Les pandémies au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Les pandémies au Canada

Une pandémie est la propagation d’une maladie infectieuse qui affecte une large proportion de la population dans plusieurs pays ou dans le monde entier. Les populations humaines sont affectées par des pandémies depuis l’Antiquité. Ceci comprend des épidémies généralisées de peste, de choléra, de grippe, et plus récemment de sida, et de COVID-19. Afin de ralentir ou d’arrêter la propagation de la maladie, les gouvernements instaurent des mesures de santé publique qui incluent le dépistage, l’isolement, et la quarantaine. Au Canada, les organismes de santé publique aux niveaux fédéral, provincial et municipal jouent un rôle important dans la surveillance de la maladie, dans les conseils aux gouvernements, et dans la communication avec le public.

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Grippe

Qu’est-ce qu’une pandémie?

Une pandémie est la propagation d’une maladie qui provoque des infections graves ou la mort, au sein d’une importante proportion de la population dans plusieurs pays ou continents. Les pandémies sont des événements mondiaux causés par des bactéries et des virus qui sont hautement contagieux pour les populations humaines. C’est l’état le plus répandu d’une maladie.

Niveaux de maladie

Sporadique : la maladie sporadique apparaît occasionnellement. Elle n’est habituellement pas concentrée dans une région géographique spécifique.

Endémique : la présence constante ou la prévalence habituelle (ou fréquence) d’une maladie dans une certaine région.

Épidémique : l’augmentation du nombre de cas de la maladie, supérieur à ce qui est habituel dans une certaine région. Cette augmentation est souvent soudaine.

Pandémique : une épidémie qui s’est propagée à d’autres pays ou continents.

Caractéristiques principales d’une pandémie

Les pandémies peuvent se propager rapidement à travers le globe, souvent en moins d’un an, et il est estimé qu’un quart de la population humaine contracte la maladie. Les pandémies commencent généralement brusquement, culminent rapidement, et s’estompent relativement rapidement. Cependant, elles ont tendance à revenir par vagues qui commencent simultanément dans différentes régions. Ces vagues, qui comprennent possiblement une deuxième et une troisième vague, peuvent causer des maladies encore plus graves.

Pestes

La première pandémie connue dans l’histoire est la peste, une maladie infectieuse causée par des bactéries nommées Yersinia pestis, que l’on retrouve chez les rongeurs, plus particulièrement les rats, ainsi que dans les puces qui se nourrissent d’eux. Ces fléaux se manifestent depuis l’Antiquité et continuent d’affecter les communautés d’Afrique à ce jour. Cependant, la peste la plus connue est la pandémie qui commence au début du 14e siècle en Asie, et qui est ensuite introduite en Europe. Cette peste bubonique, aussi connue sous le nom de peste noire, tue éventuellement plus d’un tiers de la population européenne (la peste bubonique est hautement contagieuse et est caractérisée par de la fièvre, du délire, et des ganglions lymphatiques enflés qu’on appelle bubons). La peste noire est transmise aux humains par les rongeurs par le biais des puces. Les puces servent de vecteurs, c’est-à-dire qu’elles sont les porteuses de la maladie vers les humains. Cependant, à l’époque, personne ne comprend comment la maladie se transmet, et personne ne sait comment la prévenir ou la guérir. Il faut des siècles avant que les chercheurs ne découvrent le rôle des bactéries dans la cause des maladies. Des antibiotiques efficaces ne sont développés qu’au 20e siècle. Les gouvernements réagissent donc à la peste du 14e siècle en isolant les victimes, et en développant et en instaurant un système de quarantaine.

Les épidémies de pestes continuent tout au long du début de l’ère moderne, et affectent des pays à travers le monde, incluant ceux de l’Europe. Par exemple, Londres, en Angleterre, subit près de 40 épidémies entre le 15e et le 17e siècle. En 1665, près de 100 000 Londoniens (environ 20 % de la population) meurent en moins de sept mois lors de la dernière épidémie de peste de la ville.

