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Aquaculture

L'aquaculture est la culture et la récolte, par les humains, de plantes et d'animaux d'eau douce ou marins. Pisciculture, piscifacture, élevage de poissons, mariculture, pacage marin sont tous synonymes d'aquaculture.

L'aquaculture est la culture et la récolte, par les humains, de plantes et d'animaux d'eau douce ou marins. Pisciculture, piscifacture, élevage de poissons, mariculture, pacage marin sont tous synonymes d'aquaculture. Partout dans le monde, les exploitations aquacoles font partie intégrante des pêches et de la gestion des ressources aquatiques. Parmi les espèces qui font l'objet d'un élevage ou d'une culture aquacole, on compte des poissons aussi différents que les truites, les carpes et les thons, des crustacés et des mollusques tels que les crevettes et les huîtres, ainsi que des algues. On les élève ou les cultive dans des étangs, des réservoirs ou des filets, en eau salée, saumâtre ou douce.

Production aquacole mondiale

En 1992, la production aquacole mondiale atteint environ 19,3 millions de tonnes, ce qui constitue approximativement 19 p. 100 de la production de poissons mondiale (comparé à 10 p. 100 au cours de la décennie précédente). L'aquaculture connaît une croissance très rapide. De 1971 à 1980, sa production totale augmente de 73 p. 100, et au cours de la décennie précédant 1992 elle augmente encore de 90 p. 100. L'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) prévoit une augmentation de 40 p. cent de cette production d'ici l'an 2000 et le double pour l'an 2025. Les poissons (par exemple les carpes et les saumons) représentent 48,8 p. 100 de la production aquacole; les mollusques (par exemple les huîtres, les moules), 18,1 p. 100; les algues (par exemple le varech), 27,9 p. 100; et les crustacés (par exemple les homards, les crevettes) environ 5,1 p. 100. Les plus importants élevages commerciaux du monde sont ceux des carpes (6,7 millions de tonnes en 1992), des tilapias (474 000 t), des saumons, des truites (629 000 t), des crevettes (884 000 t), des huîtres (954 000 t) et des moules (1,1 million t).

Presque tous les pays pratiquent une certaine forme d'aquaculture. Le Sud-Est asiatique, plus particulièrement la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée, les Philippines, l'Indonésie et la Thaïlande, est le plus grand producteur aquacole du monde : il fournit 80 p. 100 de la production mondiale totale. Traditionnellement, on privilégie l'élevage d'espèces généralement acceptées dans les divers groupes sociaux, entre autres les truites et les saumons en Amérique du Nord et dans le Nord de l'Europe, les carpes dans l'Est de l'Europe et en Israël, les moules en France et en Espagne, les crevettes et le Poisson-lait aux Philippines, des carpes asiatiques dans le Sud-Est de l'Asie et des algues marines au Japon et en Corée. Plus récemment, dans des endroits où l'on pratique l'aquaculture depuis longtemps et dans certaines régions où cette pratique est plus récente, comme l'Amérique latine et l'Australie, on met l'accent sur des produits de luxe, tels que des crevettes d'eau douce, des crevettes marines et des saumons, destinés à des marchés spécifiques ou à l'exportation, et la production totale de ces produits augmente rapidement.

Origines de l'aquaculture

Les origines de l'aquaculture remontent à plusieurs milliers d'années. On élève des huîtres au Japon et des poissons en Égypte plus de 2000 ans av. J.-C. Les Chinois commencent l'élevage des carpes, qui sont les poissons le plus communément élevés, cinq siècles avant les Européens. Il semble que le premier livre traitant de pisciculture soit écrit par Fan Li, un érudit chinois, au Ve siècle av. J.-C. Du Ier au IVe siècle de notre ère, les carpes du Danube sont introduites en Europe par les Romains. Les techniques aquacoles sont raffinées par les moines du XIVe au XVIe siècle. Les truites sont élevées pour la première fois dans une pisciculture en Allemagne en 1741, et les premières tentatives d'élevage commercial commencent dès 1853 aux États-Unis. La Truite arc-en-ciel, que l'on ne trouve à une certaine époque qu'en Amérique du Nord, est maintenant élevée partout dans le monde. D'autres espèces de poissons et de crevettes, que l'on considérait autrefois comme impossibles à élever, sont aujourd'hui élevées dans plusieurs régions tropicales et subtropicales, et on étudie présentement plusieurs autres espèces qui pourraient un jour se prêter à l'aquaculture.

