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Sarah Gadon

Sarah Lynn Gadon, actrice (née le 4 avril 1987 à Toronto, en Ontario). Sarah Gadon est une actrice du petit et du grand écran, reconnue surtout pour ses collaborations avec David Cronenberg et son rôle principal dans la mini-série Alias Grace (2017), une adaptation du roman de Margaret Atwood. Elle a gagné des prix Écrans canadiens pour ses performances dans Alias Grace et dans le film Enemy (2013), réalisé par Denis Villeneuve.

Sarah Gadon

Sarah Gadon au barbecue annuel du Centre canadien du film, le 11 septembre 2011.

Enfance

Sarah Gadon naît dans le nord de Toronto en 1987. Ses parents, Michael, un psychologue, et Linda, une enseignante, l’élèvent son frère et elle dans un environnement structuré qui encourage l’expression artistique. Conséquemment, elle fréquente diverses écoles d’art et intègre le Ballet national du Canada à 5 ans. C’est au sein de cette organisation que Sarah Gadon obtient son premier rôle : celui d’un agneau dans Casse-Noisette. L’actrice cite d’ailleurs le ballet comme étant la discipline l’ayant préparée au métier d’actrice.

Premiers rôles

Sarah Gadon décroche son premier rôle parlé à 10 ans dans la série La Femme Nikita, filmée à Toronto. Ses parents insistent pour qu’elle poursuive ses études et n’accepte des rôles que pendant les vacances. Parmi les productions auxquelles Sarah Gadon participe dans son enfance, on compte Twice in a Lifetime, Redwall, Mutant X et Are You Afraid of the Dark ? (cette dernière aidant aussi à lancer les carrières de Ryan Gosling et de Scott Speedman).

Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, Sarah Gadon fréquente brièvement l’Université Queen’s à Kingston avant de retourner à Toronto. Là, elle entreprend des études en cinéma à temps partiel à l’Université de Toronto tout en poursuivant sa carrière d’actrice. Le fait d’être à Toronto lui offre l’occasion de participer à des films canadiens (notamment Siblings et Leslie, My Name is Evil), à des séries télévisées canadiennes (This is Wonderland; Flashpoint; The Border; Being Erica; Happy Town; Murdoch Mysteries) et à certaines productions américaines qui y sont tournées, dont Charlie Bartlett et The Cutting Edge 3: Chasing the Dream.

C’est toutefois en 2011 que Sarah Gadon se démarque, en participant à des productions d’envergure. Elle tient un petit rôle dans le film d’horreur Dream House, filmé à Toronto et mettant en vedette Daniel Craig, Rachel Weisz et Naomi Watts, ainsi qu’un rôle marquant dans The Moth Diaries, un drame d’horreur situé dans un internat et signé Mary Harron.

Collaborations avec Cronenberg

Le troisième projet auquel Sarah Gadon participe en 2011 marque sa première collaboration avec le réalisateur David Cronenberg. Dans A Dangerous Method (Une méthode dangereuse), Sarah Gadon défend le rôle d’Emma Jung, la femme du psychologue Carl Jung (Michael Fassbender). Pour créer ce rôle, elle perfectionne l’accent anglais et tire profit de ses études en analyse de films. La même année, elle participe au programme Rising Stars (étoiles montantes) du Festival international du film de Toronto et est nommée « étoile à surveiller » par le magazine Playback.

Sa performance dans A Dangerous Method impressionne à ce point David Cronenberg qu’il lui confie le rôle de la femme du séducteur cyber-capitaliste défendu par Robert Pattinson dans Cosmopolis (2012). Sarah Gadon étudie la vie des jet-setters d’antan pour en imiter la prestance et les affectations, résultant en un jeu frigorifique qui complémente la réalisation désinvolte de David Cronenberg. L’actrice fait également tourner les têtes au Festival de Cannes lors de la première du film Cosmopolis aux côtés d’Antiviral, le premier film de Brandon Cronenberg, le fils de David. Sarah Gadon hésite longuement avant d’accepter le rôle de la femme fatale Hannah Geist dans Antiviral, mais se laisse convaincre lorsque Brandon lui explique sa vision du  personnage, qu’il voit comme une critique de la façon dont la société fétichise les célébrités de sexe féminin.

En 2014, Sarah Gadon renoue avec David Cronenberg pour Maps to the Stars, un portrait sinistre et grinçant des excès d’Hollywood. Elle offre une performance risquée dans le rôle de la défunte mère d’une actrice ratée jouée par Julianne Moore, qu’elle tourmente de l’au-delà en amplifiant ses insécurités. Grantland qualifie la performance de « surréaliste » et « terrifiante, mais de façon élégante ».

Sarah Gadon collabore également fréquemment avec la fille du célèbre réalisateur, la photographe Caitlin Cronenberg. En 2015, elle réalise d’ailleurs un épisode de la série documentaire Reelside à propos de leur travail ensemble. En 2017, Sarah Gadon cite David Cronenberg comme étant la personne ayant changé sa vie.

D’Enemy à Indignation

En 2013, Sarah Gadon participe au thriller psychologique Enemy (Ennemi) de Denis Villeneuve. Aux côtés de Jake Gyllenhaal, elle offre une performance sombre et nuancée dans le rôle d’une femme séduite par le sosie de son mari et par la possibilité de refaire sa vie. Suivant sa propre suggestion, Sarah Gadon porte un ventre pondéré freinant ses mouvements, ce qui ajoute au réalisme de la grossesse de son personnage. Sa performance lui vaut un prix Écrans canadiens, tandis que le Los Angeles Times souligne sa présence comme l’un des moments forts du film.

