Fabrication industrielle au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Fabrication industrielle au Canada

L’industrie manufacturière est un secteur essentiel de l’économie du Canada. La production, la vente et la distribution des produits finis contribuent aux marchés de la consommation et du travail, et assurent la position canadienne en tant que chef de file économique parmi les pays industrialisés.

L’industrie manufacturière est un secteur essentiel de l’économie du Canada. La production, la vente et la distribution des produits finis contribuent aux marchés de la consommation et du travail, et assurent la position canadienne en tant que chef de file économique parmi les pays industrialisés. Les grands, moyens et petits fabricants produisent des biens utilisés par les Canadiens et contribuent aux revenus tirés de l’exportation de marchandise vers d’autres pays. Depuis le début des années 2000, le secteur manufacturier au Canada a considérablement diminué à la suite des changements dans l’économie mondiale et de la réduction des contrôles réglementaires des produits canadiens. (Voir Libre-échange; Mondialisation). La composition et la structure de l’industrie manufacturière canadienne sont en transition en réponse à ces changements visant à produire de nouveaux biens qui sont en forte demande.

Description

L’industrie manufacturière fabrique un large éventail de produits destinés à des utilisations tout aussi variées. Par exemple, l’industrie manufacturière produit de l’équipement pour l’exploration, le développement, l’extraction, la transformation et la distribution des ressources provenant du sol, des océans et de la forêt. À ces fins, on produit notamment des génératrices hydroélectriques, des bateaux de pêche, des locomotives de chemin de fer, de la machinerie agricole, du matériel pour l’exploitation des mines, ainsi que de l’outillage pour transformer le pétrole, le gaz naturel et le charbon en produits chimiques, en textiles et en peintures. On fabrique des biens durables, y compris des réfrigérateurs, des automobiles et des téléphones, et des biens pour le logement, le transport et les communications. On fabrique aussi des produits alimentaires, tels que les boissons, les produits laitiers, les viandes et les légumes transformés. Finalement, l’industrie manufacturière comprend aussi l’outillage et l’équipement pour l’emballage, la manutention, la distribution, l’entreposage et l’inventaire de tous les autres produits fabriqués.

Le secteur manufacturier est un important acheteur de matières premières et de services. Par exemple, l’acier est produit à partir de minerai de fer, de charbon et d’autres matériaux extraits des mines et transportés par chemin de fer, par bateau, par camion et par convoyeur (tous des biens fabriqués). Les dirigeants, le personnel des ventes, les ingénieurs et les autres membres du personnel des aciéries utilisent tous les modes de transport et les différents types d’hébergement et achètent beaucoup de services (par exemple, traitement de données, communications, services juridiques et comptables).

Histoire

XVIIIe siècle

Au Canada, l’industrie manufacturière voit le jour au début du XVIIIe siècle avec les moulins à grain pour produire la farine. Les premiers moulins à grains sont construits en Nouvelle France au XVIIe siècle et, en 1840, on en compte 400 dans le Haut Canada et le Bas Canada qui produisent de la farine pour les besoins domestiques et la vente à l’étranger. La fonte du fer existe depuis les années 1730 et s’effectue alors aux Forges Saint-Mauriceprès de Trois-Rivières, au Québec. Au milieu des années 1740, cette fonderie comble certains besoins : l’armement en Nouvelle-France, les poêles et certains articles d’usage domestique. L’ACCOMMODATION, le premier (bateau à vapeur) canadien, est construit en 1809 par la Eagle Foundry de (Montréal), qui fabrique toutes les pièces pour ses moteurs, soit au-delà d’une centaine. Les moteurs du ROYAL WILLIAM, qui est en 1833 le premier bateau à traverser l’Atlantique presque uniquement au moyen de la vapeur, sort des chantiers de la St Mary’s Foundry de Montréal.

