Lillian Freiman | l'Encyclopédie Canadienne

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Lillian Freiman

Lillian Freiman (née Bilsky), OEB, philanthrope, activiste communautaire, organisatrice, leader civique et sioniste (née le 6 juin 1885 à Mattawa, en Ontario; décédée le 2 novembre 1940 à Montréal, au Québec). Lillian Freiman s’est appuyée sur son statut social élevé et sa fortune pour aider les personnes défavorisées, au sein de la communauté juive comme en dehors. Pour son travail d’assistance aux soldats de la Première Guerre mondiale et pour avoir dirigé la campagne du coquelicot, la Légion canadienne l’a nommée membre honoraire à vie en 1933. Elle a été la première femme à recevoir une telle distinction.

Portrait photographique de Lillian Freiman

Ce portrait de Lillian Freiman date probablement des années 1920.

(avec la permission des Archives juives canadiennes Alex Dworkin)


Jeunesse

Lillian Freiman est la cinquième des onze enfants survivants de Moses et Pauline (née Reich) Bilsky. La famille s’installe à Ottawa au début des années 1890. Moses devient un membre influent de la communauté juive de la ville en apportant son soutien aux nouveaux immigrants. La maison des Bilsky est ouverte à tous ceux qui ont besoin d’aide. Ces principes moraux et sociaux qui lui sont inculqués dès son plus jeune âge accompagneront Lillian Freiman tout au long de sa vie.

Adolescente, Lillian Freiman rejoint l’Ottawa Ladies’ Hebrew Benevolent Society (société de bienfaisance hébraïque des femmes). Elle s’implique également au sein de la Société d’aide à l’enfance de la ville, où elle commence à travailler auprès des jeunes en difficulté.

En 1903, à l’âge de 18 ans, elle épouse Archibald J. Freiman (1880-1944), un juif d’origine lituanienne qui fondera Freiman’s, un grand magasin prospère dans la capitale canadienne.

Photographie de Lillian Freiman

Lillian Freiman, photographiée par William James Topley en 1908 à Ottawa.

(avec la permission du Topley Studio/Bibliothèque et Archives Canada)


Organisation du front intérieur

Au moment où éclate la Première Guerre mondiale en 1914, Lillian Freiman a trois jeunes enfants. Elle se consacre néanmoins à apporter du confort aux soldats du front et à ceux qui sont stationnés à Ottawa. En 1915, elle met sur pied le club de tricot et de couture de la Croix-Rouge, installant 30 machines à coudre dans sa maison. Les femmes juives s’y réunissent chaque semaine pour fabriquer des draps, des couvertures et des vêtements à envoyer à l’étranger. Ce club constitue la base de ce qui deviendra, en 1918, la filiale de Disraeli de l’Imperial Order Daughters of the Empire.

En 1917, Lillian Freiman, anticipant les difficultés auxquelles devront faire face les soldats rentrant au pays et devant réintégrer la société canadienne, contribue à la création de la filiale d’Ottawa (et plus tard de la Direction nationale) de l’Association canadienne des anciens combattants de la Grande Guerre. Cette organisation deviendra par la suite la Légion canadienne. On la connaît aujourd’hui sous le nom de Légion royale canadienne. Lillian Freiman aménage une partie de sa maison, qui servira de siège local. Elle rédige d’ailleurs la première lettre de l’organisation assise au bureau dont elle fait don.

Photographie de Lillian Freiman assise à son bureau

Lillian Freiman à son bureau, vers la fin des années 1920 ou le début des années 1930.

(avec la permission de la Ottawa Jewish Archive, OJA 1-567-01)


Assistance pendant la crise de la grippe espagnole

Une pandémie de grippe (la grippe « espagnole ») s’abat sur Ottawa en septembre 1918. Le maire Harold Fisher demande l’aide de Lillian Freiman pour mettre en place un organisme spécial pour faire face à l’épidémie. Pendant cinq semaines, elle travaille sans relâche aux côtés du Dr Robert Law, médecin hygiéniste en chef. Elle forme un groupe de 1 500 bénévoles qui soignent les malades et leur fournissent nourriture et vêtements. Au moment où l’épidémie est maîtrisée, elle est une personnalité aimée et respectée des Ottaviens de tous les milieux.

