Iroquoiens du Saint-Laurent | l'Encyclopédie Canadienne

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Iroquoiens du Saint-Laurent

Les Iroquoiens du Saint-Laurent étaient un groupe de nations qui occupaient un vaste territoire s’étendant le long du fleuve Saint-Laurent, de l’embouchure du lac Ontario jusqu’en aval de la ville de Québec. Ils ont occupé ce territoire de 1200 à 1600 de notre ère, et certains chercheurs suggèrent une occupation dès 500 de notre ère. Ils font partie de la famille linguistique iroquoienne qui comprend plusieurs communautés culturelles distinctes qui partagent des langues et des modes de vie sédentaire similaires. À l’époque du contact avec les premiers explorateurs européens, la famille linguistique iroquoienne était composée de douze groupes importants : Wendat-Huron, Neutre, Pétun, Erié, Sénéca, Cayuga, Onondaga, Oneida, Kanyen’kehà:ka (Mohawk), Andaste, Wenro et Iroquoien du Saint-Laurent. Ces peuples vivaient dans les régions qui sont maintenant le sud et le centre de l’Ontario et du Québec, ainsi que dans les États de Pennsylvanie et New York.

Les villages des Iroquoiens du Saint-Laurent

Les Iroquoiens du Saint-Laurent sont des horticulteurs sédentaires qui vivent dans des villages situés sur des pentes et des plateaux à l’écart du fleuve Saint-Laurent. Ces villages se trouvent habituellement près d’un petit cours d’eau et souvent près d’un marécage. Les villages sont composés de plusieurs maisons longues rectangulaires mesurant environ 30 mètres de long par 5 mètres de largeur et 7 mètres de hauteur. La charpente est faite de poteaux pliés, liés ensemble par des cordes de chanvre et enfoncés dans le sol. Le toit en forme d’arche et les côtés des habitations sont recouverts de larges pans d’écorce de cèdre ou de sapin et parfois d’orme. Plusieurs foyers sont alignés le long d’un couloir central, et un grand foyer est partagé par deux familles, et des banquettes pour dormir sont installées au-dessus du sol de chaque côté. Les portes sont situées à chacune des extrémités de la maison. Chaque maison longue abrite des individus issus d’un même clan maternel. Par conséquent, dans une habitation, les hommes proviennent de clans différents de ceux des femmes. Le plus ancien village d’Iroquoiens du Saint-Laurent découvert à ce jour au Québec est le site McDonald qui date d’environ 1320 de notre ère. Le plus grand site est le site Droulers-Tsiionhiakwatha qui a probablement abrité près de 500 à 800 personnes. Ces deux sites sont situés dans le sud-ouest du Québec, dans la région de Saint-Anicet.

Activités de subsistance

Les saisons influencent considérablement l’intensité des activités au sein des villages. Les hommes partent chasser et pêcher surtout au printemps et à l’automne, tandis que l’été et l’automne sont principalement consacrés à la semence, à l’entretien des champs, à la récolte et à la cueillette de baies. Ces activités sont généralement effectuées par les femmes et les enfants. En conséquence, la vie sociale des villages est plus intense en hiver entre les mois de novembre et de mars. C’est également la période où les surplus accumulés de maïs sont de la plus haute importance.

Production horticole

Hormis la préparation préalable de la terre pour la culture, la production horticole est en grande partie réalisée par les femmes dans des zones situées le plus souvent près du village. D’abord, la forêt est partiellement brûlée pour dégager les champs, qui sont ensuite préparés pour l’ensemencement à l’aide d’un bâton servant à creuser un trou et y enfouir les graines. Il faut en moyenne un acre de terre cultivée pour subvenir aux besoins d’une personne par année. Les Iroquoiens du Saint-Laurent cultivent également d’autres cultures comme le haricot, la courge et le tournesol et le tabac. La chasse et la pêche demeurent néanmoins d’importantes activités de subsistance.

Trois différentes méthodes sont utilisées pour conserver le maïs : le séchage à l’intérieur, le rôtissage partiel des épis et l’entreposage des grains dans des fosses d’entreposage tapissées d’écorce et situées à l’intérieur des maisons. À son apogée (vers 1500 de notre ère), l’horticulture représente environ 75 % de l’alimentation des Iroquoiens du Saint-Laurent. Néanmoins, ils déplacent régulièrement l’emplacement de leurs champs pour préserver les éléments nutritifs du sol. Les zones cultivées deviennent de plus en plus éloignées des villages, ce qui entraîne une relocalisation en moins de 20 ans. D’autres facteurs qui contribuent également à la nécessité de déplacer les villages incluent l’épuisement du gibier dans les régions des villages en raison de la chasse intensive, ainsi que la détérioration des habitations qui nécessitent des réparations constantes.

Culture matérielle

La division du travail est présente à tous les niveaux dans la société des Iroquoiens du Saint-Laurent, incluant la fabrication des objets. Les hommes fabriquent des outils de chasse en os ou en pierre, des ustensiles en bois, des filets de pêche en chanvre tressés, des instruments pour l’agriculture en bois et en os et des pipes en argile cuite. Pour leur part, les femmes confectionnent des vêtements décorés de perles ou de piquants de porc-épic, des mocassins en cuir, des paniers en osier, des colliers cérémoniels ornés de perles en argile ou en pierre et surtout des récipients en argile utilisés pour la cuisson ou l’entreposage des aliments. Ces récipients sont soigneusement décorés de figures géométriques. Généralement, c’est l’aînée de la maison qui appose sa signature artistique sur les produits artistiques de la maison.

Disparition des Iroquoiens du Saint-Laurent

Vers la fin du 16e siècle, les Iroquoiens du Saint-Laurent disparaissent mystérieusement en abandonnant leurs anciens territoires, entre le dernier voyage de l’explorateur français Jacques Cartier en 1541 et l’expédition subséquente de Samuel de Champlain en 1603. En fait, à l’exception de quelques informations éparses, on ne sait que très peu de choses sur le sort des Iroquoiens du Saint-Laurent. Les chercheurs ont différentes théories ou ils utilisent une combinaison de facteurs pour expliquer le départ de ces groupes de la vallée du Saint-Laurent. Il est probable que les causes principales soient l’impact des maladies transmises par les Européens, les guerres de conquête initiées par des groupes extérieurs (les Wendats, les Mi’kmaq ou Haudenosaunee, les Kanyen’kehà:ka, les Cayugas, les Onondagas, les Oneidas et les Sénécas), ainsi que des guerres sur le contrôle des routes de traite avec les Européens et les changements climatiques. Toutefois, à ce jour, aucune de ces hypothèses n’a été véritablement validée.

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