Histoire des migrations de travail au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Histoire des migrations de travail au Canada

Le développement économique du Canada s’est toujours appuyé sur la main‑d’œuvre fournie par des milliers de personnes immigrantes et migrantes et sur leurs contributions économiques. (Voir aussi Immigration économique au Canada; Immigration au Canada.) Ces travailleurs et travailleuses, venus d’une multitude de pays, occupent toute une série d’emplois, nombre d’entre eux finissant par s’installer définitivement au Canada. Cependant, ce modèle de travail et d’installation est en train d’évoluer, du fait des programmes canadiens visant la main-d’œuvre étrangère temporaire. (Voir aussi Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada.)

Cliquez ici pour consulter les définitions des termes clés utilisés dans cet article.

Migrations de travail avant le 19e siècle

La colonisation du Nouveau Monde par les Européens est essentiellement motivée par l’attrait des ressources naturelles et des échanges commerciaux : des industries saisonnières, comme la pêche, attirant, au 16e siècle, quelques‑uns des premiers colons européens sur la côte est du Canada. La traite des fourrures et la popularité des peaux de castor conduisent à la pérennisation d’un certain nombre de postes de traite. À cette époque, la migration européenne se limite largement aux explorateurs, aux missionnaires, aux soldats et aux négociants en fourrures (voir aussi : Coureurs des bois; Peuplement de la Nouvelle‑France).


Dessin à l’encre d'un coureur des bois, un officier et ses hommes du Régiment de Carignan‑Salières, et un Canadien partant en guerre.


Les efforts de colonisation de la Nouvelle‑France s’intensifient, dans un contexte où la France et l’Angleterre se disputent l’accès aux ressources, aux réseaux commerciaux et à la terre. Au milieu du 17e siècle, la Compagnie des Cent‑Associés est établie en France. Il s’agit d’un groupe d’entreprises commerciales françaises qui se voient confier la mission, qui va finalement s’avérer particulièrement délicate, de coloniser la Nouvelle‑France et d’en faire croître la population et l’économie. ( Voir aussi Mercantilisme; Régime seigneurial.)

Tout au long du 18e siècle et au début du 19siècle, les migrants contribuent à l’économie agricole de l’Amérique du Nord britannique (voir Agriculture au Canada). Des terres agricoles sont accordées aux loyalistes de l’Empire-Uni ayant émigré des États‑Unis en réaction à la Révolution américaine ( voir Loyalistes au Canada; Révolution américaine : invasion du Canada). Dans le même ordre d’idées, des Européens fuyant la crise économique ayant suivi les guerres napoléoniennes sont à la recherche de possibilités de s’installer sur des terres agricoles. Bon nombre de ces migrants finissent par s’établir de façon permanente au Canada.

Migrations de travail au 19e siècle

Avec l’essor de l’industrie, les activités économiques en Amérique du Nord britannique évoluent et ont désormais besoin de nouveaux travailleurs, notamment des ouvriers ( voir Industrialisation au Canada). Au cours des années 1840 et 1850, de nombreux Irlandais et Irlandaises, recherchant désespérément la possibilité d’une nouvelle vie, viennent s’installer en Amérique du Nord. (Voir aussiCanadiens d’origine irlandaise.) Beaucoup d’entre eux trouvent un emploi de bûcheron ou de débardeur. ( Voir aussi Histoire du commerce du bois; Cambuse.) D’autres travaillent dans le cadre d’un vaste réseau de campements établis aux environs des voies de chemin de fer et des canaux, s’étendant du lac Supérieur à l’océan Atlantique (voir Canaux et voies navigables intérieures; Histoire du chemin de fer au Canada). Les Irlandaises, cependant, comme les femmes qui les ont précédées, sont essentiellement employées dans le secteur du travail domestique, l’un des rares à offrir, à l’époque, des emplois rémunérés aux femmes (voir Femmes dans la population active).

