La 8e Compagnie du Corps forestier canadien | l'Encyclopédie Canadienne

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La 8e Compagnie du Corps forestier canadien

La 8e Compagnie du Corps forestier canadien (CFC) était la deuxième unité noire formée pendant la Première Guerre mondiale, après le 2e Bataillon de construction. De novembre 1918 à mars 1919, la 8e Compagnie a amélioré et réparé des terrains d’aviation et des routes dans le nord de la Belgique et en Allemagne, apportant un soutien précieux à la Royal Air Force (RAF).

Détachement du CFC

Soldats noirs dans le Corps forestier canadien

À partir du milieu de 1917, un nombre croissant de volontaires noirs, puis de conscrits, est affecté au Dépôt du Corps forestier canadien (CFC) à Sunningdale, en Angleterre. Environ la moitié des soldats noirs arrivant au Royaume-Uni sont affectés au dépôt au lieu du bataillon d’infanterie qu’ils avaient rejoint au Canada. Il s’agit d’une politique délibérée de la part du Quartier général des Forces militaires d’outre-mer du Canada, l’organisation qui administre les troupes canadiennes à l’étranger. À la fin du mois d’août 1918, on estime à 200 le nombre de soldats noirs stationnés au dépôt du CFC; la plupart d’entre eux attendent une affectation, car seuls quelques-uns servent dans des compagnies du CFC qui sont en train d’abattre des arbres.

Journal de guerre, 8e Compagnie, CFC

Construction d’aérodromes pour la RAF

En juin 1918, le major général Hugh Trenchard devient le commandant de la nouvelle Independent Air Force (IAF) – une force de bombardement stratégique qui fait partie de la RAF. Hugh Trenchard demande au CFC s’il peut fournir un soutien à sa force en Belgique et en France. Le CFC avait déjà fourni des compagnies au Royal Flying Corps, l’un des prédécesseurs de la RAF, et avait aidé à améliorer ou à construire des aérodromes en Angleterre pour contrer les raids des Zeppelin et des avions allemands. Le CFC accepte donc de fournir la même assistance à l’IAF. Sept nouvelles compagnies sont formées, numérotées de 7 à 13, chacune comptant environ 180 soldats.

Les compagnies du CFC construisent et améliorent les aérodromes en France et en Belgique en utilisant une combinaison d’appareils mécaniques et de chevaux. Elles utilisent des racloirs, des charrues, des herses et des disques pour niveler et engazonner les champs afin de les transformer en pistes d’atterrissage opérationnelles. La RAF considère ce travail comme une priorité et, ce faisant, fournit aux unités les rares tracteurs et rouleaux compresseurs à vapeur dont elle dispose.

8e Compagnie

Le 10 octobre 1918, la 8e Compagnie commence à recevoir du personnel. Son effectif comprend deux officiers blancs, 169 soldats noirs et 11 soldats blancs. Lors de la sélection des sous-officiers, 10 des 15 sont blancs et seulement cinq sont noirs. La majorité de ces soldats noirs sont des conscrits, mais on compte néanmoins 41 volontaires. La compagnie comprend également sept soldats du 2e Bataillon de construction, qui sont restés en Angleterre lorsque cette unité est réduite et envoyée en France en mai 1917.

Construction d’aérodromes en Belgique et en Allemagne

En novembre 1918, la 8e Compagnie a réussi à améliorer et à réparer les aérodromes d’Herseaux, du Pecq et de La Louvière en Belgique et de Leers en France. Cela a permis à la RAF d’opérer plus près des lignes de front pour soutenir l’armée britannique. Même lorsque l’Armistice met fin aux hostilités le 11 novembre 1918, la 8e Compagnie poursuit son travail, se déplaçant à Tournai le 21 novembre et à Belgrade, en Belgique, à la fin du mois. Le 4 décembre, la 8e Compagnie finit la construction des hangars et de l’aérodrome de Belgrade. Ils marchent ensuite en direction de Cologne, en Allemagne, avec leurs chevaux et leur équipement et sont logés dans des villages et des villes pendant la nuit.

