Ressources naturelles au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Ressources naturelles au Canada

Les ressources naturelles sont des éléments du milieu naturel dont on peut tirer des produits et des services. Elles comprennent l’air, l’ensoleillement, l’eau, la terre, la végétation, la vie animale et les ressources géologiques. On peut aussi les apprécier pour elles-mêmes ou pour leurs qualités esthétiques. Les humains doivent bien gérer les ressources naturelles afin d’en perpétuer les bienfaits.

À ce chapitre, le Canada est un des pays les mieux pourvus au monde. Ses ressources vastes et diverses sont au cœur des économies et des cultures qui s’y côtoient. Mais les modes d’exploitation, de partage et de gestion des ressources naturelles font l’objet de débats constants.

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Ce texte est l’article intégral sur les ressources naturelles au Canada. Si vous souhaitez lire un résumé en langage simple, veuillez consulter : Ressources naturelles au Canada (résumé en langage simple).

Les mineurs chinois cherchent de l'or près de North Bend en Colombie-Britannique, en 1891.

Types de ressources naturelles

Ressources non renouvelables

Lorsqu’une ressource prend plus de temps que la durée d’une vie humaine pour se renouveler (ou qu’elle ne se renouvelle pas du tout une fois épuisée), on dit qu’elle est « non renouvelable ». Ainsi en est‑il des minéraux, qui peuvent mettre des millions d’années à se former. En outre, une fois qu’ils sont extraits de la terre et transformés par des procédés industriels, ils ne peuvent être réutilisés. On parle alors de consommation « totale ».

Le sol aussi est une ressource non renouvelable : une fine couche peut mettre des centaines d’années à se former. Les sols bien gérés favorisent la production de biomasse ‒ matières végétales et déchets animaux présentant un potentiel d’énergie ‒ sur de longues périodes (voir Énergie de la biomasse).

Le pétrole, le gaz naturel, le charbon et les minerais métallifères sont d’autres exemples de ressources non renouvelables, parce que la nature met des millénaires à les créer.

Minerai d’uranium

Comme il coûte très cher d’extraire les ressources non renouvelables, on a tendance à les exploiter seulement lorsque les avantages excèdent les coûts. Par exemple, il y a longtemps que les avantages du pétrole (alimenter les voitures, chauffer les maisons, fabriquer des matériaux) stimulent l’exploration et la production de pétrole au Canada.

Le saviez-vous?
Les gouvernements peuvent encourager ou décourager l’exploitation d’une ressource en influençant son prix. En 2019, par exemple, le gouvernement fédéral a lancé un programme national de tarification du carbone, visant à réduire la consommation de combustibles fossiles en faisant monter les prix de produits comme l’essence. Le but ultime était de réduire les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques.


L’exploitation des ressources non renouvelables exige de longs processus de repérage, d’extraction et de mise en marché. Pour recueillir suffisamment d’information sur une ressource, il faut parfois effectuer de nombreux levés géophysiques et géologiques. Les entreprises ont aussi besoin de la technologie appropriée pour l’exploiter et la transformer en un produit commercialisable. Elles doivent aussi en général effectuer une évaluation d’impact sur l’environnement pour déterminer si les avantages excèdent effectivement les coûts et les incidences néfastes.

Ces dernières années, beaucoup de projets d’exploitation de ressources non renouvelables ont suscité la controverse. De nombreux Canadiens se soucient du tort causé à l’environnement, des changements climatiques, des dangers pour la santé et la société et des faibles rendements financiers obtenus en retour (voir Évaluation des répercussions sociales). Certains projets (p. ex., l’expansion du pipeline Trans Mountain qui va de l’Alberta à la Colombie-Britannique) ont provoqué des tensions et des batailles juridiques entre le gouvernement du Canada et des peuples autochtones, des municipalités et des mouvements écologistes. La controverse se manifeste aussi à l’étranger. Au Guatemala, par exemple, l’exploitation minière de l’or par des entreprises canadiennes a provoqué de la violence et de l’agitation chez les populations locales et les Autochtones.

Voir aussi : Industrie pétrolière.

Ressources renouvelables

Les ressources renouvelables sont celles qui se régénèrent en l’espace de quelques mois, années ou décennies ou qui se produisent de manière répétée (p. ex., l’énergie solaire et éolienne). L’eau, les plantes et les animaux sont généralement considérés comme des ressources renouvelables. Mais certaines de ces ressources peuvent avoir du mal à se renouveler si des changements surviennent dans leur habitat (p. ex., à cause de la pollution ou de piètres techniques de récolte). Il arrive aussi que des espèces végétales et animales soient récoltées ou chassées jusqu’à leur extinction.