Alors qu’à cette époque, les Européens commencent à immigrer en Amérique du Nord en grand nombre, les gouvernements coloniaux commencent à craindre qu’ils n’apportent également la peste avec eux, ainsi que d’autres maladies comme la fièvre typhoïde et la variole. Par conséquent, ils inspectent les navires avant que les passagers ne débarquent à terre. Ceci devient plus courant en Nouvelle-France au début de 1710. En 1721, le gouvernement colonial adopte une loi de quarantaine en réponse aux craintes d’une peste provenant de l’Europe. Une loi plus complète suit en 1795 : la Quarantine Act of Lower Canada. Cette loi devient un modèle pour les gouvernements coloniaux de l’Amérique du Nord britannique lorsqu’ils élaborent leurs propres lois. (Voir aussi Loi sur la mise en quarantaine.)

Les pandémies de choléra (19e siècle)

Le choléra atteint le Canada pour la première fois en 1832, alors qu’il est apporté par des immigrants britanniques. Ceci fait partie de la deuxième pandémie de choléra, qui avait commencé dans les années 1820 en Inde et s’était propagée en Asie Centrale, au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique du Nord (la première pandémie de choléra commence en 1817, mais ne se propage pas si loin).

Le choléra est redouté parce qu’il est mortel, et au départ, personne ne comprend comment il se propage et comment le traiter. La réaction principale de la santé publique est la quarantaine. Grosse-Île, près de la ville de Québec, devient une station de quarantaine en 1832, et tous les navires doivent s’y arrêter pour une inspection. Cependant, des personnes apparemment en bonne santé (mais qui sont infectées) passent l’inspection et apportent la maladie avec elles. Les déchets humains des navires infectent également le fleuve Saint-Laurent. En conséquence, la maladie se propage à Montréal et dans le Haut-Canada. Lorsque l’épidémie cesse, près de 10 % de la population de la ville de Québec, et 15 % de la population de Montréal est décédée à cause du choléra. Des épidémies de choléra ont également éclaté en 1834, en 1849, en 1851, et en 1854 au Canada, tuant un minimum de 20 000 personnes au total.

En 1854, le médecin britannique John Snow prouve que le choléra est une maladie d’origine hydrique (véhiculée par l’eau). Cette découverte mène éventuellement à l’amélioration des systèmes d’assainissement et d’approvisionnement en eau, ce qui a pour résultat de prévenir la propagation de la maladie. Cependant, le choléra affecte encore des communautés à travers le monde.

Les pandémies de grippe

Les experts croient que cinq pandémies de grippe ont touché le Canada depuis la Confédération : en 1890, en 1918, en 1957, en 1968 et en 2009. Les pandémies de grippe de 1918 et de 2009 sont décrites ci-dessous.

Pandémie de grippe de 1918 à 1920

La pandémie de grippe, connue couramment sous le nom de grippe espagnole, se développe à la fin de la Première Guerre mondiale. Ses origines sont controversées. Les premières apparitions de la maladie se produisent au printemps de l’année 1918. L’infection voyage et fait des aller-retours entre l’Europe et l’Amérique du Nord sur les navires qui transportent les troupes qui combattent lors de la Première Guerre mondiale. Ces troupes apportent ensuite la maladie en Asie et en Afrique. La grippe espagnole tue éventuellement environ 50 millions de personnes à travers le monde (bien que les estimations varient entre 20 et 100 millions). Au Canada, près de 50 000 personnes meurent, et toutes les régions du pays sont affectées. Le moment du développement de la grippe est critique pour le succès éventuel du virus parce que de nombreuses personnes voyagent d’une région du monde à l’autre. En 1918, la grippe est largement reconnue comme étant la pandémie la plus dévastatrice de l’histoire.

Le saviez-vous?
Le nom « grippe espagnole » est né de la censure des médias par les militaires des pays alliés durant la guerre. Ces pays ont passé sous silence le signalement de l’infection virale et de la mort de soldats. Cependant, en Espagne, pays neutre durant la Première Guerre mondiale, les médias ont largement rapporté une forte incidence de décès dus à la maladie. Le nom du virus est donc devenu associé à l’Espagne en conséquence.


