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Margaret Avison

Officier de l’Ordre du Canada, deux fois récompensée par un Prix littéraire du Gouverneur général et lauréate d’un prix Griffin pour la poésie, Margaret Avison, est l’une des poètes qui ont influencé le plus en profondeur la poésie canadienne.

Margaret Avison, O.C., poète (née le 23 avril 1918 à Galt, aujourd’hui Cambridge, en Ontario; décédée le 31 juillet 2007 à Toronto, en Ontario). Officier de l’Ordre du Canada, deux fois récompensée par un Prix littéraire du Gouverneur général et lauréate d’un prix Griffin pour la poésie, Margaret Avison, connue pour l’exploration des thèmes chrétiens dans son œuvre, est l’une des poètes qui ont influencé le plus en profondeur la poésie canadienne.

Formation et début de carrière

Formée au Victoria College de l’Université de Toronto où elle étudie la littérature anglaise, Margaret Avison commence sa carrière en publiant des poèmes dans des revues littéraires étudiantes au début des années 1930. En 1939, la revue Canadian Poetry Magazine publie l’un de ses poèmes. Ses premiers poèmes figurent également dans l’anthologie d’A.J.M. Smith de 1943 qui fait date, The Book of Canadian Poetry. Fortement poussée par Northrop Frye, elle sollicite et obtient une bourse Guggenheim en 1956 pour étudier la poésie à la Chicago University. Elle enseigne l’anglais au Scarborough College et exerce des fonctions de travailleuse sociale à la Presbyterian Church Mission de Toronto. En outre, elle effectue, pendant de nombreuses années, du bénévolat pour la Mustard Seed Mission. Elle étudie également l’écriture créative à la University of Indiana et est écrivaine en résidence à l’Université Western Ontario.

Outre neuf recueils de poésie, Margaret Avison publie également de nombreux autres ouvrages, notamment, en 1951, un manuel scolaire pour les élèves du premier cycle de l’école secondaire, History of Ontario; une biographie médicale; plusieurs traductions du hongrois, entre autres huit poèmes que l’on retrouve, en 1963, dans l’anthologie The Plough and the Pen: Writings from Hungary 1930‑1956; une traduction des Acta Sanctorum and Other Tales de Jozef Lengyel en collaboration avec Ilona Duczynska; et, en 1994, un recueil de ses conférences sous le titre A Kind of Perseverance. Cependant, c’est surtout pour sa poésie à la fois riche et exigeante qu’elle est connue et célébrée.

Margaret Avison remporte un Prix littéraire du Gouverneur général pour son premier recueil de poésie, Winter Sun, paru en 1960. Cette œuvre la classe parmi les poètes difficiles et introspectifs enclins aux images intimes et aux émotions subtiles qui bousculent et laissent le lecteur démuni. Toutefois, cette écriture complexe cache une sensibilité profondément religieuse et une grande vulnérabilité. Cependant, ses premiers poèmes, empreints d’une vision du monde souvent sombre et ne voyant comme seule source de rédemption possible que l’imagination poétique, sont d’une tonalité résolument laïque. En cela, elle s’inscrit parfaitement dans la lignée des grands poètes britanniques romantiques, notamment William Wordsworth, et des héritiers du romantisme, comme le poète américain du XXe siècle Wallace Stevens. L’un de ses poèmes les plus célèbres appartenant au recueil Winter Sun, « Snow », s’ouvre par ces vers : « Nobody stuffs the world in at your eyes. / The optic heart must venture: a jail break / and re‑creation. » La poète semble suggérer ici que la substance réelle du monde extérieur est la création de l’individu, de ses sentiments subjectifs ou de son imagination. Le monde ne nous est pas donné : il faut libérer les forces de notre l’imagination pour qu’il existe véritablement.

Poésie religieuse

Le 4 janvier 1963, alors qu’elle lit l’Évangile selon saint Jean et tombe, dans le 14e chapitre, sur la phrase « vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi », Margaret Avison vit une épiphanie spirituelle qui la mène à s’engager dans le christianisme. Dans un essai non publié, elle conduit ultérieurement une réflexion sur ce qu’elle avait pu être avant cette révélation et écrit : « combien je Lui ai dramatiquement coupé le chemin en voulant honorer l’artiste qui est en moi »; en ayant donné priorité à son imagination, elle pense avoir obstrué le chemin du Christ. Inspirées par ses lectures des Évangiles et des grands poètes religieux anglais comme George Herbert et Gerard Manley Hopkins, ses œuvres ultérieures sont, dans leur esprit, profondément religieuses. Empreints de préoccupations métaphysiques et religieuses, ces poèmes échappent au caractère personnel et subjectif qui marquait ses textes précédents et caractérisent les œuvres de ses contemporains canadiens et américains.

En 1966, Margaret Avison publie The Dumbfounding, un recueil qui constitue un exposé beaucoup plus accessible sur la découverte spirituelle où la narration à la première personne révèle l’essence de son « moi ». Le poème éponyme du recueil traite de façon relativement explicite du Christ. Il commence ainsi : « When you walked here, / took skin, muscle, hair, / eyes, larynx, we / withheld all honor: “His house is clay, / how can he tell us of his far country?” », suggérant que l’idée même que le divin se manifeste dans un corps humain ordinaire de chair et d’os va à l’encontre de toutes les croyances de l’homme et s’avère totalement incompréhensible; il s’agit littéralement d’un concept sidérant (dumbfounding). À la fin du poème, nous commençons à comprendre que le chemin du Christ, dont elle pensait que sa conception antérieure de la poésie lui avait barré la voie, a effectivement besoin du divin pour atteindre l’humilité suprême et s’enraciner au plus près des réalités matérielles. « The Dumbfounding » se conclut sur ces mots : « lead through the garden to / trash, rubble, hill, / where, the outcast’s outcast, you / sound dark’s uttermost, strangely light‑brimming, until / time be full ». Elle approfondit encore ces thèmes dans Sunblue, paru en 1978, où ses préoccupations sociales et ses valeurs morales se fondent à ses convictions religieuses et à la réaffirmation de ses croyances personnelles. Ici encore, elle montre une perception aiguë de l’extrême difficulté qu’il y a à recevoir la révélation offerte par la foi. Dans « Stone’s Secret », l’un des poèmes de Sunblue, elle écrit : « Word has arrived that / peace will brim up, will come / “ike a river and the / glory […] like a flowing stream” », tout en reconnaissant l’existence de ceux qui, hésitants, choisiront de rester dans l’expectative.

Outre les trois volumes de ses œuvres complètes datant de 2003, 2004 et 2005, Margaret Avison sort un recueil de nouveaux poèmes en 2006, un an avant sa mort, intitulé Momentary Dark. C’est le critique Stan Dragland, un ami de longue date de la poète, qui publie en 2009, à titre posthume, son autobiographie I Am Here and Not Not‑There, qu’il a révisée et mise en forme.

Prix et distinctions

Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie Poésie pour Winter Sun (1960)

Officier de l’Ordre du Canada (1984)

Prix littéraire du Gouverneur général pour No Time (1990)

Médaille du jubilé d’or de la reine Elizabeth II (2002)

Prix Griffin pour la poésie pour Concrete and Wild Carrot (2003)

Prix Leslie‑K.‑Tarr (2005)

Les oeuvres sélectionnées de
Margaret Avison

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