Côte-des-Neiges | l'Encyclopédie Canadienne

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Côte-des-Neiges

Côte-des-Neiges est un quartier de Montréal situé sur les terres ancestrales de plusieurs peuples autochtones. Longeant le flanc ouest du mont Royal, le quartier fait partie de l’arrondissement de Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce. Côte-des-Neiges est réputé pour sa diversité ethnoculturelle en raison des nombreuses cohortes d’immigration qui s’y sont établies. (Voir Immigration au Canada.) Selon le recensement de 2016, 99 540 personnes habitent le quartier. De cette population, plus de 54% de la population provient d’un groupe racisé; environ 52% sont immigrants; 45% sont allophones. On retrouve également à Côte-des-Neiges plusieurs établissements importants comme l’Université de Montréal et l’Oratoire Saint-Joseph.

Côte-des-Neiges

Colonisation

Avec la colonisation française des terres autochtones, les Sulpiciens encouragent le développement du territoire du futur quartier. Un chemin est défriché pour parcourir la montagne de la colonie de Montréal. À l’époque, celle-ci est surtout développée à l’est de la montagne près des berges du fleuve Saint-Laurent. On nomme ce sentier : le chemin de la Côte-des-Neiges. En 1698, 30 colons établissent des fermes dans le secteur. (Voir Peuplement de la Nouvelle-France.) À partir du 18e siècle, on y retrouve aussi des tanneries.

Deux municipalités, le haut et bas Côte-des-Neiges, se développent dans le secteur et prennent le nom du chemin qui les relie à Montréal. Essentiellement rurale et agricole, la région est fréquentée par de riches Montréalais qui y font de la raquette et de la chasse.


En 1853, Montréal interdit les enterrements au sein de la ville. L’année suivante, on établit le cimetière Notre-Dame-des-Neiges qui est, à l’époque, bien en dehors de la ville.

Des établissements comme le Collège Notre-Dame fondé en 1869 s'installent dans les environs. En 1904, la chapelle de l’Oratoire Saint-Joseph est construite.

Après 1910, les deux municipalités de Côte-des-Neiges sont intégrées à la ville de Montréal.

Développement urbain

Désormais un quartier de Montréal, Côte-des-Neiges se développe rapidement. Des résidences y sont construites et plusieurs communautés emménagent dans cette partie de la ville. C’est notamment le cas des Irlandais qui déménagent de Griffintown, des Européens de l’est et de la communauté juive.

Cette dernière établit des institutions importantes comme l’Hôpital général juif en 1934. D’autres hôpitaux déménagent vers Côte-des-Neiges pour bénéficier de l’air moins pollué. L’Hôpital St. Mary’s et l’Hôpital Sainte-Justine emménagent dans le quartier en 1934 et en 1957 respectivement. (Voir Hôpital.)

D'importantes institutions scolaires s’y installent aussi. Le Collège Jean-de-Brébeuf ouvre ses portes en 1928. (Voir aussi Jésuites; École privée.) L’ Université de Montréal originaire du Quartier Latin, se transplante vers de nouveaux locaux sur le versant du mont Royal en 1943. Polytechnique Montréal et HEC Montréal s’installeront graduellement autour du site de l’Université.

L'Université de Montréal vue de l'Oratoire Saint-Joseph, 1969

La construction de l’autoroute Décarie et son ouverture en 1967 redéfinit le paysage urbain de l’ouest du quartier.

Depuis les années 1980, les stations de métro Snowdon, Côte-Sainte-Catherine, Plamondon et Namur de la ligne orange deviennent accessibles aux résidents du quartier (voir Métro de Montréal). En 1988, la ligne bleue s’étend dans le quartier avec l’inauguration des stations Côte-des-Neiges, Université de Montréal, Édouard-Montpetit et Outremont.