La plupart des ressources énergétiques renouvelables dépendent des conditions atmosphériques. Comme la température, le vent, les précipitations et la nébulosité peuvent varier, elles ne se renouvellent pas toujours à leur plein potentiel. Par exemple, l’énergie solaire (produite par le rayonnement du soleil) est renouvelable parce que le soleil se lève et se couche chaque jour dans la plupart des endroits de la Terre. Mais l’alternance du jour et de la nuit, des nuages et du ciel clair fait que le rayonnement solaire direct ne se produit que par intermittence. Il en va de même pour capter l’énergie éolienne, puisque le vent souffle par intermittence.

Le grand avantage des ressources renouvelables est qu’on peut en tirer des bienfaits continuels :

  • qualités esthétiques et services écosystémiques (p. ex., l’air frais de la forêt et la purification de l’eau);
  • bienfaits économiques (p. ex., approvisionner l’industrie du bois d’œuvre);
  • activités de loisir (p. ex., le camping);
  • produits médicinaux (p. ex., la production de baume d’épinette et de thé du Labrador chez certains peuples dénés);
  • pratiques socio-culturelles (p. ex., le rôle de la chasse, du trappage et de la cueillette dans les modes alimentaires autochtones).

Voir aussi : Exploitation forestière; Énergie de la biomasse; Énergie géothermique; Hydroélectricité; Énergie des vagues océaniques; Énergie marémotrice; Utilisation des plantes par les Autochtones; Médicine traditionnelle des Premières Nations au Canada.

Les humains et les ressources naturelles

Les humains font de nombreux usages des ressources naturelles, dont la production de marchandises (p. ex., essence, bois d’œuvre, métaux). L’exploitation que nous en faisons peut accélérer des processus en cours dans l’environnement, mais nous pouvons aussi adapter nos activités pour faire face aux changements qui en découlent. Selon les décisions que nous prenons, des ressources peuvent changer, augmenter et diminuer avec le temps (voir aussi Biogéographie). Par exemple, la décision de protéger une forêt en créant un parc national a pour effet de la retirer des réserves de bois d’œuvre disponible tout en la préservant pour d’autres usages.

Parc national de la Jacques-Cartier

Les économies de certaines sociétés humaines reposent lourdement sur des ressources naturelles non renouvelables, tandis que d’autres (p. ex., les économies de subsistance) sont davantage axées sur des ressources renouvelables. L’exploitation que nous faisons d’une ressource dépend de ce que nous savons de son potentiel (comment nous pourrions l’exploiter) et de sa disponibilité (combien il y en a et dans quelle mesure elle est accessible).

Certaines ressources, comme les terres agricoles, appartiennent à des particuliers ou à des entreprises. D’autres, comme les forêts, les minéraux et l’eau, appartiennent à l’État, qui accorde des licences et des permis pour les exploiter. Les « ressources en copropriété » sont là pour la jouissance du grand nombre et n’appartiennent à personne en particulier (p. ex., les poissons, la faune, les éléments atmosphériques). Certaines personnes pensent qu’elles vont se dégrader ou s’épuiser rapidement du fait que chaque usager essaie d’en profiter le plus possible. D’autres, comme de nombreux peuples autochtones, pensent qu’elles peuvent durer pourvu que chacun en prenne soin de façon responsable.

Les rapports aux ressources naturelles diffèrent entre groupes politiques, religieux, géographiques et culturels, ce qui peut mener à des conflits. Au Canada, comme dans bien d’autres pays, des débats entre enjeux économiques et environnementaux ont suscité des contestations, des mouvements politiques et des litiges en droit. Par exemple, l’exploitation minière du charbon peut créer des emplois, mais les émissions causées par sa combustion ont été reliées à des changements climatiques et à des problèmes de santé. De tels débats surgissent aussi lorsque des peuples autochtones revendiquent des droits sur des ressources et des droits fonciers sur des terres que des sociétés commerciales, des gouvernements ou des particuliers veulent également exploiter (voir Territoire autochtone).

Mine de charbon

Gestion des ressources renouvelables

Pour être durables, les ressources renouvelables doivent être bien gérées, ce qui suppose de connaître les cycles de vie, de contrôler l’exploitation, de promouvoir l’utilisation responsable et de protéger les habitats. Par exemple, les scientifiques doivent se renseigner sur la taille, le cycle de vie et les habitudes migratoires des poissons dans l’océan. Comme les poissons se déplacent et sont considérés de propriété commune, des limites de prise et des mesures de conservation aident au rétablissement des stocks.

