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Expo 67

L'exposition universelle d'Expo 67 est l'événement le plus important des célébrations du Centenaire du Canada en 1967. Le sénateur québécois Mark Drouin lance l'idée de cette manifestation à Montréal pour en faire le pôle des célébrations du centième anniversaire du Canada.

Avec le sénateur Sarto Fournier, ancien maire de Montréal, il présente l'idée au Bureau des expositions internationales (BEI) à Paris, mais l'organisme penche d'abord en faveur de Moscou. Toutefois, vers la fin de 1962, l'URSS retire sa candidature et le maire de Montréal, Jean Drapeau, revient à la charge auprès du BEI, qui choisit le Canada. Le choix du BEI assure la participation d'à peu près tous les pays. De plus, le BEI classe l'exposition dans la « première catégorie », ce qui en fait la première de son genre en Amérique du Nord. Ainsi classée, l'exposition doit couvrir toute la gamme des activités de l'homme contemporain.

Pavillon des États-Unis
Pavillon des États-Unis et le minirail de l'Expo 67.
Pavillon du Canada
Pavillon du Canada à l'Expo 67.
Habitat 67

Choix du thème et du site de l’exposition

La loi de mise en oeuvre adoptée par la Chambre des communes à la fin de 1962 crée une société d'État, la Compagnie canadienne de l'Exposition universelle de 1967, qui a pour mandat de construire et d'organiser l'exposition. Trois partenaires doivent y contribuer : le gouvernement fédéral à 50 %, celui du Québec à 37,5 % et la ville de Montréal à 12,5 %. Comme le temps presse, les trois gouvernements convoquent une conférence d'éducateurs, de personnalités de la littérature et d'intellectuels à Montebello (Québec) afin de choisir un thème central pour l'exposition et une philosophie pour l 'accompagner. Terre des hommes, le thème choisi, reprend le titre de l'ouvrage du romancier, poète et aviateur français Antoine de Saint-Exupéry. Le plan directeur est terminé et présenté au Parlement à la fin de 1963, à l'échéance prévue. À la fin de 1966, la société, qui a recueilli des frais d'investissement d'environ 320 millions de dollars, prévoit des recettes de 138 millions de dollars, ce qui laisse entrevoir un déficit de 182 millions de dollars.


Le choix d'un site présente bien des difficultés, que l'échéancier serré ne fait qu'aggraver. On se penche sur plusieurs propositions pour finalement décider que l 'île Sainte-Hélène, parc situé au centre du Saint-Laurent et relié à Montréal par le pont Jacques-Cartier, sera agrandie grâce à des techniques de récupération de terre, en utilisant la roche et le limon dragués du fond du fleuve. De plus, une nouvelle île, l'île Notre-Dame, sera créée à proximité de l'île Sainte-Hélène, le long de la voie maritime du Saint-Laurent. La terre de remblaiement provenant du fond du fleuve se révèle insuffisante et, pendant des mois, les camions défilent à longueur de journée en direction du site, transportant leur chargement de terre. Le coût de construction du site, qui devait être de 10 millions de dollars selon les prévisions, passe alors à 40 millions de dollars.

Malgré tout, le site est officiellement cédé à la société d'exposition le 1er juillet 1964. Dans sa version définitive, il comprend quatre grandes zones. L'entrée, qui se trouve à la Cité du Havre, est l'ancienne jetée Mackay qui faisait partie du port de Montréal. De la Cité du Havre, le nouveau pont Concordia, qui enjambe le Saint-Laurent, mène à la première zone d'exposition dans la section ouest de l'île Sainte-Hélène. La troisième zone est l'île Notre-Dame. La quatrième, La Ronde, à l'extrémité est de l'île Sainte-Hélène, regroupe la plupart des manèges et autres attractions.

Édifices et expositions

Le programme thématique se divise en cinq grands groupes : L'Homme et son génie créateur, L'Homme interroge l'Univers, L'Homme à l'oeuvre, L'Homme et l'agriculture et L'Homme dans la cité. Ces groupes aussi se subdivisent en section. Pour respecter le thème, la compagnie investit près de 40 millions de dollars dans des pavillons thématiques stratégiquement situés autour du site, où ils servent de pôles d'attraction pour les groupes thématiques. Pour illustrer L'Homme et son génie créateur, quelque 160 peintures empruntées à des musées et à des collectionneurs du monde entier sont exposées. Ce sous-groupe réunit des expositions de sculptures, de photographies et de design industriel. Les sciences sociales et humaines sont regroupées sous le thème de L'Homme dans la cité.

Pavillons

Les pays qui acceptent de participer à Expo 67 construisent leur propre pavillon ou bien s'associent à d'autres pays dans des pavillons régionaux. Parmi eux, l'Union soviétique dépense environ 15 millions de dollars, la Tchécoslovaquie 10 millions de dollars et les États-Unis plus de 9 millions de dollars. La conception des pavillons est l'oeuvre des plus grands architectes du monde. L'ensemble est varié, et certains pavillons sont à couper le souffle. La pyramide d'Arthur Erickson, L'Homme dans la Cité, est faite de charpentes hexagonales en sapin de Douglas. Le pavillon de l'Allemagne, sorte de tente en plastique à crêtes multiples aussi haute qu'un immeuble de 15 étages, montre que le concept et le choix des matériaux peuvent changer radicalement la conception des édifices comme les auditoriums. Le pavillon des États-Unis, dôme géodésique réalisé par Buckminster Fuller, devient le prototype d'une nouvelle tendance architecturale. L'intérieur des pavillons varie aussi beaucoup. Quelques-uns exposent de simples biens de consommation et des machines, tandis que d'autres présentent avec imagination l'histoire d'un pays et ses traditions. Le révolutionnaire Habitat 67 du Montréalais Moshe Safdie est la preuve que par l'industrialisation des procédés de construction, il est possible de bâtir de meilleurs logements à des coûts moindres. Expo 67 nous fait aussi découvrir les nouvelles techniques de projection du cinéma. Des écrans multiples, omniprésents, confèrent aux images et aux bruits quotidiens une nouvelle dimension.