Immigration et diversité

Après la Seconde Guerre mondiale, les politiques d’immigration canadiennes deviennent de moins en moins restrictives. Des migrants de partout dans le monde immigrent vers Montréal. (Voir Immigration au Canada.) Un bon nombre s’installent à Côte-des-Neiges où le loyer est plus abordable.

C’est le cas pour les migrants juifs, souvent des survivants de l’Holocauste, qui se joignent à l’ancienne communauté juive de Montréal. Un bon nombre de Juifs sépharades, souvent francophones, provenant d’Afrique du Nord s’installent également. Ces nouveaux arrivants se distinguent du reste de la communauté juive qui est pour la plupart ashkénaze et anglophone.


La ville accueille aussi dans les années 1970 et 1980 un bon nombre de migrants vietnamiens, cambodgiens et laotiens, incluant ceux appartenant à la diaspora chinoise. Ceux-ci fuient la guerre du Viêt Nam et les conséquences des tensions sino-vietnamiennes (voir aussi les réfugiés de l’Asie du Sud-Est).

À partir de la fin des années 1960, plusieurs travailleuses migrantes des Philippines s’installent à Montréal et, plus particulièrement, à Côte-des-Neiges. (Voir Canadiens philippins.) Initialement, elles viennent travailler comme infirmières (voir Soins infirmiers) et, plus tard, comme aides familiales. Ces dernières sont souvent à l’emploi de riches familles vivant dans le quartier avoisinant de Westmount. (Voir aussi Les transferts de fonds de la communauté philippine au Canada.)

En plus de ces groupes, on retrouve beaucoup de personnes issues des communautés noire, arabe, sud-asiatique et latino. On compte aussi un grand nombre d’étudiants internationaux qui fréquentent l’Université de Montréal, les HEC et la Polytechnique.

En raison de cette diversité migratoire, Côte-des-Neiges est un des quartiers les plus multiculturels de Montréal. On y retrouve une très grande variété de commerces. Des épiceries et des restaurants offrent des produits et des mets d’un peu partout dans le monde. Plusieurs lieux de culte servent les diverses communautés de croyants. On peut trouver à Côte-des-Neiges des synagogues, des églises, des mosquées (voir Islam) et des pagodes bouddhistes. De nombreuses associations communautaires sont également présentes. On offre, par exemple, des services de traduction, de l’aide pour la recherche d’emplois ou de logements et des espaces culturels pour la communauté.


Défis socioéconomiques

La disparité socioéconomique reste un défi important pour le quartier Côte-des-Neiges. Le chômage et la pauvreté y sont des phénomènes plus répandus qu’ailleurs à Montréal. Par exemple, plusieurs nouveaux arrivants ont de la difficulté à intégrer le marché du travail.

On note des inégalités importantes entre le secteur situé vers le bas du mont Royal et celui qui est plus près du sommet, au sud de la Côte-Sainte-Catherine. Le Haut de la Côte est surtout caractérisé par ses grandes institutions comme l’Université de Montréal et sa population étudiante plus aisée. Plus populeux, le Bas de la Côte est le secteur où les familles immigrantes et racisées ont tendance à habiter. (Voir Immigration au Canada.)

La question du logement est peut-être l’enjeu le plus important de Côte-des-Neiges. En effet, la grande majorité des ménages (79%) sont locataires. La situation est particulièrement difficile pour les personnes qui vivent dans la pauvreté. Les problèmes d’insalubrité nuisent notamment au bien-être de plusieurs résidents. L’accès à des logements abordables est problématique : une situation qu’empirent l’embourgeoisement et le manque de logements sociaux. La construction de condos qui explose dans le secteur ne répond pas aux besoins des familles avec des moyens modiques. Près de 42% des ménages dépensent plus de la moitié de leur revenu pour leur loyer.

Devant ces défis, plusieurs organismes communautaires tentent de répondre aux besoins des résidents. Pour coordonner et faciliter la collaboration, la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges regroupe plusieurs de ces organismes.