Une mauvaise gestion peut mettre fin à l’état renouvelable d’une ressource ou conduire à la nécessité de la restaurer. En Colombie-Britannique, par exemple, les Premières Nations et l’industrie de la pêche dépendent du saumon. Or, le saumon est une espèce menacée actuellement dans la province, à cause de la surpêche et d’autres facteurs environnementaux. Des scientifiques, des activistes et d’autres intéressés s’emploient à rétablir les populations de saumons.

Il n’est pas simple de contrôler l’exploitation et la gestion de ressources mobiles comme le poisson, la faune et l’air, qui traversent des frontières nationales et provinciales ou entrent dans des zones grises comme les océans. De plus, il peut survenir des conflits dans les pratiques de gestion et de conservation selon l’idée que les gens se font de l’état d’une ressource, à savoir si elle est en santé ou en péril.

Pratiques de gestion des ressources au Canada

La gestion des ressources, c’est l’art d’en prendre soin. Elle procède des philosophies, des sciences, des lois et des règlements par lesquels les gens interagissent avec le milieu naturel. Bien qu’il en existe de nombreuses pratiques différentes, toutes reconnaissent aux êtres humains le devoir de préserver les ressources naturelles.

La gestion des ressources naturelles renvoie généralement à un processus en évolution continuelle plutôt qu’à un système figé. Elle intéresse souvent de nombreuses parties et est liée à des facteurs qui changent constamment, comme les lois et les conditions environnementales. Des stratégies d’adaptation s’imposent donc.

Refuge d'Oiseaux migrateurs

En vertu de la Constitution canadienne, les provinces et les territoires sont pour la plupart responsables de la gestion des ressources naturelles (voirLois concernant le transfert des ressources naturelles, 1930). Bien que leurs lois diffèrent quelque peu, de nombreux principes communs s’appliquent, dont :

  • la conservation au moyen de parcs et d’aires protégées;
  • des régimes provinciaux de chasse et de trappage;
  • l’interdiction de la vente des espèces sauvages.

Les gestionnaires doivent souvent mettre en balance la préservation de la biodiversité et des écosystèmes avec des intérêts économiques, dont ceux du tourisme, de l’industrie et d’autres exploitants des terres.

Voir aussi : Droit de l’environnement; Conservation et aménagement de la faune; Ressources naturelles Canada.

Pratiques autochtones de gestion des ressources

Les principes d’exploitation, d’égalité d’accès, de préservation et de développement durable existent dans les sociétés autochtones depuis la nuit des temps. Les pratiques d’intendance sont nombreuses et diverses chez les peuples autochtones, selon les ressources particulières à chaque endroit et la culture qui s’y est développée (voir Paysage culturel autochtone).

Par exemple, les Anishinaabeg du Manitoba pratiquent une gestion durable des ressources depuis des milliers d’années. De génération en génération, ils s’en sont transmis les principes de vive voix ou par la formation pratique. Ils les appliquent toujours aujourd’hui, mais beaucoup de ces principes ne figurent pas en toutes lettres dans les plans d’aménagement et les lois. On les applique aussi en faisant appel à l’imagerie par satellite, aux drones et à la preuve scientifique. ( Voir aussi : Pimachiowin Aki.)

Les pratiques durables des peuples autochtones ont eu leur influence au Canada. En certains endroits, les communautés collaborent avec les gouvernements pour préserver la santé et la productivité de leurs ressources naturelles. C’est que beaucoup d’entre elles dépendent toujours des écosystèmes ambiants pour leurs activités de chasse, de trappage, de pêche, de cueillette et d’artisanat. En Colombie-Britannique, par exemple, les Lheidli T’enneh, un groupe appartenant aux Premières Nations Dakelh, administrent le parc et l’aire protégée Ancient Forest/Chun T’oh Whudujut en collaboration avec des chercheurs universitaires et des scientifiques du service des parcs de la province.

Certaines communautés s’allient aussi à des partenaires industriels pour gagner leur vie grâce aux ressources naturelles. Ainsi dans le nord du Manitoba, quatre Premières Nations cries se sont associées avec Manitoba Hydro pour des barrages hydroélectriques sur le cours inférieur du fleuve Nelson. Le projet de centrale de Keeyask met à contribution le savoir ancestral des Cris pour réduire son incidence sur l’esturgeon jaune et d’autres espèces.

Enjeux

Le Canada est un des pays les mieux pourvus au monde en ressources naturelles. C’est un atout national de taille dans l’arène économique et culturelle. Mais les Canadiens ont plusieurs défis à relever s’ils veulent continuer à profiter de leurs ressources aussi variées que considérables.

Les ressources les plus accessibles et de la meilleure qualité ont été exploitées intensivement. Les meilleures terres arables sont cultivées depuis de nombreuses décennies. Les gisements de pétrole les plus accessibles n’atteignent plus les sommets de production d’autrefois. Il est donc devenu prioritaire de maintenir la productivité des terres et de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en pétrole.

