Groupe Irving | l'Encyclopédie Canadienne

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Groupe Irving

Les entreprises appartenant à la famille Irving, du Nouveau-Brunswick, dominent les industries des ressources naturelles de la province, ainsi que les industries des médias, de l’ingénierie et de la construction. La première entreprise Irving était une scierie achetée en 1881. La famille possède aujourd’hui de nombreuses entreprises qui s’approvisionnent les unes les autres à différentes étapes de la chaîne de production. Ces entreprises se répartissent en grande partie sous quatre grandes divisions: J.D. Irving Limited (dont les nombreuses activités comprennent la foresterie, l’alimentation, la construction et le transport); Brunswick News (journaux); Irving Oil (raffinage et commercialisation du pétrole); et Ocean Capital Holdings (immobilier, radio, construction et matériaux). La famille Irving possède la plus grande raffinerie de pétrole du Canada, est l’un des cinq plus grands propriétaires fonciers d’Amérique du Nord et emploie 1 personne sur 12 au Nouveau-Brunswick. C’est l’une des familles les plus riches du Canada.

Big Stop d’Irving à Salisbury, au Nouveau-Brunswick

Big Stop est la chaîne de restaurants routiers d’Irving. Photo prise le 4 mars 2007.

Fondation

La dynastie commerciale des Irving débute avec James Dergavel (J.D.) Irving (1860-1933), le petit-fils d’immigrants écossais. En 1881, il achète une scierie à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick. Il exploite également un magasin général et étend ses activités à d’autres industries, comme l’agriculture et la meunerie. La scierie de J.D. Irving devient la base de la société J.D. Irving Ltd. (JDI), qui compte parmi ses nombreuses divisions la foresterie et les produits forestiers.

Le plus jeune fils de J.D. Irving, Kenneth Colin (K.C.) (1899-1992), transforme JDI en un empire de plusieurs milliards de dollars avec des dizaines de filiales. En 1924, après un conflit avec Imperial Oil, K.C. Irving fonde Primrose Oil. En 1928, il rebaptise la société Irving Oil, déménage à Saint John et fait construire un garage de cinq étages en guise de siège social d’Irving Oil.

En 1972, pour éviter les impôts canadiens, K.C. Irving transfère ses entreprises dans une fiducie détenue aux Bermudes. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick accorde à Irving Oil un allégement fiscal sur ses réservoirs de stockage de pétrole à Saint John après la crise pétrolière mondiale de 1979. L’accord reste en vigueur des décennies après la fin de la crise.

Brunswick News, l’entreprise médiatique des Irving, est créée en 1998 par la fusion de petites entreprises auparavant divisées entre les membres de la famille. Brunswick News possède la plupart des journaux de la province.

Ocean Capital Holdings a été fondée en 2004. Elle possède des sociétés immobilières, de radiodiffusion, de construction et de matériaux.

Modèle d’entreprise

Les entreprises Irving opèrent dans un système verticalement intégré, ce qui signifie qu’elles occupent des positions différentes, mais complémentaires dans la chaîne de production. K.C. Irving a construit son empire commercial sur ce principe. Il a dirigé une usine de pâte et papier, une usine de placage, une entreprise de camionnage et des entreprises de construction et d’acier. Lorsque l’une de ces entités a besoin d’une ressource, il bâtit ou achète une entreprise pour la lui fournir. Les arbres qui sont traités à la scierie vont finalement à l’usine de pâte à papier, qui crée du papier sur lequel ses journaux sont ensuite imprimés. Des navires ou des wagons Irving transportent le pétrole jusqu’à la raffinerie, et le pétrole raffiné est acheminé vers les stations d’essence de la famille à travers la province.

Terminal pétrolier avec réservoirs et pipelines

Terminal pétrolier Irving à St. John's, Terre-Neuve-et-Labrador. Photo prise le 19 septembre 2016.

Succession

Les trois fils de K.C. Irving finissent par se répartir les affaires entre eux. J.K. (né en 1929) a supervisé l’exploitation forestière et les médias, Arthur (né en 1931) dirige Irving Oil, et le plus jeune fils, John (alias Jack, né en 1932), s’occupe des secteurs de l’ingénierie, de la construction et de l’acier tout en détenant une participation dans l’entreprise pétrolière. J.K. Irving est l’un des hommes les plus riches du Canada, avec une valeur nette déclarée de plus de 7 milliards de dollars.

Le fils de J.K., Jim Jr, dirige aujourd’hui l’entreprise forestière. La fille d’Arthur, Sarah, occupe une position de premier plan chez Irving Oil. (En 2018, le Arthur Irving Family Trust a racheté la participation de la famille de Jack Irving dans Irving Oil.) Le fils de Jack, John, a repris de son père les biens immobiliers de la famille.

K.C. Irving est catégorique sur le fait que ses sociétés doivent rester privées, et cela reste le cas encore aujourd’hui.

Controverse

Des controverses environnementales entourent le Groupe Irving au fil des ans. Une loi provinciale adoptée en 1951 permet en effet à K.C. Irving de déverser les déchets de son usine de pâte et papier dans le fleuve Saint-Jean, malgré l’interdiction de la pollution de l’usine dans la Loi fédérale sur les pêches. En novembre 2018, la société Irving Pulp & Paper est condamnée à payer une amende de 3,5 millions de dollars pour pollution, en plus d’être inscrite au registre des délinquants environnementaux du gouvernement fédéral.

Usine des Pâtes et Papier Irving

L’usine des Pâtes et Papier Irving est située sur le fleuve Saint-Jean, à l’endroit où le courant s’inverse en raison des marées. Photo prise le 4 mars 2007.

Propriétés médiatiques

Brunswick News contrôle quelque 90 % de la circulation des journaux de langue anglaise au Nouveau-Brunswick. La société possède les trois principaux quotidiens de la région – le Telegraph Journal, le Times & Transcript de Moncton et le Daily Gleaner de Fredericton – en plus d’une douzaine de publications hebdomadaires.

Acadia Broadcasting, une filiale de Ocean Capital Holdings, possède et exploite des stations de radio au Nouveau-Brunswick et en Ontario.

La concentration de la propriété des médias chez les Irvings a fait l’objet d’une action en justice et d’une enquête du CRTC. Leur quasi-monopole continue d’inspirer des allégations de collusion et de partialité dans les reportages. En 1974, K.C. Irving Limited et les sociétés associées sont condamnées en vertu des dispositions sur les fusions et le monopole de la Loi des enquêtes sur les coalitions (voirPolitique de la concurrence). Des membres de la famille Irving ont en effet acquis une participation majoritaire dans les cinq journaux de langue anglaise du Nouveau-Brunswick. Un appel interjeté en 1975 annule la condamnation et la Cour suprême du Canada confirme finalement la décision d’appel (voir aussiLes journaux au Canada : de 1900 aux années 1990).

En janvier 1987, le CRTC annule une décision de 1982 qui empêche le précurseur de Acadia Broadcasting, New Brunswick Broadcasting Co., d’acheter d’autres sociétés de radiodiffusion. Le CRTC accorde à la société des licences pour de nouvelles stations de télévision à Saint John, Fredericton, Moncton et Halifax (voir aussi Propriété des médias).

Lecture supplémentaire

Liens externes