publique qui fait face au noyau urbain de la ville. Les espaces ouverts environnants sont parsemés de monuments de personnalités politiques importantes qui ont aidé à construire le pays.

À l'époque de la Confédération, quelques projets d'édifices aussi grands à l'échelle que ceux suggérés pour les édifices du Parlement ont été terminés. Une compétition a été organisée toutefois en 1859 pour trouver des architectes convenables pour construire les trois édifices fédéraux, comprenant un édifice du Parlement (l'édifice du Centre), deux édifices administratifs adjacents (les édifices Est et Ouest) et une résidence pour le gouverneur général. ( Voir Compétitions architectes). Un grand nombre de styles ont été soumis par des sociétés d'architectes sous des pseudonymes au ministère des Travaux publics. Les plans des compétiteurs étaient de deux styles historiques : le néoclassique, qui a été identifié à l'époque au républicanisme américain et le néogothique qui avait été utilisé pour le Parlement britannique récemment terminé à Londres, en Angleterre. Après des discussions entre les commissaires des Travaux publics et le Gouverneur général sir Edmund Walker Head, le style pittoresque néogothique a été choisi parce qu'on croyait qu'il représentait le mieux la démocratie parlementaire. L'édifice du Centre a été attribué en 1859 à Thomas Fuller et Chilion Jones et repris en 1863 par Fuller et Charles Baillairgé. (Voir famille Baillairgé). Les édifices Est et Ouest ont été remis à Thomas Stent et Augustus Laver. La résidence du Gouverneur général n'a jamais été construite, mais les autres édifices étaient suffisamment avancés pour déménager les ministères gouvernementaux de Québec dans la nouvelle capitale en 1865. Ouverts officiellement le 6 juin 1866, l'édifice du Centre initial et les deux édifices administratifs ont été des exemples exceptionnels d'un renouveau très élaboré du style gothique de l'époque victorienne au Canada.

Le style néogothique de la grande époque victorienne a été le plus réussi des styles néogothiques de l'époque médiévale au cours du XIXe siècle au Canada. Les plans des édifices du Parlement ont été élaborés à partir de deux courants de pensée en évolution relativement à l'architecture gothique. L'un de ces courants a été l'influence de l'architecte anglais, Augustus Welby Northmore Pugin, qui a vu que le gothique possédait une esthétique honnête en raison de son fonctionnalisme, créant ainsi des édifices conçus pour leur utilité plutôt que pour leur style. Les idées de Pugin étaient largement acceptées à une époque où les sensibilités du pittoresque étaient fortes. Une deuxième influence a été la notion d'une droiture morale authentique au moyen de normes élevées du style gothique concernant la connaissance du métier, adoptées par le théoricien britannique et apologiste du gothique, John Ruskin. Selon Ruskin, l'aspect décoratif très orné de l'architecture gothique permettait une liberté d'expression à des artisans anonymes qui étaient de plus en plus gênés par l'ère industrielle et ses matériaux modernes. Les édifices du Parlement reflètent les deux directions du néogothique de l'époque victorienne, mais ces directions sont interprétées aux goûts des Canadiens par son choix éclectique d'ornement et de matériaux locaux de style gothique. Notons, parmi les prédécesseurs moins perfectionnés aux plans des édifices, les premiers édifices gothiques séculiers tels que le robuste University College de style normand, qui à son tour a été inspiré par l'Oxford University Museum.

Chacun des édifices du Parlement a été conçu pour incorporer des éléments de facture médiévale comme les arcs brisés, des baies à lancette avec remplage, les pinacles à crochets, les contreforts apparents en saillie et la maçonnerie composite mise en valeur par un parement de brique. Dans la tradition de Pugin, une composition libérale et variée des flèches et de creux produisait les silhouettes pittoresques des édifices et la lisibilité visuelle du plan. Les éléments de Ruskin incluent l'attention aux moindres détails d'ornementation et un sens développé de la polychromie malgré le remplacement de la tuile en ardoise des combles brisés par le cuivre au cours des dernières années. L'auteur anglais Anthony Trollope a fait remarquer pendant la visite des édifices du Parlement : « Je ne connais aucune architecture gothique plus pure de ce genre ou moins souillée d'ornementation fictive ».