Pompe à huile en Saskatchewan

Or, pour maintenir la productivité des ressources renouvelables, il faut des pratiques de gestion durable axées sur la régénération. L’exploitation forestière en offre un bon exemple, elle qui fonctionne maintenant de manière durable au Canada. Les forêts épuisées dans la première moitié du 20e siècle se sont régénérées depuis. Quant aux ressources non renouvelables, il faut prospecter en permanence et miser sur le progrès technologique pour accroître l’efficacité de l’extraction et de l’exploitation. De nouvelles technologies peuvent aussi faciliter le travail dans des milieux relativement inaccessibles, souvent sensibles.

Une autre difficulté tient aux contraintes que la croissance démographique et la multiplicité des usages possibles font peser sur les ressources, surtout près des grandes agglomérations. Par exemple, une région boisée peut offrir un potentiel d’exploitation forestière ou minière, ou se prêter à l’aménagement d’un parc ou d’une réserve faunique. Des terres agricoles près d’un centre urbain pourraient faire place à un aéroport ou à un développement immobilier. Dans bien des régions, les ressources naturelles se trouvent en territoire autochtone, ce qui oblige les exploitants à respecter les droits des premiers occupants. En Colombie-Britannique notamment, une province dont la plus grande partie est visée par des revendications territoriales, les conflits perdurent au sujet des ressources naturelles.

On Native Land (Sur les territoires autochtones)

La croissance économique du Canada dépend de l’investissement étranger et de l’accès aux marchés d’exportation. Pour contribuer de manière appréciable à l’économie, les ressources canadiennes doivent pouvoir soutenir la concurrence mondiale en matière de prix, de qualité et de sûreté d’approvisionnement. Certains aspects du marketing à l’export, comme les transports, doivent donc être hautement rentables. Le transport du pétrole et du gaz naturel pose un problème depuis quelques années, différents groupes et partis politiques étant réticents à voir installer de nouveaux pipelines et augmenter la circulation des pétroliers.

Les ressources naturelles sont au cœur des débats sur la lutte aux changements climatiques et la réconciliation avec les peuples autochtones. La contribution des émissions de combustibles fossiles au réchauffement planétaire provoque des dissensions politiques sur le développement des sables pétrolifères, les pipelines et les projets d’énergie renouvelable. Des enjeux politiques et juridiques se posent aussi autour de l’obligation de consulter les communautés autochtones au sujet de l’exploitation de ressources dans leur territoire ancestral, de la notion de « consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause » et du partage des bénéfices tirés d’une telle exploitation.

Ressources naturelles par province ou région

Ressources naturelles de la Colombie-Britannique
Ressources naturelles des territoires
Ressources naturelles de l’Alberta
Ressources naturelles de la Saskatchewan
Ressources naturelles du Manitoba
Ressources naturelles de l’Ontario
Ressources naturelles du Québec
Ressources naturelles des provinces de l’Atlantique

Mots clés: Ressources naturelles

Qualités esthétiques et inhérentes


Aspects de la nature qui sont agréables aux sens (p. ex., beaux paysages, air pur de la forêt) ou appréciés pour ce qu’ils sont.

Consommation totale


Exploitation d’une ressource naturelle qui la retire du système et ne la remplace pas (p. ex., abattre des arbres pour fabriquer des produits du papier, transformer des minéraux en métaux).

Services écosystémiques


Contributions des écosystèmes au bien-être et à la qualité de vie des humains (p. ex., approvisionnement en aliments, purification de l’eau, enrichissement spirituel, loisirs).

Consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause (CPLCC)


Principe du droit international et des droits de la personne applicable aux projets visant les territoires de peuples autochtones. Il entraîne l’obligation d’obtenir le consentement (l’accord) du peuple concerné avant que le projet ne soit engagé. Il stipule en outre que le peuple doit pouvoir faire son choix en toute liberté et en toute indépendance. On doit aussi lui fournir toute l’information pertinente dans un format adapté à sa culture. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones reconnaît le principe du CPLCC. Le gouvernement canadien a annoncé son adhésion à la Déclaration en 2016, mais des zones grises subsistent quant à l’application du principe dans le droit canadien.

Titre autochtone


Le titre autochtone est un droit inhérent, reconnu en common law, qui tient au fait que les peuples autochtones étaient maîtres des terres ancestrales qu’ils occupaient et exploitaient avant la colonisation (voir aussiTerritoire autochtone). On parle aussi de « titre primitif », qui témoigne d’un fort lien avec la terre depuis des temps immémoriaux, reconnu d’ailleurs dans la Proclamation royale de 1763 et dans les traités.

Liens externes