Théâtre Soulpepper | l'Encyclopédie Canadienne

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Théâtre Soulpepper

La troupe de théâtre Soulpepper de Toronto est fondée en 1998 par 12 acteurs grâce à une subvention du Festival de Stratford. Considéré comme l’une des meilleures troupes de répertoire active à l’année au Canada, Soulpepper a présenté des productions acclamées, notamment Uncle Vanya d’Anton Chekov (2001, 2002, 2008; ) et Angels in America de Tony Kushner (2013). Depuis son déménagement dans le District de la Distillerie de Toronto en 2006, Soulpepper a présenté des pièces canadiennes comme Doc de Sharon Pollock (2010), Waiting for the Parade de John Murrell (2010) et Kim’s Convenience d’Ins Choi (2012). En janvier 2018, la troupe est ébranlée par des allégations de harcèlement sexuel visant le directeur artistique et fondateur Albert Schultz, et par les poursuites subséquentes touchant tant Albert Schultz que Soulpepper.

Albert Schultz, acteur

Soulpepper prend du gallon

Le répertoire et les productions saisonnières de Soulpepper croissent d’année en année. La troupe présente une foule de pièces shakespeariennes et de drames européens et américains, mais presque aucun drame contemporain canadien (hormis celui de David French). Soulpepper offre au public la chance de voir des œuvres rarement jouées au Canada, et le prestige qu’elle glane au fil des années attire des acteurs de grande réputation comme William Hutt, Peter Donat, Brent Carver, Kenneth Welsh, Fiona Reid et Yanna McIntosh.

Soulpepper séduit également d’éminents metteurs en scène étrangers, notamment László Marton, Tim Albery et Herbert Olschok. La réception critique des mises en scène varie grandement : de l’Uncle Vanya magnifiquement poignant de Marton en 2001 au superbe et tendu Endgame (1999), en passant par l’étrange et inégal The Threepenny Opera d’Albery (2007, trad. L’Opéra de Quat’sous) et l’indéniablement mauvais Miss Julie d’Olschok (2002).

La troupe ne performe pas exclusivement à Toronto. Ses productions de A Streetcar Named Desire (1999) et de Betrayal (2000; trad. Trahisons) sont présentées au Centre Saidye Bronfman à Montréal, et Soulpepper part en tournée à l’île Manitoulin avec une production de Hamlet (2004) mise en scène par Joseph Ziegler et mettant en vedette Albert Schultz dans une de ses performances classiques les plus universellement saluées.

Formation de la compagnie

Bien qu’il ne s’agisse pas de la première troupe canadienne fondée par des acteurs, Soulpepper est certainement celle qui a obtenu le plus de succès. En 1988, un groupe d’acteurs – Martha Burns, Susan Coyne, Ted Dykstra, Michael Hanrahan, Stuart Hughes, Diana Leblanc, Diego Matamoros, Nancy Palk, Albert Schultz, Robyn Stevan, William Webster et Joseph Ziegler –, tous formés par le metteur en scène Robin Phillips à la Young Company du Festival de Stratford, a décidé de lancer une compagnie de théâtre. Le mandat de la troupe est triple : présenter des classiques du monde théâtral dans une perspective canadienne; former la nouvelle génération d’artisans du théâtre; et promouvoir des programmes de mentorat pour les jeunes.

Martha Burns

Soulpepper prend du gallon

Avec l’aide de subventions d’entreprises et du gouvernement, le répertoire et les productions saisonnières de Soulpepper croissent d’année en année. La troupe présente une foule de pièces shakespeariennes et de drames européens et américains, mais presque aucun drame contemporain canadien (hormis celui de David French). Soulpepper offre au public la chance de voir des œuvres rarement jouées au Canada, et le prestige qu’elle glane au fil des années attire des acteurs de grande réputation comme William Hutt, Peter Donat, Brent Carver, Kenneth Welsh, Fiona Reid et Yanna McIntosh.

Soulpepper séduit également d’éminents metteurs en scène étrangers, notamment László Marton, Tim Albery et Herbert Olschok. La réception critique des mises en scène varie grandement : de l’Uncle Vanya magnifiquement poignant de Marton en 2001 au superbe et tendu Endgame (1999), en passant par l’étrange et inégal The Threepenny Opera d’Albery (2007, trad. L’Opéra de Quat’sous) et l’indéniablement mauvais Miss Julie d’Olschok (2002).

