Bob Ross (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Bob Ross (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

« Puis j’ai regardé vers le bas, ma jambe était absente. Bon sang de bonsoir. Un éclat d’obus a dû heurter ma jambe. Je dis : "Mon Dieu, je n’ai plus de jambe." »

Pour le témoignage complet de M. Ross, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Extrait du livret de paie et de service de M. Ross, 1er février 1944.
Extrait du livret de paie et de service de M. Ross, 1er février 1944.
Avec la permission de Bob Ross
Poche d'un pantalon de M. Ross, elle fut coupée après qu'il perde sa jambe droite en août 1944 à Caen.
Poche d'un pantalon de M. Ross, elle fut coupée après qu'il perde sa jambe droite en août 1944 à Caen.
Avec la permission de Bob Ross
M. Ross, montant la garde en 1939.
M. Ross, montant la garde en 1939.
Avec la permission de Bob Ross
Lunettes que portait M. Ross lorsqu'il conduisant un char Bren-Carrier en France en 1944.
Lunettes que portait M. Ross lorsqu'il conduisant un char Bren-Carrier en France en 1944.
Avec la permission de Bob Ross
M. Ross en février 2011.
M. Ross en février 2011.
Avec la permission de Bob Ross
Puis j’ai regardé vers le bas, ma jambe était absente. Bon sang de bonsoir. Un éclat d’obus a dû heurter ma jambe. Je dis : « Mon Dieu, je n’ai plus de jambe. »

Transcription

Présence en Normandie

Je suis sorti de cette petite ville, et j’ai juste entendu les obus qui hurlaient et les bombardements sont arrivés immédiatement. Je venais d’arriver à l’endroit où les renforts se trouvaient et quand les obus ont commencé à arriver, je les ai dépassé en courant, j’ai tourné au coin d’un bâtiment et me suis affalé par terre parce que je savais d’après le boucan que ça faisait, que je les avais à mes trousses. Et alors je me suis juste affalé. Et j’ai attendu, les tirs ont diminué et ça a recommencé, j’ai continué à raser le mur et puis il y a eu un long moment, je ne sais pas combien de temps, 10 minutes, 15 minutes, je ne sais pas. Et j’ai pensé, c’est le moment, je dois y aller. Puis j’ai regardé vers le bas, ma jambe était absente. Bon sang de bonsoir. Un éclat d’obus a dû heurter ma jambe. Je dis : « Mon Dieu, je n’ai plus de jambe. »

De la rotule au pied ma jambe, il y a juste un lambeau de peau de cette taille qui pendouille, et mon pied pendait au bout. Et j’ai essayé de l’arracher de l’os qui ressortait au bout du moignon, j’ai essayé de l’arracher pour pouvoir aller me mettre à l’abri. Mais je n’y arrivais pas parce que ça remontait dans les boyaux et ça, vous savez, et il n’y avait qu’un tout petit bout comme ça et je ne pouvais pas le séparer. Et j’avais laissé mon couteau dans la chenillette porte-Bren (un véhicule blindé léger et chenillé) et j’ai dit : « Comment je vais aller, vous savez, me mettre à l’abri. »

Et en tout cas, j’ai trouvé un morceau de rocher plat et j’ai posé l’os sur le rocher plat, je me souviens de ça, l’os qui ressortait au bout. D’autres obus arrivaient et j’ai vu des morceaux de corps passer devant moi qui provenaient des renforts, des pelles-pioches cassées, des fusils et qui pendaient dans les pommiers à côté de moi. Ça devait aller vraiment très mal et entre les bombardements, je criais : « Hé, vous savez, donnez-moi un coup de main. » Et il ne se passait rien.

J’ai passé la plus grande partie de la journée là avec ma jambe coupée jusqu’à l’arrivée de deux de nos gars et je ne sais pas d’où ils venaient. Et puis je leur ai fait un signe et alors ils sont venus et personne, n’avait vu quelqu’un vivant de toute la journée. Vous savez, ce qui s’est passé ? Il y avait de la peur là-bas mais vous savez, pas de douleur en fait, je n’avais pas mal. Et j’ai découvert, derrière le mur de l’endroit où j’avais été blessé il y avait le poste de secours régimentaire, qui avait dû arriver pendant la nuit. Évidemment, je n’étais pas dans le bâtiment la nuit précédente, j’étais sur la chaussée.

Ensuite je suis allé dans un hôpital sous tente. Il y avait un polonais à côté de moi. Il avait deux doigts à cette main, a soulevé les draps, il n’avait plus de jambes et il avait perdu son deuxième bras et deux doigts là dessus. Depuis ce jour-là, je dis qu’on trouve toujours pire que soi-même.

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