Politique en Saskatchewan | l'Encyclopédie Canadienne

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Politique en Saskatchewan

Le gouvernement de la Saskatchewan est dirigé par le premier ministre Scott Moe, chef du Parti saskatchewanais. Le Parti saskatchewanais, dont la dernière élection remonte au 26 octobre 2020, détient la majorité des sièges à l’Assemblée législative. Le lieutenant-gouverneur Russell Mirasty, ancien membre de la Gendarmerie royale du Canada et nommé en 2019, est le premier lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan d’ascendance autochtone. La toute première personne à défendre le rôle de premier ministre de la province, Walter Scott, a commencé son mandat en 1905, après l’entrée de la Saskatchewan dans la Confédération. Parmi les événements clés de l’histoire politique de la Saskatchewan, mentionnons l’élection de la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC) en 1944, le premier gouvernement socialiste du Canada et le précurseur du Nouveau Parti démocratique. La FCC a mis en place un système d’assurance-maladie qui a ensuite été adopté à l’échelle nationale. Plus récemment, la Saskatchewan a vu la montée du Parti saskatchewanais, parti de centre droit, qui est devenu la force politique dominante de la province.

Structure du gouvernement provincial

L’Assemblée législative de la Saskatchewan compte 61 sièges. Les représentants qui occupent ces sièges sont appelés députés. Ils se réunissent en session législative deux fois par an. Il y a une courte session de six semaines qui commence en octobre, et une session de printemps plus longue qui commence en mars. Des élections à date fixe sont organisées sur des cycles de quatre ans, la prochaine élection étant prévue pour l’automne 2024. Les deux plus grandes villes de la Saskatchewan, Saskatoon et Regina, ont respectivement 16 et 13 circonscriptions, tandis que les plus petites villes et les régions rurales ont un total combiné de 32 circonscriptions.

La Confédération et les premiers gouvernements : de 1905 à 1944

La Saskatchewan est officiellement devenue une province lorsqu’elle s’est jointe à la Confédération en septembre 1905. Elle a été créée à partir de ce qui était les Territoires du Nord-Ouest pour englober le riche sol agricole de la prairie-parc. Les possibilités d’exploitation agricole de la nouvelle province en ont fait un pôle d’attraction pour l’immigration et la colonisation.

Walter Scott, un libéral, devient la toute première personne à défendre le mandat de premier ministre de la Saskatchewan. Il est nommé par le lieutenant-gouverneur de la province. Walter Scott et les libéraux remportent une élection subséquente en décembre 1905. Walter Scott est premier ministre jusqu’en 1916 et est suivi par une série de premiers ministres libéraux : William Martin (1916-1922), Charles Dunning (1922-1926), James Gardiner (1926-1929, 1934-1935) et William Patterson (1935-1944). Entre le début du mandat de Scott en 1905 et la fin du mandat de Gardiner en 1929, les libéraux détiennent le pouvoir pendant 24 ans. La seule interruption dans la mainmise des libéraux sur le pouvoir se produit en 1929 avec l’élection du chef conservateur J. T. Anderson, qui est premier ministre jusqu’en 1934.

James Gardiner

Pendant le premier quart de siècle de règne libéral, la province est un foyer d’immigration. Des vagues de colons en provenance de l’est du Canada et de l’Europe affluent en Saskatchewan, établissant l’économie agricole et céréalière de la province. L’ampleur de l’immigration est telle qu’en 1930, la Saskatchewan est la troisième province la plus peuplée du Canada. En 1906, un an après son entrée dans la Confédération, la Saskatchewan compte une population de 257 763 habitants. En 1931, elle a plus que triplé, atteignant 921 785 habitants.

Les gouvernements libéraux provinciaux de cette période se concentrent sur l’établissement et le soutien de l’économie et de la société agricoles de la province. L’économie agricole très dispersée de la Saskatchewan crée un modèle rural de petites villes. Par conséquent, les questions de développement d’un système d’éducation à l’échelle de la province et de soutien à la gouvernance municipale rurale et urbaine sont les principales priorités. L’un des enjeux des premières années de la Saskatchewan est le contrôle des ressources naturelles. Contrairement aux autres provinces, Ottawa conserve le contrôle des ressources naturelles en Saskatchewan (ainsi qu’en Alberta et au Manitoba). La situation est finalement renversée dans les années 1930 avec la Convention sur le transfert des ressources naturelles. Cependant, le contrôle des ressources naturelles demeure une question politique et économique récurrente dans l’histoire de la Saskatchewan.