Le saviez-vous?
Bien que l’armistice ait mis fin aux hostilités le 11 novembre 1918, la Première Guerre mondiale n’était pas officiellement terminée. En fait, l’armistice a été prolongé trois fois pendant la négociation du traité de paix. Le traité de Versailles est finalement signé en juin 1919 et prend effet en janvier 1920.


Le 13 décembre, les 1re et 2e Divisions canadiennes traversent le Rhin pour faire partie de l’Armée d’occupation. Ce jour-là, la 8e Compagnie traverse le fleuve et arrive à Bickendorf (que les Allemands appellent Butzweilerhof, maintenant une banlieue de Cologne). C’est la seule compagnie du CFC à traverser le Rhin; la 9e Compagnie a bel et bien marché en Allemagne, mais est restée sur la rive ouest.

À Bickendorf, la 8e Compagnie appuie le 4e escadron de l’Australian Flying Corps, une unité de chasseurs; le 79e escadron de la RAF, une unité de chasseurs; et le 149e escadron de la RAF, une unité de bombardiers de nuit. La 8e Compagnie nivelle et draine deux terrains d’aviation, enlève les débris des bombardiers Gotha endommagés et détruit et améliore une route menant au hangar à Zeppelin. Ils construisent également des culs-de-sac de mitrailleuses et des cibles pour un champ de tir dans la ville voisine de Spich, à l’est, où le 7e escadron de la RAF est stationné. Au début du mois de janvier 1919, ils commencent à travailler sur un champ de tir dans une gravière, également près de Spich, et entament à Hangelar la construction des baraquements Nissen pour la RAF.

Le 15 janvier 1919, la 8e Compagnie a terminé son travail dans la région de Spich et se trouve désormais à Ludendorf, en Allemagne, pour installer sur l’aérodrome des baraquements Nissen et Alvin pour le 9e escadron de la RAF. Ensuite, ils nivellent et réparent l’aérodrome et les routes autour des hangars. Les hommes de la 8e Compagnie travaillent tous les jours pendant leur séjour en Allemagne, sauf le 15 décembre, le 25 décembre (Noël) et le 29 décembre, afin de préparer les terrains d’aviation le plus rapidement possible. Ils ont finalement un jour de congé le 26 janvier. D’octobre à la fin janvier, ils travaillent plus de jours que toute autre compagnie du district no 11.

Le 2 février, la compagnie se rend à Longerich, où elle travaille au nivellement des terrains d’aviation et à la construction de routes à l’aérodrome de Methein; elle construit également un champ de tir pour les mitrailleuses à Bickendorf. Ils ne suspendent le travail qu’une seule fois, à cause d’une forte gelée le dimanche 9 février.

La 8e Compagnie rentre en Angleterre à la fin de mars 1919. Elle est démobilisée le 2 avril, avec les 9e et 11e compagnies, les dernières compagnies de construction d’aérodromes du CFC encore en fonction. Le 16 avril, son personnel est transféré aux unités de démobilisation du CEC en vue de leur retour au Canada.

Journal de guerre, 8e Compagnie, CFC

Signification

La 8e Compagnie a fourni un soutien précieux à la RAF lors de ses déplacements dans le nord de la Belgique, puis en Allemagne en 1918 et 1919. Elle a également été la dernière unité canadienne à quitter l’Allemagne; alors que les deux divisions canadiennes sont retournées en Belgique au début de janvier 1919, la 8e Compagnie est restée en Allemagne jusqu’à la fin mars. Les hommes de la 8e Compagnie, comme ceux du 2e Bataillon de construction, ont démontré la loyauté et les capacités des soldats noirs à une époque de discrimination raciale permanente, tant au pays qu’à l’étranger.