Louis Michael “Louie” Curran (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Louis Michael “Louie” Curran (source primaire)

« Il doit y avoir un meilleur moyen que la guerre. La guerre n’apporte pas de solution. Et, nous avons vu la guerre, plusieurs guerres. Qu’est-ce que ça réglé ? »

Pour le témoignage complet de M. Curran, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Louis Curran avec sa femme Joan Doreen Curran à Heino, en Hollande, le jour de la commémoration de la Libération en mai 1995.
Louis Curran avec sa femme Joan Doreen Curran à Heino, en Hollande, le jour de la commémoration de la Libération en mai 1995.
Avec la permission de Louis Curran
Louis Curran avec sa soeur Catherine Curran à Toronto, Ontario, après la guerre en 1947.
Louis Curran avec sa soeur Catherine Curran à Toronto, Ontario, après la guerre en 1947.
Avec la permission de Louis Curran
De gauche à droite: Louis Curran, avec une infirmière et Bert Stady, quand il travaillait comme infirmier-aide soignant à l'Hôpital des Vétérans de Sunnybrook à Toronto, de 1963 à 1973.
De gauche à droite: Louis Curran, avec une infirmière et Bert Stady, quand il travaillait comme infirmier-aide soignant à l'Hôpital des Vétérans de Sunnybrook à Toronto, de 1963 à 1973.
Avec la permission de Louis Curran
Joan Doreen Curran et Louis Curran le jour de leur mariage, le 4 août 1951.
Joan Doreen Curran et Louis Curran le jour de leur mariage, le 4 août 1951.
Avec la permission de Louis Curran

Transcription

Je m’appelle Louis Curran. Je suis né le 13 octobre 1921. Je suis le deuxième de quatre enfants. Nous étions deux filles et deux garçons. Aujourd’hui, je suis le seul survivant. Alors, je travaillais chez la William Nielson Company, une compagnie de chocolat, située sur l’avenue Gladstone. J’avais de la difficulté à m’y faire. Je ne sais pas pourquoi mais quand on est jeune on ne sait pas vraiment. Dans mon cas, je ne savais pas ce que je voulais faire. Et, je ne pensais même pas à partir en guerre. Mais, c’est en plein ce qui est arrivé. J’étais à Terre-Neuve. En premier lieu, à Avison (?) en Nouvelle-Écosse et ensuite j’ai été transféré à Terre-Neuve dans les communications, je dirais. Et, vous savez, je faisais des rapports et j’interviewais les gens et je m’occupais de la documentation des officiers, des choses de ce genre. Et, je n’aimais pas du tout ça. Je ne voulais pas resté pris sur « The Rock » pour le reste de mes jours. Alors, j’ai eu l’occasion de quitter, d’aller au Canada et j’ai eu le choix de me joindre à l’un de trois régiments : le régiment North Shore, le Chaudière et le Queen’s Own. J’ai choisi le Queen’s Own, une unité basée à Toronto. Et, vous savez, je vais vous dire quelque chose au sujet de la guerre. Il doit y avoir un meilleur moyen que la guerre. La guerre n’apporte pas de solution. Et, nous avons vu la guerre, plusieurs guerres. Qu’est-ce que ça réglé ? (Poème traduction) Je me souviens d’un Noël d’antan Nous étions sans le sous, Papa buvait son chèque de chômage Nous tentions d’être heureux, vous voyez Mais c’est difficile quand on ne peut même pas se payer un arbre Maman avait fait de beaux gros gâteaux Et, nous léchions les bols, quel délice ! Maintenant, à chaque année Je me rappelle des Noëls des années trente avec toutes ces incertitudes Mais l’amour reste et assure notre survie Et Dieu merci que nous soyons encore en vie. C’est le genre de choses que j’écris. Ça vient de mon for intérieur. Je dois le ressentir et ça doit être lié aux conditions chez-nous ou à une expérience vécue qui m’a touché. Mon boulot, en tant que soldat d’infanterie, c’était d’obéir aux ordres. Et, si on m’ordonnait de me lever et de prendre cette position alors je le faisais. Sans hésitation. Et, je m’assurais de savoir comment faire. Je couvrais mes traces et j’agissais rapidement. J’ai toujours été très rapide. Et, je vous dis que vous devez être rapide lorsque les balles volent de partout. Je me souviens, on mangeait au mess et les petits enfants néerlandais venaient manger dans nos poubelles. On arrêtait tout de suite et on leur donnait notre repas. Même si on n’avait pas mangé nous-mêmes depuis quelques jours et qu’on s’était traînés dans la boue, on leur donnait. Vous comprenez ? Je ne pouvais pas endurer de voir ces enfants qui avaient faim, comme moi quand j’étais petit. J’étais rempli de compassion. C’était très triste. C’était de braves gens. La guerre s’est terminée le 8 mai, je crois, en Hollande. J’étais dans une tranchée. Et après tout le vacarme, tout est devenu silencieux. Plus de vacarme. Plus de coups de feu, plus de cannons, plus de fusils. Et, je me suis demandé si je pouvais capter ce moment, ce silence. Dans ma tranchée, j’ai écris quelques mots, quelques esquisses qui pourraient servir à écrire quelque chose riche de sens. Je voulais y mettre mes sentiments. Sans toutefois être dans le feu de l’action, voici ce que j’ai écrit, (Poème – traduction) Les canons se sont tus en cette journée de mai Pas un son nous entendîmes Nous levâmes les yeux en gratitude Et vîmes voler l’oiseau Au-dessus de ces champs de désolation et de ruines Et nous savions au plus profond de nous Que Dieu était sûrement là À ceux qui cherchent à détruire notre monde Si imparfait soit-il La malédiction que vous répandez sur la race humaine Ne vous libérera jamais Sonnez clairons, battez tambours à l’honneur de ceux Qui sont morts pour que nous puissions voir Le soleil se lever à chaque nouveau jour Je réfléchis souvent, bien, y a-t-il un autre moyen de régler ces disputes ? Est-ce la seule façon de gagner un dollar et cinquante cents par jour ? Mais comprenez-moi bien. Je crois qu’il faut défendre le bien et la justice dans la société. Il faut le faire. Mais, n’y a-t-il pas un autre moyen d’y parvenir ? Vous comprenez ce que je veux dire ?

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