Première Nation des Mississaugas de Credit | l'Encyclopédie Canadienne

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Première Nation des Mississaugas de Credit

Les Mississaugas de Credit sont une Première Nation située dans le sud-ouest de l’Ontario. Leur réserve, appelée New Credit, occupe un peu moins de 6 000 acres (à peu près 24 km2). Elle chevauche les comtés de Brant et Haldimand et est adjacente à la réserve des Six Nations de la rivière Grand. En 2022, 957 des 2 731 membres de la Première Nation vivaient dans la réserve (voir aussi Réserves en Ontario).


Origines

Les Mississaugas sont un sous-groupe de la nation ojibwée (anichinabée). Les premiers Européens qui entrent en contact avec eux sont les Français, en 1634, sur la rive nord du lac Huron et de la baie Georgienne. S’étant engagés dans le commerce transatlantique des fourrures, les Mississaugas participent aux guerres franco-iroquoises du 17e siècle. À la fin du conflit, ils ont repoussé les Haudenosaunees du sud de l’Ontario. Les Mississaugas établissent leur foyer dans les plaines de rivières et de ruisseaux qui s’écoulent vers le sud dans le lac Ontario. Un groupe de Mississaugas a revendiqué 4 millions d’acres de terres à l’extrémité ouest du lac Ontario comme étant leur territoire et la rivière Credit comme leur foyer principal. Le territoire des Mississaugas de Credit est aujourd’hui une des régions les plus peuplées et industrialisées de tout le Canada, dépassant même la région élargie du Golden Horseshoe, dans le sud de l’Ontario.

Territoires de la Première Nation des Mississaugas de Credit selon les traités

Traités

À l’origine, les Mississaugas migrent dans leur territoire d’une saison à l’autre selon la disponibilité des ressources de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Grâce à leur participation au commerce des fourrures, les Mississaugas de la rivière Credit jouissent de relations économiques avec les Français et les Britanniques jusqu’à ce que le Traité de Paris (1763) confirme l’hégémonie britannique sur la plus grande partie de l’Amérique du Nord. Pressée d’acquérir des terres pour y installer les loyalistes à la suite de la Révolution américaine, la Couronne britannique négocie avec les Mississaugas de Credit huit traités entre 1781 et 1820 : le traité d’achat des terres sur la Niagara n° 381 (1781), le traité entre les lacs n° 3 (1792), le traité de la parcelle de Brant n° 8 (1797), le traité d’achat de Toronto n° 13 (1805), le traité de Head of the Lake, n° 14 (1806), le traité d’Ajetance n° 19 (1818), le traité n° 22 (1820) et le traité n° 23 (1820). Croyant qu’il s’agit seulement de partager le territoire avec les nouveaux venus, les Mississaugas acceptent de signer les premiers traités. Cependant, ils réalisent rapidement que la Couronne considère les traités comme des achats de terre en bonne et due forme. Submergés par les réfugiés loyalistes, dont 2 000 Haudenosaunees loyalistes, les Mississaugas voient leur territoire diminuer. En outre, leur économie traditionnelle s’effondre car les nouveaux venus épuisent rapidement les ressources de poisson et de gibier. Les migrations saisonnières des Mississaugas deviennent aussi plus compliquées car les colons établissent des fermes et des villages sur leur territoire et les chassent de leurs campements. Pour rendre leur situation encore plus difficile, les colons amènent avec eux des maladies étrangères qui font de nombreuses victimes parmi la population de la Première Nation. Vers les années 1820, lorsque les derniers traités sont conclus avec la Couronne, la population des Mississaugas de Credit a diminué de 60 %, passant de 500 à 200 personnes. Quant à leur territoire, il est passé de 4 000 000 à 200 acres.

L’ancien Garry Sault

Village missionnaire de Credit et réserve de New Credit

La survie même des Mississaugas de Credit en tant que nation semble menacée jusqu’à ce qu’un de ses membres, Kahkewaquonaby (révérend Peter Jones), amène son peuple à adopter un mode de vie agraire et chrétien. Créé en 1826, le village missionnaire de Credit est fondé sur le site où se trouve aujourd’hui le Mississauga Golf & Country Club, près de l’endroit où la Queen Elizabeth Way franchit la rivière Credit. Les Mississaugas y deviennent des cultivateurs prospères. Leur village comprend un hôpital, une école, une église, des ateliers de mécanique et des maisons de type cabane en rondins. Les Mississaugas sont les actionnaires majoritaires de la Credit River Harbour Company, dont les employés construisent les quais dans le lac et perçoivent des péages pour la manutention de marchandises (principalement du bois) arrivant au port. Finalement, les Mississaugas construisent leur propre goélette pour transporter des marchandises sur le lac Ontario. Les empiètements continuels des colons, l’épuisement des ressources dans la région environnante et l’impossibilité d’obtenir un titre pour les terres du village amènent les Mississaugas à déménager. En 1847, ils s’installent dans leur site actuel. Leur établissement prend le nom de « New Credit ». Au début, les Mississaugas continuent à pratiquer leur agriculture prospère dans ce nouveau site. Toutefois, au début du 20e siècle, beaucoup de membres de la Première Nation quittent la réserve pour travailler dans les usines des villes et villages voisins.

