Centrales syndicales nationales | l'Encyclopédie Canadienne

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Centrales syndicales nationales

Avec le temps, les intérêts communs des travailleurs appartenant à différents syndicats finissent par se manifester dans l'apparition d'une série de centrales syndicales. Le rôle premier de celles-ci consiste à coordonner les activités des syndicats membres.

Avec le temps, les intérêts communs des travailleurs appartenant à différents syndicats finissent par se manifester dans l'apparition d'une série de centrales syndicales. Le rôle premier de celles-ci consiste à coordonner les activités des syndicats membres. Ces centrales représentent les intérêts des travailleurs auprès des gouvernements locaux, provinciaux et fédéral, fonction qu'elles assument aussi en collaboration avec d'autres mouvements de réforme au Canada et avec des syndicats oeuvrant à l'échelle mondiale. En principe, les centrales syndicales canadiennes n'exercent que peu d'autorité sur leurs syndicats affiliés, sauf en ce qui a trait aux questions de compétence. Cependant, pour beaucoup de Canadiens, ces organisations et leurs dirigeants constituent la voix des salariés du pays.

Aujourd'hui, la centrale la plus importante est le CONGRèS du Travail du Canada (CTC), dont les syndicats affiliés représentent plus de 2,5 millions de travailleurs, soit quelque 63 p. 100 des syndiqués du Canada (1996). Parmi les autres centrales figure aussi la Confédération des Syndicats Nationaux (CSN), qui compte 250 000 membres. établie au Québec en 1921 sous le nom de Confédération des travailleurs catholiques du Canada, elle adopte son nom actuel en 1960. La Fédération Canadienne du Travail (140 000 membres) est le fruit du regroupement des syndicats de la construction qui ont quitté le CTC en 1982. Quant à la Centrale de l'enseignement du Québec (108 000 membres), elle est fondée au Québec en 1974 par des syndicats du secteur public, surtout ceux des enseignants. Il existe aussi des centrales plus petites comme la Confédération des Syndicats Canadiens (1969) et la Centrale des syndicats démocratiques (1972). De plus, environ 20 p. 100 des 4 millions de syndiqués canadiens appartiennent à des organisations locales autonomes ou à des syndicats nationaux sans affiliation.

Contrairement aux grandes centrales syndicales modernes, les centrales d'autrefois ont une portée limitée et visent à satisfaire les intérêts communs des syndicats d'une collectivité donnée. Par exemple, l'éphémère Montreal Trades Union (1834) réunit les délégués de divers syndicats montréalais pour revendiquer la réduction de la journée de travail de 12 à 10 heures. Les organisations de la sorte sont les précurseurs des nombreux conseils du travail locaux qui coordonnent aujourd'hui les activités des syndicats des localités de tout le pays. Ainsi, en 1996, les Toronto Days of Action sont parrainés conjointement par le Conseil du travail de Toronto et une coalition locale pour la justice sociale. La coopération s'étend sur le plan géographique, donnant le jour à divers conseils et fédérations du travail provinciaux et territoriaux. Parmi les premières organisations de ce genre, on trouve la Fédération du travail de la Colombie-Britannique (1910) et la Fédération du travail du Nouveau-Brunswick (1913), qui luttent pour l'amélioration de la législation ouvrière et pour diverses autres réformes. Les fédérations et conseils provinciaux tiennent une place particulièrement importante au Canada, étant donné que le système des relations du travail est régi principalement par les gouvernements provinciaux. Ainsi, les fédérations contemporaines s'occupent surtout de défendre les droits des travailleurs et de protester contre les réductions de services dans la fonction publique provinciale.

L'émergence du CTC comme principale centrale syndicale au Canada est relativement récente. Le CTC est formé en 1956 par la fusion de deux centrales rivales, soit le Congrès des Métiers et de Travail du Canada (CMTC) et le Congrès Canadien du Travail (CCT). Le CMTC voit le jour en 1883, à la suite de l'insuccès de l'organisation ambitieusement nommée l'Union ouvrière canadienne (1873-1877), dont les membres ne viennent que du centre du Canada. Au départ, le CMTC aussi se limite à l'Ontario et au Québec. Néanmoins, dès le début du XXe siècle, il représente des membres de tous les coins du pays. L'assemblée de 1902 du CMTC tenue à Berlin (aujourd'hui Kitchener), en Ontario, prend une décision controversée : dorénavant, seuls pourront adhérer à la centrale les syndicats appartenant à des syndicats internationaux de la Fédération américaine du travail (FAT) ou ceux n'ayant aucun conflit de compétence avec les syndicats affiliés à la FAT. Cette décision fait du CMTC la centrale des travailleurs qualifiés. Toutefois, elle ne le rend attrayant que pour les travailleurs moins privilégiés, dont les immigrants, les femmes et les minorités, et ébranle le mouvement pour l'action politique indépendante mené par les syndicats. Quant au National Trades and Labour Congress (1902-1908), à la Fédération canadienne du travail (1908-1927) et au Congrès des Travailleurs Unis du Canada (1927-1940), ce sont des centrales syndicales composées en grande partie d'organisations canadiennes expulsées du CMTC ou qui lui sont hostiles.

D'autres centrales syndicales sont mises sur pied par des syndicalistes radicaux, notamment le One Big Union (1919-1956) et, pendant la Dépression, la Ligue Pour l'Unité Ouvrière (1929-1936). Ces deux organisations accentuent l'importance du syndicalism industriel, un mouvement à larges assises, par rapport aux syndicats de métiers de la FAT. Au cours de l'explosion syndicale que le Comité pour l'organisation industrielle (qui devient plus tard le Congrès des organisations industrielles ou COI) produit aux états-Unis après 1935, de nouveaux syndicats industriels apparaissent dans les industries de l'acier, de l'automobile et de l'électricité ainsi que dans d'autres industries de production de masse. Quand, en raison de conflits intersyndicaux, le CMTC expulse ces syndicats en 1939, ils fondent le Congrès canadien du travail (1940-1956), une nouvelle centrale syndicale qui mérite aussi l'appui du Congrès des travailleurs unis du Canada.

Les tensions qui affligent le mouvement syndical s'atténuent quelque peu dans les années 50. La FAT et le COI fusionnent aux états-Unis, en 1955 (voir FAT-COI). L'année suivante, le CTC englobe le CMTC et le CCT ainsi que ce qui reste de l'OBU. Peu après, les dirigeants du CTC se joignent aux partisans de la Co-operative Commonwealth Federation pour former un nouveau parti politique de gauche, soit le Nouveau Parti Démocratique (1961). Cette alliance connaît un succès mitigé, mais se maintient encore de nos jours. Pendant ce temps, de nombreux syndicats affiliés au CTC, comme ceux des travailleurs de l'automobile, abandonnent les syndicats internationaux, ce qui, allié à l'importance croissante du syndicalisme dans le secteur public, renforce le caractère purement canadien du CTC comme institution syndicale (voir Syndicats de la Fonction Publique).

Le président du CTC, Bob White, est aujourd'hui le plus connu des dirigeants syndicaux du Canada, et sa voix se fait souvent entendre à l'occasion de débats sur la politique économique et la justice sociale. En général, l'ordre du jour des assemblées du Congrès, qui ont lieu tous les deux ans et attirent quelque 3000 délégués, comprend des résolutions accentuant l'importance des objectifs portant sur l'emploi, la sécurité, l'égalité et la démocratie pour les travailleurs canadiens, ainsi que l'importance d'une solidarité mondiale à l'époque des économies transnationales.

Voir aussi Centrales Syndicales Québécoises; Centrales Syndicales Régionales et de District; Histoire des travailleurs.

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