Piraterie au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Piraterie au Canada

La piraterie est généralement définie comme la capture et le pillage d’un navire ou d’un avion. Bien que la piraterie n’ait joué qu’un rôle négligeable dans l’histoire du Canada, elle a alimenté bon nombre de légendes au fil des ans. Les pirates sillonnent la côte atlantique du pays pendant les 17e et 18e siècles, pillant et semant le chaos partout où ils passent. Des récits sur des pirates connus, comme Peter Easton et Bartholomew Roberts, font encore aujourd’hui partie de l’imaginaire local. La piraterie maritime ne représente plus une grande menace au Canada, mais elle est encore bien présente dans certaines régions de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale. Les Forces armées canadiennes ont participé à des missions anti-piraterie dans plusieurs régions du monde. À l’ère moderne, la piraterie prend de nouvelles formes, comme la cybercriminalité et le vol numérique. La piraterie en ligne représente une menace pour la population, l’économie et les industries canadiennes.

Capitaine Bartholomew Roberts

Histoire de la piraterie au Canada

Pendant les années 1600 et 1700, les pirates et les corsaires (des personnes autorisées par le gouvernement à faire la guerre aux ennemis de l’État) se rendent sur la côte est du Canada. Les pêcheries, les navires et les colonies sont alors victimes de saccages et de raids, et voient plusieurs de leurs hommes recrutés sur les navires.

L’un des pirates ayant le plus marqué l’histoire du Canada est Peter Easton, qui entreprend en 1612 une série de raids contre des bateaux européens dans les ports de Terre-Neuve-et-Labrador, entre la baie Trinity et Ferryland. Il transforme Harbour Grace en quartier général et détruit une flotte basque ayant l’intention de conquérir son fort. Après avoir reçu une absolution du roi Jacques Ier, Peter Easton abandonne sa base à Terre-Neuve et s’installe en Savoie.

Bartholomew Roberts, aussi connu sous le nom de Black Bart, est un autre pirate bien connu, notamment pour avoir attaqué Trepassey, à Terre-Neuve-et-Labrador, en juin 1720. Pendant l’attaque, il capture 22 bateaux de pêche et pille la ville avant de longer la côte vers le sud. Bartholomew Roberts, qui capture plus de 400 bateaux pendant sa carrière de trois ans, est tué en 1722 par des navires de la Marine royale au large de la Guinée, en Afrique de l’Ouest.

Au Canada, beaucoup d’histoires de pirates parlent de trésors enfouis. On prétend qu’un fabuleux trésor appartenant à William Kidd (pendu en 1701) aurait été enfoui à l’île Oak, au large de la côte du sud de la Nouvelle-Écosse. L’histoire de la piraterie est aussi associée à des légendes et à des récits surnaturels. Selon les légendes, Louis-Olivier Gamache, un marin de l’Île d’Anticosti, au Québec, aurait échappé à ses poursuivants en transformant son navire en boule de feu. Le pirate Eric Cobham et son épouse, Maria Lindsay, auraient quant à eux été de grands pirates à Terre-Neuve de 1740 à 1760, sans qu’aucun historien ne puisse toutefois confirmer leurs exploits.

Le saviez-vous?
Des milliers de pirates ont été actifs sur la côte est de l’Amérique du Nord, dans les Caraïbes, sur la côte ouest de l’Afrique et dans l’océan Indien de 1690 à 1730, période aujourd’hui connue comme l’âge d’or de la piraterie.


Procès pour piraterie

Vers 1730, l’âge d’or de la piraterie prend fin. Les pays ont désormais une meilleure présence navale et militaire, et appliquent des lois anti-piraterie à l’international. Au Canada, la guerre de course prend fin en 1815, après la signature du Traité de Gand en décembre 1814. (Voir La guerre de course pendant la guerre de 1812.) L’activité des corsaires prend fin à l’international avec la Déclaration de Paris concernant le droit maritime, adoptée en 1856.

Au 19e siècle, Halifax est témoin de deux procès pour piraterie. En 1809, Edward et Margaret Jordan, de même qu’un matelot du nom de Kelly, sont accusés d’avoir capturé le Three Sisters et d’avoir assassiné des membres de son équipage. La goélette, appartenant autrefois aux Jordan, avait été saisie par des marchands cherchant à récupérer de l’argent prêté au couple. Au moment de l’attaque, le capitaine du bateau, John Stairs, se jette par-dessus bord et s’agrippe au couvercle d’une écoutille sur laquelle il flotte pendant quatre heures avant d’être rescapé par un pêcheur américain. Margaret et Kelly sont acquittés, mais Edward Jordan est trouvé coupable de meurtre et de piraterie. Il est pendu le 23 novembre 1809, et son cadavre est exposé à l’entrée du port d’Halifax.

En 1843, le capitaine George Fielding et son fils prennent place à bord du trois-mâts barque Saladin en partance de Valparaíso, au Pérou, pour rentrer en Angleterre, leur pays natal. George Fielding réussit à convaincre des membres de l’équipage de s’emparer du navire et de tuer six de leurs compagnons de bord. Sous son commandement, le Saladin se dirige vers Terre-Neuve-et-Labrador, chargé d’une riche cargaison de guano, de cuivre et d’argent, et d’un coffre rempli de dollars et de lettres de change. Mais les complices de George Fielding et de son fils ont si peur d’eux qu’ils jettent les deux hommes à la mer. Le Saladin s’échoue près de Country Harbour, en Nouvelle-Écosse. Les membres de l’équipage sont d’abord accusés de piraterie, puis de meurtre. Deux d’entre eux sont acquittés puisqu’ils n’ont pas participé aux meurtres et que la cour considère qu’ils ont contribué malgré eux à la mort des Fielding. Les quatre autres sont pendus le 30 juin 1844 sur la butte où se dresse aujourd’hui l’hôpital général Victoria.

Piraterie moderne

Le Canada a connu un faible nombre de détournements d’avions et d’actes de piraterie aérienne. Le 29 novembre 1974, Naim Djemal détourne un avion au-dessus de la Saskatchewan. Il attaque une agente de bord et donne l’ordre au pilote de se diriger vers Chypre. Lorsque l’avion fait escale à Saskatoon pour s’approvisionner en carburant, Naim Djemal remet son couteau au commandant de bord et quitte l’appareil. Il est par la suite arrêté, jugé et reconnu coupable de piraterie aérienne.

Les Forces armées canadiennes ont apporté leur aide à plusieurs pays à risque de piraterie maritime. En 2009, le navire de guerre canadien NCSM Winnipeg, faisant partie de la mission anti-piraterie de l’OTAN, aide un navire à échapper à des pirates au large de la Somalie. En 2018, les navires de guerre NCSM Kingston et NCSM Summerside se rendent au Nigeria pour aider le pays à lutter contre la menace que pose la piraterie. (Voir aussi Marine royale canadienne.)

Compte tenu de la place de plus en plus prépondérante d’Internet, la définition de la piraterie s’est élargie et s’applique désormais aussi aux vols numériques et virtuels, comme le téléchargement illégal de musique et de films. Bien que l’arrivée de services de diffusion abordables ait réduit la consommation non autorisée de produits numériques, le problème persiste au Canada comme ailleurs.

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