La seule partie intacte restante de l'édifice du Centre original, la Bibliothèque du Parlement, illustre le mieux le style néogothique de la grande époque victorienne. La bibliothèque incorpore les idées les plus récentes dans le domaine et a été dessinée selon les spécifications exactes du bibliothécaire en chef de l'époque. [Son imitation d'une salle capitulaire de l'époque médiévale reflète vraiment la nature des sensibilités victoriennes du passé et de la modernité. Destinée à imiter une salle capitulaire de l'époque médiévale, la bibliothèque reflète la tendance victorienne qui consiste à masquer la modernité dans les styles du passé.??]

Le complexe initial formé par les édifices du Parlement a eu une forte incidence sur le plan national et international et a tracé la voie pour la conception des édifices fédéraux pendant les décennies suivantes.

Destruction et reconstruction

La nuit du 3 février 1916, le feu ravage le salon de lecture de la Chambre des communes de l'édifice du Centre. Tout ce qui en reste le matin suivant sont les murs extérieurs de l'édifice et la Bibliothèque du Parlement. Des rumeurs d'acte de sabotage ont circulé puisque les énergies du Canada étaient concentrées sur la guerre en Europe, mais le feu était simplement un accident déplorable qui a alarmé grandement le gouvernement fédéral. Loin de se décourager, ce dernier voulait reconstruire l'édifice du Centre immédiatement. Les architectes John A. Pearson et Jean-Omer Marchand ont été choisis pour le reconstruire dans un style inspiré du style original, mais à l'aide de matériaux modernes et d'un aménagement de l'espace. La reconstruction a commencé officiellement le 24 juillet 1916 après qu'un comité parlementaire mixte eut finalisé la proposition des architectes. Au départ, les architectes avaient l'intention de reconstruire sur le tracé de l'ancien édifice du Centre, mais la décision d'inclure une plus grande surface de bureaux signifiait qu'un étage supplémentaire avait été incorporé. Par conséquent, ce qui restait des murs originaux et de la fondation en moellons a été démoli et reconstruit avec des murs en béton porteur et une charpente métallique.

À la différence de l'ancien édifice du Centre, le nouvel édifice a fait l'objet d'un plan biaxial symétrique ordonné par des corridors principaux et secondaires disposés conformément aux principes adoptés par l'École des Beaux-Arts de Paris. (Marchand a été l'un des premiers architectes canadiens à être diplômé de l'école en 1903). La méthode des Beaux-Arts consistant à aménager l'espace a été pratiquée séparément de la décoration de la surface de l'édifice ou de l'application d'un style; cette méthode est bien illustrée dans le corridor de l'axe principal de l'édifice du Centre qui relie la Bibliothèque du Parlement à l'entrée publique principale. Les deux salles sont alignées sur des axes secondaires à chaque extrémité de l'édifice qui sont reliés à l'imposante rotonde de la Confédération à deux étages. Plus de sept années ont été nécessaires pour construire la plus grande partie du nouvel édifice du Centre qui est demeuré inachevé jusqu'à l'ouverture officielle de la tour commémorative centrale le 11 novembre 1928.

Bien que le nouvel édifice du Centre devait respecter le plan original, il s'agit fondamentalement d'un édifice qui appartient au XXe siècle et à l'expérience liée au temps de guerre au Canada. Sur le plan du style, il s'inspire du style néogothique de la grande époque victorienne de l'original dans sa reconstitution des pavillons à comble brisé, la Tour centrale, et dans son utilisation de pierres locales et de ferronnerie recherchée. À l'intérieur, la rotonde de la Confédération à deux étages et les chambres à double hauteur de chaque habitation sont semblables à l'édifice original. Le nouvel édifice est, toutefois, un monument commémoratif construit à l'intention des Canadiens qui ont livré combat pendant la Première Guerre mondiale et expose par son design un sens plus profond d'esprit national. On trouve partout dans l'édifice des rappels de sa commémoration pour les valeureux soldats qui sont tombés au champ d'honneur, y compris une Chapelle du Souvenir située à la base de la tour qui contient un registre des noms de chaque soldat. Un rappel plus discret consiste en une petite gravure située sur le mur ouest de l'édifice portant la mention de la capture de Vimy Ridge pendant une bataille décisive qui a eu une incidence énorme sur l'image nationale du pays au Canada et à l'étranger. Un nouveau sens de l'identité et de l'iconographie canadiennes est évident partout dans l'édifice qui fait ressortir des gravures symboliques faites à l'aide de matériaux et de motifs de l'ensemble du pays. Cette preuve d'une conscience nationale différencie le deuxième édifice du Centre du premier.

