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Basses terres du Saint-Laurent

Quand on parle des basses terres du Saint-Laurent on entend la plaine qui borde le fleuve Saint-Laurent entre la ville de Québec, à l'est, et Brockville, en Ontario, à l'ouest. À l'ouest, cette plaine comprend la vallée de l'Outaouais jusqu'à Renfrew, en Ontario.
Saint-Laurent, basses-terres du
La topographie des basses-terres résulte de l'altération atmosphérique et de l'érosion par les rivi\u00e8res du terrain plat constitué d'anciennes roches sédimentaires (photo de Thomas Kitchin).

Quand on parle des basses terres du Saint-Laurent on entend la plaine qui borde le fleuve Saint-Laurent entre la ville de Québec, à l'est, et Brockville, en Ontario, à l'ouest. À l'ouest, cette plaine comprend la vallée de l'Outaouais jusqu'à Renfrew, en Ontario. La superficie des basses terres est de 46 000 km2 (dont 5000 km2 sont aux États-Unis). La plaine est d’une longueur de 450 km d'ouest en est, et d’une largeur de 100 km dans sa partie ouest, qui se ramène à 35 km à Québec. Un bras de la plaine s'étend à 130 km au sud, dans la vallée du lac Champlain.

Histoire géologique

Les détails du relief des basses terres d'aujourd'hui résultent de la dernière glaciation continentale, d'une submersion marine ultérieure, d'une émersion et finalement de l'érosion et de la sédimentation fluviale. La preuve d'une période de glaciation antérieure a été effacée par les glaciations subséquentes, mais les dépôts exposés dans les vallées près du lac Saint-Pierre indiquent qu'un premier intervalle de météorisation et de déposition de graviers fluviaux a été suivi d'au moins deux périodes glaciaires séparées par l'intervalle non glaciaire de Saint-Pierre, pendant lequel de la tourbe et des sédiments lacustres se sont accumulés. Cet intervalle s'est produit il y a environ 70 000 à probablement 34 000 ans.

La dernière avance glaciaire importante a recouvert la région il y a plus de 18 000 ans. Cette nappe glaciaire a fini par se retirer après quelques nouvelles avancées mineures, découvrant par intermittence les parties sud et sud-ouest des basses terres, qui ont alors été inondées par des lacs proglaciaires. Les glaces résiduelles obstruant la vallée du Saint-Laurent près de Québec se sont désintégrées il y a 13 000 ans, et la mer a inondé la région, formant une nappe d'eau appelée la mer de Champlain.

Il y a 13 000 à 10 000 ans, les basses terres du Saint-Laurent se sont élevées rapidement (jusqu'à 20 m par siècle), conséquence de la disparition de la masse glaciaire. La relique la plus élevée des lignes du rivage de la mer de Champlain se trouve désormais à 230 m au-dessus du niveau de la mer du côté nord des basses terres et à 75 m plus bas du côté sud.

La mer s'est retirée il y a 9500 ans et, pendant une brève période, un lac dont la surface était à 40 m (altitude actuelle) a occupé la partie centrale du bassin. Il s'est vidé quand le Saint-Laurent a creusé son chenal plus profondément en aval de Québec. Le cours actuel du fleuve a été tracé il y a quelque 6500 ans.

Géographie

L'altitude va de 15 m au-dessus du niveau de la mer le long du Saint-Laurent, au nord-est de Montréal, à 150 m à la périphérie des Laurentides, au nord; des Adirondacks, au sud; des contreforts des Appalaches, au sud-est; et du Bouclier précambrien de l'Ontario, à l'ouest.

Les affluents du Saint-Laurent qui drainent les basses terres sont, au sud, les rivières Châteauguay, Richelieu, Yamaska, Saint-François, Nicolet, Bécancour et Chaudière et, au nord, les rivières L'Assomption, Maskinongé, Saint-Maurice, Batiscan et Sainte-Anne. Les affluents de la rivière des Outaouais qui traversent les basses terres sont les rivières South Nation, Rideau, Mississippi, Madawaska et Bonnechere.

À grande échelle, le relief est le résultat de 100 millions d'années de météorisation et d'érosion par les rivières des strates paléozoïques horizontales à légèrement inclinées qui constituent les basses terres. Ces roches, des plus anciennes (les plus profondes) aux plus récentes (les moins profondes), sont le grès, la dolomie, le calcaire et le shale, vieilles de 520 à 480 millions d'années. Ces sédiments se trouvent dans un bassin entouré de roches cristallines plus anciennes et plus résistantes. Sous les roches sédimentaires, se trouve une ancienne surface d'érosion à relief modéré, constituée de roches précambriennes plus anciennes.

