Réserve faunique | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Réserve faunique

Boeuf musqué
Les boeufs musqués, menacés de dispara\u00eetre, ont été protégés tout d'abord par des lois sur le gibier, puis par l'établissement du refuge faunique Thelon, dans les Territoires du Nord-Ouest, en 1927 (oeuvre de Jan Sovak, 1989).

Réserve faunique

  Une réserve faunique est une zone terrestre ou aquatique que l'on préserve du développement et de l'utilisation récréative, surtout de l'utilisation industrielle, de la chasse et des loisirs motorisés, afin de protéger la faune et son habitat. Il y a des réserves fauniques pratiquement partout dans le monde, sous des climats extrêmement variés. Au Canada, elles sont créées par les gouvernements fédéral, provinciaux et locaux ainsi que par des organismes privés et des particuliers. Elles visent habituellement à protéger des espèces en voie de disparition, menacées, vulnérables ou rares ou à offrir un refuge aux espèces importantes pour la chasse ou le tourisme. Les réserves fauniques permettent également de protéger la faune qui est importante pour les Autochtones, leur subsistance et leurs activités culturelles. L'infrastructure éducationnelle et d'observation de la faune qu'offrent ces lieux est en partie responsable de la conscientisation croissante de la population en matière de CONSERVATION ainsi que de la popularité grandissante de l'OBSERVATION DES OISEAUX et de la photographie de la nature. Par exemple, le Centre d'interprétation faunique de l'aire de protection de la faune de la vallée de Creston, en Colombie-Britannique, offre à la fois une excellente infrastructure éducationnelle et l'occasion d'observer une partie des milieux humides de renommée internationale. Certaines réserves, notamment les refuges pour la faune et le gibier ou les réserves écologiques, sont créées tout particulièrement pour protéger la faune, alors que de nombreux autres refuges, comme les parcs nationaux et provinciaux, ont des buts différents, tels que la protection des paysages et la création d'aires de loisirs.

Les réserves fauniques au Canada

Au Canada, le mouvement de conservation de l'environnement naît vers la fin du 19e siècle, au moment où l'extinction ou la quasi-disparition, alors imminente, de la TOURTE VOYAGEUSE, de l'eider du Labrador, du GRAND PINGOUIN, du dindon sauvage (voir GIBIER À PLUME), du WAPITI et du bison dans l'Est ainsi que la diminution radicale des grands mammifères dans l'Ouest (BISON, antilope, wapiti) et le Nord (bœuf musqué) incitent la population à réclamer la création de réserves fauniques. Les premières d'entre elles sont les PARCS NATIONAUX de l'Ouest, alors encore vierges, que l'on aménage essentiellement pour le tourisme. Pour sauvegarder le bison, le gouvernement crée le PARC NATIONAL WOOD BUFFALO en 1922, à la frontière de l'Alberta et des Territoires du Nord-Ouest, où il introduit des populations de bisons provenant du Montana. Au début du 20e siècle, de vastes refuges de gros gibiers sont constitués en grand nombre dans l'Arctique afin de protéger la faune dont dépendent les peuples autochtones du Nord pour se nourrir et se vêtir. La plupart de ces refuges disparaissent pendant les vingt ans qui suivent la Seconde Guerre mondiale.

En Saskatchewan et en Alberta, la création de trois refuges nationaux, en 1914 et 1915, vise à mettre un frein à la dégradation de l'habitat occasionnée par l'agriculture qui met en péril l'ANTILOPE. L'efficacité de ces refuges s'avère telle qu'ils sont abolis en 1947, l'antilope étant désormais hors de danger. Les populations de BOEUFS MUSQUÉS se rétablissent également, d'abord grâce à des lois régissant leur chasse, puis à la création du refuge faunique Thelon dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, en 1927. En 1986, le Canada établit sa première réserve nationale de faune à Polar Bear Pass, sur l'ÎLE BATHURST, site utilisé auparavant dans le cadre du Programme biologique international (PBI). On compte maintenant 50 réserves fauniques nationales qui assurent la protection d'un habitat faunique sur près de 1 000 000 d'hectares. Environnement Canada gère aussi plus de 90 refuges d'oiseaux migrateurs (voir REFUGES ET SANCTUAIRES D'OISEAUX) dans tout le Canada.

