Roland Galarneau | l'Encyclopédie Canadienne

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Roland Galarneau

Roland Galarneau, C.M., machiniste et inventeur (né le 16 février 1922, à Hull, au Québec; décédé le 22 mai 2011, à Hull). À la fin des années 1960, Roland Galarneau a inventé le Converto‑Braille, une imprimante informatisée capable de transcrire du texte en braille, à un rythme de 100 mots par minute. Il s’agissait d’une innovation historique pour les personnes présentant des déficiences visuelles; en effet, ce système accroissait grandement les possibilités de consulter des manuels et tout autre type de documents ou de renseignements écrits. Roland Galarneau a ultérieurement, dans les années 1970, mis au point des versions plus rapides de son Converto‑Braille. L’entreprise qu’il a fondée a finalement, dans les années 1980, adapté ce système sous la forme d’un logiciel pour ordinateur IBM, précurseur du logiciel braille utilisé aujourd’hui.

Photo de Roland Galarneau

Roland Galarneau, qui a inventé le Converto-Braille dans les années 1970, le 30 janvier 1985.

Mots clés

Braille – Système d’écriture à l’usage des personnes ayant une déficience visuelle, dont les caractères sont des combinaisons de points saillants.

Jeunesse et formation

Roland Galarneau naît avec une vision réduite, à seulement 2 %. Il va à l’école primaire à l’Institut Nazareth, à Montréal, l’un des premiers instituts, au Canada, à enseigner le braille.

Après la fin de ses études, Roland Galarneau travaille avec son père à la Iron Steel Company, à Hull, au Québec. À la fermeture de l’entreprise, après la Deuxième Guerre mondiale, il trouve un emploi de concierge pour le ministère fédéral des Travaux publics. Il souhaite alors poursuivre ses études et s’inscrit à des cours du soir en ingénierie, à l’Université d’Ottawa. Il se forme seul à la mécanique et est promu machiniste par le ministère.

Invention du Converto‑Braille

En 1952, Roland Galarneau construit un microscope, lui permettant de lire de la documentation et des instructions d’ingénierie, lettre par lettre. Il évoque ce moment, qui lui a permis, pour la première fois, de lire des textes imprimés, comme étant « le plus important » de sa vie. Il nomme cette invention le « roloscope ». Cette expérience l’incite à essayer d’accroître l’utilisation du braille et, au début des années 1960, il a l’idée de mettre au point une machine informatisée, qui convertirait en braille des textes imprimés en alphabet latin. Il estime alors que si l’usage du braille est facilité et que les contenus deviennent moins chers à produire, un plus grand nombre de gens liront cet alphabet et des textes plus récents pourront être publiés.

« De nombreuses personnes aveugles ne s’intéressent pas au braille, en raison de l’absence de documents récents. »
— Roland Galarneau, 1980


Roland Galarneau commence à travailler sur son projet de machine, en 1966, dans un atelier installé dans son sous‑sol. À cette époque, les ordinateurs sont encore extrêmement coûteux et il décide donc de mettre au point le sien, en partant de zéro. Il imagine une machine capable de convertir rapidement du texte en braille, sans que son opérateur ait besoin de connaître cet alphabet. En appuyant sur une touche alphanumérique, la machine envoie un signal électrique activant des relais (interrupteurs mécaniques) en fonction d’un « arbre de décision ». L’inventeur programme cet algorithme pour qu’il détermine la lettre, l’abréviation ou le mot en braille à imprimer, en fonction de ce que l’opérateur saisit au clavier. À partir de là, un groupe d’aiguilles est mis en mouvement, qui embossent le papier pour créer des symboles en braille. Roland Galarneau reçoit régulièrement l’aide de sa famille et c’est souvent un excellent ami à lui, Adrien Filiatreault, qui construit une grande partie des circuits. Après plus de 10 000 heures de travail, la construction du premier prototype de son appareil, appelé le Converto‑Braille, est enfin menée à bien.


Jeanne Cypihot, philanthrope et ancienne professeure de Roland Galarneau, entend parler de son projet et lui apporte une aide financière. Les deux créent alors, en 1970, la société à but non lucratif Cypihot‑Galarneau Converto‑Braille Services. Deux ans plus tard, l’entreprise est en mesure d’embaucher du personnel et l’équipe mise en place peut s’attaquer à la traduction en braille de manuels collégiaux et universitaires. Certains membres du personnel travaillent également sur un projet d’enregistrement d’audiolivres en français, en partenariat avec l’Université d’Ottawa, créant ainsi la première bibliothèque d’audiolivres en français, riche de 3 500 titres, au Canada. En 1976, Roland Galarneau est intronisé à l’Ordre du Canada pour avoir « […] travaillé toute sa vie à améliorer le sort des personnes atteintes de cécité, en particulier au niveau de l’éducation collégiale ».

Dans les années 1970, le système manuel d’origine du Converto‑Braille, doté d’une capacité de 100 mots par minute, évolue vers des modèles plus rapides.


Âge mûr et fin de vie

En 1980, Roland Galarneau lance, à partir de son nouvel équipement, la publication d’une version gratuite en braille du journal local de Hull, Le Régional, qui va toucher un public d’environ 50 lecteurs malvoyants de la région. Roland Galarneau déclare au magazine Maclean’s que sa motivation principale était qu’il souhaitait lui‑même lire ce journal, après le souper, à l’instar de son propre père. Il explique : « C’est quelque chose que, comme lui, j’ai toujours voulu pouvoir faire et qui me manquait dans la vie. »

Il se sert également de son Converto‑Braille pour transcrire des livres et des brochures. D’autres projets suivront, tout au long des années 1980, faisant du Converto‑Braille le catalyseur d’un important accroissement de la production de textes en braille.

Roland Galarneau prend sa retraite en 1987, tout en poursuivant ses recherches. Son fils reprend la direction de son entreprise et supervise l’adaptation du Converto‑Braille en un logiciel pour ordinateur IBM.

Roland Galarneau décède le 22 mai 2011, à l’âge de 89 ans.

« Dans mon esprit, il fallait que je fasse des choses moi-même pour être capable de me développer, pour être capable de faire comme un autre. Pour moi, c’était bien important. »
— Roland Galarneau, vers 1987

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