XIXe siècle

Dans la dernière moitié du XIXe siècle, plusieurs événements stimulent fortement la croissance de l’industrie manufacturière au Canada. Le premier est la CONFÉDÉRATION en 1867. L’unification politique et l’autonomie gouvernementale amènent l’expansion géographique, la construction du chemin de fer du CANADIEN PACIFIQUEet une nouvelle colonisation entraînant un accroissement de la population, des compétences et du capital. En 1871, un groupe d’hommes d’affaires fonde L’ASSOCIATION DES MANUFACTURIERS CANADIENS (AMC), qui se consacre à la promotion de la croissance de l’industrie manufacturière. Huit ans plus tard, grâce à la POLITIQUE NATIONALE de John A. Macdonald, le Canada instaure des droits de douane protectionnistes pour favoriser la transformation des matières premières canadiennes à l’intérieur du pays. De nouvelles usines de transformation de produits de consommation intérieure (par exemple, bois d’œuvre, céréales, produits d’origine animale) survivent et prospèrent même pendant la crise économique de la fin des années 1870 et du début des années 1880. Pendant cette période, la découverte de l’électricité et l’aménagement ultérieur de certaines grandes ressources hydrauliques du Canada fournissent à l’industrie une énergie électrique efficace et à bon marché (voir HYDROÉLECTRICITÉ). En même temps, on commence à constater l’ampleur des richesses minérales du Bouclier canadien, ce qui suscite un grand intérêt pour le potentiel de croissance du Canada. La PREMIÈRE GUERRE MONDIALE stimule le développement industriel et la diversification, particulièrement dans des secteurs comme l’acier, la construction navale, les métaux non ferreux et les pâtes et papiers.

En 1920, le secteur manufacturier emploie directement 600 000 travailleurs, soit près de 17 % de la population active à cette époque. La crise économique mondiale des années 30 ralentit l’activité économique et étouffe le progrès industriel au Canada et dans les autres pays, mais l’industrie canadienne croît et se diversifie de façon importante pendant la DEUXIÈME GUERRE MONDIALE. On assiste à une croissance rapide dans les industries lourdes (automobile, aéronautique, armement, construction navale et acier) et des développements impressionnants dans (aluminium), l’appareillage électrique, les équipements de communication, la fabrication d’outils et de produits chimiques. Vers le milieu des années 40, le secteur manufacturier emploie plus d’un million de travailleurs, soit plus de 25 % de la population active.

XXe siècle

Tout au long du XXe siècle, l’industrie manufacturière contribue d’une manière significative au bien-être économique et à la prospérité des Canadiens. Entre 1945 et 1999, ce secteur d’activités représente un maximum de 24 % et un minimum de 15 % de la production totale réelle de biens et de services au Canada ou du PRODUIT INTÉRIEUR BRUT. En 1999, l’industrie manufacturière représente environ 19 % du PRODUIT INTÉRIEUR BRUT canadien et 1,9 million d’emplois. Durant cette période, l’industrie manufacturière a été marquée par la technologie informatique, l’augmentation des coûts de l’énergie et la libéralisation du commerce.

Le premier ordinateur industriel est installé au Canada en 1957. Depuis, l’utilisation de la TECHNOLOGIE de l’informatique s’est généralisée dans le secteur de la fabrication : pour la production, le contrôle des stocks et la comptabilité. L’emploi des technologies de conception assistée par ordinateur (CAO), de fabrication assistée par ordinateur (FAO) et de ROBOTIQUE augmente rapidement. L’électronique stimule la croissance de l’industrie des TÉLÉCOMMUNICATIONS du Canada, qui devient un joueur de niveau international dans les années 80. Les fabricants canadiens travaillent pour l’INDUSTRIE AÉROSPATIALE en concevant et en produisant des satellites de communication et des éléments pour engins spatiaux et aéronefs (voir TECHNOLOGIE SPATIALE).

Dans les années 70, la hausse rapide des prix mondiaux du pétrole a un effet stimulant sur l’exploitation des RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES du Canada, en particulier celles tirées des SABLES BITUMINEUX de l’Alberta, du gaz naturel, des veines de CHARBON, des barrages HYDROÉLECTRIQUES et des dépôts d’uranium. La demande augmente pour l’outillage et l’équipement utilisés pour explorer, exploiter et distribuer ces ressources énergétiques. L’approvisionnement accru d’énergie permet aux fabricants canadiens d’atteindre le niveau d’activité des concurrents internationaux. L’outillage ainsi que l’équipement fabriqués au Canada sont utilisés pour le développement et la production d’énergie partout dans le monde.

Durant la seconde moitié du XXe siècle, quatre éléments clés du domaine politique et des pratiques commerciales de cette période ont un impact sérieux sur les fabricants canadiens : L’ACCORD CANADO-AMÉRICAIN SUR LES PRODUITS DE L’AUTOMOBILE (OU « le pacte de l'automobile »); l’ACCORD GÉNÉRAL SUR LES TARIFS DOUANIERS ET LE COMMERCE (GATT); la MONDIALISATION de la production; l’accord multilatéral de LIBRE-ÉCHANGE conclu avec les États-Unis à la fin de 1987 et son extension en 1994 avec le Mexique (l’Accord de libre-échange nord-américain ou l’ALENA). L’ACCORD CANADO-AMÉRICAIN SUR LES PRODUITS DE L’INDUSTRIE AUTOMOBILE, en 1965 (connu comme le Pacte de l’automobile), crée une zone en franchise de droits, bien qu’avec certaines conditions, qui permet aux industries canadiennes et américaines de rationaliser leurs opérations en fonction des économies d’échelle adéquates, ce qui rentabilise les entreprises qui desservent ce marché intégré canado-américain. Le Pacte de l’automobile profite aux deux pays à différents moments. Le Canada en sort gagnant grâce à une production plus importante, une croissance du commerce et un accroissement de la productivité, une plus grande part de l’emploi dans l’automobile en Amérique du Nord et des prix à la consommation plus bas.

