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Pétrole

On voit parfois du pétrole suinter de roches en surface, mais la plupart du temps, il faut forer de profonds puits pour le récupérer. L'apparence du pétrole brut, le liquide non raffiné trouvé dans des réservoirs souterrains, varie.
Bassins pétrolifères
Industrie pétrolière
Des ouvriers foreurs raccordent une tige de forage sur la plate-forme de forage, au nord-est de Sundre en Alberta - puits #18 (photo d'Angus McNee; avec la permission de Take Stock Photography Inc.).

Pétrole

Depuis le début de son exploitation commerciale dans les années 1850, le pétrole est devenu la principale source d'ÉNERGIE du Canada et du monde industrialisé. Le pétrole est un mélange de composés complexes de carbone et d'hydrogène, appelés hydrocarbures, que l'on trouve dans la croûte terrestre. La majeure partie de ces composés sont des restes FOSSILES de forêts et de fonds océaniques préhistoriques. On peut les considérer comme une biomasse (voir BIOMASSE, ÉNERGIE DE LA) fossilisée. Les hydrocarbures fossiles à haute teneur en carbone et existant à l'état solide sont classés comme CHARBON. Le pétrole peut aussi se présenter sous l'aspect d'un solide ou d'un liquide visqueux, appelé BITUME, ou encore sous forme liquide ou gazeuse, qu'on appelle respectivement pétrole brut et gaz naturel. Les principaux groupes d'hydrocarbures du pétrole comprennent les paraffines, les naphtènes et les aromatiques, accompagnés de petites quantités de composés oxygénés, azotés et sulfurés. À l'exception de rares gisements de gaz naturel ou de pétrole brut exceptionnellement purs, il faut traiter le pétrole pour le rendre utilisable.

On voit parfois du pétrole suinter de roches en surface, mais la plupart du temps, il faut forer de profonds puits pour le récupérer. L'apparence du pétrole brut, le liquide non raffiné trouvé dans des réservoirs souterrains, varie. Elle peut aller d'un liquide peu épais, incolore, composé surtout de naphte, à une substance épaisse, noire et gommeuse, à haute teneur en asphalte. Ces formes exigent un traitement relativement complexe. Entre ces extrêmes se situe la majeure partie du pétrole, qui peut être raffiné et distillé en une gamme étendue de combustibles, de charges d'alimentation pétrochimiques (voir INDUSTRIE PÉTROCHIMIQUE) et de lubrifiants.

Le gaz naturel, un mélange combustible incolore et inodore composé de méthane, d'éthane, de propane et de butane, est souvent trouvé en association avec des gisements de pétrole brut ainsi que dans des gisements ou « champs » rentables distincts. Une bonne partie du gaz naturel trouvé dans les piémonts des Rocheuses, en Alberta, contient une proportion importante d'hydrogène sulfuré et est appelé « gaz sulfureux ». Ce gaz toxique, incolore, corrosif et nauséabond nécessite des précautions supplémentaires lors du forage. Il faut enlever l'hydrogène sulfuré pour que le gaz naturel convienne aux usages domestiques ou industriels. L'extraction produit du SOUFRE élémentaire. Le bitume, aussi appelé asphalte ou goudron, est un mélange noirâtre de pétrole, d'asphaltite et de résine qui a perdu ses composés les plus volatils par évaporation ou oxydation. Quand on le trouve mélangé à des particules sédimentaires, comme dans le vaste gisement de l'Athabasca, en Alberta, on l'appelle sable bitumineux ou sable pétrolifère. La production de pétrole à partir du bitume exige des procédés complexes.

Le plus souvent, le pétrole et le gaz ne se sont pas formés dans les réservoirs où on les trouve. Ils migrent, souvent sur de grandes distances, à partir d'une « roche-mère », un sédiment riche en matière organique, vers le réservoir de pétrole, habituellement une ROCHE SÉDIMENTAIRE poreuse. Le pétrole peut se former à partir de n'importe quelle matière organique : poissons, plantes marines ou terrestres, animaux. Les ALGUES constituent une source importante de matières organiques. Ces minuscules organismes unicellulaires forment la majeure partie de la vie végétale dans les océans. Leur milieu de vie, dans les profondeurs des océans, est idéal pour leur préservation, en raison de leur existence planctonique (c'est-à-dire en suspension dans l'eau). Lorsqu'elles meurent, les algues descendent au fond de l'océan, où elles sont recouvertes de boue et de limon. En absence d'organismes fouisseurs, la matière algaire s'accumule pour former une part appréciable (de 1 à 2 p. 100) du sédiment total. L'action des bactéries libère de l'oxygène de cette matière, ce qui concentre de plus en plus les molécules faites d'hydrogène et de carbone nécessaires à la formation du pétrole.