L’une des caractéristiques de cette grippe est l’infection rapide de personnes dans la fleur de l’âge. Ceci est différent des autres souches de la grippe, qui est dangereuse pour ceux qui ont une immunité réduite (par exemple les personnes âgées, les très jeunes, et ceux qui ont des conditions préexistantes). Cette souche cause la mort par une pneumonie due à des infections virales et des infections bactériennes qui suivent parfois. Comme les antibiotiques ne sont pas encore disponibles à cette époque, la pneumonie bactérienne secondaire ne peut être traitée. Il n’existe pas de vaccins non plus. Ce n’est qu’en 1933 que les chercheurs isolent des virus de la grippe humaine. Ce sont les premiers pas vers le développement d’un vaccin qui peut être utilisé pour prévenir la maladie.

Le Canada est durement touché par la maladie, de ses villes à ses communautés les plus éloignées. Plus de 3000 personnes meurent à Montréal seulement, alors que Toronto perd environ 1600 personnes en raison de la maladie. Plus de 8700 personnes meurent en Ontario. On compte plus de 4000 décès en Alberta, et 5000 en Saskatchewan. Les communautés autochtones sont particulièrement gravement touchées. À cette époque, les ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord rapportent 3700 décès sur une population totale de 106 000 personnes. Des colonies haïdas entières sont perdues en raison de la maladie sur la côte ouest de la Colombie-Britannique.

La plupart des communautés canadiennes adoptent des mesures conçues pour contenir la propagation du virus. En Alberta, les gens doivent porter des masques en public. À Régina, les gens peuvent recevoir une amende s’ils toussent ou éternuent en public. À Winnipeg, les gens peuvent recevoir une amende de 50 dollars s’ils crachent dans les rues, et tous les rassemblements publics sont interdits. Le Canada crée le premier ministère de la Santé en 1919, en réponse à la grippe espagnole.

H1N1 ou grippe porcine (2009)

Le virus de la grippe H1N1 est d’abord signalé au Mexique en février 2009. Initialement appelé « grippe porcine », le virus n’a jamais été observé auparavant chez les animaux ou les humains. Cependant, on croit qu’il est le virus le plus étroitement relié aux virus de la grippe trouvés chez les porcs de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie.

Le 26 avril 2009, l’Agence de la santé publique du Canada signale le premier cas de grippe H1N1 au pays. Le 11 juin 2009, 74 pays ont confirmé des cas du virus, et l’Organisme mondial de la santé annonce une pandémie. Contrairement à la grippe saisonnière courante durant l’hiver, de nombreux Canadiens contractent la grippe H1N1 pendant les mois d’été. Une seconde vague du virus suit lors de l’hiver 2009. Toutefois, en janvier 2010, l’Agence de la santé publique commence à réduire sa réponse à la pandémie. En juillet 2010, plus de 200 pays ou territoires ont rapporté des cas du virus. Plus de 18 000 personnes meurent de la grippe H1N1 à travers le monde. Ceci inclut 428 Canadiens (voir aussi Grippe au Canada)

VIH/sida (de 1981 à aujourd’hui)

La pandémie du sida ne correspond pas au modèle de la plupart des épidémies mondiales. Cette maladie est principalement transmise par le biais de rapports sexuels ou par le partage de matériel d’injection de drogues avec des personnes infectées. De plus, elle ne touche que moins d’un quart de la population globale. Malgré ceci, le sida est largement considéré comme une pandémie, en raison des millions de personnes affectées par la maladie à travers le monde.

Les premiers cas de sida sont signalés aux États-Unis en 1981. Le Canada rapporte son premier cas en mars 1982. Vers la fin de l’année 1990, plus de 307 000 cas de sida sont rapportés à travers le monde. Cependant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le nombre total de cas est plus près du million, et que huit à dix millions de personnes sont infectées par le VIH, le virus responsable de la maladie. En 2018, environ 37,9 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde entier. Selon l’OMS, en 2018, 75 millions de personnes ont été infectées par le VIH depuis que la pandémie a commencé. De ce nombre, près de 32 millions des personnes sont décédées. Au 21e siècle, les pays à faible revenu, plus particulièrement ceux de la région africaine de l’OMS, souffrent de manière disproportionnée à cause de la maladie. La disponibilité du dépistage du VIH, les services de soutien, et la thérapie antirétrovirale jouent un rôle important dans la prévention et le contrôle du VIH/sida.

