John Murray Gibbon | l'Encyclopédie Canadienne

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John Murray Gibbon

John Murray Gibbon, directeur publicitaire et auteur (né le 12 avril 1875 à Udeweller, Ceylan [Sri Lanka]; décédé le 2 juillet 1952 à Montréal, au Québec). Directeur publicitaire à la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique, John Gibbon a beaucoup fait pour promouvoir la culture et les arts du Canada. Il a mis sur pied des festivals culturels et des organismes pour favoriser le tourisme dans les Rocheuses, et il a fondé la Canadian Authors Association. John Gibbon a écrit de nombreux articles, poèmes et romans. Son livre Canadian Mosaic (1938) a popularisé la métaphore de la « mosaïque » pour évoquer la diversité du « peuple canadien ». Celle-ci a été utilisée depuis par les politiciens, les éducateurs et les décideurs politiques pour décrire le tissu culturel du pays.

Jeunesse et études

John Murray Gibbon est le sixième des huit enfants de William Duff Gibbon (1837-1919) et Katharine G. Gibbon (née Murray, 1842-1916). Originaire d’Écosse, William Gibbon émigre à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), où il travaille dans l’industrie du thé. Quand John Gibbon a quatre ans, ses parents l’envoient avec ses frères et sœurs vivre dans la famille d’un pasteur protestant à Aberdeen, en Écosse, où ils reçoivent leur éducation.

Élève brillant, John Murray finit premier dans plusieurs de ses classes au Robert Gordon’s College et remporte une bourse du King’s College à l’Université d’Aberdeen, où il étudie de 1891 à 1894. Il saute la dernière année du collège et s’inscrit plutôt à Oxford, où il obtient un baccalauréat en études classiques de Christ Church.

Après avoir obtenu son diplôme en 1898, il envisage de se joindre au British Home Service ou à l’Indian Civil Service, mais opte plutôt pour un apprentissage non rémunéré au Black and White, un hebdomadaire illustré de Londres. Il devient ensuite rédacteur en chef d’une publication dérivée, le Black and White Budget. Ayant désormais un salaire, il épouse sa petite amie de longue date, Anne Fox. Il travaille ensuite comme journaliste à la pige avant d’accepter un poste de publicitaire pour la Compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique en 1907. John Gibbon travaille au bureau de Londres jusqu’en 1913, puis est transféré dans les bureaux de Montréal avec le titre d’agent publicitaire général.

En 1914, il se fait construire une maison à Sainte-Anne-de-Bellevue et fait venir sa femme et leurs trois enfants, Murray, Ann Faith et John (leur quatrième enfant, Philip, naîtra plus tard dans l’année).

Promotion de la culture et des arts du Canada

Alors qu’il travaille comme directeur publicitaire pour le Canadien Pacifique au Canada, John Gibbon développe un intérêt pour les cultures traditionnelles. Entre 1927 et 1931, il organise une série de festivals culturels dont plusieurs présentent des chansons folkloriques et des expositions d’artisanat. Reçu dans la Société royale du Canada en 1922, il effectue ses recherches principalement sur la musique folklorique. Durant cette période, il traduit et publie plusieurs recueils de chansons françaises. Un peu plus tard, il devient président de la Guilde canadienne des métiers d’art (1942-1944).

Ses intérêts personnels et professionnels se rejoignent également lorsqu’il crée deux organismes destinés à promouvoir le tourisme dans les Rocheuses : Trail Riders of the Canadian Rockies (1923) et Skyline Hikers of the Canadian Rockies (1933). Aujourd’hui, un col qu’il a présumément découvert porte son nom, et un grand cairn y perpétue sa mémoire.

L’œuvre écrite de John Gibbon comprend des articles, des poèmes, plusieurs essais et cinq romans. Son intérêt pour la relation entre la poésie et la musique, qu’il conservera tout au long de sa vie, l’amène à écrire plusieurs articles et une monographie sur le sujet, Melody and the Lyric (1930), récipiendaire d’un prix Athanase-David. Il rédige une histoire du chemin de fer du Canadien Pacifique, qui est publiée en 1935 sous le titre Steel of Empire. Avec B. K. Sandwell, Pelham Edgar et Stephen Leacock, il fonde la Canadian Authors Association, dont il est le premier président en 1921-1922 (il devient président honoraire en 1943).

Promotion du pluralisme

Dès son premier voyage dans l’Ouest canadien, John Murray Gibbon est fasciné par la diversité culturelle de la région : « Les Prairies sont une Europe transplantée », écrit-il. À l’époque, l’immigration est l’objet de fortes controverses, et John Gibbon s’efforce de promouvoir la tolérance. Il utilise d’abord la métaphore d’un jardin, comparant les immigrants à des semences européennes plantées dans le sol canadien. Bien soignées, elles prospéreront, et leurs cultures folkloriques, comme des fleurs multicolores, représenteront un apport appréciable pour la société canadienne. (Voir aussi Immigration au Canada.)

John Gibbon développe ensuite la métaphore de la mosaïque. D’abord employée dans une série radiophonique de CBC intitulée « Canadian Mosaic: Songs of Many Races », elle est pleinement popularisée lorsque John Gibbon retravaille le script de l’émission pour en faire un livre. Publié en 1938 sous le titre Canadian Mosaic: The Making of a Northern Nation, l’ouvrage se donne pour objectif d’explorer les origines culturelles des différents groupes ayant émigré au Canada. Chaque culture immigrante, explique l’auteur, représente une tuile colorée, cimentée par le travail des organismes d’intégration (auxquels l’ouvrage est dédicacé) comme les YMCA et YWCA, les IODE, la Guilde canadienne des métiers d’art, le Conseil de l’amitié et différentes organisations religieuses. Très populaire, le livre reçoit un prix du gouverneur général dans la catégorie essais.

Toutefois, comme les festivals du folklore qui suivront, Canadian Mosaic s’intéresse exclusivement aux groupes d’origine européenne, laissant de côté les cultures africaines ou asiatiques. Il ne traite pas non plus des cultures autochtones, car « la race canadienne du futur se superpose sur les races “indiennes” autochtones ».

Héritage et signification

John Murray Gibbon a reçu un doctorat honorifique de l’Université de Montréal ainsi que la médaille d’or Lorne Pierce de la Société royale du Canada. La Première Nation des Stoneys-Nakodas lui a décerné une chefferie honorifique, sans doute pour le remercier d’avoir promu les randonnées dans les Rocheuses, une entreprise touristique qui a procuré des emplois à de nombreux guides nakodas. John Gibbon a été célébré comme un « bâtisseur de nation » au cours d’une cérémonie spéciale organisée par l’Association des compositeurs, auteurs et éditeurs du Canada. Trois ans après sa mort, John Gibbon a été reconnu comme une personne d’importance historique nationale par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Une plaque de bronze en son honneur est installée sur un monument de granit, sur les terrains du Centre d’arts de Banff. (Voir aussi Lieux historiques nationaux du Canada.)