Le Canada et la guerre de Sept Ans | l'Encyclopédie Canadienne

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Le Canada et la guerre de Sept Ans

La guerre de Sept Ans (de 1756 à 1763) est la première guerre d’envergure mondiale. Elle est menée en Europe, en Inde et en Amérique, ainsi qu’en mer. En Amérique du Nord, la Grande-Bretagne et la France, empires rivaux, luttent pour la suprématie. Aux États-Unis, le conflit est connu comme la guerre contre les Français et les Indiens. Dès le début de la guerre, les Français, aidés par la milice canadienne et leurs alliés autochtones, repoussent plusieurs attaques et prennent bon nombre de forts britanniques. Le vent tourne quand les Britanniques prennent Louisbourg en 1758, Québec en 1759 et Montréal en 1760. Par le traité de Paris, la France cède officiellement le Canada à la Grande-Bretagne. C’est ainsi que la guerre des Sept Ans pose la fondation biculturelle du Canada moderne.

Ce texte est l’article intégral sur la guerre de Sept Ans. Si vous souhaitez lire un résumé en langage simple, veuillez consulter l’article Guerre de Sept Ans (résumé en termes simples).

Carte des affrontements en Amérique du Nord pendant la guerre de Sept ans (ou Guerre de la Conquête).
The Death of General Wolfe
Declaration of War, Seven Years War
A View of the Taking of Quebec, September 13th, 1759
View of the Basse-Ville in Québec destroyed by British artillery fire, 1759
Marquis de Montcalm, military commander

Causes de la guerre de Sept Ans

La guerre de Sept Ans oppose la Grande-Bretagne, la Prusse et Hanovre à une alliance regroupant la France, l’Autriche, la Suède, la Saxe, la Russie et, plus tard, l’Espagne. Le conflit témoigne de la rivalité commerciale et impériale entre la Grande-Bretagne et la France, ainsi que de l’hostilité entre la Prusse (alliée de la Grande-Bretagne) et l’Autriche (alliée de la France). En Europe, la Grande-Bretagne envoie des troupes pour aider la Prusse entourée par l’ennemi. Pour la Grande-Bretagne, la guerre a pour but principal de détruire la France en tant que concurrent commercial. Elle s’attaque donc en priorité à la marine et aux colonies françaises. La France s’est engagée à combattre en Europe pour défendre son alliée, l’Autriche. Elle a donc peu ressources pour ses colonies.

Hostilités en Amérique du Nord, 1754–1755

Le conflit commence en 1754 dans la vallée de l’Ohio, réclamée à la fois par les Français et les Britanniques. En 1753, les Français construisent des fortifications dans la région pour renforcer leur position. Le gouverneur de la Virginie (colonie britannique à l’époque) y réagit en envoyant George Washington, colonel de la milice, à la frontière de l’Ohio. Washington attire un petit détachement français dans une embuscade, mais est ensuite défait par une autre force française, plus nombreuse.

Avant même que la guerre soit déclarée officiellement, les Britanniques préparent un assaut contre les Français en Amérique. Le major général Edward Braddock et deux régiments de l’armée régulière y sont envoyés à cette fin en 1755. D’autres troupes sont levées dans les colonies et une attaque sur quatre fronts se prépare contre le Fort Niagara, le Fort Beauséjour sur la frontière de la Nouvelle-Écosse, le Fort Duquesne sur la rivière Ohio et le Fort Saint-Frédéric [ Crown Point] sur le lac Champlain (dans ce qui est aujourd’hui l’État de New York).

En prenant connaissance de ces préparatifs, les Français dépêchent six bataillons sous le commandement du baron Armand Dieskau pour renforcer Louisbourg et le Canada. Le vice-amiral Edward Boscawen et un escadron de la marine britannique tentent d’intercepter le convoi français, mais ne réussissent qu’à s’emparer de deux navires. Les Britanniques connaissent encore moins de succès sur le continent. Bien que l’armée qui s’avance sur le lac Champlain affronte les Français près du lac George et capture Armand Dieskau, les Britanniques décident d’abandonner la campagne contre le Fort Saint-Frédéric. Ils renforcent plutôt leur position sur l’autre rive du lac et y construisent le Fort William Henry. L’assaut prévu sur la Niagara n’a pas lieu à cause de problèmes d’approvisionnement et d’un taux élevé de désertion. L’armée d’Edward Braddock est détruite par un petit détachement de soldats français et de guerriers autochtones. En revanche, les Britanniques connaissent un certain succès en Acadie : en 1755, ils capturent le Fort Beauséjour, gardé par une petite garnison. Les colons acadiens sont ensuite déportés puisque les Britanniques les perçoivent comme de potentiels rebelles (voir Histoire de l’Acadie).

