Les Micmacs
(Mi’kmaw, Micmacs, ou L’nu, qui signifie « les gens » en micmac) sont un peuple
autochtone faisant partie des premiers habitants des provinces canadiennes de
l’Atlantique. Dans les ouvrages historiques, les Micmacs sont parfois désignés
sous d’autres noms, notamment gaspésiens, souriquois et tarrantines. Les
communautés micmaques contemporaines vivent principalement en Nouvelle-Écosse
et au Nouveau-Brunswick, bien qu’on en trouve également un grand nombre au Québec, à Terre-Neuve,
dans le Maine et dans la région de Boston. En 2015, un peu moins de 60 000 personnes
sont inscrites comme Micmacs au Canada. Dans l’Enquête nationale auprès des
ménages de 2011, quelque 8 935 personnes affirment parler la langue micmaque.
Selon le recensement de 2016 du gouvernement du Canada, quelque 8870 personnes
parlent le micmac.
Territoire traditionnel
Les Micmacs
font partie des premiers occupants de la région atlantique canadienne; ils ont
habité les côtes de Gaspé
et les provinces maritimes
à l’est du fleuve Saint-Jean
. Ce territoire traditionnel, appelé
Mi’gma’gi (Mi’kma’ki), est constitué de sept zones : Unama’gi (Unama’kik),
Esge’gewa’gi (Eskikewa’kik), Sugapune’gati (Sipekni’katik), Epegwitg aq Pigtug
(Epekwitk aq Piktuk), Gespugwi’tg (Kespukwitk), Signigtewa’gi (Siknikt) et
Gespe’gewa’gi (Kespek). Les Micmacs occupent toujours ces régions, en plus de
quelques communautés à Terre-Neuve et en Nouvelle-Angleterre, plus
particulièrement près de Boston. Selon l’histoire orale micmaque et les données
archéologiques, les Micmacs peuplent Mi’gma’gi depuis plus de 10 000 ans (voir
aussi Territoire autochtone
).
Vie traditionnelle
L’histoire
orale et archéologique de Mi’gma’gi, avant l’arrivée des Européens, indique un
mode de vie saisonnier tant sur le plan de l’habitation que de la collecte des
ressources : les étés et printemps sont passés sur la côte, et les hivers,
dans les terres intérieures. Les Micmacs dépendent de ressources qu’ils
trouvent sur leur territoire et mettent à profit chaque élément de ce qu’ils
récoltent. Les crustacés, les petits comme les grands mammifères marins et
terrestres, par exemple, leur servent à se nourrir, à se vêtir et à fabriquer
des outils et des habitations. Ils utilisent aussi le bois abondant pour
construire, avec des peaux et des tendons d’animaux, des canots, des raquettes
et des abris. Les Micmacs comptent uniquement sur leur environnement pour
survivre, ce qui explique leur puissante vénération de la terre qui les
nourrit.
Population
En 2015, le
nombre de personnes inscrites
dans les Premières Nations
Micmacs s’élève à 58 763. De
ce nombre, 23 997 sont des membres de la Première Nation terre-neuvienne de
Qalipu, une communauté sans territoire officiellement reconnue par le
gouvernement du Canada en 2011. Si on exclut les Qalipu, 56 % des Micmacs
vivent dans des réserves
, selon les données de 2015. Le
territoire de Mi’gma’gi est habité par 30 nations Micmacs, dont 29 au
Canada. La bande micmaque Aroostook de Presque Isle, dans le Maine, compte plus
de 1 200 membres. Toutes ces communautés, sauf deux (la Première Nation Micmacs
des Qalipu et la nation des Micmacs de Gespeg, à Fontenelle, au Québec),
possèdent des terres de réserve. Un grand nombre de Micmacs vit toutefois à
l’extérieur des réserves, à Mi’gma’gi ou ailleurs. Enfin, il est important de
noter que d’autres Micmacs existent peut-être sans avoir été recensés
officiellement, le statut d’Indien
régulé par la Loi sur les Indiens
n’étant pas octroyé à tout le
monde.