En 1929, la province élit J.T. Anderson et le Parti conservateur pour un mandat de quatre ans. Leur élection coïncide avec la dépression économique et la sécheresse pluriannuelle qui paralysent l’économie agricole. (Voir La crise des années 1930 au Canada.) C’est aussi une période d’agitation sociale croissante. Pendant une brève période entre 1927 et 1930, le Ku Klux Klan attire de grandes foules dans la province. Ils protestent contre l’immigration non anglophone et adoptent une rhétorique anticatholique. Le chômage généralisé et une économie rurale en difficulté conduisent également à la création de la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC), un parti de gauche. Lors de son congrès de 1933, le parti publie son Manifeste de Regina, dont l’objectif déclaré est de mettre fin au capitalisme. On y lit : « Aucun gouvernement de la FCC ne sera satisfait avant d’avoir éradiqué le capitalisme et mis en œuvre le programme complet de planification socialisée. » En 1935 a lieu ce qui est maintenant connu sous le nom d’« émeute de Regina », soit une flambée de violence entre la police et environ 2000 chômeurs. Les chômeurs font partie de « Marche sur Ottawa », une manifestation ambulante en train jusqu’à la capitale qui a commencé à Vancouver et s’est arrêtée à Regina. L’émeute fait deux morts et des centaines de blessés. (Voir aussi Marche sur Ottawa et émeute de Regina.)

Gouvernements FCC-NPD : de 1944 à 1964

Thomas Clement (« Tommy ») Douglas mène la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC) au pouvoir en 1944, formant ainsi le premier gouvernement socialiste d’Amérique du Nord. À partir de là, la FCC détient le pouvoir dans la province pendant 20 ans. Au cours de son premier mandat, la FCC se concentre sur la création de sociétés d’État pour stimuler le développement économique. Les entreprises commerciales comprennent, entre autres, le Saskatchewan Government Insurance Office, le Saskatchewan Wool Products, le Saskatchewan Leather Products, le Saskatchewan Clay Products, le Saskatchewan Box Factory et le Saskatchewan Transportation Company. Au cours de son premier mandat, le gouvernement Douglas introduit également une assurance-hospitalisation à l’échelle de la province. En 1961, le Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral est formé. À ce moment-là, Thomas Douglas quitte son poste de premier ministre pour devenir chef du NPD fédéral. La FCC change son nom pour devenir le FCC-NPD et Woodrow Lloyd est choisi comme chef du parti et premier ministre de la province. (En 1967, à la suite de leur deuxième défaite consécutive aux élections générales, les FCC-NDP deviennent simplement le NPD, comme leur homologue fédéral). La réalisation déterminante des années FCC-NPD est l’établissement du premier système d’assurance-maladie universellement accessible et financé par l’État, en 1962. Ce système sert de modèle à l’assurance-maladie canadienne, créée en 1966.

David Lewis et Tommy Douglas

Gouvernement libéral : de 1964 à 1971

Dirigé par Ross Thatcher, qui est notoirement avare de dépenses, le gouvernement libéral qui suit les années FCC-NDP se concentre sur l’entreprise privée et la réduction de la taille du gouvernement. Ancien membre de la FCC, Ross Thatcher est devenu un ardent critique des politiques du FCC-NPD. Lorsqu’il est au pouvoir, il offre d’importantes incitations fiscales pour attirer les investissements privés. En conséquence, le secteur de l’exploitation minière de la potasse connaît une expansion rapide, et des intérêts américains et européens investissent dans des mines pour exploiter les vastes réserves de potasse de la Saskatchewan. La croissance rapide de la production de potasse, toutefois, entraîne l’effondrement des prix et un système de rationnement de la production imposé par le gouvernement. Ross Thatcher met également en place des frais d’utilisation de l’assurance-maladie, qui s’avèrent fort impopulaires.