La coopération internationale est de plus en plus intense en ce qui a trait à la conservation des oiseaux migrateurs et des autres espèces d'oiseaux. Par exemple, le Réseau de réserves pour les oiseaux de rivage dans l'hémisphère occidental (RRORHO) comprend des sites en Alberta, en Saskatchewan et dans la baie de Fundy (voir BAIE DE FUNDY ET GOLFE DU MAINE) au Canada Atlantique. Le programme des Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO), lancé par BirdLife International et géré au Canada par Nature Canada (voir FÉDÉRATION CANADIENNE DE LA NATURE et Études d'Oiseaux Canada, a désigné plus de 600 aires depuis 1996 et élabore des plans de gestion et de protection pour celles-ci.

La réserve aquatique, un nouveau type de réserves fauniques pour lesquelles le Canada, grâce à ses nombreux lacs et à ses milliers de kilomètres de côtes, possède un grand potentiel, protège la faune et les habitats aquatiques. Ces réserves fauniques, encore plus que les réserves terrestres, sont l'objet d'une surutilisation à des fins récréatives. Le motonautisme, la plongée en scaphandre autonome et même la baignade occasionnent des perturbations considérables pour les écosystèmes aquatiques, dont les habitats de canards nicheurs. Le PARC MARIN NATIONAL FATHOM FIVE, en Ontario, créé en 1987 et la première AIRE MARINE NATIONALE DE CONSERVATION au Canada, constituent un bon exemple de réserve aquatique en eau douce. Il existe deux autres aires marines nationales de conservation, soit le PARC MARIN DU SAGUENAY-SAINT-LAURENT au Québec et l'aire marine nationale de conservation du Lac Supérieur en Ontario. La réserve écologique de Robson Bight (Michael Bigg), créée en 1982 au large de la côte nord-est de l'île de Vancouver, est une importante aire de conservation pour les ORQUES. La réserve écologique de Witless Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador, vise à protéger les OISEAUX MARINS et à conserver l'habitat marin, en plus d'être propice à l'observation des baleines et au kayak de mer.

À une échelle plus locale, certaines municipalités désignent, entre autres, des zones écosensibles. Elles établissent aussi des sanctuaires naturels précieux pour la faune, donnent des cours sur la nature et offrent des activités récréatives ayant peu d'effets sur l'environnement, comme la marche et l'observation de la nature, notamment dans la réserve Swan Lake Christmas Hill Nature Sanctuary dans le district de Saanich, près de Victoria, et dans la Burns Bog Nature Reserve à Delta, en Colombie-Britannique.

Une grande variété de réserves privées sont également créées par des organismes et des particuliers dans le but de protéger l'habitat faunique; la plupart sont destinées à la protection des oiseaux aquatiques migrateurs et aux gros gibiers. Bien que la majorité de ces réserves soient constituées à partir du milieu des années 1960, le refuge d'oiseaux Jack MINER à Kingsville (Ontario) est établi en 1904, et celui de Long Point Company en 1866 (qui fait don de certaines de ses terres en 1978 pour la réserve nationale de faune de LONG POINT). Des organismes privés à but non lucratif comme CANARDS ILLIMITÉS CANADA, voué à la conservation de la sauvagine, ou Conservation de la nature Canada, un groupe de protection de l'habitat, protègent et développent l'habitat faunique aux quatre coins du Canada par l'acquisition pure et simple de terres, ou plus souvent par des accords de servitude et d'intendance conclus avec des propriétaires fonciers qui fournissent les terres gratuitement.