L’immigration de main‑d’œuvre se répand très largement, après 1870, lorsque le Canada commence à prendre une part active au marché du travail transatlantique. L’expansion rapide du transport ferroviaire et maritime facilite la recherche d’emploi, à une grande échelle, par les travailleurs, en Amérique du Nord.

Dans un contexte de pénurie de main‑d’œuvre, à la fin du 19e siècle, de nombreux travailleurs immigrants arrivent au Canada pour travailler à la construction du Chemin de fer du Canadien Pacifique. Plus de 15 000 ouvriers chinois se rendent ainsi au Canada pour travailler sur les chemins de fer. Ils sont nombreux à s’acquitter des tâches particulièrement dangereuses de construction des voies ferrées, vers l’est, à travers les chaînes montagneuses de la Colombie‑Britannique. Un grand nombre d’entre eux y laissent leur vie, du fait de la dangerosité des conditions de travail.


Ouvriers chinois au travail sur le chemin de fer du Canadien Pacifique. Photographie, Colombie Britannique, aux environs de 1884.


Une fois achevé, le chemin de fer est à l’origine de nouvelles possibilités d’emploi : il faut par exemple des porteurs pour les voitures‑lits, des emplois qu’occupent de nombreux Canadiens noirs. Un bon nombre de travailleurs et travailleuses migrants noirs viennent également travailler au Canada, en provenance des États‑Unis et des Caraïbes.

Migrations de travail au 20e siècle

À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, le Canada met en œuvre des efforts intensifs, en vue de peupler les Prairies de l’Ouest et de développer l’économie agricole de la région. (Voir aussi Histoire de la colonisation des Prairies canadiennes.) Sir Clifford Sifton, ministre fédéral de l’Intérieur de 1896 à 1905, est un fervent promoteur de l’immigration. Bien qu’à l’époque, les politiques d’immigration demeurent favorables aux personnes originaires du Royaume‑Uni et aux protestants blancs européens, il encourage tout de même l’immigration de personnes de diverses nationalités et de différents groupes religieux, notamment des Ukrainiens et des Hongrois, ainsi que des mennonites. (Voir aussi La colonisation des Prairies canadiennes par les Ukrainiens.)


Carte faisant la promotion de l’immigration vers l’ouest du Canada en provenance d’Ukraine.


Les possibilités existant dans les Prairies canadiennes attirent de nombreuses personnes immigrantes de diverses origines, notamment des Chinois, des Noirs, des doukhobors et des mormons. Cependant, elles n’occupent pas tous des emplois agricoles. Certains individus recherchent plutôt des débouchés dans les zones urbaines et répondent à la demande de main‑d’œuvre émanant d’autres secteurs de l’économie canadienne. On notera, par exemple, le cas, à Winnipeg, d’une classe florissante de gens d’affaires juifs, à l’origine de la création d’entreprises commerciales prospères. Au début du 20e siècle, la colonisation des Prairies entraîne l’arrivée au Canada d’un nombre sans précédent de personnes issues de l’immigration : entre 1900 et 1914, environ 2,9 millions de personnes s’installent au Canada. Leur nombre commence toutefois à décliner avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, puis dans le contexte de la Grande Dépression. De plus, à cette époque, le gouvernement canadien adopte des politiques d’immigration discriminatoires interdisant à certaines personnes d’entrer au Canada, sur la base de leur race, de leur origine ethnique, de leur religion ou de leur nationalité. (Voir Loi de l’immigration chinoise; Décret C.P. 1911‑1324, la proposition d’interdiction de l’immigration noire au Canada.)