Au Canada, le nombre de patients infectés par le VIH augmente dans les années 1980, diminue vers le milieu des années 1990, mais remonte encore vers la fin de la décennie. Depuis 2014, le nombre de nouveaux cas de VIH augmente chaque année au Canada. Vers la fin de 2016, il est estimé que plus de 63 000 Canadiens vivent avec le VIH. Les experts suggèrent que cette augmentation pourrait être le résultat de nouvelles infections de VIH, de l’augmentation de dépistages et de signalements du VIH, et de la croissance du nombre de personnes infectées par le VIH migrant au Canada. De plus, des options de traitement plus efficaces contribuent à une diminution des décès dus à la maladie. Au total, près de 25 000 Canadiens sont morts du sida et des causes reliées à la maladie depuis le début de la pandémie.

COVID-19 (2019 à aujourd’hui)

Morphologie structurale du virus de la COVID-19

En décembre 2019, on signale l’éclosion d’un nouveau coronavirus découvert à Wuhan, en Chine. Les coronavirus font partie de la famille des virus zoonotiques. Les virus zoonotiques sont ceux qui peuvent être transmis des animaux aux humains. Ce groupe de virus peut causer une gamme de maladies respiratoires, incluant le simple rhume. Les symptômes de la maladie, qui a été nommée COVID-19, sont semblables au rhume ou à la grippe, et peuvent inclure de la toux, de la fièvre, des difficultés respiratoires, et dans des cas plus graves, la pneumonie. Le 11 mars 2020, l’Organisme mondial de la santé déclare une pandémie, alors que 118 000 cas de la maladie sont signalés dans 114 pays, tuant 4291 personnes. En date de mars 2023, il y a plus de 759 millions de cas confirmés de COVID-19, et 6,87 millions de décès dans le monde entier. Durant cette même période, il y a approximativement 4,6 millions de cas confirmés au Canada, et 51 447 décès signalés.

Épidémiologie et prévention

L’épidémiologie est l’étude de la maladie dans les populations humaines, incluant les causes, les modes de répartition, et le contrôle de la maladie. Il s’agit d’un aspect important de la recherche en santé publique à travers le monde. Le Canada et plusieurs autres pays coopèrent avec l’Organisme mondial de la santé à l’étude de pandémies potentielles, et la transmission des maladies d’une espèce à l’autre.

Les épidémies de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et de la COVID-19 du début du 21e siècle ravivent l’intérêt au sujet de la grippe de 1918. Ces infections virales proviennent de virus animaux mutés. Les virus animaux ne sont habituellement pas contagieux pour l’humain, et un virus doit subir certains changements ou mutations dans ses gènes pour devenir infectieux. Les scientifiques ne comprennent pas les mutations exactes qui sont impliquées, mais la recherche sur les maladies historiques telles que la grippe de 1918 pourrait aider à développer de nouvelles théories et des traitements potentiels.

En 1983, le Canada commence à planifier en vue de pandémie de virus grippaux. Les agences de santé fédérale, provinciale et territoriale travaillent ensemble afin de planifier une réponse coordonnée à une pandémie potentielle. La vaccination est un aspect essentiel de la préparation envers toute infection virale. La coordination entre tous les niveaux du gouvernement est la clé pour gérer un programme de vaccination efficace qui aidera à prévenir de futures pandémies.

Termes clés

Bactéries : les bactéries sont des organismes unicellulaires microscopiques qui peuvent causer de sérieuses maladies infectieuses.

Épidémie : propagation généralisée d’une maladie infectieuse au sein d’une population, à un moment donné.

Pandémie : propagation d’une maladie infectieuse affectant une large proportion de la population dans plusieurs pays ou dans le monde entier. Une pandémie est une épidémie mondialisée.

Santé publique : services de santé fournis par le gouvernement afin d’améliorer la santé des citoyens.

Quarantaine : séparation d’un groupe de personnes d’une population, et restriction de leurs mouvements afin de prévenir la manifestation et la propagation d’une maladie.

Vaccin : concoction conçue à partir de bactéries ou de virus affaiblis ou tués, qui fait en sorte que le corps développe une immunité contre ces mêmes bactéries ou virus.

Virus : organisme trop petit pour être observé avec un microscope normal, qui peut se multiplier dans les cellules de son hôte et qui provoque généralement une maladie.

Virus zoonotique : virus qui peut être transmis des animaux aux humains.

Lecture supplémentaire

Liens externes