Animaux qui ont servi à la Première Guerre mondiale | l'Encyclopédie Canadienne

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Animaux qui ont servi à la Première Guerre mondiale

Durant la Première Guerre mondiale, le personnel militaire de tous les pays combattants a utilisé des millions d’animaux pour le travail ou l’agrément. Ce personnel comprenait les Canadiens envoyés en service à l’étranger en tant que membres du Corps expéditionnaire canadien (CEC) et du Corps expéditionnaire canadien en Sibérie (CECS), ainsi que les militaires canadiens basés au Canada. Si les chevaux, les mules, les chiens et les oiseaux étaient les animaux le plus souvent utilisés, plusieurs autres l’étaient également, comme les rennes et les vers luisants.

Cheval de bât

Survol historique

Les êtres humains interagissent étroitement avec les animaux depuis quelque 2,6 millions d’années et les domestiquent pour diverses raisons. Parmi celles-ci, on retrouve la nourriture (viande, lait, œufs, miel), les vêtements (laine, cuir, plumes), le travail (labourer, chasser, monter la garde), le transport (se déplacer, porter, tirer), l’agrément (animaux de compagnie, mascottes), le divertissement (zoos, cirques, rodéos, corridas, films), les sports (courses de chevaux et de chiens) et la protection contre les animaux nuisibles (rongeurs, serpents). Certains animaux démontrent également leur mérite durant les différents conflits et guerres de l’histoire.

Les chevaux sont vraisemblablement utilisés au combat depuis 1 500 ans avant notre ère, d’abord pour tirer des chariots, puis pour assurer le transport des soldats. Les chevaux servent également à porter ou à tirer du matériel militaire, tout comme les mules et les ânes. Les éléphants de guerre sont d’abord utilisés dans l’Inde antique, avant d’être autrement employés. Les chiens apportent leur aide aux soldats depuis au moins 600 ans avant notre ère. Ils chargent les rangs de l’ennemi pour briser les formations de combat, suivis des soldats. Les chameaux sont utilisés pour la première fois à la guerre dans l’Antiquité. Ils transportent les guerriers et le matériel au combat.

Le saviez-vous?
L’un des plus hauts faits militaires de l’histoire met en scène des éléphants. En 218 avant notre ère, le général carthaginois Hannibal emploie près de 40 éléphants de guerre pour franchir les Alpes et attaquer Rome.


Animaux de travail

Durant la Première Guerre mondiale, les Canadiens utilisent des chevaux pour transporter la cavalerie au combat et pour réaliser des missions de reconnaissance. Ils remorquent également des pièces d’artillerie, tandis que les officiers supérieurs ont droit à un cheval. À l’issue de la guerre, en novembre 1918, on estime à près de 25 000 le nombre de chevaux et de mules utilisés sur le front de l’Ouest par le CEC. En plus de participer à la cavalerie et à l’artillerie, ils sont également utilisés comme bêtes de somme pour transporter des biens, ainsi que pour tirer des chariots et des ambulances. Le Corps royal de l’intendance de l’Armée canadienne utilise des chevaux et des mules pour livrer des vivres, du fourrage, des munitions, de l’équipement et des vêtements, ainsi que du matériel et de l’outillage techniques. Dans le nord de la Russie, le CECS utilise des rennes pour transporter les soldats et les approvisionnements à travers la toundra gelée.

Alignements de chevaux

Le saviez-vous?
La médaille PDSA Dickin reconnaît « les actes exceptionnels de bravoure et d’attachement au devoir dont font preuve les animaux » en temps de guerre; elle est connue comme étant la Croix de Victoria des animaux. Étant donné qu’elle n’est instituée qu’en 1943, elle exclut automatiquement tout animal ayant servi durant la Première Guerre mondiale. En 2014, à l’issue d’une campagne de pression fructueuse, le cheval de guerre Warrior est toutefois choisi pour représenter le rôle joué par tous les animaux au cours de la Première Guerre mondiale et se voit décerner la seule médaille honorifique PDSA Dickin existant à ce jour. Warrior est le destrier du brigadier-général Jack Seely, le commandant britannique à la tête de la Brigade de cavalerie canadienne, depuis sa formation en janvier 1915 jusqu’à mai 1918.