Toujours en 2013, l’actrice paraît dans Belle, drame social en costumes d’époque réalisé par Amma Assante. Courtisée par Hollywood, elle se rend jusqu’à l’étape des tests devant la caméra pour le rôle principal de Snow White and the Huntsman, un rôle qui va finalement à Kristen Stewart. En 2014, Sarah Gadon participe à deux grandes productions hollywoodiennes : un rôle de soutien dans The Amazing Spider-Man 2 et le rôle principal féminin dans Dracula Untold, une expérience qu’elle décrit comme « un grand départ et une déception profonde ». Suivent à ces films un rôle dans la coproduction internationale The Girl King; un premier rôle dans A Royal Night Out, un récit très romancé sur les efforts de guerre de la princesse Elizabeth; et 11.22.63, une série produite par Hulu portant sur l’assassinat de John F. Kennedy. Elle prend également part en 2014 à un débat à l’émission Canada Reads (CBC), lors duquel elle défend les mérites du roman Anabel, de Kathleen Winter.

Sarah Gadon met ses talents dramatiques à l’œuvre dans Indignation (2016), le premier film du scénariste et producteur James Schamus (The Ice Storm; Crouching Tiger, Hidden Dragon). Sa performance dans le rôle d’Olivia, une étudiante sexuellement libérée à la psyché complexe, mérite des critiques dithyrambiques. Stephen Holden, du New York Times, écrit : « Dans la performance sensible de Mademoiselle Gadon, on arrive à voir toute la vulnérabilité qui se cache sous une apparente aisance. » Reconnaissant son grand potentiel, James Schamus encourage l’actrice à convoiter de plus grands rôles plutôt que de se contenter d’apparitions dans des films d’auteur.

Alias Grace (2017)

Le conseil de James Schamus mène Sarah Gadon à passer une audition pour Alias Grace, une mini-série adaptée du roman de Margaret Atwood coproduite par la CBC et Netflix, scénarisée par Sarah Polley et réalisée par Mary Harron. Pour défendre le rôle de la présumée meurtrière Grace Marks, Sarah Gadon travaille auprès d’un répétiteur linguistique pour apprendre l’accent irlandais, étudie les tâches effectuées par les servantes à l’ère victorienne au Black Creek Pioneer Village et lit les œuvres de Susanna Moodie, qui ont inspiré le roman de Margaret Atwood.

Afin d’amplifier l’ambiguïté de Grace, Mary Harron demande à Sarah Gadon de jouer les scènes clés de son personnage en utilisant trois personnalités différentes, lesquelles sont subséquemment entremêlées au montage. Lucy Mangan, journaliste pour le Guardian, qualifie le jeu de Sarah Gadon de « puissant et subtil », tandis que James Poniewozik, du New York Times, la trouve « captivante ». Elle reçoit un prix Écrans canadiens pour sa performance énigmatique.

Après Alias Grace, Sarah Gadon défend des rôles dans The Death and Life of John F. Donovan (2019), premier film en anglais de Xavier Dolan; Octavio is Dead! (2018), un film de Sook-Yin Lee portant sur l’identité de genre; La grande noirceur (2018), un drame de Maxime Giroux; et Vampires vs. the Bronx (2019), produit par Lorne Michaels, connu pour Saturday Night Live. Elle tient également un rôle récurrent dans les séries télévisées Letterkenny et Total Drama, ainsi qu’un rôle de soutien dans un épisode de True Detective, de HBO. En 2018, Sarah Gadon commence sa carrière de productrice en participant au court-métrage Paseo.

Vie personnelle

En 2012, Sarah Gadon fait les choux gras des journaux à scandale. En effet, la rumeur court selon laquelle elle serait en couple avec Robert Pattinson, sa co-vedette dans Cosmopolis et Maps to the Stars. En réalité, elle fréquente le monteur et réalisateur Matthew Hannam, rencontré sur le plateau d’Antiviral. Le duo a également collaboré sur le plateau d’Enemy et de Paseo.

Sarah Gadon est le visage de la gamme de produits de beauté de Giorgio Armani et des montres Jaeger-LeCoultre. Malgré sa célébrité, elle garde les deux pieds sur terre, se qualifiant de « fille normale » et préférant être vue comme une artiste plutôt qu’une vedette. Elle vit à Toronto et milite pour l’inclusion d’employés canadiens dans les productions étrangères filmées au Canada, en plus de défendre les droits des acteurs dans les œuvres numériques.

Sarah Gadon adopte une approche pragmatique quant au fait de travailler au Canada et de convoiter des rôles difficiles partout dans le monde. « Un des enjeux de faire des films au Canada est qu’il n’y pas beaucoup de travail, » dit-elle dans une entrevue accordée au TIFF de 2018. « Il n’y a tout simplement pas le même nombre de productions qu’aux États-Unis. Le climat cinématographique est tel que si vous voulez continuer à travailler, vous devez propulser vous-même votre vision, propulser votre carrière et propulser votre propre travail. Cela vous amène souvent à faire une foule de choses différentes au sein de l’industrie. »

 

Prix

Prix Écrans canadiens

  • Meilleure performance féminine dans un rôle de soutien (Enemy, 2014)
  • Meilleure actrice dans un rôle principal, émission ou série limitée dramatique (Alias Grace, 2018)

Autres

  • Prix Playback Breakout, magazine Playback (2012)
  • Prix Crystal, Women in Film and Television (2012)
  • Prix Birks Canadian Diamond, Birks Canada (2012)
  • Meilleure actrice de soutien dans une production canadienne (Cosmopolis), Vancouver Film Critics Circle (2013)
  • Prix d’excellence, ACTRA Toronto (2016)