Organisation politique et
sociale
Historiquement,
les colonies micmaques se caractérisent par un ensemble d’habitations communes
ou individuelles regroupées le long d’une baie ou d’un cours d’eau. Les
différentes communautés se rassemblent en vertu d’alliances ou de liens du
sang. Les dirigeants, élus en fonction de leur prestige plutôt que de leur
force, se préoccupent surtout de la bonne gestion de l’économie de subsistance,
comme la chasse et la pêche.
Les Micmacs entretiennent des liens étroits avec d’autres communautés locales, dont les Malécites et les Pescomodys. Ces trois peuples, avec les Penobscots et les Abénakis , forment la Confédération Wabanaki, un regroupement de nations actives sur le plan politique depuis leur premier contact avec les Européens jusqu’à aujourd’hui.
Le Sante
Mawiomi est le grand conseil qui fait office de gouvernement traditionnel pour
le peuple micmac au Canada, en plus d’être considéré comme leur autorité
spirituelle. Créé avant l’arrivée des premiers Européens, le Grand Conseil
existe encore aujourd’hui, bien que ses pouvoirs politiques soient restreints
par la législation fédérale, notamment la Loi sur les Indiens. Dans
les années 1600 et 1700, le Grand Conseil a débattu d’enjeux politiques et
a négocié des traités avec les Britanniques. Aujourd’hui, les membres du Sante
Mawiomi luttent pour la préservation et la promotion du peuple micmac, de sa
langue et de sa culture.
Des
représentants des quatre coins du territoire Micmac siègent au Conseil. À
l’époque, c’est le Grand Chef (Kji Sagamaw ou Kji Sagmaw)
qui défend le mandat de chef d’État pour l’organe politique collectif des Micmacs,
lui-même constitué de capitaines (keptins ou kji’keptan),
qui dirigent le conseil, de lecteurs de wampums
(putu’s ou putus),
qui maintiennent les traités et les lois traditionnelles, et de soldats (smagn’is),
qui protègent le peuple. Aujourd’hui, le chef, les capitaines et les lecteurs
dirigent encore le conseil, mais leur rôle, sous l’égide du gouvernement fédéral
, est réduit à des considérations
principalement spirituelles et culturelles. D’autres organisations, comme
l’Initiative sur les droits des Micmacs (Kwilmu’kw Maw-klusuaqn),
défendent la reconnaissance et l’application des droits issus des traités sur
la scène politique. (Voir aussi Traités autochtones
.)
Culture
À l’instar des autres peuples autochtones de la région des forêts de l’Est , les Micmacs créent des œuvres artistiques qui sont intimement liées au monde naturel. De nombreux artistes micmacs contemporains comme Alan Syliboy réinterprètent les traditions artistiques micmaques, notamment la peinture rupestre et l’art à base de piquants de porc-épic . (Voir aussi Art autochtone au Canada .)
La musique
est un autre élément important de la culture micmaque. Une foule de chansons et
de chants traditionnels sont encore interprétés aujourd’hui dans le cadre de
rituels spirituels, de festins, de mawiomi (rassemblements), de cérémonies
culturelles et de pow-wow
. Dans certains cas, les chants micmacs
sont composés de syllabes plutôt que de mots ayant un sens précis, pour
exprimer des émotions.
Le saviez-vous?
