Maude Charron | l'Encyclopédie Canadienne

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Maude Charron

Maude Garon Charron, haltérophile (née le 28 avril 1993, à Rimouski, au Québec). Lors des Jeux olympiques d’été de 2020 à Tokyo, Maude Charron est devenue la deuxième Canadienne à remporter une médaille d’or olympique en haltérophilie, après Christine Girard, en 2012. Venue à ce sport après une formation de gymnaste et d’artiste de cirque, elle a remporté sa médaille dans la catégorie des 64 kg. Elle a également gagné des médailles d’or, aux Jeux du Commonwealth de 2018 et, cette même année, aux Championnats du monde universitaires d’haltérophilie.

Enfance

Maude Charron est la fille de Claire Garon et de Jean Charron. Enfant du milieu, elle a un frère aîné, Dominic, et une sœur cadette, Sarah. Elle commence à pratiquer la gymnastique dès l’âge de quatre ans et la compétition dans ce sport vers sept ou huit ans. Elle a sept ans quand elle manifeste pour la première fois un intérêt pour l’haltérophilie, après avoir vu, dans un film, quelqu’un soulever des poids. Cependant, lorsqu’elle dit à ses parents qu’elle souhaite s’essayer à ce sport, ils lui répondent qu’elle n’est pas assez grande et l’encouragent à continuer la gymnastique. (Adulte, elle atteindra 155 cm pour 64 kg.).

Alors qu’elle fréquente l’école secondaire Paul‑Hubert à Rimouski, Maude Charron continue de pratiquer la gymnastique et joue du hautbois dans l’orchestre scolaire. Sa professeure de musique, Marie‑Anick Arsenault, déclarera, plus tard, à Radio‑Canada : « Déjà au début du secondaire, elle avait choisi le hautbois, que je considère comme le plus difficile parmi les instruments à vent. […] Pour elle, ce qui est difficile semble simplement être un défi à relever. Il suffit d’y travailler, d’y mettre l’effort et on va réussir. […] Que ce soit avec un hautbois ou une barre d’haltérophilie dans les mains, elle avance. »

À la fin de son adolescence, Maude Charron fréquente l’École de cirque de Québec et rêve d’intégrer le Cirque du Soleil. Cependant, un enchaînement de blessures met fin à ses aspirations. À 19 ans, elle abandonne sa formation d’artiste de cirque et entame des études de gestion d’entreprise à l’Université du Québec à Rimouski.

Passage à l’haltérophilie

À 19 ans, une amie présente à Maude Charron un programme d’entraînement nommé CrossFit, comprenant des sauts pliométriques, des mouvements corporels explosifs, des levers de kettlebells et de l’haltérophilie. La jeune femme découvre qu’elle excelle dans ce dernier domaine. Benjamin Jean, propriétaire du gymnase de CrossFit où la native de Rimouski s’entraîne, lui propose un entraînement personnalisé.

Maude Charron obtient d’excellents résultats lors des Reebok CrossFit Games Open de 2015 et son premier entraîneur d’haltérophilie, Serge Chrétien, l’encourage à poursuivre sa carrière dans ce sport, en compétition. Elle déclarera, lors d’un entretien  : « Je n’aimais pas beaucoup l’haltérophilie lorsque j’ai démarré ce sport (je suis sérieuse en disant ça). Lorsque l’on pratique la gymnastique, le cirque ou le CrossFit, on doit réaliser une grande diversité de mouvements, mais, en haltérophilie, on a fondamentalement affaire à seulement deux mouvements. L’entraînement pour ce sport est plutôt ennuyeux. Mais mon entraîneur [Serge Chrétien] m’a suggéré, avec insistance, que je pouvais aller très loin en haltérophilie. Alors, j’ai mis mon ego de côté et j’ai opté pour le sport que je n’avais pas choisi, mais qui m’avait choisie. »

Le saviez‑vous?
Les compétitions d’haltérophilie comprennent deux épreuves : « l’arraché » (il s’agit de soulever la barre du sol directement au‑dessus de la tête et de se tenir debout, les bras et les jambes tendus) et « l’épaulé‑jeté  » (il s’agit de soulever la barre jusqu’aux épaules, en se redressant, puis de la soulever complètement, au‑dessus de la tête, dans un mouvement distinct). Les haltérophiles doivent maintenir leur position, à la fin de leur mouvement, jusqu’à ce qu’au moins deux des trois juges indiquent : « Bon! ». Chaque concurrent peut effectuer trois essais dans chaque épreuve et a droit à une minute pour chacun d’entre eux. On additionne les meilleurs résultats des athlètes, dans chacune des deux épreuves, pour déterminer leur classement final. Lors de certaines compétitions internationales, comme les championnats du monde, des titres sont également décernés aux haltérophiles ayant obtenu le meilleur résultat à l’arraché et à l’épaulé‑jeté, dans chaque catégorie de poids (il y en a huit pour les hommes et sept pour les femmes).