La formation du pétrole peut s'effectuer dès que le sédiment chargé de matière organique est recouvert. La datation au carbone 14 de certaines boues du golfe du Mexique leur donne parfois un âge de 500 ans à peine. En revanche, des études sur certains types de champs pétrolifères montrent que le pétrole et le gaz s'y sont formés des millions d'années après que la roche-mère se soit sédimentée. Le champ de pétrole de LEDUC, en Alberta, est situé dans des roches carbonatées du Dévonien, sédimentées il y a 350 millions d'années. Pourtant, la formation de pétrole dans les roches-mères dévoniennes n'a commencé que lorsque ces roches ont été recouvertes d'une épaisseur suffisante au cours du Crétacé, plus de 250 millions d'années plus tard.

Principaux bassins canadiens

Un bassin sédimentaire est un grand affaissement de la croûte terrestre qui favorise l'accumulation de couches sédimentaires (débris rocheux altérés et précipités chimiques). Les accumulations de pétrole et de gaz se trouvent toujours dans des bassins sédimentaires ou en association avec ceux-ci. Le Canada possède 40 bassins pouvant contenir des hydrocarbures, ce qui représente 47 p. 100 des terres émergées et des pentes continentales. En réalité, on n'extrait présentement du pétrole et du gaz que de quelques-uns de ces bassins, situés sur des terres émergées. Les plus grandes réserves du Canada en hydrocarbures se retrouvent en mer, dans l'Arctique et au large de la côte est. Le principal bassin producteur du Canada est le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien, situé sous l'Alberta, le nord-est de la Colombie-Britannique, le sud de la Saskatchewan, le sud-ouest du Manitoba et l'ouest des Territoires du Nord-Ouest. Il s'étend de l'océan Arctique au golfe du Mexique, traversant le continent nord-américain du nord-ouest au sud-est. Il constitue pratiquement un manuel d'histoire naturelle, attestant des événements géologiques, environnementaux et biologiques survenus en Amérique du Nord au cours des 600 derniers millions d'années. La partie canadienne du bassin couvre une superficie de 1 815 000 km2.

Les autres grands bassins sédimentaires canadiens comprennent le bassin de la baie d'Hudson (970 000 km2), sous la baie d'Hudson; les bassins du Mackenzie et de l'île Banks, sous la MER DE BEAUFORT (131 000 km2); le bassin arctique canadien, s'étendant sous la majeure partie de l'archipel Arctique sauf l'île de Baffin (1 721 000 km2); les plateaux continentaux de la baie de Baffin et de la mer du Labrador, au large de la côte est (780 000 km2); la PLATE-FORME NÉO-ÉCOSSAISE et les GRANDS BANCS DE TERRE-NEUVE, au sud de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve (900 000 km2); et les bassins d'Anticosti et des Maritimes dans le golfe du Saint-Laurent (340 000 km2). L'industrie privée et le gouvernement s'attellent à la réalisation de programmes qui visent à découvrir et à exploiter les vastes ressources de la mer de Beaufort, de l'archipel Arctique, de la plate-forme Scotian et de la côte est au large du Labrador et de Terre-Neuve.

Production de pétrole et de gaz

C'est en 1857, dans le sud-ouest de l'Ontario, qu'on découvre du pétrole pour la première fois au Canada. Les premiers prospecteurs localisent leurs cibles à partir des suintements de pétrole à la surface. En Alberta, la province qui produit le plus de pétrole, on découvre du gaz à MEDICINE HAT, en 1904, et du pétrole à TURNER VALLEY, en 1910. Les découvertes importantes dans l'Ouest canadien demeurent sporadiques jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, alors qu'une activité renouvelée conduit à la découverte du champ pétrolifère de LEDUC, en 1947. Depuis ce temps, l'industrie pétrolière joue un rôle de premier plan dans la croissance du Canada. Parmi les gisements canadiens importants, on compte le champ pétrolifère crétacé de Pembina; les champs pétrolifères dévoniens de Bonnie Glen, de Leduc, de Norman Wells, de REDWATER et de Wizard Lake; les sables pétrolifères crétacés d'Athabasca; le champ de gaz crétacé de Suffield et les champs de gaz crétacés et triassiques de Deep Basin, tous en Alberta. En décembre 1985, le Canada a déjà produit 1,9 milliard de m3 de pétrole et 57,5 exajoules de gaz, soit 72 p. 100 des réserves connues de pétrole récupérable au Canada (estimées à 2,6 milliards de m3) et 38 p. 100 des réserves totales connues de gaz (estimées à 153,5 exajoules).