Les basses terres sont dominées par les collines montérégiennes, série de monts isolés dans une ceinture d'une vingtaine de kilomètres de large s'étendant vers l'est, de Montréal jusqu'aux Appalaches. Ce sont, de l'ouest à l'est, les monts Royal (231 m), Saint-Bruno (213 m), Saint-Hilaire (404 m), Saint-Grégoire (229 m), Rougemont (366 m), Yamaska (411 m), Shefford (518 m) et Brome (548 m). Tous sont des vestiges érosifs de roches ignées intrusives d'âge crétacé inférieur (de 144 à 97,5 millions d'années). Il ne subsiste aucune preuve directe pouvant témoigner de la formation de volcans au-dessus des intrusions.

Des dykes et des filons-couches ignés émanent des collines montérégiennes, certains supportent des terrasses autour des montagnes et forment des parties des rapides de Lachine, dans le Saint-Laurent. Des collines de roches cristallines précambriennes se dégagent des roches sédimentaires des basses terres, de 30 à 50 km à l'ouest de Montréal, aux collines d'Oka (260 m), au mont Rigaud (213 m) et à une colline près de Saint-André-Est (137 m). De 800 à 1200 m de roc ont été érodés des basses terres depuis 100 millions d'années. La bordure nord est un escarpement de ligne de faille érodé en bien des endroits.

Les basses terres font partie d'un fossé d'effondrement qui remonte à la période crétacée et constituent une région à forte probabilité de tremblements de terre susceptibles de causer de graves dommages. Dans les temps historiques, 10 tremblements de terre importants environ se sont produits à chaque siècle.

Sol

Le sous-sol de presque toutes les basses terres du Saint-Laurent est constitué d'argile déposée dans la mer de Champlain. L'épaisseur de la couche d'argile atteint 60 m le long de la rive nord, près de l'ancienne marge du glacier, puis diminue progressivement jusqu'à pratiquement disparaître. Lorsqu'elle est soumise à une infiltration d'eau excessive provoquée par des pluies abondantes ou la fonte des neiges, l'argile devient instable et s'affaisse. Elle provoque alors des glissements de terrains qui par le passé ont fait des victimes et causé des dommages à des propriétés.

Le sous-sol des parties ouest et sud des basses terres se compose de sédiments glaciaires (till) plutôt que d'argile marine. L'action des vagues a séparé le silt et l'argile du till, laissant sur place du sable et du gravier, c'est pourquoi les dépôts de plage sont communs sur les collines de cette région. De nombreuses plages de sables et de gravier bordent les basses terres, les flèches et les barres y indiquent les anciens niveaux du plan d'eau. Les fossiles abondent dans les dépôts de la mer de Champlain, où l'on trouve notamment des foraminifères, des mollusques ainsi que des vertébrés comme les phoques et les baleines. Ces fossiles indiquent que ces eaux étaient semblables à celles des côtes du Labrador et du golfe du Saint-Laurent.

Dans la partie centrale des basses terres, la plus basse en altitude, les zones sablonneuses au nord et à l'est de Montréal sont des vestiges d'anciens deltas du Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. De basses terrasses couvertes par les sables de rivière se rencontrent dans la partie est des basses terres. À certains endroits, le sable s'est formé en dunes; certaines prennent la forme de crêtes allongées pouvant atteindre 18 m de hauteur, et on les appelle « crêtes de coq ». La végétation permet de stabiliser le sable éolien. Aux abords du Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, entre Ottawa et le Lac Saint-Pierre, des lits de rivière abandonnés forment des fossés larges de 2 km et dont les berges peuvent atteindre 10 m de hauteur.

Dans la plaine, à l'est de Montréal, à peu près parallèles au fleuve Saint-Laurent, se trouvent des bourrelets de sable blocailleux de 1,5 à 4,5 m de hauteur sur 30 m de largeur. Il semble que ce soit des matériaux transportés et poussés par les glaces flottantes et qui se sont amoncelés au cours des stades initiaux de la formation du fleuve. Ces crêtes fournissent d'excellents emplacements pour les bâtiments et les routes. De nombreuses communautés rurales se sont établies dessus.

La majorité des basses terres du Saint-Laurent sont constituées de terres agricoles fertiles. L'argile de ces terres est utilisée pour fabriquer des briques et des tuiles, le sable et le gravier sont utilisés pour construire les routes et comme matériaux de construction. On extrait le roc des basses terres pour la pierre à bâtir, la silice, le ciment, la chaux, la pierre concassée, l'agrégat de béton et enfin pour la fabrication de briques et de tuiles.

Colonisation

Au moment de l'arrivée de Jacques Cartier en 1535, les basses terres sont habitées par des peuples qui parlent l'​iroquoien. Les terres agricoles sont divisées en étroites bandes parallèles ayant toutes une façade sur le fleuve, ce qui est caractéristique du régime seigneurial. La première industrie est implantée près de Trois-Rivières, où l'on exploite le fer des marais, en 1737. Aujourd'hui, la population du Québec est principalement concentrée sur les basses terres du Saint-Laurent.

Voir aussi Escarpement.

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