La troupe ne performe pas exclusivement à Toronto. Ses productions de A Streetcar Named Desire (1999) et de Betrayal (2000; trad. Trahisons) sont présentées au Centre Saidye Bronfman à Montréal, et Soulpepper part en tournée à l’île Manitoulin avec une production de Hamlet (2004) mise en scène par Joseph Ziegler et mettant en vedette Albert Schultz dans une de ses performances classiques les plus universellement saluées.

Kenneth Welsh, acteur

Déménagement et expansion

En tant que directeur artistique, Albert Schultz devient rapidement l’enthousiaste publiciste, administrateur et porte-parole de la troupe auprès du public. Ses infatigables apparitions publiques et demandes de fonds sont fructueuses. En janvier 2006, Soulpepper déménage ses pénates au Young Centre for the Performing Arts, dans le District de la Distillerie de Toronto. Là, elle dispose de trois salles de théâtre. Elle lance alors sa première saison hivernale, ce qui lui permet d’offrir une programmation annuelle de neuf pièces.

Le déménagement au Young Centre permet à Soulpepper d’étendre son répertoire et d’inclure davantage de pièces classiques et contemporaines canadiennes, notamment Doc de Sharon Pollock (2010), Waiting for the Parade de John Murrell (2010), une nouvelle mouture de Fronteras Americanas de Guillermo Verdecchia (2011), Glenn de David Young (2014) et Trudeau and the FLQ de Michael Hollingsworth (2014). La pièce la plus lucrative de Soulpepper est sans contredit Kim’s Convenience d’Ins Choi (2012), une comédie familiale ayant lieu dans un dépanneur torontois. La production de Kim’s Convenience part d’ailleurs en tournée un peu partout au Canada et, en 2016, est adaptée pour la CBC sous forme d’émission.

En 2015, Soulpepper annonce une initiative quinquennale pour la construction d’un théâtre civil national. Albert Schultz affirme que ce théâtre « devrait monter ses saisons au diapason du monde tout en conservant nos voix nationales, y compris celles des Premières Nations et de la foule de cultures qui, collectivement, ont défini l’incroyable vie artistique du pays. »

Sharon Pollock

Académie Soulpepper

En juin 2006, Soulpepper lance son académie, le seul programme canadien de formation d’acteurs, de metteurs en scène, de scénographes et de dramaturges directement lié à une troupe professionnelle. Le programme d’études de deux ans prévoit des formations en studio, des études classiques et un stage au sein de la troupe.

Rayonnement international

En 2017, Albert Schultz mène une ambitieuse campagne de séduction intitulée Soulpepper on 42nd Street (Soulpepper sur la 42e avenue). En effet, après des années à tenter d’attirer les producteurs américains à Toronto, Albert Schultz décide d’envoyer Soulpepper à New York. L’initiative d’un mois, centrée sur le thème du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, permet de présenter 12 productions au Pershing Square Signature Centre à des coûts s’élevant à 2,5 millions de dollars. Le New York Times publie des critiques favorables aux productions de Spoon River et Of Human Bondage, les nommant même parmi ses « choix des critiques ».

Autres programmes

Soulpepper crée régulièrement des programmes afin de courtiser de nouveaux publics plus jeunes. Ses programmes pour les jeunes visent trois objectifs : le TSX Group Youth Access Program offre un accès aux arts pour les jeunes, peu importe leur milieu économique; le Youth Rush Program vend, 15 minutes avant chaque représentation, tous ses billets invendus à prix réduit aux jeunes de 21 ans et moins; et le Bring a Parent to the Theatre Entreprise réserve une rangée de sièges pour les jeunes de 21 ans ou moins et leur parent au prix d’un seul billet étudiant.

En 2016, Soulpepper a annoncé un nouveau projet dramaturgique, « Project imagiNation ». Il commandera à au moins 30 artistes ou compagnies de théâtre partout au Canada la création de nouvelles œuvres abordant différentes perspectives contemporaines canadiennes.

Soulpepper est également connu pour ses programmes d’éducation et ses efforts humanitaires (la troupe a notamment amassé d’importantes sommes pour la banque alimentaire de Toronto). La cofondatrice Martha Burns, quant à elle, travaille avec des enseignants et des acteurs afin de créer des programmes uniques pour les jeunes, en plus de présenter des œuvres de Shakespeare à de nombreux élèves au primaire et dont l’anglais est la langue seconde à Toronto.