Victoires françaises du début du conflit

En avril 1756, plus de troupes françaises arrivent au Canada avec un nouveau commandant, le marquis de Montcalm. En mai, la Grande-Bretagne déclare la guerre. La stratégie du marquis de Vaudreuil, commandant-en-chef et gouverneur général, est de garder les Britanniques sur la défensive, le plus loin possible des habitations canadiennes. En 1756, Montcalm s’empare du fort britannique Oswego, sur le lac Ontario, prenant ainsi le contrôle des Grands Lacs. En août 1757, les Français prennent également le Fort William Henry sur le lac George.

Entre-temps, des expéditions guerrières menées par les Canadiens et leurs alliées autochtones attaquent les colonies américaines situées près de la frontière, qui ne peuvent résister à ces attaques. La Grande-Bretagne doit donc envoyer plus de 20 000 soldats dans les colonies et consacrer la grande partie de sa marine au blocus des ports français. Le plan des Français est d’affecter une petite armée, aidée d’alliés canadiens et autochtones, à tenir les importantes forces britanniques à l’intérieur du pays. Ils visent ainsi à protéger leurs colonies les plus importantes, comme la Guadeloupe. Malgré les nombreuses troupes régulières envoyées par la Grande-Bretagne en Amérique du Nord, la France refuse d’y affecter plus qu’un modeste renfort.

Le vent tourne : les victoires britanniques

En 1758, l’équilibre de la guerre bascule du côté des Britanniques lorsqu’ils lancent plusieurs attaques importantes sur des postes français. En juillet, le major général James Abercromby attaque le Fort Carillon (Ticonderoga) avec plus que 15 000 troupes venues de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Angleterre. Il est défait par Montcalm et sa force d’à peine 3 800 hommes. En revanche, cet été-là, les Britanniques lancent un assaut amphibie sur Louisbourg et ouvrent ainsi le fleuve Saint-Laurent aux navires britanniques. En août 1758, les Britanniques détruisent le Fort Frontenac [Kingston, Ontario], avec son stock destiné aux postes de l’ouest. Dans la région de l’Ohio, les alliées autochtones de la France concluent une entente de paix avec les Britanniques, ce qui force les Français à abandonner le Fort Duquesne.

En 1759, les Britanniques prennent la Guadeloupe, dans les Antilles, et mènent trois campagnes contre les fortifications françaises sur le continent. Deux armées britanniques avancent sur le Canada pendant qu’une troisième capture la Niagara. La Marine royale envoie le major général James Wolfe à Québec avec 9 000 hommes, tandis que le général Jeffery Amherst avance sur le lac Champlain, mais s’arrête à Crown Point. Tout l’été, Wolfe tente d’inciter les Français à engager la bataille en attaquant des avant-postes et des colonies tout en assiégeant la ville. Le 13 septembre 1759, des forces britanniques de 4 500 hommes arrivent à environ trois kilomètres en amont de Québec. Au lieu d’attendre des renforts, Montcalm décide de les attaquer. Les Britanniques infligent alors la défaite de la bataille des plaines d’Abraham. Wolfe et Montcalm meurent tous les deux de blessures reçues pendant la bataille. La ville se rend quelques jours plus tard.

Toutefois, la position des Britanniques à Québec est faible, car la Marine royale se retire avant l’hiver et laisse la garnison isolée. Le chevalier de Lévis assume le commandement de l’armée française. Au mois d’avril suivant, il défait complètement les Britanniques sur le même champ de bataille (voir bataille de Sainte-Foy). Tandis que les Britanniques se replient sur Québec, le chevalier de Lévis assiège la ville. Le 16 mai 1760, il lève le siège quand des frégates britanniques arrivent sur le fleuve Saint-Laurent, mettant ainsi fin à tout espoir de renforts français. L’armée française se retire à Montréal, mais est obligée de se rendre à Amherst le 8 septembre 1760 (voir Conquête). Les forces britanniques sont alors libres d’aller se battre ailleurs.

Domination de la marine britannique

La puissance de la marine britannique est un facteur décisif dans l’issue de la guerre, car elle joue un rôle crucial dans les attaques contre Louisbourg et contre Québec, en plus de bloquer avec succès l’arrivée des navires français dans les colonies. La marine met aussi fin au plan français d’invasion de la Grande-Bretagne. En effet, la France et l’Espagne montaient une expédition importante afin d’envahir la Grande-Bretagne quand les victoires navales des Britanniques en novembre 1759 à Lagos, au Portugal, en août, et à la baie Quiberon, en France, rendent cette invasion impossible.