En avril 2019, un clip vidéo montrant Emma Stevens, une adolescente micmaque de Cap-Breton , en train de chanter « Blackbird » en micmac fait fureur sur le web. Cette reprise du classique des Beatles est produite par l’enseignant d’Emma, Carter Chiasson, traduite par l’enseignante Katani Julian et son père Alberta « Goldada » Julian, et filmée par Emma et ses camarades de classe à l’école secondaire Allison Bernard Memorial, dans la Première Nation d’Eskasoni , à Cap-Breton. Ils traduisent la chanson en micmac pour sensibiliser les gens aux conséquences de la mise en péril des langues autochtones pendant l’Année internationale des langues autochtones de l’ONU, en 2019. La vidéo prend son envol dans le monde entier et reçoit les éloges de nombreuses personnalités publiques, dont l’auteur-compositeur de la chanson, Sir Paul McCartney, ainsi qu’un tweet du premier ministre du Canada , Justin Trudeau .
Langue
Le micmac
fait partie de la famille Wabanaki des langues algonquiennes de l’est, qui
inclut les différents dialectes abénakis et les langues penobscots et
malécites-pescomodys. Dans l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011,
quelque 8 935 personnes affirment parler la langue micmaque. (Voir
aussi Langues autochtones au Canada
.)
Le micmac possède un alphabet écrit, composé de consonnes individuelles et doubles ainsi que de cinq voyelles qui peuvent être longues ou courtes. Historiquement, les Micmacs utilisaient des pictogrammes , mais le système d’écriture a changé au contact des missionnaires qui ont appris la langue pour enseigner le catholicisme au 17e siècle. À une époque, les Micmacs comptent plus de 17 dialectes différents, dont le restigouche, un dialecte unique au Québec . Le contact linguistique avec les locuteurs du français et de l’anglais , toutefois, a érodé la prévalence du micmac et effacé la plupart de ses différences dialectales.
Malgré de
multiples défis, des programmes linguistiques, notamment les programmes
d’immersion à l’école secondaire, aident à revitaliser la langue micmaque. En
1970, on comptait environ 6 000 locuteurs du micmac, contre près de 9 000
en 2011. Ces chiffres, toutefois, peuvent être trompeurs. En effet, l’Enquête
nationale auprès des ménages demande aux personnes d’auto-évaluer leur compréhension
de la langue, tandis que les linguistes mesurent la santé d’une langue selon le
nombre de locuteurs qui la parlent couramment. En 1999, un rapport publié par
le Centre d’excellence en formation linguistique micmac de Nouvelle-Écosse
mentionne que moins de 3 000 personnes
sont capables de parler couramment le micmac.
Le micmac
est néanmoins la seule langue autochtone encore en usage à Mi’gma’gi (le
malécite n’étant parlé que par 800 locuteurs en 2011). En tant que tel, il
demeure un symbole important de la vigueur culturelle et de la persévérance de
la communauté micmaque.
Religion et spiritualité
La
spiritualité micmaque est fermement ancrée dans le monde naturel. En effet, les
Micmacs croient que le secret d’une vie équilibrée réside dans le respect et la
protection de l’environnement et dans l’harmonie entre les peuples et les
créatures qui vivent sur la planète. L’analyse de la langue micmaque accroît
encore davantage l’importance fondamentale de cette vision du monde. Plutôt que
d’utiliser une structure séquentielle basée sur des temps de verbe (comme
l’anglais et le français), la langue micmaque se fonde sur l’expérience du
locuteur pour créer du sens.
La culture
et la religion traditionnelles des Micmacs reposent sur des personnages
légendaires comme Glooscap
, qui aurait formé la vallée de l’Annapolis
en se couchant sur la
Nouvelle-Écosse et en utilisant l’Île-du-Prince-Édouard
comme oreiller. Le Grand
Esprit est pour eux le créateur du monde et de tous ses habitants, une croyance
que les colons et les missionnaires catholiques n’ont pas réussi à déloger
lorsqu’ils ont commencé à influencer la spiritualité et la religion des Micmacs
au cours du 17e siècle. (Voir aussi Religion et spiritualité des
Autochtones au Canada
.
