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Gaston Miron

Gaston Miron, poète, éditeur (né le 8 janvier 1928 à Sainte-Agathe-des-Monts, QC – décédé le 14 décembre 1996 à Montréal, QC).
Gaston Miron
\u00a9 Marie-Josée Hudon. Toutes les \u0153uvres reproduites sont la propriété de l'artiste. Reproduite avec la permission du Musée des Grands Québécois.

Gaston Miron, poète, éditeur (né le 8 janvier 1928 à Sainte-Agathe-des-Monts, QC – décédé le 14 décembre 1996 à Montréal, QC). Gaston Miron est membre de l’Ordre national du Québec et Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, un des titres français les plus prestigieux. Son livre emblématique, L’homme rapaillé, s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires et a fait de lui l’un des auteurs les plus lus de la littérature québécoise.

Premières années

Issu d’une famille de cinq enfants, Miron s’établit à Montréal à l’âge de 19 ans et y occupe plusieurs emplois tels que commis et serveur tout en suivant les cours du soir en sciences sociales à l’Université de Montréal. C’est là qu’il rencontre le poète Olivier Marchand avec lequel il commence à collaborer.

Entre 1947 et 1953, Miron découvre les multiples facettes de sa province, ses paysages, ses habitants, son patrimoine, les conditions sociales qui y règnent et ses différents visages politiques. En 1953, Miron et quelques amis, dont Marchand, fondent à Montréal les Éditions de L'Hexagone, la première maison d’édition consacrée exclusivement à la poésie au Québec.

Poésie

Le premier ouvrage de Miron, publié par L’Hexagone en 1953, est intitulé Deux sangs et a pour coauteur Olivier Marchand. Il est suivi dix-sept ans plus tard par son chef-d’œuvre, L’homme rapaillé (1970), qui lui vaudra le Prix Québec-Paris la même année. Les vers de Miron alternent entre le romantique délirant et le politique acerbe. Un des poèmes les plus célèbres de L’homme rapaillé, « La marche à l’amour », commence par des lignes dignes des grands romantiques français du 19e siècle tels que Victor Hugo et Alphonse de Lamartine :

Tu as les yeux des champs de rosées

tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière

la douceur du fond des brises au moi de mai…

Par contre, « Notes sur le non-poème et le poème », qui fait aussi parti du recueil L’homme rapaillé, est emprunt d’un ton nettement plus moderniste et à l’occasion didactique :

Le non-poème

c’est ma tristesse

ontologique

la souffrance d’être un autre

Le non-poème

ce sont les conditions subies sans espoir

de la quotidienne alérité

Pour Miron, « le non-poème » est lié à la domination anglaise au Québec.

L’homme rapaillé a été mis à jour puis incorporé dans Courtpointes, un livre publié en 1975. Deux recueils de poésie et de prose publiés à titre posthume ont suivi : Poèmes épars (2003) et Un long chemin (d’autres proses) (2004). Un recueil de sa correspondance avec le poète Claude Haeffely a été publié en 1989.

Les poèmes de Miron sont ancrés dans leur contexte de leur époque mais ils restent fidèles à la langue ancestrale ainsi qu’aux us et coutumes du Québec. Miron est ainsi capable de cristalliser certaines images singulières : l’homme que l’on rencontre dans la rue et que l’on retrouve au fond de soi; l’homme qui s’engage dans le combat politique; l’individu social qui est happé par une destinée commune; et la terre. À travers ces thèmes, les écrits de Miron exaltent et réconcilient des éléments opposés dans un cadre temporel répétitif mais axé vers une ultime transcendance. Sa poésie est dense et mesurée.

Miron fut le seul poète à montrer le Québécois tel qu’il est. C’est pour cette raison qu’il eut une si forte influence sur la poésie des années 1960 et 1970.

Séparatisme

« La poésie canadienne-française s’est terminée vers 1960 », écrit Miron, qui fait allusion au début de la Révolution tranquille. « C’est maintenant la poésie québécoise. » Pour Miron, le séparatisme est intimement lié à la célébration poétique du Québec, de sa langue, de son histoire et de son peuple. Peu après la publication de L’homme rapaillé, Miron est arrêté et emprisonné sans aucun procès pendant la Crise d'octobre.

La volonté spécifique de Miron d’écrire au Québec est illustrée dans sa participation, avec Lise Gauvin, à l’ouvrage Écrivains contemporains du Québec: depuis 1950 (1989) et Écrivains contemporains du Québec: anthologie (1998). Le recueil de sa correspondance avec Claude Haeffely, À bout portant: correspondance 1954-1965 (1989), est une chronique importante des années formatives de la littérature québécoise. Miron a également été traduit en anglais, notamment The Agonized Life: Poems and Prose (1980) et The March to Love: Selected Poems (1986).

À la mort de Gaston Miron, en décembre 1996, le Parti québécois, qui gouverne à l’époque, l’honore de funérailles d’état et tous les drapeaux de la province sont mis en berne.

Prix

  • 1970 : Lauréat du prix littéraire France-Canada
  • 1970 : Prix de la revue Études françaises
  • 1971 : Grand Prix littéraire de la Ville de Montréal, pour L'Homme rapaillé
  • 1972 : Prix littéraire Canada-Communauté française de Belgique
  • 1978 : Prix Ludger-Duvernay
  • 1981 : prix Guillaume-Apollinaire pour L'homme rapaillé
  • 1983 : Prix Athanase-David
  • 1985 : Prix Molson
  • 1988 : Prix Fleury-Mesplet
  • 1991 : Médaille de l'Académie des lettres du Québec
  • 1991 : Ordre des francophones d'Amérique
  • 1993 : Prix Le Signet d'Or, catégorie Rayonnement à l’étranger
  • 1993 : Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres de la République française
  • 1995 : Doctorat honorifique de l’Université de Montréal
  • 1996 : Officier de l’Ordre national du Québec

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