The New Canadian | l'Encyclopédie Canadienne

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The New Canadian

The New Canadian (1938‑2001) est un journal de langue anglaise publié par et pour des Canadiens d’origine japonaise. Le journal se veut au départ un forum pour permettre aux Canadiens japonais de deuxième génération d’exprimer et de promouvoir leur identité en tant que Canadiens d’expression anglaise, et pour soutenir une mission d’« assimilation culturelle, économique et politique ». (Voir aussi Anglais canadien; Langues utilisées au Canada.) Le journal devient la principale source d’informations en anglais et en japonais pour les Canadiens d’origine japonaise lors de leur déracinement forcé de la côte ouest dans les années 1940 (voir Internement de la communauté japonaise au Canada). Il continue de paraître dans les années d’après-guerre, époque à laquelle son contenu de langue anglaise s’oriente vers l’actualité sociale et communautaire, tandis que celui en langue japonaise gagne en importance auprès des immigrants japonais d’avant-guerre et d’après-guerre. Le journal est à Japan Communications en 1990 et sa dernière édition est publiée en 2001.

The New Canadian

Contexte : journaux canadiens japonais

Dans les années 1930, Vancouver compte déjà trois journaux de langue japonaise : Kanada Shinbun (Canada News ou Canada Daily News), Tairiku Nippō (Continental Daily News) et Nikkan Minshu (The Daily People). Ces publications fournissent à une population d’immigrants japonais des nouvelles du Japon ainsi que des informations sur la société et les événements canadiens. (Voir aussi Journaux au Canada : de 1800 aux années 1900; Immigration au Canada.)

La première publication de langue anglaise destinée à la communauté canadienne d’origine japonaise est The New Age, fondé en 1932. The New Age s’adresse à un lectorat distinct, à savoir les enfants nés au Canada et éduqués au Canada d’immigrants japonais, connus sous le nom de « deuxième génération » ou Nisei. Le journal couvre la fondation de la Japanese Canadian Citizens' Association (devenue la Japanese Canadian Citizen’s League [JCCL]) et exprime son soutien à cette organisation qui cherche à obtenir le droit de vote pour les Canadiens d’origine japonaise (voir Droit de vote au Canada). The New Age dure un an et son successeur, The Japanese Canadian, est également de courte durée.

The New Canadian

Vancouver (1938‑1942)

Shinobu P. Higashi est le rédacteur en chef fondateur de The New Canadian. Les deux premiers numéros du journal sont publiés en 1938, après un premier numéro d’essai paru comme supplément du Tairiku Nippō. (Voir aussi Journaux au Canada : de 1800 aux années 1900) En février 1939, le journal commence à paraître tous les deux mois, indépendamment du Tairiku Nippō. Il s’annonce comme « la voix de la deuxième génération », et ses éditoriaux le présentent comme la « renaissance des cendres de deux anciens journaux de la deuxième génération ». Il soutient la JCCL et demande aux lecteurs de « lutter jusqu’à ce que nous soyons reconnus comme des citoyens dignes de ce nom dans la vie nationale et politique du pays où nous sommes nés — le Canada ».

Shinobu P. Higashi quitte le journal en avril 1939 et est remplacé par son ancien corédacteur, Thomas Kunito Shoyama (qui assume le rôle supplémentaire d’éditeur en 1942‑1943). Sous Thomas Kunito Shoyama, le journal devient un hebdomadaire dès septembre 1939.

Le saviez-vous?
Parmi les collaborateurs notables de The New Canadian figurent la généticienne Irene Uchida, l’écrivaine et activiste Muriel Kitagawa et Margaret Lyons, qui est devenue directrice de la radio anglaise de la CBC.

Au cours de ses premières années, le journal sollicite et reçoit l’appui d’éminents Canadiens non japonais. Nellie McClung est une abonnée dont les messages de soutien paraissent dans la publication. Henry Angus publie des extraits d’une de ses conférences sur l’Extrême-Orient dans The New Canadian.


En décembre 1941, le déclenchement de la guerre entre le Canada et le Japon précipite la fermeture de journaux de langue japonaise comme le Kanada Shinbun, le Tairiku Nippō et le Nikkan Minshu. (Voir aussi Deuxième Guerre mondiale.) The New Canadian augmente sa périodicité à deux fois par semaine, puis à trois fois par semaine en janvier 1942. Il ajoute également une section en langue japonaise, éditée par Takaichi Umezuki, qui travaillait auparavant pour le journal de langue japonaise Minshu. Les sections anglaise et japonaise du journal sont soumises à la censure du gouvernement canadien. De nombreuses rubriques sont abandonnées et le contenu est orienté vers les nouvelles chaudes et les actualités.

En avril 1942, The New Canadian devient « le média des annonces officielles de la [British Columbia Security] Commission », l’entité gouvernementale chargée de superviser le déplacement forcé des Canadiens d’origine japonaise. La une du journal du 21 avril 1942 annonce qu’« en tant que service public important, The New Canadian sera distribué gratuitement ». Cet arrangement se poursuit jusqu’en juillet 1942, date à laquelle le journal recommence à facturer des droits d’abonnement tout en restant soumis à la censure en temps de guerre. (Voir aussi Loi sur les mesures de guerre; Internement de la communauté japonaise au Canada.)