Technologies aquacoles

On peut classer les méthodes d'aquaculture selon le degré d'intervention humaine nécessaire à la production. La liste suivante présente les techniques en ordre croissant du degré d'intervention exigé.

Aquaculture canadienne

L'initiateur de l'aquaculture au Canada est Samuel Wilmot. Dans les années 1860 et 1870, il met au point des techniques d'élevage de saumons et de truites qui connaissent un si grand succès que presque un siècle s'écoule avant que l'on y apporte des changements importants dans les piscicultures du Canada. La majorité des premières exploitations aquacoles sont dirigées par les gouvernements, et on y fait presque exclusivement l'éclosion et l'élevage de jeunes poissons pour ensuite les ensemencer à des fins de pêches sportive et commerciale.

À partir des années 60, la valeur de la production non gouvernementale s'accroît et elle est aujourd'hui beaucoup plus grande que la production gouvernementale. Les produits de certains établissements aquacoles privés ou commerciaux servent à la pêche sportive privée, mais la majorité de la production est vendue directement comme nourriture sur les marchés régionaux et les marchés d'exportation. En 1994, les aquaculteurs canadiens produisent 54 500 t de poissons, de crustacés et de mollusques évalués à 297 millions de dollars, ce qui représente approximativement 10 p. 100 de la valeur totale des pêches océaniques commerciales du Canada. Les principales espèces qui sont produites sont les saumons, les huîtres, les moules, les myes, les palourdes, les mactres, les truites et les ombles, entre autres l'Omble chevalier.

Ensemencement

Une méthode bien connue et communément utilisée par les piscicultures fédérales et provinciales consiste à élever des poissons tels que des jeunes truites en pisciculture pendant quelques semaines ou plus d'une année pour ensuite les ensemencer dans des lacs et des cours d'eau. Une fois dans la nature, les poissons sont exposés à tous les dangers de la nature tels que des poissons ou des oiseaux prédateurs.

Radeaux d'élevage de mollusques et radeaux de culture d'algues

Dans ce type d'aquaculture, on suspend des cordes ou des filets sur un radeau. Les animaux ou les plantes comme les moules ou le varech se fixent à la corde ou au filet et tirent leur nourriture et les éléments nutritifs de l'eau. Les organismes ne sont pas nourris, mais sont protégés des prédateurs de fond. De plus, ils ne sont pas aussi entassés qu'ils le seraient en nature.

Élevage de poissons en cage

L'élevage de poissons en cage flottante offre des avantages considérables. Par exemple, le Saumon atlantique est gardé dans de grandes cages (20 m sur 20 m) faites de filets de nylon et installées dans des endroits protégés de la côte. Ils sont nourris quotidiennement d'aliments spécialement préparés. Protégés des oiseaux et des autres poissons, les saumons croissent rapidement et la majorité survivent jusqu'à une taille commercialisable.

Élevage de poissons en étang

L'élevage de poissons dans des étangs de terre ou de béton permet un plus grand contrôle de la production. Les truites, les carpes, la Barbue de rivière et de nombreuses autres espèces sont nourries avec des aliments préparés ou des aliments naturels provenant de la fertilisation des eaux de l'étang. L'environnement des poissons est amélioré en ajoutant de l'eau, en aérant l'eau ou en la traitant avec des produits chimiques.

Culture et élevage intensifs dans des réservoirs

Dans les systèmes d'aquaculture les plus intensifs, on contrôle autant de facteurs environnementaux qu'il est techniquement possible de le faire. Les poissons sont élevés dans des réservoirs ou des auges de béton ou de plastique. Des pompes assurent un débit d'eau constant à des températures contrôlées. Des aliments spécialement préparés sont donnés à des heures précises par des distributeurs automatiques. On utilise des stocks de poissons issus de croisements exempts de maladie afin d'approvisionner le marché de façon régulière et d'offrir un produit uniforme.