Allégations de harcèlement sexuel

Au début de 2016, Soulpepper rompt discrètement sa collaboration de longue date avec l’artiste invité László Marton en raison de deux allégations de harcèlement sexuel portées contre lui. La troupe engage ensuite un tiers expert afin de réviser les politiques de harcèlement de Soulpepper et, en octobre 2017, Albert Schultz et sa partenaire, la directrice générale de Soulpepper Leslie Lester (qu’il épouse à l’été 2017), tiennent une réunion afin de renforcer les normes à ce sujet et d’annoncer publiquement la fin de leur relation avec László Marton. Pour beaucoup d’employés de Soulpepper, toutefois, cette annonce faite au paroxysme du mouvement anti-harcèlement sexuel #MeToo (#MoiAussi), sonne hypocrite. L’actrice Kristin Booth déclare à Global News : « C’est la première fois que j’entends parler d’une politique sur le harcèlement sexuel ici. Je connais la culture en place à Soulpepper, et l’hypocrisie de cette annonce est ce qui m’a motivée à parler et à tout faire pour que cela n’arrive à aucune autre jeune femme qui entre dans la troupe. »

Le 3 janvier 2018, Kristin Booth, Patricia Fagan, Diana Bentley et Hannah Miller intentent des poursuites civiles contre Albert Schultz et le théâtre Soulpepper. Elles affirment qu’Albert Schultz, avec la complicité de Soulpepper, les aurait harcelées et agressées sexuellement. Selon les allégations, qui décrivent des actes portés sur une période de 13 ans et dépeignent Albert Schultz comme un « prédateur sexuel en série  », le directeur artistique se serait adonné à de l’intimidation, des attouchements de nature sexuelle et inappropriée, des avances sexuelles non désirées et des remarques obscènes et humiliantes, en plus d’avoir exhibé son corps à répétition.

Le même jour, le conseil d’administration de Soulpepper annonce qu’il a demandé à Albert Schultz de se retirer le temps qu’une enquête soit lancée au sujet des allégations. Leslie Lester, quant à elle, accepte de prendre un congé sans solde. Le 4 janvier, le conseil accepte la démission d’Albert Schultz. Ce dernier affirme dans une déclaration qu’il a l’intention de se « défendre avec vigueur » contre les allégations.

Le 6 janvier, Soulpepper annonce que la pièce Amadeus, mise en scène par Albert Schultz, est annulée à la demande des artistes impliqués dans la production. Au même moment, la troupe annonce qu’elle rompt ses liens avec Leslie Lester. De leur côté, les cofondateurs Ted Dykstra et Stuart Hughes et les acteurs Michelle Monteith et Rick Roberts démissionnent par solidarité envers les quatre plaignantes. Le 8 janvier, une lettre signée par 280 artistes, y compris Sarah Polley, Ann-Marie MacDonald, Mia Kirshner et Daniel MacIvor est publiée en soutien aux quatre femmes. Celles-ci poursuivent Albert Schultz et Soulpepper pour des sommes de 3,6 et 4,25 millions de dollars, respectivement.

Nouvelle direction

Le 30 août 2018, Soulpepper annonce qu’elle recrute, à titre de directrice générale, l’administratrice artistique britannique Emma Stenning Celle-ci qui a auparavant occupé le même poste au Bristol Old Vic Theatre dans le sud de l’Angleterre, et son entrée en fonction à Soulpepper était prévue pour novembre. La troupe communique le 11 octobre 2018 que Weyni Mengesha, directrice de théâtre née à Vancouver et basée à Los Angeles, prend le relais en tant que directrice artistique en janvier 2019. Parmi les réussites de sa fructueuse carrière de réalisatrice, Weyni Mengesha compte des pièces acclamées telles que'Da Kink in My Hair de trey anthony et Kim’s Convenience, ainsi que Father Comes Home From the Wars, ouvrage récipiendaire d’un Dora Award.

Dans un entretien avec le journal Toronto Star, Weyni Mengesha confie : « En tant que réalisatrice, je me dois de créer un environnement où les gens se sentent à l’aise de s’adonner à un travail stimulant, de prendre des risques, de se livrer à des expériences. Le même concept s’applique [au poste de directrice artistique] : je dois m’assurer qu’on se sente en sécurité dans la troupe pour que nous puissions nous épanouir  ». Par ailleurs, elle exprime qu’elle souhaite organiser davantage de scènes libres et qu’elle espère favoriser la participation accrue du public et l’expérimentation de nouvelles idées. Elle tient aussi à poursuivre le « Project imagiNation » de Soulpepper, lequel présente une série de nouvelles œuvres commandées d’artistes partout au Canada et des projets multiplateformes transmis à la télévision, à la radio et dans des baladodiffusions.