Fin du conflit

Malgré ses victoires militaires et marines, la Grande-Bretagne croule sous une dette nationale colossale en 1760. Le ministre de la guerre, William Pitt, insiste pour que le gouvernement déclare la guerre à l’Espagne, qui conclut une alliance défensive avec la France en août 1761. Toutefois, le nouveau roi, George III, aspire à la paix. En fin d’année, William Pitt est démis de ses fonctions.

Cependant, la guerre ne prend pas fin avant 1763. En janvier 1762, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Espagne et poursuit ses opérations outre-mer. En février et en mars 1762, les Britanniques s’emparent de la Martinique, de Sainte-Lucie, de la Grenade et de Saint-Vincent. Ils prennent La Havane des Espagnols en août, puis Manille (Philippines) en octobre 1762.

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Le traité de Paris, 1763

Pendant ce temps, les gouvernements britannique, français et espagnol négocient des conditions de paix. Le premier ministre du gouvernement français, le duc de Choiseul, est résolu à reprendre les précieuses colonies sucrières de la Martinique et de la Guadeloupe, et de garder un port de pêche sur les Grands Bancs de Terre-Neuve. Il désire aussi obtenir l’île du Cap-Breton, mais doit se contenter des petites îles de Saint-Pierre-et-Miquelon comme ports de pêche.

La Grande-Bretagne accepte de rendre la Martinique et la Guadeloupe à la France, mais s’assure le contrôle de la Dominique, de Tobago, de Saint-Vincent et de la Grenade, des îles antillaises. L’Espagne cède la Floride à la Grande-Bretagne, mais reçoit une partie du vaste territoire de la Louisiane appartenant à la France. (Voir Traité de Paris (1763).)

La France cède également la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne, étant donné qu’il vaut moins, du point de vue économique, que les îles des Antilles où l’on cultive la canne à sucre et celles du nord de l’Atlantique où l’on pratique la pêche. En outre, la taille et l’emplacement de la Nouvelle-France en font une colonie difficile à défendre.

D’ailleurs, Choiseul est convaincu que les colonies de Nouvelle-Angleterre, qui n’ont plus besoin de protection militaire, ne tarderont pas à demander leur indépendance. Douze ans plus tard, les colonies américaines se soulèvent contre la Grande-Bretagne. Ironiquement, c’est avec l’aide de l’armée française qu’elles gagnent enfin leur indépendance. (Voir Révolution américaine.)

Le traité de Paris est signé par la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne le 10 février 1763. Le traité de Hubertsbourg, signé le 15 février 1763 par la Prusse, l’Autriche et la Saxe, met fin à la guerre en Europe centrale.

Importance

La guerre de Sept Ans est une page déterminante de l’histoire du Canada. Avec le traité de Paris de 1763, la France cède officiellement la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne et se retire presque entièrement du continent. La guerre de Sept Ans pose donc la fondation biculturelle du Canada moderne. L’élimination de la France en tant que puissance en Amérique du Nord accroît la confiance des colons de Nouvelle-Angleterre, puisqu’ils n’ont plus besoin de la protection de l’armée britannique. Cette situation mène indirectement au déclenchement de la Révolution américaine en 1775, qui aura une influence sur l’identité et les frontières canadiennes, notamment par l’arrivée massive des loyalistes et la création du Haut-Canada et du Nouveau-Brunswick.

La guerre change également les relations entre la Grande-Bretagne les peuples autochtones qui vivent dans ce qui deviendra le Canada. Au printemps 1763, une coalition autochtone sous le commandement du chef odawa Obwandiyag (Pontiac) s’empare de postes militaires britanniques dans la région des Grands Lacs. De nombreuses Premières Nations s’allient à la France pendant la guerre et s’opposent à la colonisation américaine et aux politiques britanniques sous Jeffery Amherst. La Grande-Bretagne souhaite se garantir leur allégeance et leur loyauté, et stabiliser sa frontière ouest. La Proclamation royale de 1763sert cet objectif en créant une grande réserve autochtone à l’ouest des Appalaches. De plus, elle indique clairement que toutes les terres que les peuples autochtones n’ont pas cédées ou vendues leur sont réservées. La Proclamation inclut aussi des politiques visant à assimiler la population française sous contrôle britannique. Ces politiques sont remplacées par l’Acte de Québec en 1774.

En Savoir Plus // La Guerre de Sept Ans

Lecture supplémentaire

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