Maude Charron commence la compétition en haltérophilie en 2015. Aux Championnats canadiens seniors d’haltérophilie 2016, à Richmond, en Colombie‑Britannique, elle remporte l’or dans la catégorie des 63 kg, avec un total de 204 kg. Elle défend ensuite son titre aux Championnats de La Prairie, au Québec, où, avec 209 kg, elle décroche une nouvelle médaille d’or.

Succès internationaux

Aux Championnats panaméricains d’haltérophilie 2017, à Miami, Maude Charron remporte la médaille de bronze dans la catégorie des 63 kg, avec un total de 215 kg. Aux Championnats du monde 2017, à Anaheim, aux États‑Unis, elle termine deuxième à l’arraché, avec un essai à 102 kg, décrochant le cinquième rang au classement général.

En 2018, Maude Charron connaît une année record. Elle met la main sur l’or aux Jeux du Commonwealth, à Gold Coast, en Australie, ainsi qu’aux Championnats du monde universitaires d’haltérophilie, à Biała Podlaska, en Pologne. En Australie, elle soulève 220 kg au total, les 122 kg réalisés à l’épaulé‑jeté constituant un nouveau record des Jeux du Commonwealth, tandis qu’en Pologne, elle réalise un total de 226 kg. Elle remporte également un troisième titre canadien consécutif avec 215 kg. En décembre 2018, Jean-Patrick Millette, l'entraîneur du club d'haltérophilie des Géants de Montréal, a remplacé Serge Chrétien comme entraîneur de Charron.

La saison d’haltérophilie 2019 voit Maude Charron se classer quatrième aux Championnats panaméricains, au Guatemala, quatrième aux Jeux panaméricains à Lima, au Pérou, et sixième aux Championnats du monde, à Pattaya, en Thaïlande. Cette année‑là, outre des médailles d’or obtenues lors de compétitions internationales au Pérou, à Las Vegas et en Colombie, elle décroche également la première place aux Championnats nationaux, à La Prairie, au Québec.

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Jeux Olympiques d’été de 2020

Grâce à sa médaille d’argent obtenue, avec un total de 235 kg, dans la catégorie des 64 kg, à la Coupe du monde d’haltérophilie à Rome, en Italie en janvier 2020, Maude Charron décroche sa qualification pour les Jeux olympiques d’été de 2020 à Tokyo. Toutefois, à compter de mars 2020, la pandémie de COVID‑19, avec son lot de confinements et de restrictions publiques, représente un défi majeur pour les athlètes canadiennes et canadiens s’entraînant pour les Jeux olympiques. La salle où s’entraîne la native de Rimouski est fermée durant cette période, l’obligeant à construire, dans le garage de son père, un minigymnase non chauffé et poussiéreux, décoré d’une multitude de symboles japonais visant à lui rappeler le sens de ses efforts et son objectif ultime, où elle travaille régulièrement, en compagnie de son chien Murph.

Lorsque les compétitions s’apprêtent à reprendre, Maude Charron est en pleine forme. Aux Championnats panaméricains d’haltérophilie 2020, en République dominicaine, elle établit des records panaméricains à l’arraché (107 kg), à l’épaulé‑jeté (133 kg) et au combiné (240 kg). Cependant, elle n’a toujours pas remporté de médaille dans une compétition complète, aux Championnats du monde d’haltérophilie ou aux Jeux panaméricains.

Aux Jeux olympiques, Maude Charron réalise son meilleur essai à l’arraché avec 105 kg et à l’épaulé‑jeté avec 131 kg, pour un total de 236 kg qui lui vaut l’or. L’Italienne Giorgia Bordignon obtient l’argent avec 232 kg, et la Chinoise de Taipei, Wen‑Huei Chen, le bronze, avec 230 kg.