Marleau, Denis | l'Encyclopédie Canadienne

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Marleau, Denis

Denis Marleau, metteur en scène (Salaberry-de-Valleyfield, Québec, 14 octobre, 1954). Après une formation d'acteur au Conservatoire d'art dramatique de Montréal, Denis Marleau passe deux ans en Europe, où il suit des stages de mime corporel et travaille à la Théâtre Mandragore.

Marleau, Denis

Denis Marleau, metteur en scène (Salaberry-de-Valleyfield, Québec, 14 octobre, 1954). Après une formation d'acteur au Conservatoire d'art dramatique de Montréal, Denis Marleau passe deux ans en Europe, où il suit des stages de mime corporel et travaille à la Théâtre Mandragore. De retour au Québec, il fonde avec quelques comédiens le Théâtre de la Nouvelle Lune, au sein duquel il réalise ses premiers spectacles.

Puis, en 1981, il crée Coeur à gaz et autres textes Dada au Musée d'art contemporain de Montréal, dans le cadre de la rétrospective Sonia Delaunay. Le spectacle, collage de textes d'artistes Dada (Breton, Tzara, Ball), est repris un an plus tard, au moment où il fonde, avec Anne-Marie Rocher et Denis Leclerc, le Théâtre Ubu.

La démarche de Denis Marleau se distingue d'abord par son orientation dramaturgique. Pendant les années 1980, il met en scène des oeuvres provenant du répertoire des avant-gardes européennes et récupère l'un de leurs procédés de création en réalisant des collages de textes. Il développe une approche du jeu fondée sur le travail vocal : les acteurs portent le texte souvent vidé de son contenu signifiant et envisagé comme une matière concrète et sonore. Merz Opéra (1987), Oulipo Show (1988) et Les Ubs (1991) révèlent au public un metteur en scène dont la vision scénique est, au Québec, alors que domine une tradition théâtrale réaliste, très singulière.

À partir des années 1990, D. Marleau délaisse le répertoire des avant-gardes, met en scène des pièces entières et réalise plusieurs adaptations de textes non conçus pour la scène. Il continue néanmoins à se tourner vers des univers littéraires exigeants et peu connus du public québécois. Ainsi, il met en scène Koltès (Roberto Zucco, 1993), Bernhard (Maîtres anciens, 1996), les pièces du Québécois Normand Chaurette (Le passage de l'Indiana, 1996 ; Le petit Köchel, 2000; Les reines, 2005), et fait redécouvrir l'oeuvre symboliste de Maurice Maeterlinck.

Durant cette deuxième phase de création, il collabore de façon soutenue avec des artistes provenant d'autres disciplines: le sculpteur Michel GOULET, notamment, réalise les scénographies de plusieurs spectacles. Il intègre les projections vidéo et interroge la notion de présence de l'acteur (Les trois derniers jours de Fernando Pessoa, d'après Antonio Tabbucchi, 1997; Les aveugles de Maeterlinck, 2001).

Les spectacles de Marleau proposent au public, depuis plus de 20 ans, une réflexion sur le langage, à partir de textes denses dont le metteur en scène souhaite faire entendre la richesse poétique et la complexité. Ce théâtre du texte, fondé sur sa profération précise et rigoureuse par l'acteur, s'accompagne d'une exploration formelle prenant appui sur le dialogue entre les arts sur la scène théâtrale où la danse, les arts visuels et la vidéo sont convoqués.

Depuis Merz Opéra, plusieurs spectacles de la compagnie sont présentés en tournée à travers le monde. Le succès le plus remarquable est celui des Aveugles, pièce créée en 2001 à Montréal et ayant depuis été présentée dans les plus grands festivals internationaux. La critique et le public accompagnent fidèlement le metteur en scène depuis ses débuts, ce dont témoignent les nombreux prix et récompenses qu'il a reçus, parmi lesquels on compte un doctorat honorifique de l'Université Lumière Lyon 2 (2003), le PRIX DU CENTRE NATIONAL DES ARTS DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL pour les arts de la scène (1998), et plusieurs Prix de l'Association québécoise des critiques de théâtre.

Denis Marleau agit à titre de directeur artistique de la compagnie et est son metteur en scène attitré. Il a réalisé depuis 1982 une quarantaine de spectacles, est devenu l'un des metteurs en scène les plus importants dans le paysage théâtral québécois, et a acquis une reconnaissance tant nationale qu'internationale. Il est également, depuis décembre 2000, le directeur artistique du Théâtre français du CENTRE NATIONAL DES ARTS à Ottawa.