Le Canada est l’un des 23 principaux pays signataires de l’accord original du GATT en 1947. Cet accord multilatéral, signé par 85 pays et 30 signataires provisoires, prévoit l’élimination des traitements discriminatoires dans le commerce international afin de maximiser l’utilisation des ressources mondiales et d’élever ainsi le niveau de vie. L’adhésion au GATT est un engagement national au principe de libéralisation des échanges commerciaux, qui a au fil du temps augmenté le volume d’importation de biens fabriqués vers le Canada. Neuf séries de négociation du GATT ont eu lieu, la première en 1947 et la plus récente en 2001, lesquelles sont toujours en cours. Le GATT a été remplacé en 1995 par la mise en œuvre de L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE à la suite du cycle de négociations menées en 1986. L’Organisation mondiale du commerce est responsable de l’administration des accords commerciaux multilatéraux autrefois menés sous le GATT.

Le contexte de la concurrence internationale a changé considérablement depuis la fin des années 50 et le début des années 60. La reconstruction de l’après-guerre et le développement des marchés intérieurs préoccupent alors beaucoup l’Europe et le Japon. La part du Canada des exportations internationales de produits fabriqués augmente de 4,5 % à 6 % puis chute à 4,5 % à la fin du XXe siècle. L’émergence du Japon, de l’Europe et de la Chine comme puissances industrielles signifie une concurrence générale plus forte pour les fabricants canadiens. La concurrence s’exerce sur les coûts de production par unité, appliquant une pression à la baisse sur les salaires et les autres coûts associés à la production et au transport des biens fabriqués. La concurrence s’intensifie sur les marchés internationaux et intérieurs dans presque tous les secteurs, particulièrement la production d’automobiles, de machines et d’équipement électronique. Dans les pays en développement, sous l’influence des INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS associés à la MONDIALISATION, la fabrication industrielle est axée sur les secteurs à forte concentration de main-d’œuvre et technologie rudimentaire qui produisent des biens facilement transportables. Ainsi, l’augmentation des importations des pays en développement et ce contexte de mondialisation crée des problèmes importants au Canada dans des secteurs comme les vêtements, certains textiles, le bas de gamme du marché de la chaussure et les produits électriques de consommation à mesure que la concurrence se mondialise de plus en plus.

XXIe siècle

Les changements économiques et réglementaires affectant le secteur manufacturier canadien se sont intensifiés au cours du dernier quart du XXIe siècle et se sont accrus au cours du XXIe siècle. Dans les années 2000, le secteur manufacturier a décliné de manière significative. Entre 2004 et 2008, environ un emploi dans l’industrie manufacturière sur sept (ou 332 000) a disparu. Cette tendance n’est pas unique au Canada : la majorité des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement (OCDE) connaissent un déclin semblable. Cela résulte de la production qui se déplace vers des pays comme la Chine, d’une population vieillissante (conduisant à un accroissement de la demande pour les services plutôt que des biens fabriqués) et de la réduction de droits de douane.

À l’exception de la production de matériel de transport d’équipement (excluant les automobiles), les produits du pétrole et du charbon, et les ordinateurs et l’électronique, tous les autres segments de l’industrie manufacturière ont connu un ralentissement. L’industrie du textile, historiquement l’un des plus importants employeurs manufacturiers du pays est l’un des secteurs les plus durement touchés. Par exemple, entre 2004 et 2011, les emplois dans les usines de textile ont diminué de plus de 60 %. Les secteurs de l’automobile, ainsi que les industries du bois et du papier, sont aussi en déclin, en particulier après la récession de 2008.

En réponse à ces changements, les fabricants canadiens sont de plus en plus axés sur la production pour les marchés intérieurs puisque la mondialisation de l’industrie manufacturière et des réseaux de distribution nuisent à la production pour l’exportation. Les provinces du centre du Canada continuent de dominer la majeure partie de la production manufacturière. L’Ontario représente environ 46 % des ventes totales des fabricants et le Québec environ 24 %. De nombreuses industries de biens de consommation sont concentrées dans ces deux provinces, qui représentent plus de la moitié de la population du pays.