Histoires
de la création
Les Micmacs,
comme la plupart des peuples autochtones, racontent leur passé et leur
spiritualité à l’aide d’histoires. Selon une tradition orale micmaque, le monde
a été créé par le Grand Esprit en sept étapes : le ciel, le Soleil, la
Terre nourricière, puis les premiers humains, Glooscap, sa grand-mère, son
neveu et sa mère. Des étincelles de feu que Glooscap a créé de toute pièce sont
nés sept hommes et sept femmes, les fondateurs des sept régions de Mi’gma’gi.
Il existe toutefois de nombreuses histoires expliquant les origines du monde et
la manière de bien y vivre.
Christianisme
En 1610, le
chef Micmac Henri Membertou (sagamo ou sagamore)
devient le premier autochtone à recevoir un baptême catholique en Nouvelle-France
, donnant ainsi le coup d’envoi à un
mouvement de conversion intense et à un mélange des coutumes. Les peuples micmacs,
qui se sont rapidement adaptés aux marchandises importées d’Europe, sont
réceptifs aux nouvelles pratiques religieuses.
En 1610, un
concordat, entente formelle entre les Micmacs et le Vatican marquée par la
création d’un wampum
, est signé pour réguler les
affaires commerciales, politiques et religieuses entre les Micmacs et les
Français. En faisant des Micmacs des sujets catholiques français, le concordat
légalise le commerce et les autres relations entre les colons et les peuples
autochtones à Mi’gma’gi et en Acadie
. Si les Micmacs continuent de
pratiquer leurs propres coutumes, ils intègrent aussi les enseignements des
prêtres qui ont appris leur langue, liant ainsi le catholicisme à leur identité
spirituelle.
La religion des Micmacs demeure, encore aujourd’hui, solidement teintée de catholicisme. Au début des années 1990, des Micmacs d’un peu partout à Mi’gma’gi commencent à célébrer le Jour anniversaire du traité (le 1er octobre) en incorporant des rituels traditionnels tels que l’utilisation de tambours et la combustion d’herbes sacrées durant la messe catholique. Malgré tout, grâce à un travail consciencieux de la part du peuple autochtone pour conserver ses coutumes et croyances, la spiritualité micmaque traditionnelle est encore pratiquée aujourd’hui.
Histoire coloniale
Étant
proches de la côte Atlantique, les Micmacs font partie des premiers peuples
nord-américains à interagir avec les explorateurs, les pêcheurs et les
commerçants européens. Ils subissent donc très tôt une dépopulation et des
bouleversements socioculturels. Certains historiens estiment même que les
maladies européennes ont décimé près de la moitié de la population micmaque
entre les années 1500 et 1600.
En raison
de contacts et d’échanges commerciaux sporadiques avec les pêcheurs européens,
les Micmacs qui entrent en contact avec les premiers villages européens sur le
territoire que l’on appelle aujourd’hui le Canada connaissent déjà les colons,
leurs marchandises et leurs habitudes commerciales. De plus, on retrouve dans
l’histoire orale des Micmacs la prémonition d’une Micmaque selon laquelle des
gens arriveraient à Mi’gma’gi sur des îles flottantes. La femme a aussi prédit
l’arrivée d’un esprit légendaire qui aurait traversé l’océan à la recherche de
« gens aux yeux bleus ». Ces prédictions font en sorte que les Micmacs sont
déjà préparés lorsqu’ils rencontrent les pêcheurs pour la première fois sur
leur littoral.
À mesure
que les populations d’animaux à fourrure diminuent rapidement à cause de la
forte demande, les Micmacs participent à la traite des fourrures
en servant d’intermédiaires
entre les Européens et les bandes vivant plus à l’ouest. Ces circonstances
modifient profondément le mode de vie des Micmacs, qui se consacrent de plus en
plus au piégeage et à la vente des fourrures plutôt qu’à la chasse et à la
cueillette de subsistance.
