Gilles Renaud | l'Encyclopédie Canadienne

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Gilles Renaud

Gilles Renaud, comédien (né le 25 septembre 1944 à Montréal, au Québec). En quarante ans de carrière et une soixantaine de rôles au théâtre, Gilles Renaud s'est imposé comme une des figures marquantes de la scène québécoise. Au théâtre, à la télévision et au cinéma, de Cuirette (Hosanna) à Cherry Sundaey (Cover Girl), en passant par le Père Didace (Le Survenant), il a exploré divers registres et rallié tous les publics, sans jamais sacrifier l'intelligence de l'interprétation.

Diplômé de l'École nationale de théâtre en 1967, Gilles Renaud amorce sa carrière sur les planches l'année suivante dans Hamlet, prince de Québec de Robert Gurik, au Bateau-théâtre l'Escale, et dans Un simple soldat de Marcel Dubé, à la Nouvelle Compagnie Théâtrale. Ces débuts sont à l'image de tout un parcours sous-tendu par un véritable parti pris pour la dramaturgie québécoise. Au tournant des années 70, il participe à la création de cinq pièces de Jean-Claude Germain (Centre du Théâtre d'Aujourd'hui). Suivront des créations importantes du répertoire national : celle de Wouf wouf d'Yves Sauvageau (NCT, 1974), de La Charge de l'orignal épormyable de Claude Gauvreau (TNM, 1974) et de  HA ha!... de  Réjean Ducharme (TNM, 1978). À cette époque, la rencontre avec le tandem Tremblay-Brassard sera déterminante : depuis Cuirette (Hosanna, 1973) jusqu'au narrateur de Bonbons assortis (2006), il défendra une dizaine de pièces de Michel Tremblay, tandis qu'il jouera dans une vingtaines de mises en scène d'André Brassard. Avec un naturel saisissant, il a donné vie à Gabriel dans  Bonjour, là, bonjour (1974), à Léopold dans (À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, 1977), à Claude dans En pièces détachées (1979) et, surtout, à Alex I (Le Vrai Monde ?, 1987) : pour sa composition saisissante de vérité de cet homme prosaïque et arrogant, il obtient le Prix de la critique. Il fréquente également le répertoire étranger au Théâtre du Nouveau Monde, sous la direction de Brassard (Le Balcon de Jean Genet, 1977 ; Oncle Vania, 1983), mais aussi de René Richard Cyr (L'Opéra de quat'sous de Brecht, 1991) et Yves Desgagnés (Play Strindberg, 1988). À l'aise dans le théâtre réaliste, il défendra avec brio les auteurs américains au sein de la Compagnie Jean-Duceppe, notamment Arthur Miller (Le Prix, 1991 ; Après la chute, 1994, mise en scène (Desgagnés). En 1997, Wajdi Mouawad lui offre le rôle du père dans  Littoral  (Th. Ô Parleur/FTA) ; son interprétation suave de ce père en attente de sépulture, rôle qu'il reprendra au cinéma dans l'adaptation que réalisera Mouawad (2004), semble lui ouvrir de nouvelles avenues. Au cours des années suivantes, il donnera en effet des interprétations fortes de Donny, le flic désabusé des pièces de George F. Walker,  Pour adultes seulement et  La Fin de la civilisation (Quat'Sous, 1999), du rôle-titre de Monsieur Bovary  (TNM, 2001), pour lequel il obtient le Grand Prix du Trident, puis sera de la distribution de l'excellente mise en scène du Traitement de Martin Crimp par Claude Poissant (P.à P., 2005).

Au cinéma, la carrière de Gilles Renaud connaît un nouveau souffle depuis quelques années. S'il a toujours beaucoup tourné - une vingtaine de films depuis 1975, parmi lesquels Une journée en taxi de Robert Ménard et La Dame en couleurs de Claude Jutra -, il se voit offrir des rôles à sa pointure par les jeunes réalisateurs Louis Bélanger (Gaz bar blues, 2003 ; Le Génie du crime, 2006), Érik Canuel (Le Survenant, 2005), Stéphane Lapointe (La Vie secrète des gens heureux, 2006) et Patrice Sauvé (Cheech, 2006).

À la télévision, il joue dans une trentaine de téléromans et un dizaine de téléthéâtres, tels Lance et Compte,  Fortier et  Le Cœur découvert. Signalons qu'il a interprété deux premiers ministres québécois au petit écran : Paul Sauvé dans la série Duplessis (1977) et Jean Lesage dans  René Lévesque (2004).

Gilles Renaud a en outre été professeur à l'école Nationale de Théâtre, puis directeur de la section interprétation et directeur des études (1984-2001).