Propriété et exploitation

En ce qui a trait à la réglementation et au contrôle de l'exploration et de l'exploitation des ressources pétrolières au Canada, la disposition des droits sur le pétrole et le gaz relève de divers ordres de gouvernement. Le ministère fédéral de l'Énergie, des Mines et des Ressources (voir RESSOURCES NATURELLES CANADA) a la responsabilité des terres fédérales de la Couronne, situées principalement au nord du 60e parallèle et dans les eaux du large. Chaque gouvernement provincial possède également un ministère distinct des RESSOURCES énergétiques qui réglemente toutes les terres provinciales de la Couronne. Le ministère fédéral des Affaires indiennes et du Nord canadien est mandaté par les Indiens inscrits pour l'ensemble des terres de réserve. Chaque ministère gouvernemental annonce périodiquement des ventes de terres dans des parties des régions dont il est responsable. Les droits d'exploration et d'exploitation du pétrole et du gaz par concession ou par permis sont achetés par soumissions cachetées dans une vente aux enchères ouverte. Le plus haut soumissionnaire achète les droits exclusifs de concession des terrains pour une période donnée (habituellement de 3 à 10 ans), durant laquelle il obtient un droit d'exploration pour le pétrole et le gaz selon des méthodes approuvées.

Si le propriétaire de la concession découvre du pétrole, il peut faire une demande d'exploitation du gisement. Les organismes de réglementation (par exemple, l'Energy Resources Conservation Board en Alberta) veillent à ce que le gisement découvert soit exploité de façon à recueillir la quantité maximale possible de pétrole. S'il n'y a pas découverte de pétrole, la concession prend fin et les droits relatifs au pétrole et au gaz retournent à la Couronne.

Le gouvernement fédéral se réserve également le droit de réaliser des accords d'exploration sur les terres fédérales de la Couronne sans avis public s'il croit qu'il y va de l'intérêt de la population (par exemple, pour une exploration coûteuse en régions pionnières) ou qu'il y a urgence d'agir. Les terres franches sont des terres sur lesquelles les droits miniers et les droits de superficie ont été attribués à des personnes ou à de grandes sociétés (par exemple, la COMPAGNIE DE LA BAIE D'HUDSON). À la fin du XIXe siècle, de grandes étendues de terres franches sont distribuées aux pionniers de l'Ouest canadien et au CANADIEN PACIFIQUE. Les droits relatifs au pétrole et au gaz sur les terres franches peuvent être achetés ou vendus par une personne ou une société, mais les gouvernements provinciaux et fédéral réglementent leur exploitation.

Réglementation gouvernementale

L'industrie pétrolière joue un rôle important pour l'économie canadienne dans le secteur de l'énergie. Le Canada ne produit qu'une partie du pétrole nécessaire pour satisfaire ses besoins de consommation, il doit donc en importer en grandes quantités. La fluctuation des prix et des approvisionnements de pétrole importé affecte la stabilité de l'économie canadienne. Un ensemble exhaustif de lois, le Programme énergétique national (PEN), annoncé par l'administration fédérale libérale en 1980, constitue une étape en vue de réduire cette dépendance sur le pétrole en provenance de l'extérieur. Le PEN établit une structure de fixation des prix et une entente de répartition et il a pour objectif d'assurer la stabilité de l'industrie pétrolière et de redistribuer les coûts de la consommation de pétrole dans tout le Canada. Il institue également des mesures incitatrices visant à conserver l'énergie, à augmenter l'appropriation de l'industrie pétrolière par des Canadiens, à étendre l'exploration aux régions pionnières canadiennes et à concevoir des solutions de rechange à la consommation de pétrole. L'objectif du programme est d'en arriver à une autosuffisance énergétique totale au Canada. Ottawa, les provinces et l'industrie pétrolière participent à des débats passionnés et parfois acrimonieux sur le PEN.

Après l'élection fédérale de 1984, où les Conservateurs remplacent les Libéraux au pouvoir, la plupart de mesures du PEN sont graduellement éliminées. Les prix du pétrole et du gaz naturel devant changer en fonction des prix du marché international, on donne la permission d'augmenter les exportations. L'efficacité de ce changement est toutefois atténuée par la baisse de 50 p. 100 des prix mondiaux du pétrole, en 1986. Les investissements énergétiques sont alors annulés dans tout le pays et l'économie de l'Ouest est de nouveau malmenée. Les perspectives de l'industrie pétrolière s'améliorent par la suite, en raison de modestes redressements des prix sur les marchés internationaux et des attentes de l'industrie relativement à l'accord de libre-échange conclu avec les États-Unis en 1987, qui contribuera largement à stabiliser le développement énergétique sur le continent.

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