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Preston Manning

Ernest Preston Manning, fils du premier ministre de l'Alberta Ernest Manning, homme politique (Edmonton, 10 juin 1942).
Manning, Preston
Preston Manning, fondateur et chef du Parti réformiste (avec la permission du Parti réformiste du Canada).

Ernest Preston Manning, fils du premier ministre de l'Alberta Ernest Manning, homme politique (Edmonton, 10 juin 1942). Après avoir obtenu son diplôme de l'U. de l'Alberta en 1964, Manning se présente sans succès comme candidat du Crédit social aux élections fédérales de 1965 avant de se joindre à la National Public Affairs Research Foundation, un groupe d'analystes conservateurs. Il effectue, en 1966-1967, la recherche pour l'ouvrage de son père, Political Realignment, et est coauteur d'un livre blanc sur le développement des ressources humaines pour le gouvernement créditiste de l'Alberta. Le livre blanc sera à l'origine de la création de plusieurs nouveaux organismes, à savoir un ministère de la Jeunesse, un conseil des ressources humaines et l'Alberta Service Corps.

À la retraite de Manning père, en 1968, père et fils mettent sur pied Manning Consultants Ltd., une société de conseil de gestion. Preston se rapproche de la Social Conservative Society à la fin des années 60, puis du Movement for National Political Change, précurseur du Parti réformiste. Aucun des deux mouvements n'attire les foules, mais les idées conservatrices qu'ils avancent donneront naissance au Parti Réformiste du Canada dans le climat plus favorable de la fin des années 80, lorsque le désenchantement à l'égard du Parti conservateur fédéral s'approfondit. Le parti est créé à l'occasion d'un congrès qui se tient à Winnipeg en novembre 1987 et Manning en devient le chef.

Manning préconise un parti qui promet la responsabilité financière, l'égalité des provinces (pas de statut particulier pour le Québec) et une réforme parlementaire qui comprendrait un sénat élu, égal et efficace et une démocratie plus directe, ce qui rejoint beaucoup de citoyens de l'Ouest, notamment tous ceux qui sont déçus par le Parti Progressiste-Conservateur de Brian Mulroney, alors au pouvoir. Bien que Manning ait perdu de façon catégorique contre Joe Clark aux élections fédérales de 1988 et que son parti n'ait obtenu aucun siège, un an plus tard, le premier député réformiste est élu lors d'un scrutin partiel en Alberta. Manning met sur pied une campagne vigoureuse contre l'Accord du lac Meech (voir Accord du lac Meech : Document) qui rehausse le profil du parti et joue un rôle important dans l'échec de cet accord, en 1990, et dans celui de son successeur, l'Accord de Charlottetown (voir Accord de Charlottetown : Document), en 1992. Aux élections fédérales de 1993, Manning transforme le ressentiment et la colère de l'Ouest en un succès électoral stupéfiant. Les électeurs albertains embrassent le Parti réformiste sans réserve, et 22 candidats, pour un total de 26 sièges (sous réserve de nouveaux dépouillements), sont élus.. Le parti connaît également un succès sans précédent en Colombie-Britannique, remportant 24 sièges sur 30, en plus de s'assurer 4 sièges en Saskatchewan et d'un au Manitoba ainsi que d'un autre en Ontario. Du même coup, le Parti réformiste contribue à la destruction du Parti conservateur que son rival, le Bloc québécois, avait entreprise au Québec.

Aux élections générales de 1997, le Parti réformiste, dirigé par Manning, obtient un total de 60 sièges, assez pour remplacer le Bloc québécois à titre d'opposition officielle. Mais tous les députés proviennent de régions à l'ouest de l'Ontario. La géographie politique du Canada se décompose selon la région : le Parti réformiste dans l'Ouest, les libéraux au pouvoir en Ontario, le Bloc au Québec, et une poignée de conservateurs et de néo-démocrates dans les Maritimes.

Mécontent de cette image de parti régional, Manning propose une solution radicale. En 1998, il fait la cour aux conservateurs de l'Est du Canada en créant le mouvement de l'Alternative unie, qui se voulait une union du Parti réformiste reste du Parti progressiste-conservateur. La proposition de Manning rencontre quelques résistances parmi des conservateurs notables, surtout Joe Clark, redevenu chef du parti, mais aussi chez certains réformistes, qui redoutent de voir Manning affaiblir les principes du parti pour contenter les gens de l'Est. Néanmoins, au printemps de 1999, les réformistes sont invités à voter sur la continuation de l'Alternative unie.

Ces efforts mènent à la création, en début 2000, du parti de l'Alliance Canadienne. Un peu plus tard, les réformistes acceptent de dissoudre leur parti. Le 10 mars 2000, Manning donne sa démission à titre de chef de l'opposition pour se lancer dans la course à la direction du nouveau parti. Mais il n'est pas élu. Le 8 juillet 2000, Stockwell Day devient le chef de l'Alliance, battant solidement Manning avec 63,5 p. 100 des suffrages au deuxième tour.

Aux élections fédérales suivantes du 27 novembre 2000, Manning est réélu dans sa circonscription du sud-ouest de Calgary. Peu après, il annonce être atteint d'un cancer de la prostate. Le 21 mars 2001, alors que le leadership de Day est de plus en plus remis en question au sein de l'Alliance, Manning prendra sa retraite de la politique fédérale, janvier 2002. Par la suite, Manning accepte plusieurs postes, notamment ceux de chercheur principal au Fraser Institute et au Canada West Foundation et d'invité de marque à l'Université de Calgary et à l'Université de Toronto.

Une bonne part de la réussite de son parti est attribuée au talent d'orateur de Manning, manifesté au cours des campagnes électorales, en particulier durant les débats nationaux. Son impact sur la scène politique au Canada demeure controversé. D'une part, on prétend que c'est grâce à lui que le gouvernement libéral a repensé sa politique sur la criminalité et la répression ainsi que sur la dette publique, et qu'il a adopté une position constitutionnelle plus rigoureuse quant au séparatisme. D'autre part, les critiques de Manning affirment que ses politiques ont laissé sans résolution la question de la place du Québec dans la nation, et que la création du Parti réformiste a provoqué l'éclatement du mouvement conservateur canadien, menant ainsi, par inadvertance, à une série de victoires électorales pour les libéraux.

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