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Les femmes et la ruée vers l'or du Klondike

La Ruée vers l’or du Klondike, de 1896 à 1899, a attiré près de 100 000 personnes, venues du monde entier, dans la région du Klondike, au Yukon. Les femmes ont joué un rôle vital dans la ruée vers l’or, bien que l’on estime qu’elles ne représentaient que 10 % de la population du Yukon au plus fort de la vague. En plus d’assurer les tâches domestiques, avec ou sans rémunération, les femmes ont exercé une multitude d’autres occupations au Klondike, notamment en tant que prospectrices, entrepreneuses, artistes, travailleuses du sexe ou infirmières.

Margie Sutherland

Contexte historique

Les femmes qui se joignent à la ruée vers l’or du Klondike proviennent de tous les milieux et de partout dans le monde. Certaines veulent s’enrichir, d’autres sont là pour l’aventure. La ruée vers l’or offre aux femmes une possibilité unique de se faire un nom, comme Kathleen Rockwell, une actrice de vaudeville qui devient célèbre sous le nom de « Klondike Kate ». Pour d’autres, c’est l’occasion d’exercer un métier auparavant fermé aux femmes, comme Katherine Ryan, la première femme engagée comme agent spécial de la Police à cheval du Nord-Ouest. Bien qu’elle n’ait été reconnue qu’un siècle plus tard, Shaaw Tláa, une femme Tagish, est aujourd’hui célébrée en tant que membre du groupe qui a fait la première découverte de l’or en 1896.

Beaucoup de femmes ont quitté la région après la fin de la ruée vers l’or, mais d’autres sont restées au Yukon. Lucille Hunter, une femme noire du Michigan, s’est installée au Yukon à l’âge de 19 ans et y a vécu jusqu’à sa mort à 93 ans. Martha Black, qui a parcouru la dangereuse piste Chilkoot alors qu’elle était enceinte de son troisième enfant, est devenue la première femme du Yukon, et la deuxième au Canada, à être élue à la Chambre des communes. D’autres sont venues pour assister à la ruée vers l’or en tant que touristes. Les riches Américaines Mary Hitchcock et Edith Van Buren ont visité la région en 1898, apportant avec elles des équipements de luxe comme un congélateur à crème glacée et une allée de bowling portative. Les femmes autochtones appartenant à des peuples qui habitaient la région depuis des temps immémoriaux ont vu leur mode de vie profondément transformé par la ruée vers l’or.

Prospecteuses

Entre 2 % à 6 % des prospecteurs du Klondike sont des femmes. Comme les hommes, elles doivent payer dix dollars pour un certificat de mineur qui leur donne le droit de prospecter de l’or et d’autres minéraux au Yukon pendant un an. Au plus fort de la fièvre de l’or, à peu près 13 % des personnes qui se rendent au Klondike trouvent de l’or. Beaucoup de femmes prospectent tout en exerçant un autre métier. C’est le cas de Nellie Cashman, une Américaine d’origine irlandaise qui a cherché de l’or en Amérique, au Mexique et en Afrique du Sud avant de se rendre au Klondike. Une fois arrivée, elle prospecte tout en tenant un restaurant et une épicerie. Finalement, une de ses concessions lui rapporte plus de 100 000 $. Les femmes qui ne sont pas intéressées par les travaux manuels de prospection ont la possibilité de devenir propriétaires, partenaires ou gestionnaires de concessions, ou d’investir et de pratiquer la spéculation.

Entrepreneuses

La ruée vers l’or du Klondike offre d’innombrables occasions d’affaires aux femmes. Belinda Mulrooney, une entrepreneuse américaine irlandaise, achète pour 5 000 $ de bouillottes, de soie et de coton avant de se rendre au Klondike. Elle revend l’ensemble de son stock en quelques jours, empochant 30 000 $, qu’elle utilise pour ouvrir un restaurant à Dawson. Belinda Mulrooney continue à amasser une fortune pendant la ruée vers l’or. Parmi ses autres entreprises, on compte des concessions d’or, une compagnie minière, deux hôtels et une compagnie d’eau embouteillée.

Belinda Mulrooney n’est pas la seule femme d’affaires active dans l’industrie hôtelière. Beaucoup de femmes tiennent des hôtels, des restaurants et des relais. Les buanderies, qui exigent un travail long et dur, sont aussi des entreprises très lucratives, pouvant rapporter à des femmes des milliers de dollars par année.

Dance Hall Girl

Artistes

Le soir, les mineurs déferlent dans les salles de danse et les théâtres de la rue Front, à Dawson, pour festoyer et dépenser leur or. Des femmes trouvent la fortune et la célébrité dans le monde du spectacle, certaines pouvant gagner jusqu’à plusieurs centaines de dollars en une nuit. Malgré sa voix peu remarquable, Cad Wilson captive le public et on dit qu’elle est l’artiste la mieux payée de Dawson. Quand elle entre en scène, des spectateurs font pleuvoir sur elle des pépites d’or.

Les spectacles de vaudeville comportent un assortiment de numéros de musique, de danse, de théâtre, de comédie et de gymnastique. Les femmes se présentent parfois sur scène en tenues affriolantes, mais elles s’habillent en tenue régulière avant de retourner sur la piste de danse. L’effeuillage est strictement interdit. Les « dance hall girls » du Klondike sont demeurées célèbres dans la mémoire collective, mais dans la vraie vie, elles sont affligées par de longues heures de travail, des salaires bas et le mépris de la société. En 1901, les dance hall girls du Klondike s’unissent pour former une association professionnelle qui lutte, avec succès, pour obtenir des augmentations de salaire et des pauses repas.

Les salles de spectacles fournissent aussi du travail à des femmes qui ne sont pas artistes. Les « percentage girls » accompagnent les clients et touchent 25 cents pour chaque danse et une cote de 25 % sur les consommations des hommes qui les accompagnent.

Babe Wallace

Travailleuses du sexe

Au plus fort de la ruée vers l’or du Klondike, les rapports de police suggèrent qu’approximativement 85 femmes travaillent dans l’industrie du sexe à Dawson. Au début, les travailleuses du sexe exercent leur métier librement dans la ville, certaines annonçant même leurs services sur des affiches ou des bannières suspendues aux fenêtres de leur logement. Plus tard, elles sont confinées par la police à certains quartiers, puis à l’extérieur des limites de la ville. Certaines femmes tentent d’échapper à la répression policière en camouflant leurs lieux de travail en tabagies ou buanderies. Bien que leur activité est vue comme une part essentielle de la vie urbaine, les travailleuses du sexe de Dawson subissent des risques énormes pour leur santé et leur sécurité, des conditions de vie difficiles et le mépris du reste de la société du Yukon.

Infirmières

Étant donnée la croissance rapide du nombre de colons dans le Klondike, il devient nécessaire de créer des établissements de santé pour soigner les blessures, les maladies et les épidémies qui accompagnent la ruée vers l’or. Trois des premières infirmières de la ruée vers l’or du Klondike sont des religieuses catholiques qui arrivent en 1898 pour prendre soin des patients du nouvel hôpital St. Mary de Dawson, bien qu’elles n’aient pas de formation officielle. Un mois plus tard, elles sont rejointes par quatre infirmières professionnelles membres de l’Ordre de Victoria, qui vient d’être créé. Les infirmières de l’Ordre de Victoria reçoivent un salaire annuel de 300 $ et leurs dépenses de voyage, leurs chambres et leurs pensions sont payées, ainsi que leurs uniformes. Des femmes médecins qualifiées qui n’ont pas encore reçu le droit de pratiquer au Canada travaillent aussi comme infirmières.

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