Frank Tomkins (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

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Frank Tomkins (Source primaire)

En 2012, Le Projet Mémoire a interviewé Frank Tomkins, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement qui suit (ainsi que la transcription) est un extrait de son entrevue. Frank Tomkins est né à Grouard, en Alberta, le 27 février 1927. Né au sein de la bande crie Poundmaker (voir aussi Poundmaker), il s’est enrôlé dans l’Armée canadienne en 1945 à l’âge de 18 ans. Frank Tomkins a servi en tant que soldat sur le front intérieur durant la Deuxième Guerre mondiale. Cinq de ses frères ont également servi durant la guerre, trois d’entre eux étaient transmetteurs en code cri : ses frères Charles et Peter Tomkins, et son demi-frère John Smith. Charles a été le sujet d’un court documentaire, Cree Code Talker (2016).

Dans son témoignage, Frank Tomkins raconte l’histoire du service de ses frères en tant que transmetteurs en code pour l’armée américaine, et le rôle de leur langue crie (Nehiyawak) dans la transmission de renseignements cruciaux durant la guerre. Tout comme les transmetteurs en code navajo qui ont servi sur le théâtre de guerre du Pacifique, les transmetteurs en code cri ont développé un système basé sur la langue crie. Ce codage a été une contribution inestimable pour les renseignements militaires des Alliés.

Pour le témoignage complet de M. Tomkins, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Frank Tomkins lors d’un événement du Projet Mémoire à Saskatoon, en Saskatchewan. Octobre 2012.
Frank Tomkins lors d’un événement du Projet Mémoire à Saskatoon, en Saskatchewan. Octobre 2012.
Avec la permission de Frank Tomkins
Une photographie d’après-guerre de Frank Tomkins alors qu’il servait à titre de « smokejumper », un type de pompier qui est parachuté dans des endroits isolés.
Une photographie d’après-guerre de Frank Tomkins alors qu’il servait à titre de « smokejumper », un type de pompier qui est parachuté dans des endroits isolés.
Avec la permission de Frank Tomkins
Les frères Tomkins en 1945 (de gauche à droite): John Smith, Henry, Peter, Charles and Frank.
Les frères Tomkins en 1945 (de gauche à droite): John Smith, Henry, Peter, Charles and Frank.
Avec la permission de Frank Tomkins
Un portrait de Frank Tomkins en uniforme.
Un portrait de Frank Tomkins en uniforme.
Avec la permission de Frank Tomkins

Transcription

J’avais quatre frères durant la guerre et, naturellement, tous les jeunes voulaient s’enrôler, surtout lorsque leurs frères étaient partis. C’est la raison pour laquelle je me suis enrôlé, et lorsque la guerre a été terminée, il n’y avait pas vraiment de raison de rester.

Deux de mes frères étaient des « code talkers » durant la guerre, au début de la guerre. Un officier américain a approché mon frère Charles et lui a demandé combien il connaissait de vétérans parlant le cri et l’anglais. Et il a naturellement nommé mon frère Peter, et quelques autres personnes provenant de sa ville natale. Il y avait McDermott, Walter McDermott et Archie Plant.

L’armée américaine, bien sûr, était celle qui était vraiment intéressée aux « code talkers » et à leur contribution à la première partie de la guerre. D’abord, ils étaient placés - ils suivaient une petite formation, vous savez, sur la façon d’interpréter certains types d’appareils et tout. Ensuite, ils étaient placés dans différents aéroports et ils envoyaient des messages en cri : combien d’appareils, quel type d’appareil allait effectuer cette tournée de bombardements en Angleterre, et bien sûr, l’autre interlocuteur traduisait le tout en anglais de nouveau.

Ils étaient attachés à la American Eighth Army et ils étaient là pour un certain temps et je ne sais vraiment pas dans quelles circonstances. Mais je crois que les Américains, sachant qu’ils avaient des vétérans autochtones, les gens de l‘armée savaient qu’ils pouvaient les avoir. Et étant des Américains, naturellement, pourquoi n’utiliseraient-ils pas leurs propres gens.

Ma grand-mère était une Cri des Plaines et la veuve d’un Poundmaker (un chef chez les Cris de Plaines), et il y a une importante histoire familiale de ce côté-la, puisque son oncle était Big Bear. Il a été très actif durant la rébellion (Rébellion du Nord-Ouest de 1885). Ayant bien entendu grandi sur la réserve, avec toutes ses coutumes, elle croyait fortement aux mœurs des Autochtones et elle avait appris à mes frères une chanson autochtone qu’ils devaient chanter s’ils étaient un jour au combat et dans une position dangereuse, ils devaient chanter cette chanson qu’elle leur avait enseignée.

Je ne l’ai jamais connue, mais mon frère la chantait très très très rarement, seulement lorsqu’il en parlait, vous savez, lorsqu’il était dans une situation difficile, pour lui donner du courage, j’imagine, vous savez, pour chanter cette chanson. Mais il a dit qu’une fois, ils étaient dans une tranchée et ils se faisaient bombarder par l’ennemi et il a dit qu’il a vu son oncle. Et mon oncle était déjà mort, mais il avait été dans la Première Guerre mondiale et il a dit qu’il a vu son oncle, et son oncle riait et il lui disait de s’approcher de lui.

Il a soudainement remarqué que cela se produisait pendant qu’il se faisait bombarder. Et il a dit qu’il a marché vers son oncle et que tout de suite après, juste après s’être enlevé du chemin, un obus a frappé l’endroit où il avait tout juste été et a tué quelques-uns de ses amis. Il a dit que son oncle lui a sauvé la vie et c’est, vous savez, la façon de penser des Autochtones.

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