Expo 67 encourage aussi la participation du secteur privé et de divers groupes. Ainsi, sept églises chrétiennes se réunissent pour présenter le pavillon Chrétien. Figurent aussi dans cette dernière catégorie les pavillons de l'Association canadienne pour les Nations Unies, de la Communauté économique européenne, du Judaïsme, parrainé par la communauté juive du Canada, et de la Jeunesse.

Cérémonie d'ouverture d'expo 67
Ouverture d'Expo 67 avec le commissaire général d'Expo 67 Pierre Dupuy, le Gouverneur général du Canada Roland Michener, le premier ministre du Canada Lester B. Pearson, le premier ministre du Québec Daniel Johnson et le maire de Montréal Jean Drapeau.
Cérémonie d'ouverture d'expo 67
Cérémonie d'ouverture de l'Expo 67 avec le très Honorable Lester B. Pearson, premier ministre du Canada; le très honorable Roland Michener, gouverneur-général; Monsieur Daniel Johnson, premier ministre du Québec et Monsieur Jean Drapeau maire de Montréal
Le ballet national de la Jamaïque danse à Expo 67 à Montréal.
Image: Bibliothèque et Archives Canada/1970-019 NPC.
Des danseurs éthiopiens à Expo 67 à Montréal.
Image: Bibliothèque et Archives Canada/1970-019 NPC.
Des danseurs de la Corée du Sud à Expo 67 à Montréal.
Image: Bibliothèque et Archives Canada/1970-019 NPC.

Les règles du BEI permettent aux pays participants de présenter leurs artistes. Le Festival mondial des arts peut donc intégrer à son programme des groupes de renommée internationale tels que la troupe d'opéra La Scala de Milan, le Sir Laurence Olivier's National Theatre de Grande-Bretagne, le New York Philharmonic, l'Amsterdam Concertgebouw et le théâtre classique de la Grèce. Expo 67 et le Festival des films du monde de Montréal présentent conjointement plus de 30 longs métrages au cours du mois d'août. Au nombre des épreuves sportives figurent un tournoi international de soccer, un tournoi de crosse et une compétition d'athlétisme opposant les Européens aux Américains. Divers spectacles, comme un rodéo western et la première apparition de la Gendarmerie française en Amérique du Nord, complètent ces festivités qui viennent couronner les fêtes de l'anniversaire du Canada.

Impacts

En tout, 120 gouvernements répartis dans 60 pavillons sont représentés à l'Expo 67. Des milliers d'exposants et de commanditaires privés sont présents dans les 53 pavillons commerciaux ou les différentes installations du site. Le site avait été conçu pour accueillir 26 millions de visiteurs en 183 jours. En fin de compte, il se vend plus de 50 millions de billets d'entrée entre le 28 avril et le 27 octobre, et il faut ajouter à ce chiffre les 5 millions d'entrées accordées aux artistes, à la presse, aux dignitaires et aux employés. L'organisation et la tenue d'Expo 67 coûtent 283 millions de dollars au Canada, au Québec et à Montréal. Selon des études indépendantes, les retombées dont ont bénéficié les contribuables des gouvernements fédéral, provincial et municipal équivalent à près de deux fois ce montant. Ainsi, d'après les calculs, les recettes touristiques directement attribuables à Expo 67 auraient augmenté de 480 millions de dollars.

Lecture supplémentaire

  • « L’Expo 67 : 40 ans plus tard », Bulletin d’histoire politique, vol. 17, n° 1 (Automne 2008).

    Compagnie Canadienne de l'Exposition Universelle de 1967, Expo 67 : guide officiel (Montréal : Maclean-Hunter Limitée, 1967).

    Pauline Curien, L'identité nationale exposée. Représentations du Québec à l'Exposition universelle de Montréal 1967 (Expo 67), Thèse de doctorat en science politique, Université Laval, 2003.

    Pierre Dupuy, Expo 67 ou la découverte de la fierté (Montréal: Éditions de La Presse, 1972).

    Robert Fulford, This Was Expo (Toronto: McClelland and Stewart Limited, Illustrated Books Division, 1968).

    Monica Kin Gagnon et Janine Marchessault, Reimagining Cinema: Film at Expo 67 (Montréal & Kingston: McGill-Queen's University Press, 2014).

    Anna Jackson, Expo: International Expositions 1857-2010 (London : V&A Publishing, 2008).

    Yves Jasmin, La petite histoire d'Expo 67 : l'Expo 67 comme vous ne l'avez jamais vue (Montréal : Éditions Québec/Amérique, 1997).

    Rhona Richmen Kenneally et Johanne Sloan, dir., Expo 67 : Not Just a Souvenir (Toronto : University of Toronto Press, 2010).

    John Lownbrough, The Best Place to Be: Expo 67 and Its Time, (Allen Lane, 2012).

    André Lortie, dir., Les années 60 : Montréal voit grand (Montréal : Centre canadien d'architecture, 2004).

    Jocelyne Mathieu, « Châtelaine à Expo 67 : chronique de la modernité », Cahiers des Dix, n° 63 (2009) : 257-278.

Liens externes