Traités
Le conflit
prolongé entre les puissances coloniales françaises et anglaises force souvent
les Micmacs à se mêler aux batailles. De façon générale, les Micmacs sont des
alliés des Français, qui ont établi leurs colonies à travers l’Acadie jusqu’au
18e siècle. Au cours de ce siècle, toutefois, ils signent des
traités de paix avec l’Angleterre en 1726, 1749, 1752 et 1760-1761, suivis par
deux traités d’amitié concrétisant des alliances scellées durant la Révolution américaine
. Le traité de 1726 sert de base aux
traités ultérieurs. (Voir aussi Traités autochtones
.)
Ces traités
entre nations souveraines reconnaissent les droits ancestraux
inhérents des Micmacs et
servent de référence aux traités modernes de revendications
territoriales globales
et aux renégociations. La Proclamation royale de 1763, si elle définit
les droits des Autochtones dans la majorité du Canada, ne fait aucune mention
des colonies des Maritimes. C’est pour cette raison que la plupart des colons
européens ou loyalistes
arrivés après les traités ignorent
ou choisissent d’ignorer les droits des Micmacs.
En 1985, la Cour suprême du Canada
reconnaît que la relation
entre les Micmacs et la Couronne
date des traités signés au 18e siècle
et que, ce faisant, les Micmacs ont des droits ancestraux en ce qui a trait aux
territoires décrits dans ces traités. Depuis le 1er octobre
1986, le Jour anniversaire du traité
commémore en Nouvelle-Écosse et
dans d’autres régions du Canada atlantique la signature et la valeur des
traités de paix et d’amitié des Micmacs.
Luttes
des 19e et 20e siècles
La vie des Micmacs
est loin d’être aisée sous les gouvernances britannique puis canadienne. En
effet, ces gouvernements cherchent par tous les moyens à modifier leur style de
vie. La plupart des tentatives visant à faire des Micmacs des agriculteurs
échouent à cause de programmes mal conçus et de l’empiétement des terres
de réserve
. Le contexte économique, qui
privilégie l’emploi de travailleurs journaliers, provoque des changements
irréversibles : les artisanats, la tonnellerie, la pêche des marsouins et
les travaux routiers, ferroviaires et forestiers permettent aux Micmacs de
mieux s’intégrer dans l’économie du 19e et du 20e siècle,
mais les laissent néanmoins isolés sur le plan social.
Comme c’est
le cas pour de nombreux peuples autochtones au Canada, les Micmacs ressentent
toujours le traumatisme infligé par le système des pensionnats
. Dans les années 1940,
le ministère des Affaires indiennes
exacerbe cette dislocation
culturelle, générationnelle et économique en forçant plus de 2 000 Micmacs
vivant dans de petites communautés à déménager sur des réserves
désignées par le gouvernement.
Ces déplacements, mis en œuvre dans le seul but de simplifier l’administration
gouvernementale, témoignent d’une mauvaise gestion et de stratégies
expérimentales. Ils ont par conséquent des répercussions désastreuses sur les
communautés concernées. Les maisons, les églises et les usines sont abandonnées
et remplacées par des lieux de vie où les conditions sont misérables et où les Micmacs
deviennent dépendants sur le plan économique.
Le saviez-vous?
Malgré la discrimination dont ils sont victimes au Canada et l’absence de droits civils (les Micmacs et les autres peuples autochtones n’obtiennent le droit de vote qu’en 1960), plus de 200 soldats guerriers
Malgré la discrimination dont ils sont victimes au Canada et l’absence de droits civils (les Micmacs et les autres peuples autochtones n’obtiennent le droit de vote qu’en 1960), plus de 200 soldats guerriers micmacs (sma'knisk) ont servi dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC) pendant la Première Guerre mondiale . Nombre d’entre eux sont blessés ou tués au combat (voir Les peuples autochtones et la Première Guerre mondiale ). En outre, le caporal Samuel Gloade (Glode) a été hautement décoré pour sa bravoure sur le front de l’Ouest. Il a reçu la Médaille de conduite distinguée (DCM) pour avoir désarmé 450 mines terrestres et bombes en 1918, sauvant ainsi de nombreuses vies canadiennes.
