Plats populaires d'origine juive au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Plats populaires d'origine juive au Canada

Les racines de la communauté juive au Canada remontent à 1760 lorsque les Juifs ont commencé à s’installer au Canada après la Conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques. La communauté est demeurée petite jusque dans les années 1880, lorsqu’un grand nombre de Juifs ashkénazes ont quitté l’Europe de l’Est pour faire du Canada leur domicile. La large cohorte d’immigration uive suivante a commencé à la fin des années 1950, lorsque les Juifs du Maroc se sont installés au Québec. Chacune de ces communautés a apporté des plats de son pays d’origine au Canada. Elles ont changé le paysage culinaire dans les villes à travers le pays. Plusieurs de ces mets demeurent une partie importante de l’identité culinaire du Canada à ce jour. (Voir Cuisine juive au Canada.)

Petits pains aux bleuets

Les petits pains aux bleuets sont une pâtisserie unique à la communauté juive de Toronto. Aussi connus sous leur nom yiddish shtritzlach, ils sont faits d’une pâte à la levure sucrée qui est fourrée d’une garniture coulante aux bleuets faite avec des bleuets frais ou précuits. Ces pâtisseries sont façonnées en demi-lunes, glacées d’une dorure à l’œuf, et recouvertes de sucre avant d’être cuites. On croit qu’Annie Zuckerman Kaplansky a apporté ces pâtisseries à Toronto en provenance de Pologne en 1913. Par la suite, elle les a vendues à la légendaire boulangerie Health Bread Bakery, qui est maintenant fermée.

Challah

Une tradition qu’on retrouve dans toutes les communautés juives est la miche de pain pour le repas du Shabbat. Ces miches de pain sont recouvertes d’un linge pour représenter la manne, qui était recouverte par une couche de rosée lorsque les anciens israélites erraient dans le désert. On trouve divers pains du Shabbat dans les différentes communautés juives. La sorte la plus reconnue en Amérique du Nord est le challah ashkénaze. Il s’agit d’un pain au levain enrichi d’œufs, de sucre et d’huile, qui est tressé et souvent garni de graines de sésame avant d’être cuit.

Pour les Juifs de l’Europe de l’Est, le pain quotidien était fait avec de la farine de blé, du seigle ou d’autres grains, alors que la challah était un pain spécial fait avec de la farine blanche plus dispendieuse. Traditionnellement en forme de longue tresse, d’autres formes existent également pour différentes fêtes. Ces différentes formes incluent la challah circulaire pour le Rosh Hashanah (le Nouvel An juif), ou la challah en forme de clé pour le premier Shabbat après la Pessah (la Pâque juive).

Challah

Bagels au fromage

Les bagels au fromage sont en général moins reconnus à l’extérieur de la communauté juive de Montréal. Il s’agit d’une pâtisserie faite en forme de fer à cheval dans laquelle une pâte feuilletée est fourrée d’une garniture sucrée au fromage farmer. Selon les préférences personnelles, le bagel peut aussi être recouvert de gros cristaux de sucre. Le tout est ensuite cuit jusqu’à ce qu’il soit doré.

Les bagels au fromage sont souvent mangés avec de la crème sure et de la confiture comme collation après l’école ou dans le cadre d’un brunch. Les origines de ce bagel sont obscures, mais il est possible qu’il soit cousin de la danoise ou du knish, deux pâtisseries européennes fourrées qui sont populaires.

Bagels au fromage

Soupe au poulet

Affectueusement connue sous le nom de pénicilline juive, la soupe au poulet est un plat très aimé de la cuisine juive qui évoque des sentiments de réconfort et de nostalgie. Faisant partie de la cuisine sépharade depuis au moins le Moyen Âge, elle est servie aux faibles et aux malades, ainsi que lors du repas de préjeûne du Yom Kippour. Il existe de nombreuses variations : les Juifs yéménites ajoutent un mélange d’épices hawaij à leur soupe au poulet, les Juifs perses ajoutent du gondi (un croisement entre un dumpling et une boulette de viande), alors que les Juifs grecs ajoutent du citron et un œuf pour en faire une soupe avgolémono.

La soupe au poulet est devenue un mets populaire au sein de la communauté ashkénaze au 15e siècle, et elle est devenue l’un des plats juifs les plus connus en Amérique du Nord. Elle est généralement servie avec des nouilles, du mandlen (noix à soupe), ou des boulettes de matzo (boulettes farcies) lors du souper du Shabbat et divers autres repas de célébrations.

