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NORAD

Le North American Air Defense Agreement (accord nord‑américain de défense aérienne) ou NORAD est un pacte conclu, en 1957, au plus fort de la guerre froide. Il place, sous commandement conjoint, les forces aériennes du Canada et des États‑Unis. Tout en conservant l’acronyme NORAD, il est ultérieurement renommé Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord. Le Canada et les États‑Unis renouvellent le NORAD en 2006, le rendant ainsi permanent. Il est, toutefois, soumis à révision tous les quatre ans ou à la demande de l’un ou de l’autre des pays. La mission du NORAD est également élargie aux alertes maritimes, et ce, bien que les forces navales des deux pays restent sous des commandements indépendants.

NORAD
31908873 © Jean-francois Rivard | Dreamstime.com

Peurs de la guerre froide

Le 1er août 1957, les gouvernements du Canada et des États‑Unis annoncent que les deux pays vont intégrer leurs forces de défense aérienne, sous commandement conjoint, à Colorado Springs, au Colorado. La guerre froide entre l’Union soviétique et les pays occidentaux est alors bien engagée. Le Canada et les États‑Unis craignent, tous deux, une attaque soviétique à longue portée. L’Aviation royale du Canada (RCAF) et la United States Air Force (USAF) vont collaborer pour garantir la protection du continent. (Voir également Continentalisme.)

Le NORAD se décrit comme fournissant une défense aérospatiale. Ce rôle consiste notamment « à déceler et à confirmer les attaques contre l’Amérique du Nord et à donner l’alerte, que ces attaques proviennent d’avions, de missiles ou de véhicules spatiaux ».

Controverses

Le NORAD fait, à l’occasion, l’objet de controverses. En 1957, les militaires canadiens conseillent au premier ministre John Diefenbaker et au ministre de la Défense nationale George Pearkes, à peine installés en fonction, d’intégrer l’ARC à l’USAF, dans le cadre de la défense aérienne du continent, ce que le gouvernement accepte un peu trop rapidement. Les critiques estiment que cette décision a été prise sans préparation adéquate. (La signature officielle n’aura lieu que le 12 mai 1958, signe de problèmes ultérieurs.) Le gouvernement conservateur de John Diefenbaker est éreinté par l’opposition libérale pour sa précipitation.

Techniquement, cet accord de coordination de deux forces aériennes, dans le cadre d’une mission difficile, est toutefois un succès. Il permet également aux équipages aériens canadiens de se conformer à la doctrine et aux politiques du NORAD. Cependant, comme le consentement des deux gouvernements est requis avant toute mise en alerte ou toute intervention officielle, la mise en œuvre en est parfois difficile, notamment, en 1962, pendant la crise des missiles cubains. L’armée américaine se place en état d’alerte, en 1962, dès les débuts de la crise. Le gouvernement canadien, cependant, attend plusieurs jours pour adopter la même mesure, provoquant ainsi la colère de l’administration du président des États‑Unis, John F. Kennedy. Cette décision suscite également de nombreuses critiques au Canada même.

John Diefenbaker
John Diefenbaker, premier ministre de Canada de 1957 à 1963.
(avec la permission des Bibliothèques et Archives Canada/C-6779)

Cheyenne Mountain et Peterson Air Force Base

En 1966, le commandement du NORAD s’installe au Centre d’opérations de Cheyenne Mountain, un réseau géant de bunkers enterrés, situé près de Colorado Springs, qui en reste le quartier général principal jusqu’en 2006, date à laquelle il déménage sur la Peterson Air Force Base voisine, Cheyenne Mountain devenant un centre de commandement de secours.

Le NORAD est maintenu par les gouvernements successifs. Le changement de nom de 1981 traduit l’emphase mise désormais sur la défense et les alarmes antimissiles (voir également Ligne de radars avancés). L’avènement des missiles de croisière renforce encore la nécessité du NORAD. En 1985, le gouvernement canadien reconnaît cette situation en remplaçant la ligne de détection lointaine (DEW), construite dans les années 1950, par le Système d’alerte du Nord, une série d’installations radar réparties dans le Nord canadien. (Voir également Qikiqtarjuaq.)

En réponse à l’évolution des menaces et à l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, les États‑Unis entreprennent de déplacer leur système d’avertissement, de détection et de surveillance dans l’espace (voir Technologie spatiale). Ce changement d’orientation diminue l’importance de la géographie canadienne dans la stratégie globale de défense aérospatiale nord‑américaine. En 1992, un examen stratégique du NORAD explique qu’en dépit de la disparition de l’Union soviétique, les États ayant pris sa suite, au premier chef desquels la Russie, disposent toujours des armes desquelles le NORAD devait protéger le continent nord‑américain au moment de sa conception. Cet examen met également en exergue la menace d’une possible attaque terroriste à base de missiles de croisière ou de systèmes d’armements similaires.

Attaques terroristes de 2001

Immédiatement après les attentats terroristes de septembre 2001 aux États‑Unis, le NORAD lance l’opération Noble Eagle de protection de l’espace nord‑américain contre d’autres épisodes de ce type. Dans ce cadre, en juin 2006, le NORAD avait répondu à 2 100 menaces potentielles et exécuté 42 000 sorties en vol à bord d’appareils militaires.

En 2006, le Canada et les États‑Unis renouvellent le NORAD. La nouvelle entente rend cet accord permanent, sous réserve d’un examen tous les quatre ans ou à la demande de l’un des deux pays. Elle élargit aussi la mission du NORAD aux alertes maritimes, bien que les forces navales des deux pays demeurent sous commandement séparé.

En 2009, le NORAD surveille les essais nucléaires et balistiques de la Corée du Nord, mais décide qu’ils ne représentent pas de menace immédiate. Le NORAD assure également la sécurité aérienne lors des Jeux olympiques d’hiver à Vancouver de 2010. Il offre une protection militaire similaire lors des lancements des navettes spatiales de la NASA, pour les réunions du sommet du G8 et pour le Super Bowl.

En 2012, le NORAD renomme son quartier général de la base aérienne Peterson bâtiment Eberhart‑Findley, en l’honneur d’un général américain et du lieutenant‑général de l’ARC Eric Findley, qui devient le premier officier canadien à voir son nom utilisé pour un centre de commandement militaire américain.

Voir également La crise des missiles de Bomarc; Avro CF‑100 Canuck.

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