Les sites pittoresques

Le paysage des sites est nettement différent du plan en échiquier du centre d'Ottawa. Éminent par sa composition de secteurs officiels et privés qui créent un paysage pittoresque, le site escarpé était le choix évident pour l'emplacement des édifices du Parlement. Le terrain avoisinant les nouveaux édifices avait été négligé jusqu'en 1873, année au cours de laquelle l'architecte-paysagiste de New York, Calvert Vaux, dessina les plans destinés aux sites sans visiter Ottawa. Son plan pour une route de virage avec montée comportant des escaliers élégants menant à une large terrasse supérieure, unifiait les étages en pente entre la rue et le point culminant de la colline. Aux environs des terrains officiels se trouve une allée intime située au bord de l'escarpement accentué qui offre une vue de la rivière des Outaouais jusqu'aux collines de la Gatineau. Le public peut se promener sur les terrains et à une époque, avait accès à une « allée des amoureux » située en bas de l'escarpement de la colline.

Des monuments commémoratifs de personnalités politiques et royales sont placés soigneusement partout sur les sites en tenant compte du décor. Les personnes qui ont participé à la fondation du Canada, sept premiers ministres et la royauté ont eu des statues érigées en leur honneur. On se souvient de l'année du centenaire de la Confédération (1967) en raison d'une flamme perpétuelle, appelée la Flamme du centenaire, posée dans une fontaine située devant le portillon d'entrée. En 2000, le programme commémoratif du Parlement a été développé pour inclure un ensemble de personnalités décrivant les « Cinq femmes célèbres » qui ont participé à faire progresser l'Affaire personne. Les monuments les plus importants ont été conçus par d'éminents sculpteurs canadiens, notamment Louis-Philippe Hébert, Walter Allward et Frances Loring.

La préservation d'un espace public

Les édifices du Parlement ont fini par devenir un symbole national durable et important pour le Canada et, à ce titre, le gouvernement fédéral a institué un programme élaboré de conservation du patrimoine pour préserver à la fois les valeurs de l'architecture et du patrimoine qui ont été identifiées avec le complexe et les terrains. La conscience de l'importance des édifices n'a pas toujours été le cas. À la fin des années 1950, alors que la demande pour un espace destiné aux bureaux parlementaires devenait pressante, le gouvernement a décidé de démolir l'édifice de l'Ouest et de le remplacer par un grand immeuble de bureaux moderne. La protestation du public a forcé le gouvernement à réexaminer le plan et à rénover l'édifice. Au cours des dernières décennies, chaque édifice a été soumis à une méthode de conservation adaptée, préservant la gloire de ces édifices pour le public canadien.

Rares parmi les parlements nationaux dans le monde, les espaces ouverts des édifices du Parlement offrent un lieu de rassemblement à la fois pour les célébrations et les protestations. La colline a été un lieu local de réunion du public avant que les édifices soient construits. Une fois qu'ils ont été achevés, les gens ont continué à visiter les sites lors d'occasions spéciales, y compris les jubilés royaux, les funérailles nationales et d'autres événements importants. Des incidents de protestations et de ralliements publics ont été consignés aussi tôt que dans les années 1870, mais la protestation organisée régulière est un phénomène qui a fait son apparition après la Deuxième Guerre mondiale. Les célébrations qui se déroulent sur le site des édifices du Parlement, notamment les festivités annuelles entourant la fête du Canada et la protocolaire Relève de la garde, ainsi que le rôle de ces édifices comme enceinte démocratique destinée aux citoyens sont essentiels au caractère qu'ils revêtent. Ces fonctions s'associent pour renforcer le rôle que jouent les édifices du Parlement à titre de centre et de symbole du gouvernement fédéral du Canada.

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