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Urbanisation

L’urbanisation est un processus complexe par lequel les agglomérations d’un pays s’élargissent, se spécialisent et deviennent de plus en plus interdépendantes au fil du temps.

L’urbanisation est un processus complexe par lequel les agglomérations d’un pays s’élargissent, se spécialisent et deviennent de plus en plus interdépendantes au fil du temps. Elle découle d’une combinaison de changements économiques, technologiques, démographiques, politiques et environnementaux. Plus de 80 % de la population canadienne vit dans des centres urbains. Les trois plus grandes villes du pays sont Toronto, Vancouver et Montréal.

Contextes national et international

En 2011, 81 % des Canadiens vivent dans un centre urbain contre seulement 45 % en 1911. D’après Statistique Canada, toute collectivité comptant au moins 1 000 habitants est une zone urbaine.

Selon le rapport de 2014 des Nations Unies sur l’urbanisation dans le monde, le Canada se classe au 40e rang. Il est davantage urbanisé que les États-Unis, la Norvège, la France et l’Allemagne, mais moins que des pays comme le Japon, la Belgique, l’Australie, Israël, le Royaume-Uni et l’Argentine.

Écarts régionaux

Au Canada, l’urbanisation se distingue particulièrement du fait qu’elle varie d’une région à l’autre, et reflète les différentes bases économiques des provinces et des territoires. Depuis longtemps, l’Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique affichent un niveau de concentration urbaine égal ou supérieur à la moyenne nationale. L’Alberta s’est récemment jointe à ce groupe.

En revanche, la population de certains centres établis depuis longtemps diminue depuis un bon moment. Cette tendance va en s’accélérant, car l’immigration est dorénavant le facteur déterminant dans la croissance démographique relative. Le recensement de 2011 a révélé que la population d’environ 34 % des municipalités comptant au moins 1 000 habitants (321 sur 951) stagne ou est en déclin. Celles-ci étaient situées de façon disproportionnée dans l’est du Canada et dans les centres comptant 5 000 habitants ou moins.

À l’avenir, on prévoit que le déclin de la population sera une importante problématique d’urbanisation. Des décisions importantes devront être prises pour investir dans les installations de soins de santé, les infrastructures et les aménagements qui serviront la population vieillissante. Les six agglomérations concentrées autour de Toronto, de Montréal, de Vancouver, d’Ottawa-Gatineau, de Calgary et d’Edmonton accueillent la majorité des immigrants et reçoivent l’essentiel des investissements. De plus, la plupart des municipalités à croissance rapide se trouvent parmi ces dernières.

Historique

En raison du rôle initial qu’il joue dans les cours royales de France et d’Angleterre, le Canada s’urbanise relativement tôt dans son histoire. Il a déjà traversé cinq phases importantes d’urbanisation et dans les années 2000 en amorce une sixième. Celles-ci se chevauchent, car chacune d’entre elles ne remplace pas complètement les schémas d’urbanisation mis en place précédemment. 

Première phase : colonisation

Au départ, le développement urbain se caractérise par une emprise impériale (française ou britannique) sur les emplacements des villes, leurs fonctions et leur croissance. QuébecMontréalHalifax et St. John’s ont tendance à jouer un rôle administratif ou militaire. En matière d’économie, elles servent de points de collecte des ressources de la colonie et de centres de distribution des produits fabriqués provenant de la mère patrie. Elles n’entretiennent aucun rapport digne de mention avec d’autres villes de la colonie, Paris ou Londres étant le principal lien qui les unit.

Deuxième phase : début du 19e siècle

La deuxième phase s’amorce au début du 19e siècle et est marquée par l’emprise croissante des intérêts commerciaux locaux sur le développement. La dépendance complète envers l’exportation des ressources comme le bois d’œuvre et la fourrure s’estompe au profit de la fabrication à petite échelle de produits artisanaux destinés à un marché local ou régional. Certaines villes commencent à assumer des fonctions métropolitaines et à dominer leur région immédiate. De nouvelles technologies en matière de transport font leur apparition, notamment l’alimentation à la vapeur des bateaux de transport, des chemins de fer et de la machinerie des usines et des ateliers. Les liens entre les colonies, notamment en matière de banques, de poste et de transport en diligence, augmentent.

De plus, alors que l’influence impériale s’amenuise, le modèle des villes change. L’arpentage et les aménagements urbains qui en découlent mettent de l’avant un développement plus ordonné. Les axes de transport et la prestation des services d’eau et d’égout déterminent dorénavant l’aménagement à long terme. Les villes sont divisées selon les fonctions résidentielles, commerciales et industrielles, ainsi qu’entre les classes et les groupes ethniques.

Troisième phase : tournant du 20e siècle

La troisième phase commence à la fin des années 1870, propulsée par l’expansion industrielle qui résulte de la Politique nationale du premier ministre John A. Macdonald et de la colonisation de l’Ouest canadien. Elle dure jusque dans les années 1920 et est marquée par la création d’un réseau urbain national comprenant les chemins de fer, le télégraphe, les canaux, les bureaux de poste et le téléphone. De nouvelles villes font leur apparition dans l’Ouest canadien. Toutefois, le pouvoir a tendance à se concentrer dans les villes du centre du Canada, principalement Montréal et Toronto. Le capitalisme industriel et sa contrepartie, la classe ouvrière industrielle, émergent. À l’échelle nationale, des conflits entre ces deux groupes influent sur la politique, comme en témoigne la grève générale de Winnipeg, en 1919.

