Effort de guerre au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Effort de guerre au Canada

Les deux conflits mondiaux du XXe siècle ont un caractère universel et impliquent l'ensemble du pays. Au Canada, le front « intérieur » devient un aspect essentiel de l'effort de guerre.

Les deux conflits mondiaux du XXe siècle sont des guerres totales qui impliquent l’ensemble du pays, et le « front intérieur » devient un aspect essentiel de l’effort du Canada. Le front intérieur se réfère aux civils, y compris les femmes, les hommes, les enfants et les adolescents, qui travaillent de diverses façons pour aider le pays à faire face à cette situation, alors que des dizaines de milliers de soldats combattent outre-mer, les jeunes hommes sont employés normalement dans les usines, les fermes et les villes.

Fermes et usines

Durant la Première Guerre mondiale, les fermiers défrichent de nouvelles terres. Avec l’aide financière de l’État, ils entreprennent aussi de mécaniser leurs travaux agricoles. La mécanisation est une tentative afin de compenser la pénurie de main-d’œuvre agricole dans les campagnes causée par l’enrôlement et l’exode vers les villes des travailleurs en quête d’un emploi dans les industries de guerre. Des adolescents de la ville sont envoyés à la campagne pour aider aux récoltes.

Parallèlement, les usines de guerre fonctionnant à plein régime ont désespérément besoin d’ouvriers qualifiés, dont un trop grand nombre ont été enrôlés avant que l’on se rende compte qu’ils étaient plus utiles au pays même. Entre autres conséquences, un grand nombre de femmes trouvent du travail dans les usines d’armement, tandis que des « étrangers », les immigrants qui étaient souvent inadmissibles dans le service militaire en raison de leur nationalité, sont employés en usine. La rareté de la main-d’œuvre a aussi pour effet d’entraîner une hausse des salaires, qui cependant n’augmentent pas autant que le coût de la vie. Vu les conditions de travail souvent terribles qui règnent dans les usines, le mécontentement gronde parmi les travailleurs.

Prohibition et droit de vote de la femme

La prohibition de l’alcool est acceptée par la population, car elle lui apparaît comme un sacrifice pouvant contribuer à l’effort de guerre. Beaucoup estiment que le droit de vote de la femme est une récompense accordée aux Canadiennes pour leur contribution à l’effort de guerre. L’impôt sur le revenu, une mesure inconcevable en 1914, est devenu nécessaire pour permettre à l’État de financer les coûts astronomiques de la guerre. Même les mesures de contrôle sur les prix et de rationnement du charbon et de l’acier peuvent se justifier pour des raisons de nécessité.

La guerre bouleverse bien des choses, notamment les attitudes de la population. Même si la prohibition est bien acceptée au Canada, les gens trouvent mesquin que l’on tente de l’imposer aux soldats au front. Certaines conceptions ont cependant la vie dure. Par exemple, la moralité puritaine de l’époque s’accommode mal de la prolifération des maladies transmises sexuellement (MTS) causée par la guerre. Une étude, réalisée à l’époque, a attribué la propagation des MTS à la forte prévalence des travailleuses d’usine. Ces filles étaient considérées comme « un facteur de désintégration sociale » en propageant ces maladies aux hommes de la classe moyenne, qui, à leur tour, risquent d’infecter leur épouse. À l’époque, on a tendance à blâmer la femme plutôt que l’homme, attitude encore observée durant les années 1940.


Deuxième Guerre mondiale

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le front intérieur est beaucoup mieux organisé que durant le conflit précédent. À la fin de 1941, la Commission des prix et du commerce en temps de guerre, créée en septembre 1939, se voit confier la gestion d’un système radical de contrôle des salaires et des prix. Cette mesure rend impossible la flambée des coûts observée durant la Première Guerre mondiale. Bien que ces mesures de contrôle ne plaisent pas à tout le monde, la population en général en admet le bien-fondé. Il en va de même pour l’utilisation de la main-d’œuvre nationale. Le Service sélectif national, mis en place au début de 1942, régit efficacement le destin de l’ensemble des hommes et des femmes, dictant qui peut s’enrôler pour le combat outre-mer et qui est exclu, prescrivant aux gens l’endroit où ils doivent travailler et le moment où ils peuvent changer d’emploi. La Commission des prix et du commerce en temps de guerre applique aussi des plans de rationnement sur une grande échelle pour la distribution des viandes, du beurre, de l’huile et de l’essence, et d’autres denrées rares. Inévitablement, le marché noir fait son apparition pour de tels produits, mais la plupart des gens considèrent cela comme un délit social.

Contribution des enfants

Vu la pénurie de biens de consommation, les travailleurs, bien qu’ils gagnent enfin de bons salaires après 10 ans de la Crise des années 1930, n’ont pas grand-chose à acheter, d’autant plus que l’État s’emploie à soutirer le maximum d’épargne possible. Lors de la Première Guerre mondiale, le ministre des Finances avait été étonné de voir les sommes récoltées dans les campagnes de souscription des obligations pour le gouvernement. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les montants recueillis sont beaucoup plus importants, étant donné que les particuliers et les entreprises, en plus de payer des taxes plus élevées que jamais auparavant, consacrent leur argent à l’effort de guerre. Même les écoliers sont priés d’acheter des timbres de souscription, chacun représentant un tank ou un avion, au coût de 25 sous. Les enfants ont aussi contribué en faisant la collecte de graisse de cuisson, d’os ou d’asclépiade, produits indispensables à l’effort de guerre, tandis que leurs parents cultivent des jardins de la victoire sur des terrains vagues ou remettent leurs vieilles casseroles destinées à être fondues pour la fabrication d’armements.

Les sondages indiquent que, en 1944, les Canadiens sont maintenant en faveur d’un maintien des mesures de contrôle en temps de paix. Cela reflète indubitablement leurs préoccupations quant à l’avenir et leur crainte d’une nouvelle récession économique, mais il s’agit également d’une marque de confiance remarquable quant au bien-fondé du système mis en place par le gouvernement fédéral. La transition vers la paix, qui s’effectue de façon relativement harmonieuse, témoigne aussi d’une bonne planification de la part des autorités fédérales.

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