Bagels de Montréal

Les origines du bagel remontent à la Pologne en passant par l’Allemagne, où des boulangers non-juifs faisaient un pain en forme de cercle qui était bouilli et ensuite cuit, appelé obwarjanek. Les boulangers juifs de la Pologne faisaient un pain semblable appelé beigel ou bajgele en Pologne. Au fur et à mesure que le nombre de boulangers juifs a augmenté dans le pays, ce pain a de plus en plus souvent été appelé bagel, un mot qui vient du mot yiddish beigen, et qui signifie « qui se plie ».

Les bagels sont faits de pâte à levure et façonnés en forme de cercle, ils sont bouillis et ensuite cuits. Les bagels de Montréal sont uniques en raison de leur préparation. Ils sont façonnés à la main et bouillis dans de l’eau au miel : ceci leur donne un côté sucré et contribue à créer leur croûte croustillante pour laquelle ils sont reconnus. Et finalement, les bagels sont cuits dans un four à bois.

La première boulangerie de bagels à Montréal est située sur le boulevard Saint-Laurent. (Voir aussi Rues emblématiques au Canada.) Deux des associés qui dirigent ce premier magasin sont Isadore Shlafman et Hyman Seligman. En 1949, ils ouvrent une boulangerie de bagels à l’endroit où se trouve la Fairmount Bagel d’aujourd’hui. Hyman Seligman quitte cette boulangerie au début des années 1950 pour ouvrir St-Viateur Bagel alors que la famille Shlafman continue de gérer Fairmount Bagel. Chacun d’eux a contribué à façonner la culture du bagel de Montréal pour en faire ce qu’elle est de nos jours.

Beaucoup plus qu’un simple repas que mange la communauté juive, le bagel est devenu une icône de Montréal.

Le smoked meat à la montréalaise

Le sandwich au smoked meat (viande fumée) est un incontournable lorsqu’on visite Montréal. Le smoked meat que l’on connaît aujourd’hui vient d’un mets turc appelé basturma, un plat de viande pressée et séchée. Les Turcs ottomans ont introduit le basturma en Roumanie, où il a été adopté par les Juifs roumains et appelé pastrama. Lorsque la réfrigération artificielle est devenue chose commune, le mets à base de viande séchée plus tendre, que l’on connaît de nos jours, a émergé. Les Juifs roumains qui se sont installés à Montréal ont apporté ce mets avec eux.

Le smoked meat est fabriqué à partir de poitrine de bœuf. La viande est séchée pendant 10 à 12 jours dans un mélange d’épices composé entre autres de sel, de coriandre, de poivre noir, d’ail et de bulbilles d’ail, de flocons de piments rouges, de graines de moutarde, et de graines de céleri. Les poitrines sont ensuite fumées durant huit à neuf heures, et cuites à la vapeur durant trois heures. Après avoir été tranchés finement, les morceaux de viande sont servis entre deux tranches de pain de seigle couvertes de moutarde, ce qui crée un sandwich exceptionnel. La commande montréalaise classique à l’un des delicatessens de la ville est le sandwich au smoked meat avec un soda à la cerise noire Cott.

Sandwich au smoked meat

Salade cuite

Les Juifs du Maroc commencent à s’installer à Montréal vers la fin des années 1950. (Voir aussi Côtes-des-Neiges.) Aujourd’hui, ils font partie intégrante de la communauté juive de la ville. La salade cuite est une populaire trempette mijotée que l’on retrouve sur les tables marocaines juives à travers la ville. La recette est composée de tomates concassées, de poivrons rouges et verts rôtis, d’ail, de paprika, et d’huile d’olive. Le tout est ensuite cuit jusqu’à ce que le mets devienne épais et confituré. La salade cuite, aussi connue sous le nom matbucha, qui signifie « choses cuites », est un plat préparé à l’avance et servi à température ambiante. Pour cette raison, il est traditionnellement servi au souper du Shabbat, avec une variété d’autres salades, pour commencer le repas.

Salade cuite

Shmoo torte

La schmoo torte est un dessert populaire qu’on retrouve dans les boulangeries à travers Winnipeg. La légende raconte qu’une mère l’a inventée pour la bar-mitsvah de son fils. Le dessert est composé de couches de gâteau des anges aux pacanes recouvert de crème fouettée et arrosé de caramel. Il trouve ses origines dans la nusstorte, qui signifie gâteau aux noix, et qui vient d’Allemagne, de Hongrie et d’Autriche. Ce gâteau est habituellement préparé en mélangeant des noix de Grenoble ou des noisettes avec des blancs d’œufs battus, des jaunes d’œufs, et parfois de la farine. Les Juifs d’Europe centrale et les autres Juifs ashkénazes ont commencé à le faire sous sa forme sans farine pour la Pessah. Pour d’autres occasions spéciales au cours de l’année, le gâteau est recouvert de crème fouettée.