
La présence francophone en Colombie-Britannique remonte aux débuts de la colonisation du Nord-Ouest Pacifique par des groupes d’origine européenne au tournant du 19e siècle. Les Canadiens français, les Iroquois, les Métis et autres Autochtones d’expression française œuvrant dans le commerce des fourrures, ainsi que les missionnaires catholiques venus convertir les populations autochtones millénaires, feront du français la langue européenne la plus répandue dans la région jusqu’à la fin des années 1850.
La ruée vers l’or sur le fleuve Fraser et la création officielle de la Colombie-Britannique en 1858 entraînent toutefois une diminution importante de la proportion de francophones dans la population, de même que leur rapide assimilation linguistique. Mais tout au long du 20e siècle, de nombreux francophones continuent de s’installer et de vivre en Colombie-Britannique. Dotée de nombreuses associations culturelles et d’une fédération provinciale, la communauté mène une lutte active pour sa reconnaissance, particulièrement en matière de droits scolaires.
Selon l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, plus de 70 000 Britanno-Colombiens ont le français comme langue maternelle, en plus des quelque 300 000 habitants de la province affirmant connaître la langue. Depuis ses débuts, cette communauté s’est caractérisée autant par sa diversité sociale et culturelle que par sa dispersion à travers le territoire de la Colombie-Britannique.
Population
Selon le recensement canadien de 2016, le français est la langue officielle de 1,4 % de la population de la Colombie-Britannique (64 325 personnes), et 7 % (314 925 personnes) parlent à la fois l’anglais et le français. Entre 2006 et 2016, il y a eu une augmentation de 9 % parmi les personnes dont la langue maternelle est le français (64 213 personnes), et de 21 % parmi ceux qui parlent le plus souvent français à la maison (21 219 personnes).
Depuis ses débuts, cette communauté s’est caractérisée autant par sa diversité sociale et culturelle que par sa dispersion à travers le territoire de la Colombie-Britannique. La plupart des locuteurs francophones habitent dans la région du Lower Mainland et du sud-ouest (58 % de la population). Les autres régions économiques habitées par des locuteurs francophones sont l’île de Vancouver et la côte (20 %); Thompson-Okanagan (12 %); Kootenay (4 %); Cariboo (3 %); le nord-est (1 %); la côte nord (1 %) et Nechako (1 %). 12 % des locuteurs francophones sont nés dans la province, 59 % sont nés ailleurs au Canada, et 28 % sont nés à l’étranger. Parmi ceux nés à l’extérieur du Canada, 50 % des immigrants francophones en Colombie-Britannique proviennent d’Europe, 22 % d’Asie, 18 % d’Afrique et 10 % des Amériques.
Le commerce des fourrures
L’arrivée d’une population d’origine européenne en Colombie-Britannique débute avec l’expansion du commerce des fourrures à l’ouest des montagnes Rocheuses à la toute fin du 18e siècle. La Compagnie du Nord-Ouest (CNO), basée à Montréal, mandate successivement les explorateurs Alexander Mackenzie, Simon Fraser, et David Thompson pour partir à la recherche de passages à travers les montagnes permettant de relier le centre du Canada aux rives du Pacifique, et ainsi étendre son territoire commercial. Ces trois noms à consonance anglophone sont largement associés aux origines de la Colombie-Britannique moderne. Cependant, le succès de ces expéditions repose en grande partie sur le travail de guides, de rameurs ou d’interprètes auprès des Premières Nations réalisé par les employés de la Compagnie. Parmi eux se trouvent surtout des francophones, principalement embauchés à Montréal et envoyés à l’ouest par la CNO. En plus de Canadiens français, on y trouve des Métis, des Iroquois et des membres d’autres communautés autochtones s’exprimant en français et ayant participé aux expéditions antérieures à travers les plaines de l’Ouest canadien.
Lecture supplémentaire
Laurette Agnew et al., Présence francophone à Victoria, CB (Victoria: Association historique francophone de Victoria, 1987).
Jean Barman, French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest (Vancouver: University of British Columbia Press, 2014).
Glen Cowley, Le fait français en Colombie-Britannique (Vancouver: Société historique Franco-colombienne, 1979).
Florence Debeugny, Maillardville : 100 ans et plus – 100 Years and Beyond (Coquitlam: Société francophone de Maillardville, 2009).
Fédération des francophones hors Québec, Les héritiers de Lord Durham, tome 2 (Section Fédération des Franco-Colombiens, 1977).
George Goulet et Terry Goulet, The Métis in British Columbia: From Fur Trade Outposts to Colony (Calgary: FabJob, 2008).
Willard Ireland, « The French in British Columbia », British Columbia Historical Quarterly, vol. 13, no 2 (1949): 67-90.
Catherine Lengyel et Dominic Watson, La situation de la langue française en Colombie-Britannique (Québec: Conseil de la langue française, 1983).
Donat Levasseur, Les Oblats de Marie Immaculée dans l'Ouest et le Nord du Canada, 1845-1967 : esquisse historique (Edmonton: University of Alberta Press, 1995).
Alexander Mackenzie (édité par William Kaye Lamb), The Journals and Letters of Sir Alexander Mackenzie (Cambridge: Cambridge University Press, 1970).
Adele Perry, Colonial relations: the Douglas-Connolly family and the nineteenth-century imperial world (Cambridge: Cambridge University Press, 2015).
Helen Raptis et Thomas Fleming, « From 'La Plume de Ma Tante' to 'Parlez-Vous Français?' The Making of French Language Policy in British Columbia, 1945-1982 », Canadian Journal of Educational Administration and Policy, no 28 (2004).
Edmond Rivère, De Marseille à l'ouest Canadien, 1847-1891. Jean-Charles Pandosy (Cholet: Pays et terroirs 2002).
Bruce McIntyre Watson, Lives Lived West of the Divide: A Biographical Dictionary of Fur Traders Working West of the Rockies, 1793-1858, 3 vol. (Kelowna: Centre for Social, Spatial, and Economic Justice University of British Columbia, 2010).