Colombie-Britannique

Les types d'exploitations aquacoles varient considérablement d'une région à l'autre du Canada. Au cours des années 70 et 80 sur la côte Ouest, il y a un accroissement important de l'élevage et de l'ensemencement du Saumon du Pacifique dans le cadre du Programme de mise en valeur des salmonidés du Canada et de la Colombie-Britannique. Le but de ce programme était de doubler la récolte des pêches sportive et commerciale de saumons. Des entreprises privées mettent aussi sur pied des élevages de saumons en cage à des fins commerciales. Le nombre de ces exploitations augmente considérablement : on en compte 100 en 1994. La valeur totale de la production de saumons et de truites d'élevage frôle actuellement les 150 millions de dollars. La Colombie-Britannique est aussi un producteur important d'huîtres du Pacifique, et l'élevage de myes, de palourdes, de mactres et de pétoncles est aussi en croissance.

Eaux intérieures canadiennes

La production dans les eaux intérieures canadiennes est beaucoup plus faible que la production océanique. Sa valeur totale atteint 27 millions de dollars. Dans les Prairies, de nombreux céréaliculteurs et éleveurs de bovins ensemencent régulièrement les cuvettes avec des fretins de Truite arc-en-ciel, au printemps, et ils récoltent des poissons assez gros pour être mangés, à l'automne. Ces productions se font principalement de façon privée, mais de plus en plus sont commercialisées. On essaie également l'élevage de truites dans des cages, et on met sur pied, à petite échelle, des élevages d'Omble chevalier en réservoirs. Un grand nombre d'alevins de dorés et de corégones sont ensemencés par les piscicultures gouvernementales dans de grands lacs afin d'améliorer et de rétablir les pêches commerciales d'envergure.

En Ontario et au Québec, on élève la Truite arc-en-ciel et l'Omble de fontaine dans des étangs et des réservoirs, et on tente depuis peu de les élever en cage. La principale production de poissons pour vente directe aux magasins et aux restaurants se fait dans ces deux provinces, mais on y fait aussi une production considérable de truites pour l'ensemencement d'étangs de pêche privés. Le gouvernement de l'Ontario ensemence du saumon du Pacifique et du Touladi dans les grands lacs afin d'y rétablir les pêches.

Provinces atlantiques

Depuis les années 1880, le gouvernement fédéral ensemence des Saumons atlantiques et des truites d'élevage dans les provinces atlantiques. Depuis peu, on met sur pied des élevages en cage de Saumon atlantique et de Truite arc-en-ciel dans le lac Bras d'Or, sur les côtes méridionales de la Nouvelle-Écosse et surtout au Nouveau-Brunswick. La production de Saumon atlantique en cage passe de 78 t en 1981 à 297 t en 1986 et à 12 400 t en 1994. Une autre réussite de la côte Est est l'élevage de la Moule bleue effectué essentiellement à l'Île-du-Prince-Édouard. En 1981, il n'existe pratiquement aucun élevage de moules. En 1986, la production atteint 1777 t d'une valeur de plus de 2,7 millions de dollars, et en 1994 elle atteint 6898 t d'une valeur de plus de 6,6 millions de dollars.

L'avenir

Au milieu des années 80, les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada commencent à clarifier la législation et la réglementation relatives à l'aquaculture et à coordonner les activités gouvernementales et industrielles permettant son développement. En 1995, ils présentent une stratégie fédérale d'aquaculture attendue depuis longtemps. La réussite des exploitations aquacoles au Canada dépend des nouvelles connaissances des scientifiques gouvernementaux, universitaires et industriels, de la disponibilité de territoire, d'eau et de capitaux, des technologies utilisées, de l'ouverture du marché et des compétences des entrepreneurs en techniques et en affaires. Les deux dernières décennies laissent entrevoir un avenir prometteur.

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