Gouvernement

Dès 1830, les Mississaugas du village missionnaire de Credit adoptent des règlements et coutumes sous forme écrite. Ces documents contiennent des dispositions sur la structure du gouvernement de la Première Nation, le traitement des affaires criminelles et l’utilisation des terres et des ressources. Les règlements, rédigés par le chef Peter Jones, sont une mixture des lois traditionnelles de la Première Nation et du droit britannique. Ils ne sont pas imposés par la Couronne britannique, mais établis par les Mississaugas eux-mêmes – leur propre gouvernement autonome. Les Mississaugas de Credit commencent à tenir des élections en vertu de l’Acte pourvoyant à l’émancipation graduelle, à la suite de son introduction en 1869. Cet acte précède la Loi sur les Indiens de 1876, qui précise les modalités des élections du conseil de bande. Actuellement, les Mississaugas de Credit élisent un chef et sept conseillers à tous les deux ans. Une fois élu, chaque conseiller se voit assigner un pilier de responsabilité relatif à la mise en œuvre du plan de croissance stratégique de la communauté. Les sept piliers sont la prospérité économique, le bien-être, l’environnement et la durabilité, l’éducation, la sensibilisation culturelle, les infrastructures de la communauté et la gouvernance. En 2016, les Mississaugas de Credit signent un accord de partenariat avec les autres Premières Nations des Mississaugas d’Ontario, soit Alderville, Hiawatha, Curve Lake, Scugog Island ainsi que la Première Nation Mississauga (près de Blind River). Cet accord a pour objectif de renforcer collectivement la nation des Mississaugas et de lui donner une voix unifiée autour d’objectifs communs. Ces buts concernent des enjeux comme la souveraineté, l’économie, l’éducation et la santé.

Journée du chandail orange

Revendications territoriales

Les Mississaugas de Credit, conscients que plusieurs injustices ont marqué la période où les traités ont été négociés, déposent plusieurs revendications auprès les gouvernements du Canada et de l’Ontario. Ainsi, en 1986, les Mississaugas ont déposé la revendication sur l’achat de Toronto. Selon celle-ci, la Couronne a acquis davantage de terres que ce qui avait été originalement négocié. Plus encore, la Couronne n’a pas offert un prix raisonnable pour les terres « achetées » à l’occasion de l’Achat de Toronto en 1805. En 2010, la revendication sur l’achat de Toronto est réglée, conjointement avec la revendication sur la parcelle de Brant, par une compensation de 145 millions de dollars, le plus important règlement de revendication territoriale de l’histoire du Canada à l’époque. En 2022, trois des revendications déposées par les Mississaugas de Credit sont toujours devant les tribunaux. L’une d’entre elles concerne des terres traditionnelles non cédées dans la parcelle Rouge, qui comprend la plus grande partie des villes actuelles de Scarborough, Markham et Whitchurch-Stouffville.

Three Fires Homecoming Pow Wow

Culture

Fiers de leur appartenance anishinaabée, les Mississaugas ont accueilli le Pow Wow annuel Three Fires Homecoming depuis 1987. Cet événement rassemble les peuples du sud de l’Ontario et au-delà. Il est considéré comme une occasion de partager la culture de la Première Nation avec les autres peuples. Un rassemblement historique est aussi organisé chaque année pour aider les Mississaugas de Credit et les membres d’autres Premières Nations à explorer des sujets d’intérêt historique liés aux Mississaugas. Le comité des événements majeurs de la Première Nation s’efforce de faire connaître et de promouvoir la culture et l’histoire de la Première Nation à l’occasion d’événements variés dans son territoire. L’anishinaabemowin, la langue ojibwée, est enseigné dans la réserve et à l’école élémentaire Lloyd S. King, et des cours pour adultes sont offerts régulièrement le soir. Des activités culturelles anishinaabées sont présentées aux jeunes comme aux adultes, car les Mississauga souhaitent activement promouvoir la renaissance culturelle de la Première Nation.

Liens externes