Rupert du Rhin | l'Encyclopédie Canadienne

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Rupert du Rhin

Le prince Rupert du Rhin, duc de Cumberland, commandant militaire, corsaire, administrateur, artiste, scientifique, premier gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson et membre fondateur de la Royal African Company (né le 17 décembre 1619 à Prague, en Bohême [actuelle République tchèque]; décédé le 29 novembre 1682 à Londres, en Angleterre [actuel Royaume-Uni]). Neveu du roi Charles Ier d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, Rupert a été général de cavalerie et corsaire pendant les guerres civiles anglaises (1642-1651). Il a été le premier parent proche d’un monarque anglais à traverser l’océan Atlantique. Après la restauration de la monarchie anglaise en 1660, Rupert a présenté Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Grosseilliers à son cousin le roi Charles II et a persuadé celui-ci d’accorder une charte royale à la Compagnie de la Baie d’Hudson. La Terre de Rupert et la ville de Prince Rupert, en Colombie-Britannique, sont nommées en l’honneur du prince Rupert du Rhin.

Prince Rupert du Rhin

Guerre de Trente Ans

Rupert s’engage dans l’armée néerlandaise à l’âge de 14 ans afin d’aider à récupérer les terres de sa famille dans le Rhin, terres qui ont été saisies par le Saint-Empire romain germanique après la bataille de la Montagne Blanche. Capturé en 1638 alors qu’il commande un régiment de cavalerie palatine, Rupert est retenu prisonnier dans le Saint-Empire romain germanique jusqu’en 1641. Il résiste aux efforts des prêtres jésuites qui veulent le convertir au catholicisme romain.

Le traité de Westphalie de 1648, qui marque la fin de la guerre de Trente Ans, restitue une partie des terres du Palatinat en Allemagne au frère aîné de Rupert, Charles Louis. Cependant, Rupert et ses autres frères et sœurs ne reçoivent pas de terres et ne perçoivent qu’une faible compensation financière à la fin de la guerre. Ils doivent chercher leur propre fortune ailleurs.

Les guerres civiles anglaises

Rupert se rend pour la première fois à la cour de son oncle maternel, le roi Charles Ier d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, en 1635. Fidèle protestant, celui-ci est apprécié pour son franc-parler. Lorsque les guerres civiles anglaises éclatent entre le roi et le Parlement en 1642, Rupert et son jeune frère Maurice deviennent d’éminents commandants dans l’armée royaliste. Rupert remporte des victoires importantes à la bataille de Powick Bridge et à la bataille d’Edgehill, mais il est critiqué par les partisans du Parlement pour avoir introduit dans le conflit les tactiques brutales de la guerre de Trente Ans, notamment le pillage des villes qui refusent de se rendre. Ce sont les récits des tactiques de Rupert en tant que commandant royaliste qui introduisent le mot allemand plunder (pillage) dans la langue anglaise.

La veille de la bataille d’Edge Hill, 1642

Marine royaliste

Après une défaite royaliste décisive à la bataille de Naseby en 1645, Rupert est banni d’Angleterre. Charles Ier est jugé par le Parlement et exécuté en 1649. Pendant l’interrègne, alors que l’Angleterre est une république sans monarque, Rupert travaille pour le compte de son cousin, le futur roi Charles II. En tant que capitaine corsaire dans la marine royaliste, Rupert devient le premier parent proche d’un monarque anglais à traverser l’océan Atlantique. Rupert et son jeune frère Maurice sont en mer de 1650 à 1653, voguant d’abord vers Lisbonne pour tenter de rallier le Portugal à la cause royaliste, puis vers Madère, les Açores et la côte occidentale de l’Afrique. Rupert s’intéresse aux récits évoquant la présence d’or le long du fleuve Gambie et navigue à 150 milles à l’intérieur des terres – des activités qui influenceront sa participation ultérieure à la Royal Africa Company.

En 1652, la flotte royaliste traverse l’Atlantique, s’arrêtant à Montserrat, Saint-Kitts et Sainte-Lucie, et s’empare de navires espagnols et anglais du Protectorat contenant de l’or et des marchandises de valeur, comme le sucre. La marine royaliste est frappée par un ouragan en septembre 1652, entraînant la perte du navire amiral Constant Reformation, de 333 marins (dont Maurice) et d’une grande partie des richesses saisies sur les navires espagnols et anglais. Rupert retourne en Europe en 1653 et devient mercenaire.

Cour de la Restauration

En 1660, la monarchie est restaurée en Angleterre, et le cousin de Rupert, le roi Charles II, devient roi. Rupert, qui possède les titres de duc de Cumberland et de comte de Holderness, est une personnalité éminente à la cour de Charles II. Cependant, avec peu de revenus indépendants, il est toujours intéressé par de nouveaux débouchés commerciaux. En 1668, Charles II nomme Rupert au poste de connétable du château de Windsor, où il entretient une suite de chambres et entreprend des réparations et des rénovations, comme la reconstruction du court de tennis et la réparation de la tour du Diable.