Les chiens sont employés pour réaliser diverses tâches. Ils transportent des messages écrits entre les unités et tirent des lignes téléphoniques grâce à des bobines fixées sur leur dos qui se déroulent au gré de leur progression. Les chiens accompagnent également les soldats en patrouille et montent la garde. Ils peuvent détecter les gaz toxiques libérés par l’ennemi avant les êtres humains. Les chiens sont également employés pour repérer les soldats blessés sur le champ de bataille tout en transportant du matériel médical dans des sacs à dos, ainsi que pour chasser les rats présents dans les abris creusés et les tranchées.

Service des pigeons de S. M.

Diverses espèces d’oiseaux jouent également un rôle durant la guerre. Les pigeons voyageurs sont les plus courants. Grâce à leur sens de l’orientation infaillible, ils sont utilisés pour transporter des messages entre les unités de première ligne et le quartier général. Les serins des Canaries, ainsi que les souris, s’avèrent particulièrement efficaces pour détecter les gaz toxiques dans les tranchées de première ligne et signaler un manque d’oxygène dans les tunnels. On se sert également des limaces pour détecter les gaz toxiques. Elles sont plus sensibles au gaz moutarde que les êtres humains et réagissent en comprimant leur corps et en fermant leurs pores respiratoires; cette réaction avertit les soldats de la présence de gaz. Le ver luisant est un autre animal de guerre atypique. Attrapés pour être ensuite mis dans des bocaux de verre, les vers luisants sont utilisés comme source lumineuse pour lire les cartes, les messages et les lettres de chez soi.

Le saviez-vous?
Le Canadian Army Veterinary Corps (CAVC) est établi en 1914, sur la base de l’Army Veterinary Service (AVS) d’avant-guerre. Le CAVC a pour fonction principale de traiter les chevaux; à la fin de la guerre, son effectif est de plus de 800 personnes.


Chèvre mascotte
Bouledogue mascotte
Harry Colebourn et Winnie

Animaux de compagnie et mascottes

De nombreux soldats gardent avec eux des animaux de compagnie au niveau ou à proximité des premières lignes. Les petits chiens et chats sont les plus populaires : ils aident les soldats à traverser le caractère sombre et dur de la vie au front. Ils sont aussi particulièrement utiles à réduire le nombre important de rats et de souris qui infestent les tranchées. D’autres petits animaux, comme des lapins, des rongeurs et des oiseaux, servent également d’animaux de compagnie.

« Winnie » est un ourson noir femelle acquis par le lieutenant vétérinaire Harry Colebourn qui accompagne celui-ci en Angleterre. Lorsqu’il part pour la France, Harry Colebourn laisse l’animal au zoo de Londres. Winnie y reste après la guerre et servira d’inspiration aux livres pour enfants d’A.A. Milne, Winnie l’ourson.

On utilise également des animaux comme mascottes d’unités militaires entières, qu’elles soient basées au Canada ou à l’étranger. Si les chiens sont employés le plus souvent, les chevaux et les chèvres sont également utilisés.

Monuments commémoratifs pour animaux de guerre

Hommage aux animaux de guerre

À Ottawa, deux monuments commémoratifs de guerre du Canada rendent hommage au service des animaux durant la guerre. Le premier est gravé en 1927 au-dessus de l’entrée de porte qui mène à la Chapelle du Souvenir de la tour de la Paix, la construction centrale des édifices du Parlement du Canada. Cette gravure illustre des rennes, des mules, des pigeons, des chevaux, des chiens, des serins des Canaries et des souris. Présentée dans les deux langues officielles, cette inscription y figure : « Les amis des sapeurs ces humbles bêtes de somme qui moururent pour la cause. »

En 2012, l’Hommage aux animaux de guerre fait l’objet d’une présentation officielle au parc de la Confédération, à Ottawa. Il s’adresse à tous les animaux qui ont servi à la guerre aux côtés de leurs homologues humains. Cet hommage est constitué de trois plaques commémoratives en bronze fixées à des rochers de granite qui présentent des animaux en situation de guerre et des faits relatifs à leur service. Les empreintes de pattes ou de sabots de chiens, de chevaux et de mules sont estampillées dans le béton qui soutient les plaques, tandis que la statue grandeur nature d’un chien d’assistance médicale assure symboliquement la garde du site.