Le développement urbain au Canada est de plus en plus tributaire des améliorations majeures réalisées en matière de technologie. On applique systématiquement les principes des sciences et du génie au transport, aux télécommunications, aux méthodes de construction et à la production. L’expansion spectaculaire des banlieues et des lignes de tramway se combine aux grandes tours de bureaux dans le centre de la ville. Tous les aspects de l’urbanisation s’accroissent : la taille des banlieues, la hauteur des édifices du centre-ville et l’organisation d’entreprises commerciales dotées d’énormes usines. L’utilisation du territoire devient de plus en plus spécialisée. Les systèmes de zonage, mis en place surtout à partir de la fin des années 1920, s’inspirent de ceux des États-Unis et de la Grande-Bretagne.

Quatrième phase : Deuxième Guerre mondiale

La quatrième phase d’urbanisation commence pendant la Deuxième Guerre mondiale, qui mobilise l’industrie pour la production d’armements pendant les années 1940. Elle dure jusque dans les années 1970. Cette nouvelle ère urbaine des « grandes entreprises » se caractérise par l’utilisation grandissante de l’automobile et du camion, qui remplacent les systèmes de tramway et le transport ferroviaire. Les économies en milieu urbain, autrefois dominées par l’industrie manufacturière, deviennent de plus en plus dépendantes de l’industrie des services. S’amorce alors la décentralisation des populations et des activités économiques.

Après la guerre, la population du Canada croît rapidement en raison de l’arrivée massive d’immigrants et d’un baby-boom national. Le secteur privé coordonne le développement global des banlieues. Des tours d’habitations modestes sont construites dans le centre et le long des lignes de transport. Des parcs industriels sont créés en banlieue. Dans les centres-villes, les tours de bureaux de plus en plus hautes deviennent la norme. Enfin, les centres commerciaux régionaux soutiennent et encouragent l’expansion des banlieues.

Cinquième phase : années 1970 et 1980

À la fin des années 1970, une nouvelle ère d’urbanisation commence à se définir. La population des anciens centres urbains se maintient ou accuse un déclin. À l’opposé, les banlieues et les régions périphériques affichent une croissance importante. Les vieilles villes, qui attiraient autrefois les gens de la campagne, voient une partie de leur population se déplacer en périphérie. Toutefois, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, les facteurs ethniques et raciaux ne motivent pas autant la migration vers les banlieues. Les villes de taille moyenne et leurs banlieues sont en croissance, tout comme les centres urbains de grande taille. Les changements aux politiques nationales de l’assurance-emploi aident les agglomérations du pays auparavant en déclin à se maintenir. Néanmoins, la part des emplois du secteur agricole poursuit son déclin.

Aussi, dans les années 1980, les grandes municipalités annexent les terres et les municipalités limitrophes pour élargir leur assiette fiscale. Par exemple, Edmonton double sa superficie par suite d’une annexion qui gonfle sa population d’environ 100 000 habitants en 1986.

Sixième phase : tournant du 21e siècle

La fin des années 1980 marque l’avènement d’une nouvelle ère. Le pourcentage de la population canadienne vivant en milieu urbain se stabilise autour de 80 %. Dans son ensemble, la population vieillit. La croissance naturelle ralentit au point où la croissance est nulle. Les niveaux élevés d’immigration à Toronto et à Vancouver alimentent l’expansion de ces villes et augmentent leur diversité culturelle et ethnique. Les collectivités de retraités et de loisirs connaissent un boom à travers le pays. La croissance des grandes collectivités métropolitaines se poursuit. De nombreux petits centres urbains voient leur population diminuer, sauf dans les régions métropolitaines et les zones récréatives attrayantes.

La décentralisation se poursuit alors que les banlieues éloignées attirent de nouvelles industries et croissent plus rapidement que les régions centrales. Parallèlement, de nouveaux centres-villes font leur apparition ou s’agrandissent dans les grandes régions urbaines. À titre d’exemple de cette tendance, notons Burnaby dans la région métropolitaine de Vancouver, les centres-villes de Mississauga et de Markham dans la région métropolitaine de Toronto et Laval dans la région métropolitaine de Montréal. Toutes ces tendances font en sorte que les régions urbaines aux multiples centres-villes s’imposent comme la norme.

Il y a encore des centres densément peuplés, dominés par certaines des plus hautes structures au monde. Celles-ci sont habitées par de nombreux travailleurs du secteur financier et d’autres secteurs des services dans des villes branchées sur le monde au moyen d’Internet et de la téléphonie cellulaire.

Depuis toujours, les villes du Canada entretiennent des liens internationaux, à commencer par l’Europe. Bon nombre d’entre elles sont aujourd’hui non seulement reliées à leurs voisins ruraux, mais aussi aux autres centres urbains de la planète. Mentionnons à titre d’exemple les marchés financiers de Londres et de Shanghai, des complexes de divertissement de Hollywood et de Mumbai, des sociétés pétrolières russes et kazakhs, ainsi que des projets miniers en Amérique latine et en Australie.

Succès et défis

L’urbanisation du Canada a connu du succès, mais présente aussi des défis. Parmi ces derniers, notons l’expansion non planifiée et le développement durable. Par exemple, pour s’adapter à la croissance, les villes doivent investir dans les infrastructures tout en tentant de préserver les espaces verts et de prévenir la pollution atmosphérique, aquatique et terrestre. Une solution consiste à concentrer le développement près des quartiers existants, ce qui a l’avantage d’augmenter la densité et de limiter l’étalement. Cependant, cette stratégie fait augmenter le prix des terrains, ce qui réduit l’accès à la propriété pour bon nombre de familles à faible ou moyen revenu.

L’urbanisation constitue aussi un défi pour les zones rurales, car elle réduit leur population et les débouchés économiques qui sont à sa portée.

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