Vie contemporaine et
activisme
Selon les
données de 2015, on compte 13 nations micmaques en Nouvelle-Écosse
pour une population totale de
16 268 inscrits. Le nombre de Micmacs dans les neuf nations du Nouveau-Brunswick
s’élève à 8 210 inscrits,
tandis que les deux nations vivant sur l’Île-du-Prince-Édouard
et les deux nations de Terre-Neuve-et-Labrador
comptent respectivement 1 294 et
26 966 inscrits. Les trois nations du Québec
, pour leur part, représentent une
population totale de 6 025 inscrits. Avant 2011, la population des Micmacs
inscrits à Terre-Neuve-et-Labrador était bien moins nombreuse; en effet, cette
année-là, le gouvernement fédéral a reconnu le statut de plus de 23 000 Micmacs,
qui ont formé la Première Nation micmaque des Qalipu.
La
formation de la nation Qalipu est un exemple de l’activisme qui perdure au sein
des Micmacs. En 1999, la Cour suprême du Canada confirme le droit de Donald Marshall fils
, et par extension de tous les Micmacs,
de pouvoir s’assurer une « subsistance convenable » grâce à l’exercice de la
chasse et de la pêche. Ce jugement fait suite à la condamnation, en 1996, de
Donald Marshall qui avait pêché en dehors de la période autorisée. La cour a
jugé que les traités de paix et d’amitié signés en 1760 et 1761 garantissaient
aux Micmacs le droit de pêcher.
Cette
décision déclenche la crise de Burnt Church, un conflit au cours duquel les
tensions entre les Micmacs et les pêcheurs non autochtones deviennent
explosives. En effet, les pêcheurs font valoir qu’une récolte non contrôlée
de homards
entraînerait l’effondrement des
stocks. Malgré la campagne de lobbying pacifiste menée par des organisations
comme Bay of Fundy Inshore Fishermen’s Association auprès de ses propres
membres, quelques pêcheurs non autochtones détruisent les pièges et d’autres
équipements appartenant aux Micmacs. La situation menace de dégénérer en scènes
de violence avant que le gouvernement fédéral y mette un point final ou
presque, en rachetant les permis et l’équipement de quelques pêcheurs non
autochtones et en concluant des ententes avec plusieurs communautés micmaques
pour réglementer une pêcherie commerciale. D’autres communautés micmaques ne
parviennent toutefois pas à une entente et continuent de réclamer du
gouvernement fédéral qu’il reconnaisse leurs droits issus des traités.
Les
tensions qui persistent entre les pêcheurs non autochtones et les pêcheurs Sipekne’katik
(Micmacs) au sujet de la pêche au homard s’intensifient en octobre 2020. Un
vivier à homard est incendié dans la nuit du 17 octobre à Pubnico-Ouest-le-Centre.
Les Micmacs font appel au gouvernement fédéral, qui est responsable des
pêcheries, pour qu’il fournisse des directives claires sur la signification de
« moyen de subsistance convenable » et sur ce que cela implique.
En octobre
2013, des membres de la Première Nation Elsipogtog, au Nouveau-Brunswick,
organisent une manifestation contre l’extraction du gaz naturel par fracturation hydraulique
sur les terres publiques
voisines de leur communauté. Les protestations sont centrées sur des arguments
environnementaux contre la fracturation hydraulique et le fait que le
territoire en question n’a jamais été cédé. Dans le cadre de la manifestation,
on érige des barricades sur la route 11 et plusieurs organisateurs sont
arrêtés. Les scènes montrant des manifestants non violents qui font face aux
agents de la GRC
sont immortalisées dans des
images devenues iconiques et relancent le débat sur les titres fonciers
autochtones ainsi que la politique de la gérance environnementale dans une
économie industrielle.