Les réserves fauniques protègent une grande variété de plantes et d'animaux. Le parc provincial de Long Point, en Ontario, sert de halte à de nombreuses espèces de sauvagines et abrite au moins cinq espèces de reptiles et d'amphibiens rares ou en voie de disparition. L'aire Kitasoo de conservation de l'ours Kermode sur la côte Ouest de la Colombie-Britannique protège la forêt humide où habitent l'ours Kermode (une version blanche de l'OURS NOIR) ainsi que d'autres ours noirs et bruns. Les terrains de mise bas de deux hardes de caribous sont situés dans le PARC NATIONAL TUKTUT NOGAIT (Territoires du Nord-Ouest) et le PARC NATIONAL IVVAVIK (Yukon).

Le PARC NATIONAL DE LA POINTE-PELÉE, en Ontario, est renommé mondialement pour la quantité d'oiseaux chanteurs qui y font halte durant leur migration. Les oiseaux de proie, rares dans une bonne partie de l'Amérique du Nord, sont relativement communs dans les réserves de l'Ouest et du Nord du Canada. En Colombie-Britannique, de nombreuses réserves de HAIDA GWAII sont des refuges pour le faucon pèlerin, et d'autres, dans l'Est, protègent les oiseaux marins (comme le cormoran, la mouette tridactyle, le fou de Bassan et le petit pingouin).

Les défis

Mis à part quelques réserves strictes et habituellement petites, comme les réserves écologiques, les réserves fauniques au Canada imposent souvent peu de restrictions quant aux activités, sauf la chasse. Ainsi, l'exploitation des réserves fauniques par les humains met souvent celles-ci en danger. Dans un secteur apprécié par les amateurs de plein air, campeurs et promeneurs risquent d'abîmer la végétation ou de perturber la faune, sans parler des loisirs motorisés. Certaines pressions peuvent être exercées pour permettre l'exploitation forestière, l'utilisation des terrains de parcours, l'exploration et le forage pétrolier ou l'exploitation minière. Les routes et les chemins de fer qui traversent une réserve faunique font en sorte que des animaux sont tués par des véhicules. La POLLUTION provenant des insecticides arrosés sur les forêts ou d'industries éloignées (par exemple les PLUIES ACIDES) peut affecter tant la faune que la flore. Les animaux sauvages s'éloignent parfois des réserves et peuvent alors être la proie des chasseurs et des trappeurs (comme les loups dans le PARC PROVINCIAL ALGONQUIN, en Ontario) ou migrer, comme le caribou ou de nombreux oiseaux chanteurs de l'Amérique du Nord qui partent de régions ou de pays où ils sont protégés pour se rendre dans des pays où ils ne le sont pas.

Les Autochtones du Canada jouent un rôle de plus en plus important dans la gestion et la protection de la faune en vue de préserver leurs habitudes de subsistance et leurs cultures traditionnelles. De plus, leurs REVENDICATIONS TERRITORIALES globales mènent souvent à la désignation de nouvelles aires protégées (qui sont le plus souvent des parcs nationaux ou territoriaux ou des sanctuaires fauniques), qui visent avant tout à protéger des populations fauniques.

La création d'une réserve faunique n'est que le début et sa gestion doit s'assurer que les conditions demeurent favorables à sa protection. La protection de l'habitat faunique est un défi de tous les instants nécessitant une coopération de plus en plus importante entre les gouvernements, les propriétaires fonciers et les organismes de conservation privés. Le financement des aires protégées, tout comme le financement de la plupart des programmes environnementaux du gouvernement, diminue après 1990, et les niveaux de dotation et d'application de la loi dans toutes les aires protégées ne sont plus ce qu'ils étaient.

Le Sud du Canada est généralement trop peuplé pour y créer de nouvelles réserves fauniques de grande étendue, mais quelques-unes sont établies dans le Nord du Canada (rappelons que les accords de revendications territoriales des Autochtones facilitent leur création). La conservation de la faune est habituellement l'un des objectifs clés des autres aires protégées, comme les PARCS PROVINCIAUX et nationaux. Dans le Sud du Canada, la priorité est accordée aux ententes et aux programmes innovateurs qui incitent les propriétaires fonciers privés à privilégier la conservation des terres à bois et des terres humides.

Voir aussi FAUNE, CONSERVATION ET AMÉNAGEMENT DE LA.

Lecture supplémentaire

Liens externes