Gouvernement néo-démocrate : de 1971 à 1982

Le NPD revient au pouvoir en 1971. À l’instar des premiers gouvernements FCC-NPD de la province, le premier ministre Allan Blakeney vise dans son programme une plus grande implication du gouvernement dans l’économie. Engagé dans des luttes avec le gouvernement fédéral pour le contrôle des ressources naturelles, le gouvernement Blakeney crée plusieurs sociétés d’État spécialisées dans les ressources. Celles-ci comprennent la Potash Corporation of Saskatchewan, SaskOil et la Saskatchewan Mining Development Corporation. Allan Blakeney est également un personnage clé dans les négociations constitutionnelles fédérales-provinciales avec le gouvernement libéral de Pierre Trudeau. Lorsque Trudeau menace de rapatrier unilatéralement la Constitution de la Grande-Bretagne sans le consentement des provinces, Allan Blakeney intente une contestation judiciaire. Cette contestation devient un tournant dans le processus, donnant lieu à d’autres négociations fédérales-provinciales qui conduisent toutes les provinces, à l’exception du Québec, à appuyer le rapatriement de la Constitution et la mise sur pied d’une Charte des droits et libertés en 1982.

Gouvernement progressiste-conservateur : de 1982 à 1991

En 1982, la Saskatchewan élit le Parti progressiste-conservateur sous la direction de Grant Devine. Il remporte une majorité écrasante en promettant des réductions d’impôt et un gouvernement plus petit, et s’engage dans un programme de privatisation qui comprend la vente de la Potash Corporation of Saskatchewan, de SaskOil et de la Saskatchewan Mining Development Corporation. Ces ventes sont accompagnées de mesures incitatives visant à attirer les investissements privés, ce qui donne lieu à plusieurs grands projets d’exploitation des ressources, comme des usines de valorisation du pétrole lourd et une usine d’engrais. C’est aussi une période de dépenses déficitaires et de dette provinciale croissante, en partie à cause de plusieurs années de sécheresse qui nuisent à l’économie agricole.

Gouvernement néo-démocrate : de 1991 à 2007

Élu avec une large majorité, le gouvernement néo-démocrate de Roy Romanow hérite, à son arrivée au pouvoir, d’un déficit de fonctionnement important et insoutenable. Au cours de ses premières années, il suit un programme de restrictions budgétaires qui comprend la fermeture de 52 hôpitaux ruraux. En 1994, alors que tous les gouvernements provinciaux sont aux prises avec des déficits, le gouvernement néo-démocrate devient le premier au Canada à atteindre l’équilibre budgétaire. (L’Alberta fait de même peu après.) Au cours de son deuxième mandat, Roy Romanow se concentre sur une combinaison de nouvelles dépenses, de réductions d’impôt et de remboursement de la dette. En 1997, au cours du deuxième mandat du gouvernement Romanow, le Parti saskatchewanais de centre droit est formé lorsque d’anciens membres libéraux et progressistes-conservateurs de l’Assemblée législative provinciale s’unissent pour devenir l’opposition officielle. Après la décision de Roy Romanow de démissionner en 2001, Lorne Calvert devient premier ministre à un moment où l’économie de la Saskatchewan prend de la vigueur. Cette croissance économique est en partie due à la réduction des redevances sur les ressources qui a attiré de nouveaux investissements importants, en particulier dans le secteur de la potasse.

Gouvernement du Parti saskatchewanais : de 2007 à aujourd’hui

Brad Wall

Le gouvernement de centre droit du Parti saskatchewanais de Brad Wall, qui prend la tête du gouvernement alors que l’économie est en plein essor, profite d’une période de prix élevés des ressources, notamment du pétrole et de la potasse, et d’une expansion du secteur des ressources de la province. Cette période est également marquée par une croissance démographique sans précédent depuis les premières années de la province. La population de la province passe de 998 000 habitants en 2007 à 1 186 000 habitants en 2022. Tout au long de son mandat, Brad Wall se classe parmi les premiers ministres les plus populaires du Canada. Il démissionne et quitte la politique en 2018 et est remplacé par le premier ministre actuel, Scott Moe, qui remporte un gouvernement largement majoritaire en 2020, la quatrième majorité consécutive du Parti saskatchewanais.

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