Le saviez-vous?
En avril 1942, le journal change également son titre, cessant de mettre l’accent sur la deuxième génération. The New Canadian est désormais « un organe d’information et d’expression pour les personnes d’origine japonaise résidant dans le Dominion du Canada ».


Kaslo (1942‑1945)

En 1942, le bureau du journal déménage à Kaslo, en Colombie-Britannique, en raison du déplacement forcé des Canadiens d’origine japonaise. Lorsque le journal est relancé à Kaslo en novembre, il redevient un hebdomadaire. Il continue à circuler au sein des communautés canadiennes d’origine japonaise et à fournir les dernières nouvelles sur les communautés dispersées dans les provinces canadiennes. Le journal continue de traiter de questions d’ordre politique, telles que la dépossession des biens des Canadiens japonais (voir Internement de la communauté japonaise au Canada).

Thomas Kunito Shoyama quitte le journal en juin 1945 pour s’enrôler dans l’Armée canadienne, mais demeure rédacteur en chef au moins jusqu’en novembre de la même année. Kasey Oyama devient le premier rédacteur en chef de langue anglaise et déménage le journal à Winnipeg.

Winnipeg (1945‑1948)

The New Canadian publie sa première édition depuis Winnipeg le 8 août 1945. Selon le rédacteur adjoint Frank Moritsugu, « le journal a déménagé à Winnipeg pour suivre de plus près la dispersion d’après-guerre à travers le pays ». Au cours de cette période, le journal continue de couvrir les enjeux politiques courants importants pour les Canadiens japonais, publiant une variété de chroniques, d’éditoriaux et d’articles d’opinion sur différents sujets tels que la déportation au Japon, la fermeture de camps d’internement, la réinstallation dans les provinces de l’Est, le service des Nisei dans l’Armée canadienne, et l’élaboration de la Loi sur la citoyenneté canadienne (voir Citoyenneté canadienne).

Le journal passe alors de 8 à 12 pages. Takaichi Umezuki demeure rédacteur en chef de langue japonaise et Kasey Oyama, rédacteur en chef de langue anglaise, avec un adjoint.

Toronto (1948‑1990)

The New Canadian publie sa première édition depuis Toronto le 12 mai 1948. La proximité des « centres » d’information de Toronto et d’Ottawa motive en partie le déménagement. La relance en 1948 du journal de langue japonaise Tairiku Nippō (sous un nouveau nom, Tairiku Jiho) depuis Toronto peut également avoir joué un rôle. Takaichi Umezuki est apparemment convaincu que la publication depuis Toronto permettra à The New Canadian de livrer concurrence au Tairiku Jiho en matière de publicité et de lectorat au sein de la communauté canadienne japonaise.

Le déménagement s’inscrit également dans le cadre des efforts constants déployés pour rester en contact avec un lectorat national. Comme il est mentionné dans un éditorial, le journal n’a « aucune intention de devenir un journal de l’Est ou de Toronto. Nos intérêts resteront nationaux, et ce qui se passe à Kamloops, à Lethbridge, à Regina ou à Winnipeg nous intéressera autant que ce qui se passe plus près de ce bureau ».

Kasey Oyama part peu après le déménagement du journal à Toronto et Takaichi Umezuki demeure rédacteur en chef et éditeur de langue japonaise. Ken Mori obtient un poste administratif en 1948 puis devient corédacteur de langue japonaise avec Takaichi Umezuki. Les fonctions de rédacteur en chef de langue anglaise sont assumées par différentes personnes dans les années 1950 et au début des années 1960, notamment par Toyo Takata et par Ken Adachi, jusqu’à ce que Kei Casey Tsumura devienne rédacteur en chef (1963-1990).

Après le décès de Takaichi Umezuki en 1980, Ken Mori devient éditeur et demeure rédacteur en chef de langue japonaise jusqu’à la vente du journal à Japan Communications au printemps de 1990. Le journal paraît pour la dernière fois en 2001.

Héritage

Même avant la dispersion forcée des Canadiens d’origine japonaise, qui les a éloignés des communautés très unies de la côte ouest pour les répartir dans toutes les régions du Canada, The New Canadian favorise un sentiment d’identité collective au sein des Canadiens japonais, en particulier les Nisei. Comme l’explique l’ancien rédacteur en chef de langue anglaise du journal, Toyo Takata, originaire de Victoria, dans un article paru en 1991 dans le Nikkei Voice, « The New Canadian a été mon initiation au monde nisei […] J’ai développé une affinité avec de nombreux autres nisei que je n’avais jamais vus ni rencontrés, parce que leurs noms figuraient dans le NC ».

Selon le chercheur Midge Ayukawa, en plus d’être le principal diffuseur d’informations officielles du gouvernement canadien auprès de la communauté canadienne d’origine japonaise entre 1942 et 1945, The New Canadian est comme « le ciment qui lie la communauté canadienne d’origine japonaise » pendant les années de guerre et d’après-guerre.

Frank Moritsugu, collaborateur et rédacteur adjoint du The New Canadian de 1941 à 1948, soutient dans un article paru en 1991 dans le Nikkei Voice que « 1990 a marqué la fin du journal qui était le descendant direct de la publication optimiste pour les nisei […] Le journal conserve son nom d’origine, mais est transformé sur le plan éditorial et géographique », passant d’une publication de langue anglaise détenue par des militants communautaires citoyens à une publication de langue japonaise détenue par une société.

Patrimoine asiatique au Canada

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