Art et sciences

Rupert, scientifique amateur et enthousiaste, devient membre honoraire de la Royal Society. Sa signature figure d’ailleurs sur la première page du registre officiel de l’organisation. Il introduit de nouvelles technologies militaires en Grande-Bretagne, notamment de nouvelles formes de poudre à canon et de grenaille, ainsi que l’ancêtre de la mitrailleuse. Il invente un moteur de plongée pour récupérer des objets au fond de l’océan et présente à la Royal Society des articles sur le traitement des blessures de guerre, notamment les brûlures graves. En 1661, Rupert présente cinq pièces de verre en forme de têtard qui peuvent résister à des coups de marteau, mais qui se brisent en une fine poudre lorsque leur queue est coupée. Ces structures sont connues sous le nom de « larmes de verre ». En tant qu’artiste, Rupert est le pionnier des nouvelles techniques du mezzotinto, inventant la bascule utilisée pour rendre la plaque d’impression rugueuse afin d’obtenir un ton riche et velouté. Sa pièce la plus célèbre est Le bourreau de saint Jean-Baptiste (1658).

Le bourreau de saint Jean-Baptiste

Royal African Company

Rupert remonte le fleuve Gambie avec la marine royaliste en 1652 et s’intéresse toujours à la recherche d’or dans cette région après la Restauration. En 1660, le roi Charles II accorde une charte à la Company of Royal Adventurers Trading to Africa (Compagnie des aventuriers royaux d’Afrique), lui conférant le monopole du commerce anglais avec l’Afrique. Rupert est le premier gouverneur de la Royal African Company (Compagnie royale d’Afrique) et l’un de ses principaux investisseurs. Dans la charte originale, l’objectif principal de la compagnie est la recherche d’or le long du fleuve Gambie, mais une nouvelle charte émise en 1663 octroie à la compagnie le monopole du commerce britannique d’esclaves africains. La compagnie d’origine s’effondre en 1667 à la suite de pertes financières et est remplacée par la nouvelle Royal African Company en 1672. Rupert est membre du conseil d’administration de cette compagnie, et son cousin, le duc d’York (le futur roi James II), en est le gouverneur. Entre 1662 et 1731, la Compagnie transporte environ 212 000 esclaves d’Afrique vers les Amériques, dont 44 000 meurent au cours de ces voyages. (Voir aussi Esclavage des Noirs au Canada.)

Compagnie de la Baie d’Hudson

En 1665, Rupert rencontre Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Grosseilliers, qui lui parlent de leurs voyages vers la baie d’Hudson. Il les présente à son cousin Charles II. Ce dernier est d’abord réticent à financer leurs futurs voyages, car il craint un conflit avec un autre de ses cousins royaux, le roi de France Louis XIV. Rupert réunit un groupe d’investisseurs privés pour financer une expédition. En compagnie de ses collègues investisseurs, il remonte la Tamise à la rame pour faire ses adieux à Radisson et Des Groseilliers lorsque leurs deux navires quittent Londres le 3 juin 1668. Le retour de l’expédition en août 1669 prouve qu’il est possible pour les navires anglais de traverser l’océan Atlantique jusqu’à la baie d’Hudson, de commercer avec les peuples autochtones pendant l’hiver et de revenir avec une cargaison de peaux de castor l’année suivante. (Voir Traite des fourrures au Canada). La traite des peaux de castor, qui servent à la fabrication de chapeaux à la mode, est un commerce lucratif.

Le 2 mai 1670, le roi Charles II accorde la charte royale au « Gouverneur et à la Compagnie des aventuriers d’Angleterre faisant le commerce dans la baie d’Hudson ». Charles II nomme Rupert, « notre cher et bien-aimé cousin », premier gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson. En vertu de la charte royale, la nouvelle compagnie possède la totalité du bassin versant de la baie d’Hudson et détient le monopole de tous les échanges commerciaux dans cette région. Cette concession de terres, qui représente près de 40 % du Canada actuel, est connue sous le nom de « 

Enfants

Rupert ne s’est jamais marié, mais il a entretenu une relation durable avec l’actrice Margaret Hughes pendant les 14 dernières années de sa vie. Leur fille, Ruperta (1671-1741), épouse le lieutenant-général Emanuel Scrope Howe et donne naissance à six enfants. Rupert a également un fils, Dudley Bard (1666-1686), qui devient officier militaire et meurt au combat à l’âge de vingt ans.

Décès et héritage

La ville de Prince Rupert en Colombie-Britannique, le quartier de Prince Rupert dans le nord-ouest d’Edmonton et la rivière Rupert au Québec, qui se jette dans la baie de Rupert dans la baie James, portent le nom de Rupert. La Compagnie de la Baie d’Hudson reste la plus ancienne société commerciale par actions du monde anglophone. Ces dernières années, Rupert a fait l’objet d’un examen critique en raison de son rôle et de ses intérêts commerciaux dans la Compagnie de la Baie d’Hudson et la Royal African Company dans l’expansion de l’Empire britannique, le colonialisme et la traite transatlantique des esclaves.

L’actuel souverain du Royaume-Uni, du Canada et de 13 autres royaumes du Commonwealth, le roi Charles III, est un descendant de la plus jeune sœur de Rupert, Sophia de Hanovre, dont le fils aîné est devenu le roi George Ier en 1714.

La reine Elizabeth visitant le Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa, vers 1943-1965.
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Famille royale