Campagne du coquelicot

En 1921, l’enseignante et travailleuse humanitaire Anna Guérin vient au Canada. C’est la directrice d’un organisme de bienfaisance qui vend des boutonnières en coquelicot pour amasser des fonds pour la France déchirée par la guerre. Lillian Freiman repère alors le potentiel que pourrait avoir une campagne similaire au Canada, afin de soutenir les anciens combattants et leur famille. Elle réunit un groupe de femmes dans sa maison pour fabriquer des coquelicots en tissu. La vente de coquelicots à Ottawa connaît un tel succès que des fournitures supplémentaires doivent être expédiées d’urgence de Montréal.


Un groupe de représentants officiels et de travailleurs de la Journée du Coquelicot à l’aéroport Rockliffe d’Ottawa, immédiatement après l’arrivée du lieutenant d’aviation Bryans, ARC, de Montréal, avec des approvisionnements supplémentaires de coquelicots. Lillian Freiman est la huitième personne à partir de la gauche.

(avec la permission de la Ottawa Jewish Archive, OJA 1-1157)


La première Journée du Coquelicot a lieu le 11 novembre 1921. Lillian Freiman présidera la campagne du coquelicot de la Légion canadienne de cette année-là jusqu’à sa mort en 1940. À ses funérailles, le bas de son cercueil est recouvert de coquelicots rouges.

Leadership au sein de la communauté juive

Après la Première Guerre mondiale, Lillian Freiman et son mari, Archie, s’intéressent au mouvement sioniste. Les sionistes de leur époque, avant la fondation d’Israël en 1948, cherchent à établir un État juif en Palestine. En 1919, elle assume la direction de Hadassah-WIZO, une organisation appelée à devenir une importante source de financement pour les activités sionistes tant en Palestine qu’au Canada.

Les règlements adoptés dans les années 1920 par le gouvernement canadien compliquent l’entrée des immigrants, en particulier des Juifs, au Canada. (Voir aussi Politique d’immigration canadienne.) En 1920, aucun des 137 000 orphelins juifs venus d’Europe de l’Est n’est autorisé à entrer au Canada ou aux États-Unis. Lillian Freiman organise alors une rencontre avec Frederick Charles Blair, un fonctionnaire du ministère de l’Immigration et de la Colonisation. Elle implore celui-ci de laisser entrer au pays 1 000 orphelins de guerre juifs ukrainiens. Suite à cette demande, 200 orphelins en bonne santé seront finalement acceptés.

En tant que présidente du Jewish War Orphans Committee of Canada (comité canadien des orphelins de guerre juifs), Lillian Freiman lance une campagne visant à amasser des fonds et à trouver des familles adoptives. En 1921, après avoir récolté 100 000 $, elle se rend en Belgique pour superviser le transport et le placement d’environ 150 enfants. (Les 200 orphelins autorisés par le gouvernement ne répondent pas tous aux différents critères du processus de sélection.) Les Freiman eux-mêmes adoptent Gladys (Rozovsky), âgée de 11 ans.

Le saviez-vous?
Lillian Freiman est la première Canadienne juive à se voir décerner l’Ordre de l’Empire britannique (OEB). Le jour de l’an 1934, le roi George V la nomme officière de la division civile de l’Ordre pour ses œuvres patriotiques et de bienfaisance.

Décès et commémoration

Au début des années 1930, la santé de Lillian Freiman se détériore. Pendant un séjour à l’hôpital en mai 1939, la filiale d’Ottawa de la Légion canadienne lui remet un béret d’ancien combattant et une lettre dans laquelle elle est décrite comme « le meilleur des soldats, et le plus méritant ». Elle s’éteint le 2novembre 1940 à l’âge de 55 ans.

Le 29 décembre 1941, une plaque dévoilée à la Légion d’Ottawa rend hommage à Lillian Freiman, « amie de tous les soldats et des personnes dans le besoin ». Le 8 mars 1942, la synagogue Adath Jeshurun d’Ottawa dévoile un vitrail commémoratif reconnaissant son dévouement à la cause d’Israël et de l’humanité. En 2008, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada désigne Lillian Freiman comme personnalité historique nationale. Sur sa plaque, on peut lire ceci : « Philanthrope et organisatrice douée, elle a œuvré pour la santé et le bien-être de ses concitoyens ».

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