À compter de 1945, dans le cadre de l’avènement de la prospérité d’après‑guerre et d’une meilleure compréhension des droits de la personne, le statut des travailleurs et travailleuses immigrés non britanniques évolue progressivement. (Voir aussi Deuxième Guerre mondiale.) Ce contexte déclenche l’arrivée au pays de nouvelles cohortes d’immigrants et immigrantes. Des personnes déplacées d’origine européenne, nombreuses à avoir un niveau élevé d’éducation, abandonnent des emplois mal payés pour occuper des postes bien mieux rémunérés au Canada. Au cours de la même période, on assiste également à l’arrivée de travailleurs et travailleuses en provenance du sud de l’Europe, de l’Asie du Sud‑Est et, de plus en plus, des Antilles. Ces personnes répondent aux besoins de l’économie canadienne en travailleurs et travailleuses occupant des emplois mal payés, dangereux, itinérants ou saisonniers (voir Canadiens de l’Asie du Sud‑Est; Canadiens d’origine antillaise; Programme de recrutement des domestiques antillaises). Bon nombre de ces emplois sont situés dans des usines urbaines, sur des chantiers de construction ou dans des industries de services à faibles salaires, souvent à Toronto ou à Montréal, ces zones urbaines attirant de nombreux travailleurs immigrants nouvellement arrivés au pays.

L’introduction du système de points en 1967 permet la mise en place d’un système normalisé, n’utilisant aucun critère racial, pour évaluer et sélectionner les immigrants. Il favorise plutôt les candidats à l’immigration ayant fait des études supérieures et possédant des compétences professionnelles recherchées au Canada. (Voir aussi Immigration économique au Canada.)

Migrations de travail au 21e siècle

Au 21e siècle, le débat sur l’immigration de travail est relancé, en réponse à la pénurie de main‑d’œuvre canadienne. Deux programmes d’immigration pour les travailleurs temporaires sont en place au Canada : le Programme de mobilité internationale (PMI) et le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). (Voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada.) Certains employeurs soutiennent qu’il existe un besoin de main‑d’œuvre temporaire dans les secteurs économiques offrant de bas salaires, susceptibles d’être satisfaits de la manière la plus efficace par le PTET, créé en 1973. À l’opposé, les organisations syndicales et les groupes humanitaires affirment que ce type d’ententes, visant à « inviter » des employés à venir travailler provisoirement au Canada, relève à la fois de l’exploitation et de la discrimination, notamment parce que la majorité de ces nombreux travailleurs et travailleuses migrants ne sont pas d’origine blanche. Les enquêtes révèlent également l’existence d’agressions verbales, physiques et sexuelles perpétrées à l’égard de ces personnes. On discute également d’un autre enjeu consistant à savoir si le gouvernement devrait favoriser l’attraction de professionnels, souhaitant immigrer au Canada, qui seraient plus à même de répondre aux exigences technologiques et aux défis du marché du travail actuel.

L’immigration et les différentes compétences apportées par divers groupes de personnes constituent des fondements du Canada et de son économie. Les stratégies ciblées du Canada en matière de main‑d’œuvre et de migration ont des incidences, aussi bien positives que négatives, sur la vie et sur les moyens de subsistance économique de milliers de travailleurs et travailleuses immigrants et migrants. Le Canada demeure tributaire des contributions économiques et des talents de ces travailleurs.

Mots clés

Immigrant Personne qui s’installe dans un nouveau pays (voir Immigration au Canada).

Migrant Personne qui réside en dehors de son pays d’origine ou qui se déplace d’un endroit à un autre. De plus en plus, on utilise les termes « migrant » et « immigrant » de manière interchangeable, traduisant ainsi la complexité actuelle des migrations humaines.

Résident temporaire Personne qui a la permission d’entrer temporairement dans un pays. Au Canada, ce terme s’applique aux ressortissants étrangers, notamment les étudiants, les visiteurs et les participants au Programme de mobilité internationale et au Programme des travailleurs étrangers temporaires (voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada).

Liens externes

En ce Mardi je donne, faites un don à L’Encyclopédie canadienne!

Un don fait aujourd’hui à L’Encyclopédie canadienne aura un impact encore plus important grâce à l’offre faite par un généreux donateur anonyme de verser en cadeau une somme égale à tous les dons reçus. Du 3 décembre au 10 décembre 2024, les dons seront ainsi égalés jusqu’à concurrence de 10 000$! Tous les dons de plus de 3$ recevront un reçu pour fin d’impôt. Merci de soutenir L’Encyclopédie canadienne, un projet de Historica Canada.

Faites un don